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5 ETUDE DES CARACTERISTIQUES EMOTIONNELLES DES ENFANTS A

5.2 Méthode

Pour évaluer les styles affectifs, nous utilisons les adaptations françaises (Jacob, Lubart

& Getz, 1999) de mesures anglo-saxonnes de styles affectifs. Ces traductions sont contrôlées par une procédure de back translation qui ont déjà été validées, en partie, sur une population française adulte. Nous proposons ainsi des mesures sur l’intensité affective, l’expressivité émotionnelle et l’attention prêtée aux émotions. Pour chaque questionnaire, nous avons sélectionnés des items selon plusieurs critères. D’une part, nous nous sommes appuyés sur les résultats de travaux effectués par Zenasni (2002) et qui comprennent des études de fidélité des items de ces questionnaires. Nous avons, pour chaque test, recensé les items qui saturent le mieux les dimensions auxquelles l’analyse factorielle les associe. D’autre part, nous avons

retenus les items qui semblaient être les plus pertinents pour des enfants. Ce critère de sélection est purement subjectif, il s’agissait avant tout de s’assurer que les questionnaires pourraient être adaptés à la population que nous voulons étudier.

En réduisant ainsi les questionnaires, nous avons pu proposer une multi-évaluation de caractéristiques émotionnelles. Nous avons pris le parti d’adopter une démarche exploratoire en rendant compte de plusieurs dimensions émotionnelles à travers des items représentatifs de quatre composantes émotionnelles : l’intensité affective, l’attention prêtée aux émotions, l’expressivité émotionnelle et la créativité émotionnelle. Le revers de cette démarche est que nous perdons en précision en proposant des échelles réduites. L’ensemble de ces échelles correspond à 48 items, nous allons maintenant voir à quoi ils correspondent.

5.2.1 Styles affectifs

5.2.1.1 Mesure d’intensité émotionnelle

L’ « Affect Intensity Measure » (AIM) de Larsen et Diener (1987) évalue la disposition du sujet à ressentir faiblement ou fortement ses émotions. Il s’agit donc ici d’avoir une mesure d’intensité affective. Dans sa version originale, cette échelle est composée de 40 items, dont 11 inversés) évoquant chacun des situations provoquant un comportement émotionnel particulier. Les participants doivent évaluer la fréquence avec laquelle ils vivent intensément ces situations particulières, sur une échelle en 6 points (de 1 « jamais » à 6 «toujours »). Plus le score est élevé, plus l’individu ressent intensément ses émotions. Selon certaines études, cette échelle peut être considérée comme multi-factorielle (Weinfurt, Bryant & Yarnold, 1994). Ces derniers auteurs proposent une structure en 4 facteurs : l’affectivité positive correspond à la tendance à vivre intensément des émotions positives ; l’intensité négative à vivre intensément des expériences émotionnelles négatives ; la sérénité renvoie à une tendance à vivre calmement des expérience émotionnelles positive ; la réactivité négative reflète une tendance à réagir fortement aux stimuli contextuels négatifs.

Dans la version utilisée dans cette étude, nous avons sélectionné 22 items provenant de cette échelle de mesure : 5 items d’affectivité positive, 4 items de réactivité négative, 5 items de sérénité (items inversés) et 5 items d’intensité négative (dont 4 inversés). Nous avons également retenus 3 items qui représentent bien le score global d’intensité émotionnel. Le questionnaire que nous avons utilisé est présenté en annexe (p. A13)

5.2.1.2 Attention prêtée aux émotions

Le « Trait Meta-Mood Scale » (TMMS) mis au point par Salovey, Mayer, Goldman, Turvey, et Palfai (1995), permet d’évaluer la disposition à clairement identifier, distinguer et décrire les émotions spécifiques (clarté), à prêter son attention à ses différents états émotionnels (attention) et à les réguler (régulation). Le participant indique sur une échelle de Likert en 5 points (de 1 : « fortement en désaccord » à 5 : « fortement d’accord ») à quel degré l’item les décrit. L’échelle originale comprend 30 items, nous avons retenu 8 items représentant la dimension « attention » (4 items sont inversés). Le questionnaire que nous avons utilisé est présenté en annexe (p. A15)

5.2.1.3 Expressivité émotionnelle

L’ « Emotional Expressivity Scale » (EES) de Kring, Smith et Neale (1994) est une échelle mono-factorielle qui mesure la disposition d’un individu à exprimer ses émotions. Elle est est composée de 17 items (dont 11 inversés) qui représentent des comportements liés à l’expression des émotions dans des situations de la vie quotidienne. Le participant doit évaluer à quel degré il vit ces comportements à travers une échelle en 6 points (de 1 : « jamais vrai » à 6 : « toujours vrai »). Plus le score sur cette échelle est élevé, plus le participant à tendance à exprimer ses émotions. Nous avons retenu 10 items représentatifs de cette composante émotionnelle. Le questionnaire que nous avons utilisé est présenté en annexe (p.

A14)

5.2.2 Idiosyncrasie émotionnelle

L’ « Emotional Creativity Scale » élaborée par Nunley et Averill (1996) a été employée pour évaluer la créativité émotionnelle des participants, et plus particulièrement la tendance des individus à vivre des émotions différentes de celles des autres (idiosyncrasie).

Le participant doit indiquer sur une échelle de Likert en 5 points à quel point l’item le décrit (de 1 : « fortement en désaccord » à 5 « fortement d’accord ». Nous avons retenu 8 items représentant bien la dimension « idiosyncrasie » du questionnaire original. Le questionnaire que nous avons utilisé est présenté en annexe (p. A16)

5.2.3 Intelligence émotionnelle

Le « MSCEIT :YV20 » développé par Mayer, Salovey et Caruso (1997) permet de mesurer des compétences pour traiter les informations à contenu émotionnel. Dans la partie

« Régulation », on propose des mini scénarios dans lesquels un ou plusieurs personnages sont confrontés à des situations évoquant des états émotionnels précis (joie, tristesse, colère…).

Les sujets évaluent alors, à l’aide d’échelles de Likert, la pertinence de solutions proposées pour gérer ces états émotionnels à un niveau intra-personnel et inter-personnel. Le premier niveau renvoie à la gestion de ses propres émotions et le deuxième à celle de la gestion des émotions d’autrui. Nous avons utilisé une version traduite de ce questionnaire.

Concernant la cotation de la capacité à réguler les émotions, la méthode des experts est également utilisée mais cette fois avec 4 juges psychologues scolaires. Pour tous les items, la réponse choisie par chaque juge correspond à un chiffre entre 1 et 5 sur l’échelle de Likert.

Pour chaque item, la réponse de chaque juge compte pour 0,25 point. Si deux juges ont donné la même réponse, les enfants qui donneront cette même réponse auront 0,5 point. L’enfant a pour chaque item un score de 0 si sa réponse ne correspond pas à une réponse des juges. Il a un score de 0,25, 0,5, 0,75 ou 1 si sa réponse est respectivement celle de 1, 2, 3 ou 4 juges.

Par exemple, pour l’item 2 de l’échelle d’identification, les 4 juges ont répondu respectivement 1, 1, 1 et 2. Les enfants auront, pour cet item 2, un score de 0,75 s’ils ont répondu 1, de 0,25 pour une réponse 2 et un score de 0 s’ils ont répondu 3 ou 4 ou 5. S’il y a un écart entre les réponses des juges d’au moins 3 points sur l’échelle de Likert (en 5 points), alors l’item est supprimé. Sont également enlevés les items pour lesquels la distribution des réponses des juges est bimodale.

Il existe également une méthode dite « consensuelle » de notation des épreuves d’intelligence émotionnelle. En accord avec les critères de cotation de l’échelle originale (Mayer, Caruso et Salovey, 1999), nous pouvons évaluer les capacités à réguler les émotions en fonction des pourcentages de réponses par item et par score pour l’échantillon. La "bonne réponse" est celle qui est fournie par la majorité des sujets. Pour cela, nous évaluons d’abord, pour chaque épreuve, le pourcentage de réponses aux différents scores d’un item. Par exemple, pour l’item 1 de la partie 3, 14,52% des participants ont donné le score 1, 16,13% le score 2, 25,8% le score 3, 11,29% le score 4 et 32,26% le score 5. Par conséquent, nous attribuons respectivement les notes 0,15, 0,16, 0,26, 0,11 ou 0,32 lorsque les sujets sélectionnent une de ces réponses.

20 Mayer Salovey Caruso Emotional Intelligence Test : Young Version

On se réfère préférentiellement à la méthode des experts plutôt qu’à la méthode consensuelle car notre échantillon peut présenter des caractéristiques particulières, voire des capacités faibles au niveau émotionnel. De plus, les experts sont souvent d’accord sur le choix des réponses correctes quand la recherche a établi un critère clair pour les réponses (Mayer, Caruso, Salovey & Sitarenios, 2003). Le questionnaire utilisé est présenté en annexe (pp. A8 à A12).

Dans le document Thèse. Docteur de l Université Paris V (Page 112-116)