autobiographique, le self et les caractéristiques subjectives des
4.2. Le modèle Self-Memory System de Conway
4.2.1. Le working self
D’après le modèle SMS (Conway, 2005 ; Conway et Pleydell-Pearce, 2000), le working self
est considéré comme un ensemble complexe, dynamique et exécutif faisant partie du
système de mémoire de travail (Baddeley, 1986a, 2000). Il comprend des buts actifs et des
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forment un sous-ensemble de processus exécutifs et de contrôle (ou administrateur central
exécutif de la mémoire de travail) organisés en hiérarchies de buts interconnectées qui
fonctionnent pour contraindre un sujet à adapter sa cognition et son comportement afin
d’opérer efficacement dans son monde. Cette représentation hiérarchique des buts permet
de réduire les contradictions entre les désirs d’un individu et ses buts personnels, selon l’état
d’une situation. Aussi, le working self a pour rôle principal de déterminer et de gérer cet
ensemble de buts personnels afin de maintenir la cohérence entre ces différents buts, et
entre les buts et les souvenirs. Cela est réalisé en modulant la construction de souvenirs
spécifiques, en déterminant l’accessibilité ou l’inaccessibilité aux informations
autobiographiques et en exerçant un contrôle sur l’encodage et la consolidation des
souvenirs.
Le working self tient une place prédominante dans le modèle SMS. Plus précisément,
dans ses fonctions de maintien des buts et de la cohérence, le working self, sous la
dépendance des processus exécutifs et de contrôle de la mémoire de travail, (1) freine le
rappel de souvenirs qui sont en contradiction avec les valeurs et les buts actuels d’un
individu pour assurer les principes de cohérence et de correspondance des souvenirs
(Conway, Singer, & Tagini, 2004). Le principe de cohérence stipule que le working self veille
à ce que les souvenirs reconstruits soient en adéquation avec nos buts, valeurs, images de
soi et aspirations personnels, ce qui nous permet d’avoir un sentiment cohérent de notre
identité personnelle. Le principe de cohérence entre les buts est aussi garanti en
coordonnant ces buts, en vérifiant et en maintenant leur compatibilité et leur priorité. Conway
(2005) précise que cette structure de buts est dans un état d’activation permanente, mais
qu’une partie de cette structure peut, à un moment donné et selon nos besoins, être plus
fortement activée et sollicitée pour guider et réguler nos pensées, nos émotions et
comportements. Le working self veille également à l’adéquation entre le souvenir d’un
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correspondance. La cohérence et la correspondance permettent donc à un individu de
fonctionner efficacement dans le monde en préservant l’intégrité de son identité personnelle
et en lui donnant le sentiment d’être en accord avec ce qu’il est actuellement, ce qu’il était
dans le passé, et ce qu’il tend à être dans le futur. (2) Le working self contrôle l’entrée de
nouvelles connaissances en mémoire à long terme à l’encodage et lors de la consolidation
des informations à travers sa hiérarchie de buts. (3) Lors du rappel d’un souvenir, il module
la mémoire autobiographique en contrôlant les indices qui sont utilisés pour activer les
connaissances autobiographiques de la base de connaissances. Ceci est accompli en
façonnant les indices de telle sorte qu’uniquement certains types d’informations, utiles à la
construction d’un souvenir, soient activés et récupérés. Aussi, selon la quantité et la richesse
des informations qui sont récupérées, le working self exerce une influence sur la qualité de
l’expérience subjective lors de la remémoration des souvenirs. (6) Il permet également
d’intégrer les connaissances conceptuelles sur le self (croyances, valeurs, images de soi).
D’après le modèle SMS, les buts personnels du working self, et les connaissances
conceptuelles sur soi agissent comme des processus régulateurs et de contrôle de notre
mémoire et de nos comportements dans la vie quotidienne. Conway (2005) se réfère à ces
connaissances conceptuelles sur soi comme le self conceptuel.
4.2.1.1. Le self conceptuel
Le self conceptuel fait partie intégrante du working self (Conway, 2005; Conway et Williams,
2008). Il correspond aux images de soi actives, aux attitudes, rôles, traits de personnalité,
schémas de pensées, croyances et valeurs personnelles qu’un individu a sur lui-même. Le
self conceptuel s’apparente à la notion de Me-self de James (1890). Les représentations du
self conceptuel sont des schémas socialement construits qui définissent le self, les autres et
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influencées par la scolarisation, la religion, la culture, les médias, et le cadre social et
familial. Ainsi, nos croyances, traits de personnalité, valeurs personnelles et les images que
nous avons de nous-mêmes nous donnent des indications importantes sur la personne que
nous étions dans le passé (« j’étais impatient »), celle que nous sommes actuellement (« je
suis instituteur »), et celle que nous tendons à être dans le futur (« je serai prudent ») tout en
tenant compte de nos buts personnels. Le self conceptuel est indépendant de la base de
connaissances autobiographiques, mais entretient des relations réciproques avec celle-ci. Le
self conceptuel est fortement impliqué dans l’activation des informations épisodiques qui le
définissent et le contextualisent lors de la construction des souvenirs. Aussi, avec la
répétition de certains événements et le passage du temps, certains souvenirs peuvent se
« décontextualiser » ou se « sémantiser ». S’opérant au niveau de la base de connaissances
autobiographiques, ce processus de sémantisation des souvenirs aboutit à la constitution
des connaissances abstraites et conceptuelles qui vont alimenter le self.