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Chapitre 4 – Etude des relations entre innovation et performance

4.1. Etude des relations entre innovation et performance du franchiseur

4.1.2. Méthodologie de l’étude empirique

4.1.2.1. Définition des variables

(1) Performance :

L’absence d’études sur l’innovation et la performance dans la franchise peut, au moins en partie, s’expliquer par les difficultés de mesure et d’accès aux données. En effet, les données comptables des réseaux de franchise ne sont pas facilement accessibles pour des raisons de confidentialité et de concurrence (Shane, 2005). Certaines études sur la franchise ont toutefois utilisé des mesures financières de la performance (Michael, 2003; Barthélemy, 2008). Dans notre étude des relations innovation-performance, nous avons eu recours à deux types de données : des indicateurs de rentabilité économique issus de la base DIANE et des mesures subjectives de performance recueillies par questionnaire auprès des franchiseurs.

La rentabilité économique est une mesure d’efficience : elle reflète le retour sur l’ensemble des capitaux investis par le franchiseur (que ces capitaux soient empruntés ou propres). Cette mesure est calculée en moyenne sur 3 ans (2011-2013) afin de minimiser les erreurs de mesure. Quant à la mesure de performance subjective, elle ne renvoie pas à l’efficience mais plutôt à la croissance. En effet, la performance mesure alors l’appréciation de la croissance sur les 5 dernières années (ou depuis la création du réseau) d’indicateurs d’activité, commerciaux ou comptables (chiffre d’affaires, emploi, nombre de clients, parts de marché, bénéfice, nombre de points de vente). Les éléments qui composent cette variable partagent des notions communes et en font une mesure cohérente3.

3 Le coefficient alpha de Cronbach a été retenu comme indicateur de la fiabilité et de la validité des échelles de mesure mobilisées dans le questionnaire. Ce coefficient permet de vérifier si les énoncés d’une échelle de mesure partagent des notions communes, c’est-à-dire si chaque item présente une cohérence avec l’ensemble des autres énoncés de l’échelle. En pratique, l’alpha de Cronbach est un nombre inférieur à 1 qui doit être le plus élevé possible. Si le score de l’alpha est satisfaisant, alors les items sont cohérents entre eux et peuvent être additionnés

(2) Innovation :

Différentes variables d’innovation sont utilisées dans cette étude. Tout d’abord, nous construisons une variable d’innovation globale à partir des différents types d’innovations introduites par le franchiseur au cours des 5 dernières années (ou depuis la création du réseau). Une échelle de Likert à 7 points a été utilisée pour mesurer l’intensité des différents types d’innovation et ainsi calculer un score d’innovation globale (alpha de Cronbach 0,82). Puis, nous distinguons entre les innovations de front-office (produit, service, commercialisation, format/concept ; alpha = 0,67) et celles de back-office (procédés, organisation, chaîne logistique ; alpha = 0,74). Nous proposons ensuite une autre classification fondée sur le caractère technologique de l’innovation. Les innovations technologiques regroupent les innovations de produits, procédés et chaîne logistique (alpha = 0,72) tandis que les innovations non technologiques sont celles qui concernent les services, la commercialisation, l’organisation et les concepts ou formats (alpha = 0,71). Enfin, afin de prendre en compte le degré de nouveauté de l’innovation, nous utilisons l’ensemble des items de la question demandant au franchiseur d’apprécier le degré de rupture des innovations de chaque type sur une échelle de Likert à 7 points (alpha = 0,76).

(3) Orientation entrepreneuriale :

L’OE est mesurée à partir de trois dimensions : l’innovativité, la proactivité et la prise de risque (Lee, Lee & Pennings, 2001 ; Wiklund & Shepherd, 2005). Une échelle de Likert à 7 points a été utilisée pour chacune des 7 composantes qui mesurent l’OE pour construire cette variable (alpha de 0,74).

(4) Taux de franchise :

Le taux de franchise est mesuré comme le nombre d’unités franchisées par rapport au nombre total d’unités du réseau.

(5) Phase du cycle de vie :

La variable est construite à partir de l’âge de la franchise (nombre d’années depuis l’ouverture du réseau en franchise). Afin de distinguer les jeunes réseaux et les réseaux établis, nous retenons un seuil de 5 années d’existence de la franchise pour créer deux catégories de réseaux. Ainsi, lorsque l’âge de la franchise est supérieur strictement à 5 ans, le réseau est classé parmi les réseaux établis ; dans le cas contraire le réseau est considéré comme jeune.

(6) Variables de contrôle :

Nous avons introduit deux variables de contrôle pour nous assurer que les modèles étaient correctement spécifiés. La taille du réseau est mesurée à partir du nombre total d’unités (franchises et succursales) dans le réseau. Pour les secteurs d’activité, nous avons créé 8 variables dichotomiques à opérant les regroupements suivants : Equipement de la maison, Prêt- à-porter, Autres commerces, Services automobiles, Bâtiment et Immobilier, Services à la personne, Services aux entreprises, Hôtels et Restaurants.

4.1.2.2. Tests des différents modèles économiques

La Figure 4.1 synthétise l’ensemble des relations et hypothèses que nous nous proposons de tester. Différents modèles ont été utilisés afin de corroborer les hypothèses. Nous avons procédé en 4 temps :

1°) nous avons testé les hypothèses à partir d’une variable d’innovation globale (cf. Tableau 4.1) ;

2°) nous avons testé l’existence d’un effet différencié de l’innovation de rupture (par rapport à l’innovation incrémentale) à partir d’une variable mesurant le degré de rupture des innovations introduites (cf. Tableau 4.3) ;

3°) nous avons testé les hypothèses en distinguant les innovations de front-office des innovations de back-office (cf. Tableau 4.5) ;

4°) nous avons repris les 3 étapes précédentes en utilisant une variable de performance économique.

Pour les modèles intégrant la mesure subjective de la performance et l’innovation globale ou des sous-catégories de cette innovation globale, l’échantillon est constitué de 98 franchiseurs ayant répondu à l’enquête (1 questionnaire n’est pas exploitable compte tenu de données manquantes). Pour le modèle reposant sur le degré de rupture, certains non répondants réduisent ce chiffre à 92 observations. Pour les modèles qui intègrent une mesure financière de la performance, du fait de l’utilisation de données comptables, l’échantillon ne comporte que 67 franchiseurs.