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Méthodes de collecte des données et choix des terrains de recherche

La méthode de l’ethnographie critique

Roberto Gauthier (2007) rappelle que les recherches s’intéressant au sens de l’expérience vécue par les acteurs sociaux gagnent en cohérence logique et en richesse interprétative car elles s’insèrent dans un mouvement inductif général de saisie, d’analyse et d’interprétation des données. Toutefois, l’interprétation des points de vue des acteurs reste un critère sans doute nécessaire mais insuffisant. Il est nécessaire de comprendre les points de vue des acteurs à la lumière des relations de domination existant dans la société, lesquels rapports sont liés à l’ethnicité, au genre et aux relations intergénérationnelles. Pour les ethnographes critiques, l’analyse de ces rapports permettent de questionner la production de la domination en liens avec le rôle des institutions étatiques, des discours des médias, du système économique néolibéral et des relations entre les individus. L’ethnographie critique consiste dès lors à ne plus se contenter de décrire l’état des « choses », mais d’être attentif aux multiples formes de domination qui hiérarchisent les individus et créent des inégalités sociales (Thomas, 1993).

L’ethnographie critique est une approche éminemment politique et critique dans son objectif de dénoncer les inégalités sociales et économiques et tente de proposer des alternatives (O’Reilly, 2009). Elle est critique dans le sens où elle tente de dévoiler les processus créant l'iniquité ou

157 l'injustice dans un contexte particulier vécu par un groupe social et le chercheur se sent une obligation morale d'apporter une contribution en vue de les changer (Madison, 2005). Pour ce faire, le chercheur doit utiliser les ressources disponibles et ses compétences afin de pénétrer la vie vécue des groupes dominés et rendre accessible leurs expériences et leur voix d’habitude hors de portée (Madison, 2005). Cependant, l’ethnographie critique est plus qu’une étude sur le terrain portant sur des groupes minorisés ou socialement marginalisés, elle dénonce dans une large mesure toutes sortes de domination exercée à tout individu (Thomas, 1993). Les recherches dans le domaine de la réception des médias par les groupes minorisés inscrivent la question de la représentation au sein de l’espace public et médiatique dans un rapport de pouvoir et considèrent que la minorité « subit une domination sociale et politique, qui commence par celle de ne pas avoir le contrôle de sa représentation, de son identité, construite par la société majoritaire » (Malonga, 2008: p.161).

La représentation médiatique des groupes minoritaires du point de vue des journalistes: enquête auprès du journal Ottawa Citizen

L’objectif de la présente recherche consiste à ne pas s’arrêter uniquement aux relations directes entre les Somaliens et leurs pratiques médiatiques mais d’inscrire celles-ci dans un contexte « macro » marqué par des rapports de pouvoir. Dans la vie sociale structurée en groupes dominants et dominés, certains groupes sont avantagés sur le plan de la richesse et du pouvoir et que d’autres sont désavantagés (Guimond, 2010). Une compétition s’exerce dès lors entre les différents groupes catégorisés selon l’âge, le sexe, l’origine sociale et l’ethnicité. C’est dans les médias que cette compétition est la plus visible en mettant en scène, à travers les récits, les images, le son, l’identité sociale des membres des groupes défavorisés. Ainsi, pour certains, leur identité leur sera assignée. Il s’agit donc dans cette recherche de comprendre comment les individus appartenant à un groupe désavantagé tentent de changer l’identité assignée, mais également de saisir les processus d’assignation de l’identité sociale. Pour ce faire, nous avons interviewé trois journalistes dont un rédacteur en chef du quotidien Ottawa Citizen. L’objectif de ces entretiens est de comprendre les

158 facteurs contribuant dans un média à la mal-représentation ou à la sous-représentation des groupes minoriataires, en l’occurrence les Somaliens. Ce journal a été sélectionné sur la base des recommandations et commentaires formulés par Chelby Daigle, bloggeuse23, militante pour les droits des groupes minoritaires à Ottawa et très engagée dans la question de la représentation médiatique de la diversité. Cette militante avait suggéré de rencontrer la journaliste Louisa Taylor auteure de nombreux articles sur les Somaliens depuis leur arrivée à Ottawa dans les années 1990. Intéressée par notre projet de recherche, Louisa a accepté d’être interviewée et a proposé de nous faire visiter le journal et de nous présenter à ses collègues. Le journal Ottawa Citizen est un quotidien anglophone d’Ottawa appartenant au groupe Postmedia Network Inc. Son tirage s’élève à 117 530 exemplaires par jour (Canadian Newspaper Association, 2011). Il a appartenu au groupe Canwest jusqu’en 2010 avant de le céder pour des raisons de difficultés financières à Postmedia Network Inc.

Un jeudi matin ensoleillé mais glacial de février 2011, je rencontre Louisa Taylor au siège du journal Ottawa Citizen. Situé à l’ouest de la ville, le journal occupe un long immeuble de couleur marron de deux étages. Quelques minutes après l’inscription de notre nom au registre des visiteurs, Louisa apparaît derrière la baie vitrée. Elle m’annonça que je devrais visiter d’abord le journal avant de commencer l’interview. Suivant son pas hâté, je me dépêche de sortir mon carnet de notes enfoui au fond de mon sac à dos. Nous nous dirigeons à son bureau et traversons la vaste salle de presse. Pendant que nous nous faufilons à travers les bureaux compartimentés, Louisa me montre les différents départements allant du marketing, des finances et de la gestion du site web. Remarquant le nombre important de bureaux inoccupés, Louisa m’informa que le journal n’a pas été épargné par la crise structurelle et économique qui touche la presse écrite. Puis, nous nous arrêtons net. À un niveau plus bas, Louisa me montre un immense espace à air ouverte où

159 grouillent une cinquante de journalistes. Du lieu où nous nous trouvons, nous avons une vue d’ensemble sur la salle de presse. Nous descendons quelques marches pour se diriger au bureau de Louisa et au passage nous rencontrons ses collègues qu’elle me présente en m’informant de leur spécialité allant des conseils de décoration de la maison jusqu’à l’expert culinaire et l’infographiste. La salle n’est pas compartimentée et les tables sont dispersées dans toute la salle sans un ordre précis. Mais en y faisant attention, on s’aperçoit que les tables sont entreposées dans le but de faciliter ou/et encourager la communication verbale entre les journalistes. Des grandes tables sont placées ici et là ce qui me laisse croire qu’elles servent aux réunions entre le rédacteur en chef et son équipe. Louisa me montre du doigt un comptoir sans fauteuils où prend lieu les réunions quotidiennes et matinales avec ses collègues et son rédacteur en chef Peter Robb. Après avoir visité son petit bureau, nous décidons de faire un tour à la salle de repos. Nous rencontrons deux collègues auxquels me présente Louisa. Elle informe ses collègues le but ma recherche doctorale sur la question de la représentation des minorités dans les médias. Louisa demande à son collègue combien de journalistes issus des minorités travaillent pour le journal. Visiblement gênée par la question, la collègue de Louisa répond qu’à sa connaissance, il y a deux journalistes issus des minorités visibles sur un total d’une centaine. L’autre collègue présent dans la salle de repos, d’origine tanzanienne apprend-on plus tard, nous sourit et continue de feuilleter son journal. Nous quittons la salle de repos et montons des escaliers pour se rendre à la salle des machines de presse. Dans un couloir où sont entreposés plusieurs tapis roulants et des appareils de musculation et qui semble être la salle de gym, une baie vitrée à droite permet de voir la salle de machinerie située plus bas. Aucun employé n’est présent dans la salle et les machines sont aux arrêts. Louisa m’explique que le journal confie à une entreprise privée une part importante de la production du journal et quelques machines sont utilisées le soir. Nous partons à la cafétéria pour débuter l’interview. Nous choisissons un coin assez isolé et nous nous installons. Je sors mon enregistreur audio numérique de mon sac à dos et rappelle à Louisa notre accord sur l’enregistrement de

160 l’interview. Elle me répond qu’elle n’y voit aucun inconvénient et d’un œil amusé me dit que « c’est l’interviewer qui est interviewé ». L’entretien semi-structuré s’est déroulé en anglais et a duré environ deux heures. Le tableau 7 décrit les différents thèmes abordés.

Tableau 7: Thèmes privilégies durant l’entretien des journalistes du quotidien Ottawa Citizen Parcours professionnel

Regard et opinion sur son propre métier et les relations avec les collègues

Les difficultés auxquelles fait face Ottawa Citizen

La représentation des minorités dans le journal L’évolution de la communauté somalienne à Ottawa

A la fin de l’interview, Louisa me propose de rencontrer son patron le rédacteur en chef Peter Robb. Elle me donne aussi les noms d’autres collègues journalistes qui pourraient être utiles pour ma recherche. Quelques semaines plus tard, Peter Robb et Neco Cockburn participeront à une interview individuelle. Neco Cockburn, journaliste Noir d’origine caribéenne, a semblé au début peu motivé pour une interview mais a ensuite donné son accord.

Dans la section suivante, nous aborderons la méthode de l’ethnographie multi-sites.

L’enquête ethnographique multi-située

Quand il s’agit d’étudier une communauté dispersée et ses trajectoires migratoires contemporaines complexes, la méthode ethnographique multi-sites est utilisée de plus en plus dans les champs des études médiatiques, en sciences technologiques et dans les Cultural Studies (Marcus, 1995). Alors que l’ethnographie classique impliquait la pratique de l’observation participante pendant un long séjour sur un seul site (« thick ethnography »), l’ethnographie multi-sites s’engage à étudier un champ spatialement dispersé à travers lequel l’ethnographe se déplace dans deux ou plusieurs endroits (Falzon, 2009). Ce tournant épistémologique est marqué par la figure de George Marcus

161 qui, en 1995, révèle l’incapacité de l’ethnographie classique à saisir les effets multiples et complexes des systèmes et structures sociaux contemporains sur les individus.

Suite aux premières observations effectuées à Rennes et à Liège, la recherche doctorale a voulu poursuivre grâce à la démarche de l’ethnographie multi-sites la compréhension des pratiques médiatiques en ligne et hors-ligne permettant de créer un espace de socialisation des migrants somaliens résidant en France (Rennes, Angers, Paris) et au Canada (Ottawa et Toronto). Le choix de la démarche ethnographique multi-sites n’a pas été décidé à priori au début de notre recherche. Deux facteurs ont motivé ce choix. Le premier concerne notre propre mode de vie nomade qui nous a amené à la rencontre des Somaliens dans des différents lieux et en de multiples occasions. Le second est lié à la forte mobilité des migrants Somaliens ayant vécu dans plusieurs pays au cours de leur périple pour fuir la guerre civile. D’autres facteurs existent aussi et qui expliquent le choix d’un terrain de recherche. Dans ses nombreuses recherches ethnographiques multi-sites sur les migrants Somaliens résidant dans plusieurs pays, Cindy Horst affirme que « les lieux sont généralement choisis sur la base d'une combinaison de facteurs liés à leur pertinence et leur commodité » (2009 : 121). Pour notre cas, le choix du terrain canadien relève de la « commodité » et celui effectué en France se justifie par la « pertinence ». Ce qui fut au début qu’une rencontre fortuite de circonstances pendant nos premières années universitaires à Rennes est devenue quelques années plus tard un projet de recherche doctoral. Même si toute rencontre semble découler d’une suite de coïncidences imprévisibles, nous étions fascinés de comprendre comment un peuple vivant loin de sa patrie et dispersé à travers le monde pouvait vivre à distance la destruction totale de son pays et comment la communication médiatique et ses pratiques en sont affectées. Cette interrogation, relevant de la simple curiosité, a inspiré cette recherche doctorale et en constitue la problématique. « Le hasard ne favorise que les esprits préparés » disait Louis Pasteur. Passionné des médias et étudiant au premier cycle universitaire en SIC à l’époque de mes rencontres avec les Somaliens, nous nous intéressions surtout à l’analyse des processus de communication. Yves

162 Jeanneret nous rappelle judicieusement que les processus communicationnels apportent « une contribution originale à la compréhension du social, en éclairant la façon dont les savoirs et les attitudes s’élaborent et se partagent, acquièrent légitimité et valeur » (2010:?). Le questionnement d’une recherche scientifique n’émerge donc pas du néant et encore moins de façon anarchique (Mace, 1988). Cette étude se concentrant sur les Somaliens résidant en France (Rennes, Angers et Paris) et au Canada (Ottawa, Toronto) inclue les observations effectuées auprès de Somaliens rencontrés lors de séjours estivaux24 en Belgique (Liège) et aux États-Unis et plus particulièrement dans les villes de Columbus et Minnesota où la communauté somalienne est la plus nombreuse (Goza, 2007). Dans ce qui suit, nous allons décrire les premières rencontres avec les demandeurs d’asile Somaliens à Rennes et à Liège. Les relations nouées avec ces derniers dans ces deux villes ont largement inspiré cette recherche.

La recherche ethnographique à Ottawa s’est déroulée de façon discontinue les étés 2009, 2010 et 2011. Le travail sur le terrain effectué en France a duré trois mois, de janvier à avril 2011. Notre temps, partagé entre les exigences d’un père d’une jeune famille, l’enseignement des cours au département de communication à l’Université d’Ottawa et la participation à des projets de recherche25, n’a pas permis d’entreprendre une recherche prolongée sur un seul site. De plus en plus de chercheurs adoptent la recherche ethnographique multi-sites, et ce, pour des raisons liées à la mobilité des personnes étudiées mais aussi l'évolution de la vie des chercheurs partagés entre l’étude de terrain, le manque de financement, l’enseignement des cours et les exigences familiales (Horst, 2009 ; Hannerz, 2003). Les exigences familiales, professionnelles et conjoncturelles incitent

24 Pendant l’été 2011, je suis allé à Columbus pour rendre visite un membre de ma famille. Un Somalien rencontré à

Ottawa nous a par la suite invités à Minnesota pour lui rendre visite. Curieux de savoir comment les Somaliens vivent aux États-Unis, nous avions accepté avec joie l’invitation.

25 Avec des collègues du département de communication de l’Université d’Ottawa, un projet de recherche portant sur le

rôle des médias ethniques dans le processus d’intégration des immigrants a été financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Ce projet, d’un montant de 200 000$ et d’une durée de 3 ans (2011-2014), concerne les quatre groupes d’immigrants les plus nombreux à Ottawa, à savoir les Somaliens, Chinois et ceux originaires de l’Inde et de l’Amérique latine. Site Web : http://artsites.uottawa.ca/ommi/

163 ainsi de plus en plus de chercheur à mener une étude ethnographique multi-sites « ici » et « là » et « entre » différents projets et ne reste plus immergé pendant de longs mois sur un site (Hannerz, 2003). Notre recherche doctorale n’échappe pas à ces contraintes caractéristiques de notre époque contemporaine.

L’observation participante

L’observation participante est une méthode de collecte de données essentielle pour une recherche de type qualitatif. La forme choisie pour notre recherche est celle de l’observation déclarée et les participants ont été informés au préalable de l’objectif de notre recherche et obtenu leur accord pour être un observateur extérieur. L’avantage de cette forme d’observation est qu’elle réduit les problèmes d’ordre éthique et moral (Peretz, 2004). Toutefois, elle risque d’engendrer des « changements artificiels » de comportement (Bastien, 2007).

L’observation participante consiste pour le chercheur à être attentif aux comportements des participants et de leur environnement immédiat dans le but de saisir tous les détails susceptibles d’aider à mieux comprendre son terrain. Pour une réelle capacité d’analyse, le chercheur doit pleinement s’immerger et observer tout ce qui se rapproche de près ou de loin à son objet d’étude. Dans notre recherche de terrain, l’observation a été mobilisée lors notre participation aux activités et réunions organisées par l’association des parents somaliens à Ottawa. Grâce à cette structure, on a pu établir des contacts et nouer des relations avec les membres de la communauté et avaient volontairement accepté de participer à des entretiens qui ont eu lieu à leur domicile. Ainsi, les observations collectées lors des entretiens au domicile des répondants consistaient à décrire la vie ordinaire et en déceler ses dimensions.

Nous avons aussi participé à Ottawa à des nombreuses conférences internationales organisées par diverses associations et ont porté sur l’expérience exilique, la situation en Somalie et la question de

164 la gestion de la diversité dans les sociétés contemporaines. L’une des conférences26 à laquelle j’ai assistée fut celle organisée en décembre 2009 à Ottawa par l’Institut d’études africaines de l’Université Carlton. L’écrivain somalien de renommée internationale Nureddine Farah était l’invité et présentait au public son dernier roman. Il a été invité par une association de la communauté somalienne et l’écrivait avait bien précisé que lorsqu’il reçoit une invitation d’une association, il s’arrangeait toujours de se payer le billet pour venir « tâter » le pouls la diaspora somalienne éparpillée dans le monde. Par ailleurs, le titre de la conférence contenait des mots très évocateurs « Souls in Exile: Memory, Creativity and Opportunity ». Au cours de la présentation de l’écrivain, certains membres du public avaient posé une question qui avait attiré notre attention. Celle-ci portait sur les meilleurs moyens de préserver l’identité somalienne dans le contexte de la migration. La réponse de l’écrivain a été expéditive et avait laissé bouche-bée le public: il répondit que le meilleur moyen de préserver l’identité somalienne était de s’intégrer pleinement dans le pays d’accueil. L’écrivain somalien, connut pour sa franchise et son intelligence acerbes, expliqua qu’il fallait « s’enraciner quelque part, à un lieu, et à partir de là construire sa propre identité, à savoir l’identité somalienne ».

Le terrain en France était différent de celui du Canada. Les répondants rencontrés à Rennes, Angers et Paris étaient plus vulnérables socialement comparés à ceux du Canada qui, établis à Ottawa et Toronto depuis au moins une décennie, connaissaient dans une moindre mesure des problèmes sociaux aussi sévères. Les participants rencontrés dans les trois villes françaises étaient en majorité des demandeurs d’asile et étaient confrontés à des graves problèmes de logement liés au contexte de crise de l’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés en France. L’absence de logement, la saturation de l’hébergement d’urgence et des structures institutionnelles d’insertion sociale insuffisantes ou parfois inexistantes pour les demandeurs d’asile ont créé des situations d’extrême

26 Voici le lien de l’annonce de la conférence publiée dans site web Hiiraan Online basé à Ottawa très populaire dans la

diaspora et consulté également à partir du pays :

165 pauvreté, de précarité et de détresse (Observatoire pour l’accueil des demandeurs d’asile, 2005). La pauvreté étant l’un des facteurs de l’exclusion sociale, les Somaliens, comme tous les autres demandeurs d’asile27 se trouvant sur le sol français, sont des exclus sociaux. Ce contexte d’exclusion sociale dans lequel sont insérés les enquêtés a « affecté » notre méthodologie et l’observation participante et a soulevé de nouvelles interrogations éthiques : doit-on taire certaines observations liées à des pratiques particulières des demandeurs d’asile ou au contraire les dévoiler ? Peut-on observer sans réagir aux difficultés de la vie quotidienne des enquêtés? Que faire quand un grand nombre des enquêtés veulent aborder des thèmes qui les touchent et souhaitent ignorer ceux qui motivent ma recherche? Peut-on succomber au discours des enquêtés en participant à leurs activités? À leur demande, peut-on leur donner de l’argent ? Ces considérations méthodologiques confèrent le terrain et l’objet d’étude en France le statut de « sensible ». L’appellation « terrain