DEUXIÈME PARTIE : CONTRIBUTIONS
Chapitre 1 Méthodologie générale
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Trois études expérimentales ont été réalisées dans le cadre de la thèse :
Première étude : La perception de la distance temporelle subjective des événements
autobiographiques des patients schizophrènes.
Deuxième étude : La perspective visuelle des patients schizophrènes lors du rappel de leurs
souvenirs autobiographiques.
Troisième étude : L’efficacité d’une méthode d’indiçage spécifique permettant d’améliorer le
rappel des souvenirs autobiographiques des patients schizophrènes.
1.1. Participants
Entre 25 et 30 patients schizophrènes ont participé à chacune de nos 3 études
expérimentales. Le diagnostic de schizophrénie répondait aux critères du DSM-IV-TR (APA,
2004) et était posé par le psychiatre respectif de chaque patient, ainsi que par un psychiatre
appartenant à notre équipe de recherche. Les patients qui ont participé aux 2 premières
études ont été recrutés à la Clinique Psychiatrique des Hôpitaux Universitaires de
Strasbourg et de Reims. Ceux de la troisième étude ont été recrutés à la Clinique
Psychiatrique de Strasbourg. Tous les patients étaient cliniquement stables au moment de
leur participation à nos études. Ils n’avaient pas été hospitalisés depuis au moins 3 mois et
n’avaient pas eu de changement de leur symptomatologie clinique et de leur traitement
pharmacologique. La sévérité des symptômes cliniques de la schizophrénie a été évaluée au
moyen de l’échelle Positive and Negative Syndrom Scale for Schizophrenia (PANSS) (Kay,
Fiszbein, & Opler, 1987). Les scores des 3 dimensions ont été calculés : symptômes positifs,
symptômes négatifs et psychopathologie générale. A l’exception d’un patient, tous prenaient
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par benzodiazépines en prise aiguë étaient exclus en raison des effets délétères de ces
médicaments sur les fonctions cognitives, notamment sur la mémoire (Giersch & Vidailhet,
2006 ; Huron, Servais, & Danion, 2001). Les patients ne souffraient d’aucune pathologie
psychiatrique autre que la schizophrénie. Chaque patient schizophrène était apparié à un
sujet témoin selon l’âge, le sexe et le niveau de scolarité. Les sujets témoins n’avaient aucun
antécédent psychiatrique et ne prenaient aucun traitement pharmacologique.
Ni les patients schizophrènes, ni les sujets témoins n’avaient d’antécédents
neurologiques (tumeur cérébrale, traumatisme crânien, épilepsie, sclérose en plaques,
accident vasculaire cérébrale, etc.), de dépendance à une substance toxique (alcool,
cannabis, héroïne, etc.) et ne souffraient d’aucune pathologie somatique grave. Ceux qui
présentaient de tels antécédents étaient exclus des études. Les symptômes dépressifs ont
été évalués chez tous les participants au moyen de la Beck Depression Inventory (BDI, Beck
et al., 1996), une échelle de 21 items, proposée en auto-évaluation. Il était important de
contrôler ce facteur car l'humeur dépressive peut affecter le rappel des souvenirs
autobiographiques spécifiques et diminuer les capacités de remémoration consciente
(Williams et Scott, 1988). Ainsi, un score supérieur à 8 à la BDI était un facteur d'exclusion.
Dans nos 2 premières études, nous avons également évalué le niveau d’estime de soi de
tous les participants à travers l’échelle élaborée par Rosenberg (1965), et composée de 10
items.
L’efficience intellectuelle globale des participants a été évaluée au moyen du test de
vocabulaire de Mill-Hill, partie B (Raven, 1993) pour les 2 premières études, et de la f-NART,
French National Adult Reading Test (Mackinnon et Mulligan, 2005) pour la troisième étude.
Des évaluations cliniques et cognitives supplémentaires ont été réalisées selon les
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1.2. Procédure générale
Les participants étaient vus individuellement pour un entretien anamnestique approfondi et la
vérification des critères d’inclusion et d’exclusion. Les buts et la procédure générale de
l’étude à laquelle ils allaient participer leur ont été expliqués et nous avons répondu à leurs
éventuelles questions. Tous les participants ont signé un formulaire de consentement.
Ensuite, les différentes évaluations cliniques et cognitives ont été réalisées.
Le recueil des souvenirs autobiographiques et l’évaluation de leur spécificité et
épisodicité ont été effectués au moyen de la version du questionnaire semi-structuré
TEMPau (Piolino et al., 2000), spécifiquement adaptée aux patients schizophrènes (Danion
et al., 2005). Différentes périodes de vie ont été explorées (voir Tableau 3).
Tableau 3. Périodes de vie explorées et le nombre total de souvenirs évoqués par sujet et par étude.
Périodes de vie
0-9 ans 10-19 ans 20 ans à un an
avant l’étude L’année en cours Nombre total de sujets par étude Nombre total de souvenirs par sujet Nombre total de souvenirs par étude Étude 1 3 souvenirs positifs 3 souvenirs négatifs 3 souvenirs positifs 3 souvenirs négatifs 3 souvenirs positifs 3 souvenirs négatifs 3 souvenirs positifs 3 souvenirs négatifs 50 24 1200 Étude 2 3 souvenirs positifs 3 souvenirs négatifs 3 souvenirs positifs 3 souvenirs négatifs 3 souvenirs positifs 3 souvenirs négatifs 3 souvenirs positifs 3 souvenirs négatifs 60 24 1440 Étude 3 2 souvenirs marquants 2 souvenirs marquants 2 souvenirs marquants Non-explorée 50 6 300
La consigne générale consistait à demander aux participants de rappeler et de relater
spontanément, avec le plus de détails possible, un certain nombre d’événements personnels
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autobiographique, les participants avaient pour instruction de donner le plus d’éléments
possible concernant le contenu (quoi ?), le lieu (où ?) et les informations temporelles
(quand ?) des événements personnellement vécus.
Puis, selon la particularité de chaque étude, les participants ont évalué les différentes
caractéristiques subjectives du rappel autobiographique et des souvenirs. La spécificité
générale des souvenirs a été évaluée par 2 expérimentateurs indépendants au moyen de
l’échelle de cotation proposée par le TEMPau (Piolino et al., 2000) (cf., Tableau 1, p. 79).
Les études que nous avons menées ont reçu l’avis favorable du Comité de Protection
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