• Aucun résultat trouvé

Les enfants surdoués au fil des siècles

Dans le document Thèse. Docteur de l Université Paris V (Page 11-20)

1 CADRE HISTORIQUE

1.1 Les enfants surdoués au fil des siècles

Si un historien veut décrire une civilisation, il pourra prendre en compte plusieurs de ses aspects, qu’ils soient politiques, économiques ou culturels. Son travail consistera à faire état d’un système robuste et cohérent, coordonnant ces différents aspects afin de donner une idée des mœurs pratiquées, de la manière dont les individus conçoivent leur environnement

physique ou social et les moyens mis en place pour le maîtriser. Son travail mettra ainsi en évidence les croyances partagées par des individus appartenant à une même civilisation. Ce contexte historico-culturel détermine en quelle propension certaines capacités vont être, plus ou moins que d’autres, valorisées par la société. On peut ainsi remonter jusqu'aux premières communautés d’homo sapiens qui profitaient des aptitudes particulièrement élevées de certains membres, pour chasser, connaître les plantes comestibles ou curatives, ou prévoir les changements de climat. Au fil des siècles, la littérature fait état de nombreuses biographies d’individus atypiques qui ont marqué leur époque grâce à leurs talents dans des domaines variés (Galton, 1892; Cox, 1926). Alexandre le Grand, Virgile, Gandhi, Marie Curie, Al-Kharizmi ou Karl Marx sont autant d’exemples d’individus qui se sont ainsi illustrés. Leur talent hors norme a été remarqué dans des contextes culturels différents et la société à laquelle ces individus appartenaient en a bénéficié. La question de l’origine de ces talents souvent été formulée en psychologie, et nous allons voir dans ce chapitre qu’il y a différentes interprétations selon le contexte historique.

1.1.1 L’Antiquité

Dès l'antiquité, certains textes décrivent des enfants présentant des caractéristiques qui les distinguent de leurs pairs. Chez les Égyptiens par exemple, l'intelligence revêt une dimension à la fois magique et divine. Ceci est illustré par le mythe de Sénosiris, fils du scribe Satni. Sénorisis manifeste des comportements atypiques dès le plus jeune âge. Ses maîtres remarquent avec stupéfaction sa sagesse, sa mémoire phénoménale et sa maîtrise des hiéroglyphes. Ses progrès physiques et intellectuels sont indiqués en terme de comparaison par rapport à un âge donné. Dans ce récit, la précocité de Sénorisis est expliquée par l’idée antique selon laquelle l’âme a déjà eu accès une fois au savoir, grâce au jeu des réincarnations. On retrouve cette croyance encore aujourd’hui en Afrique de l’Ouest où les enfants doués sont considérés comme des ancêtres réincarnés, ce qui leur confère un statut particulier (Durazzo, 1997).

En Grèce, l’éducation repose, dans une certaine mesure, sur des principes égalitaires, les citoyens de même sexe recevant la même éducation. Cependant, les inégalités entre les hommes sont reconnues et acceptées en tant que manifestations divines. En effet, chaque être humain se caractérise par un ensemble de traits assignés à chacun par les dieux, dont l’intelligence. Dans cette optique, la supériorité intellectuelle, ou physique, est considérée

comme un don divin fait à la société, par l’intermédiaire d’un individu privilégié qui va en faire bénéficier la communauté. Platon pense que la société tirerait bénéfice d’entraîner et de maximiser les potentialités de chaque citoyen. Il préconise dans ce sens un programme d’éducation spécialisée pour les jeunes hommes présentant des aptitudes intellectuelles au-dessus de la moyenne. Ces programmes font appel à un haut niveau de maîtrise en science, philosophie et métaphysique. L’idée de Platon découle d’une réflexion axée sur l’importance de l’éducation pour former la relève politique de la république. Il ressent la nécessité de sélectionner une élite de citoyens capables de gouverner et d'être au service de la cité et veut ainsi constituer un réservoir d’individus brillants destinés aux carrières politiques (Tannebaum, 2000).

1.1.2 Le Moyen Age

Au Moyen-Age, en Europe, la foi religieuse est très profonde. L'intelligence est un don de Dieu et distingue les humains de l’animal. Elle est la preuve que Dieu a créé l’Homme à son image, Dieu étant, selon St Thomas d’Aquin, l’intelligence suprême. Ce don doit ainsi être mis au service de Dieu et non de l'homme ou de l'État. Les enfants doués sont envoyés dans des monastères où ils reçoivent une éducation de qualité orientée vers la spiritualité. On voit bien ici à quel point le contexte historique influence l’attitude adoptée face à cette forme de déviance : la religion est au Moyen-Âge la garante des connaissances philosophiques et scientifiques, et regroupe en son sein l’ensemble de la communauté intellectuelle de l’époque.

L’enfant hors norme est appelé puer senex, littéralement « enfant-vieillard ». Hildegard von Bingen (1098-1179), compositeur mystique et écrivain allemand, est célèbre pour sa poésie lyrique et ses chants de piété. De famille noble, elle est confiée par ses parents, à huit ans, à une communauté de religieuses bénédictines de Disibodenberg. Elle devient mère supérieure de la communauté en 1136 et fonde d'autres ordres à Rupertsberg et Eibingen. Elle consigne ses expériences dans un livre "Scivias" qui lui apporte la célébrité dans toute l'Europe, et dans lequel elle écrit : "Dès mon enfance, depuis l'âge de cinq ans, d'une manière admirable, je sentais en moi comme maintenant, la vertu des mystères, de secrètes et merveilleuses visions". Elle est consultée par des empereurs, des monarques, des chefs religieux et elle est mêlée à la vie politique et diplomatique de son temps (Encyclopédie Microsoft Encarta 97).

En Turquie, sous l'Empire Ottoman, le sultan Mehmed le Conquérant (1432 - 1481) crée une école spéciale dans le sérail pour les enfants les plus remarquables à qui seront confiées de

hautes responsabilités. Un de ses successeurs, Soliman le Magnifique (1494 - 1566) fait de même au XVIème siècle. Dans les deux cas, des envoyés du Sultan parcourent l'Empire à la recherche de ces enfants hors norme.

1.1.3 La Renaissance

La Renaissance, qui privilégie toutes les formes d'expression artistique, favorise l'épanouissement de nombreux enfants artistes. En Italie, ils sont placés, jeunes, en apprentissage chez un maître avant de devenir eux-mêmes des artistes de talent, les "putti".

Ainsi, Léonard de Vinci (1452-1519) entre très jeune dans l'atelier de Verrochio, qui est probablement l'un des plus animés de Florence. En effet le maître et ses disciples sont peintres et sculpteurs mais ils travaillent également le marbre, le métal et le bois. Ils réalisent des armures, des cloches, des coffres sculptés, des bijoux. Lui-même ne se contente pas d'être le peintre de génie que l'on connaît. Il utilise ses dons mathématiques pour concevoir des projets d'architecture et inventer des machines, telles que le célèbre "avion à pédales". Il en va de même pour Michel Ange (1475-1564). Son père le place, à treize ans, en apprentissage dans l'atelier du peintre Dominico Ghirlandaio. Deux ans plus tard, il étudie à l'école de sculpture du jardin des Médicis de la place Saint Marc. A l'âge de seize ans, il a déjà réalisé deux bas-reliefs, dont "Le combat des Lapithes et des Centaures".

En France, ce courant se manifeste plus particulièrement dans le domaine des lettres.

Montaigne (1533-1626) montre très jeune des aptitudes littéraires qui nous font penser qu'il était précoce. En effet, dans le chapitre des "Essais" intitulé "De l'institution des enfants", il écrit : "Ce que je voyais, je le voyais bien et, sous cette complexion lourde, nourrissais des imaginations hardies et des opinions au-dessus de mon âge." Quelques lignes plus loin, il raconte qu'il a sauté des classes et a quitté le collège à treize ans, ayant "achevé [son] cours".

Il enchaîne en révélant : "Le premier goût que j'eus aux livres, il me vint du plaisir des fables de la" Métamorphose" d'Ovide. Car, environ à l'âge de sept ou huit ans, je me dérobais de tout autre plaisir pour les lire ». Il préconise plus tard une éducation qui donne une large part au développement personnel, plutôt qu’à l’acquisition de connaissances académiques imposées (Compayré, 1883). Selon la métaphore qu’il donne, l’enfant n’est pas un vase qu’il faut remplir, mais un tas de braises qu’il faut aviver.

Au XVIIème siècle, Blaise Pascal (1623-1662) ne va pas à l'école, ce qui est rare pour un garçon. Son père se charge de son éducation en s'inspirant des préceptes de Montaigne. Il

suscite chez son fils l'envie de comprendre et de s'approprier les savoirs. Très vite, l'enfant fait montre d'un génie extraordinaire. A 12 ans, son père le trouve dans son bureau en train de retrouver les 32 premières propositions d'Euclide. A 16 ans, il compose un Traité des Sections Coniques. A 19 ans, il construit une machine arithmétique, ancêtre de nos calculettes modernes, la « pascaline ». C'est le premier système mécanique qui permet d'effectuer additions et soustractions avec report automatique des dizaines.

1.1.4 Les Lumières

Le XVIIIème siècle est connu comme le siècle des lumières. On retrouve en musique le phénomène des enfants prodiges : Purcell, Bach, et Haydn. Mozart (1756 - 1791) commence à composer à quatre ans et il se passionne aussi pour le calcul. Il couvre de chiffres et de notes les tables et les murs de la maison de ses parents (Kutscher, 1956). Il écrit des symphonies avant l'âge de 10 ans et son opéra bouffe "La finta semplice" est joué alors qu'il a 13 ans. Ses aptitudes en mathématiques se retrouvent d'ailleurs dans la composition de ses oeuvres et dans l'harmonie redoutablement précise qui s'en dégage.

Les pouvoirs politiques de cette époque ne sont pas insensibles aux bénéfices que pourrait apporter une bonne gestion des ressources intellectuelles. Par exemple, Thomas Jefferson (1743-1826) s'imprègne des idées des philosophes. Après un séjour à Paris, de retour dans son pays, il est élu deuxième président des États-Unis, de 1801 à 1809. Il propose de grouper "les meilleurs génies" dans une école spéciale, quel que soit leur milieu d'origine, aux frais de l'État et pour le bien de l'État. Il ajoute que si l'intelligence n'est pas cultivée, elle s'étiole, les enfants de milieux défavorisés étant les plus vulnérables car n’ayant pas forcément accès à une éducation de qualité. Même si cette idée est maintenant ancienne, elle est encore de nos jours retrouvée dans les politiques éducatives des pays qui investissent des efforts dans la recherche sur les enfants à haut potentiel. Ces derniers constitueraient en quelque sorte un réservoir de ressources intellectuelles pour l’humanité qui se doivent d’être exploitées.

Quetelet (1796-1874), mathématicien et statisticien belge est connu pour sa doctrine de

« l'homme moyen». Pour lui, l'intelligence idéale est celle qui se situe à la moyenne, toute déviation dans un sens ou dans l'autre est une faute de la nature. Dans cette perspective, le fait être doté d’une intelligence exceptionnelle est connoté négativement et relève d’avantage de la psychopathologie. De même, Lombroso en Italie et Nisbet en Angleterre déclarent en 1893 que folie et génie sont biologiquement liés. Ils prennent comme exemple Jeanne d'Arc,

Shakespeare, Byron, Poe qui, selon eux, présentaient des troubles comportementaux. Cette perspective est intéressante car elle soulève la question de savoir si toutes les formes de déviances doivent être considérées comme pathologiques. Nous pensons au contraire que la

« psycho-diversité » permet un certain équilibre social et constitue les fondements même de l’évolution de l’humanité, au même titre que la biodiversité permet la survie des espèces.

Selon l'idéologie marxiste, l'individualisation de l'enseignement suivant les capacités des élèves et la création d'élites intellectuelles sont toutes deux exclues d'office car contraires aux principes d'égalité. Cependant, il est à noter que les pays communistes ont développé des systèmes de détection très perfectionnés, et ont rassemblé les élites dans des écoles où un enseignement adéquat leur était prodigué.

1.1.5 L’ère de la psychologie scientifique

Au XIXème siècle, les premiers travaux sur l’intelligence étaient fortement imprégnés des thèses innéistes de l’époque. Galton soutenait l’hypothèse d’une transmission héréditaire de l’intelligence et considérait le génie comme une différence de degré mais pas de nature.

Son étude généalogique d’individus qui se sont illustrés dans différents domaines (Galton, 1892) n’a, dans ce sens, pas été convaincante. Par ailleurs, à cette époque, l’identification des individus dotés de capacités intellectuelles hors norme est devenue un enjeu économique et social important. Galton affirme que la conjecture technologique et économique implique un besoin croissant en ressources intellectuelles. Selon son point de vue, on pourrait répondre à cette demande en créant des générations d’individus intellectuellement doués. Il reprend ainsi la théorie de l’évolution développée par Darwin dans « L’Origine des espèces », en l’adaptant à un niveau sociétal. Son idée consiste à opérer une sélection naturelle en arrangeant judicieusement des mariages entre les personnes présentant des signes de capacités intellectuelles plus élevées que la moyenne (Grinder, 1990). L’histoire précise que Galton avait imaginé un système de récompense afin d’encourager les couples ainsi formés à engendrer le plus de cette descendance génétiquement contrôlée…

Lewis Terman, disciple de Galton a été un membre influent de plusieurs associations de recherche eugéniques. Ce professeur de psychologie de l’université de Stanford a consacré sa carrière à l’étude des génies. L’adaptation américaine des échelles d’intelligence, développées en France par Binet et Simon, a constitué un outil de choix pour l’étude des variabilités interindividuelles. Terman fut un des premiers à appliquer les tests d’intelligence à

grande échelle. En 1921, il lance le coup d’envoi d’une étude longitudinale portant sur 857 élèves masculins et 671 élèves féminines. Pour les sélectionner, il part d’un échantillon de 250 000 élèves et demande aux maîtres d'école de choisir les trois élèves qu'ils considèrent les plus intelligents de leurs classes, ainsi que le plus jeune et le plus intelligent de l'année précédente. Il les teste à intervalles réguliers de 1921 à 1955, et leur fait remplir des questionnaires sur différents aspects de leur vie. Il publie cinq ouvrages pour rendre compte de ses recherches, dans lesquels il dresse un portrait des enfants doués qui va souvent à l'encontre des idées reçues. Ainsi, il montre que ces enfants se portent mieux que la moyenne, qu'ils sont sociables et réussissent bien dans la vie. Il introduit également la notion de précocité et préconise le saut de classe. Terman est à l'origine du large recours aux tests, aux États-Unis en particulier, pour sélectionner les élèves ou les répartir dans différentes filières.

Il a ouvert la voie aux mesures spécifiques pour la scolarisation des surdoués, telles que les classes ou les écoles spéciales, et les cours d'enrichissement. Après sa mort, ses disciples ont continué à suivre "la cohorte des Termites", ainsi que leurs enfants et petits-enfants.

Cependant, on peut reprocher à cette étude des biais méthodologiques importants, notamment en ce qui concerne la sélection des participants. Les enseignants sollicités ont en effet eu tendance à sélectionner les élèves les plus intelligents selon leurs critères, c'est-à-dire ceux qui avaient tendance à réussir le mieux sur le plan scolaire.

Leta Hollingworth (1886-1939) s'intéresse au développement cognitif et affectif de ces enfants à travers une approche clinique et constate qu'ils ont des besoins sociaux et émotionnels spécifiques qui méritent d'être pris en compte. Elle s’est particulièrement intéressée aux individus dont le QI avoisine un score de 180. Ses travaux indiquent que cette supériorité est stable à travers le temps et qu’elle s’exprime largement en terme de performances académiques. Sa méthode d’investigation l’amène à écouter longuement ces enfants pas le biais d’entretiens cliniques, ce qui lui permet d’observer certaines caractéristiques personnelles telles que la solitude, le sens moral, leur amour du beau. Elle note par exemple qu'ils s'interrogent très tôt sur leur place dans l'univers et remarque leur sens de l'humour qu'elle appelle leur "planche de salut". Elle souligne également des problèmes d’adaptation liés à des difficultés pour s’identifier à des pairs d’intelligence moyenne (Hollingworth, citée par Cox-Miles, 1952, p. 1471). Elle crée deux classes d'enfants surdoués au sein d'une école publique, à New York, en 1922, dans laquelle entre autres :

le programme est suffisamment stimulant pour donner aux enfants l'envie de travailler

l'enseignement se fait à un rythme rapide

il y a des cours d'argumentation

les études sont interdisciplinaires, donnant une place importante à l'autonomie de l'enfant et au travail de groupe.

1.1.6 De nos jours, en France

Au cours des deux dernières décennies, l’Education Nationale s’est vue de plus en plus confrontée aux demandes venant de parents inquiets de la scolarité d’enfants que l’on qualifie communément de « surdoués ». C’est avant tout le regroupement en associations, dont les plus représentatives sont l’ANPEIP (Association Nationale Pour les Enfants Intellectuellement Précoces, créée en 1971) et l’AFEP (Association Française pour les Enfants Précoces, fondée en 1993) qui a permis de faire entendre leurs revendications et de mettre en oeuvre la prise en charge de cette population spécifique, au sein de certains établissements scolaires. Faute d'une prise en charge adaptée, beaucoup d’enfants précoces échouent dans leur cursus scolaire, comme le montre une étude menée auprès de 145 enfants précoces anciens élèves de l'institut Baulieu à Paris (Quotidien du Médecin du 22 février 1999). Suivis sur une période de dix à vingt ans, ces jeunes adultes, dont le QI est supérieur à 130, ont connu des parcours assez chaotiques; seuls 40% d'entre eux ont atteint ou dépassé le niveau bac+2, 9% se sont arrêtés au bac, et 43% ont obtenu un BEP ou un CAP. Ce rapide état des lieux suggère qu’il existe des besoins importants de ces enfants et adolescents qui représenteraient, en France, environ 4% de la population scolarisée (soit en moyenne un ou deux par classe)2. Il est d’autant plus alarmant que, si l’on en croit les chiffres de l’ANPEIP, seuls 3 à 5% des cas sont détectés, ce qui laisse à supposer qu’une bonne partie des élèves de tous niveaux (du cycle primaire au lycée) dotés de potentialités intellectuelles indiscutables, se retrouve en désarroi, faute de moyens suffisants mis en œuvre. En décembre 2005 s’est ouvert le premier « centre de ressources français pour enfants surdoués en difficulté » qui propose l’accueil des enfants et de leurs familles, des consultations d’évaluation du fonctionnement cognitif et socio-affectif, ainsi que des suivis thérapeutiques adaptés au profil de chaque enfant, tout en promouvant le travail de recherche et le partenariat avec tous les acteurs impliqués dans la prise en charge de ces enfants.

Par ailleurs, la rédaction d’un rapport ministériel sur la scolarisation des élèves

« intellectuellement précoces » (Delaubier, 2002) montre cependant l’intérêt porté par les pouvoirs publics à ce dossier. Ce rapport est le fruit d’une réflexion collective qui a vu

2 (Delaubier, 2002)

collaborer un certain nombre de partenaires (représentants des psychologues scolaires, éducateurs et conseillers d’orientation, enseignant-chercheurs en psychologie différentielle, syndicats enseignants et fédérations de parents d’élèves) et a permis d’aboutir à la formulation de neuf axes de travail qui concernent aussi bien l’évolution des pratiques éducatives, dont la sensibilisation du corps enseignant et la mise en place d’un enseignement adapté, que le développement de la recherche dans ce domaine. A l’origine, les demandes des parents et des associations portaient sur la création de classes ou d’établissements réservés aux élèves intellectuellement précoces. La mise en place d’une structure spécifique a effectivement constitué la première solution apportée, dans de nombreux pays, aux difficultés rencontrées par ces enfants. Les familles voyaient dans ces classes et établissements “ spéciaux ” la reconnaissance des besoins de leurs enfants et la garantie d’une prise en charge adaptée. Par ailleurs, en dehors de l’objectif évident de rassembler des élèves manifestant des attentes communes et, dans certains domaines, des niveaux scolaires comparables, ce type de regroupement visait à atténuer le sentiment d’isolement des EHPI qui vivent douloureusement

collaborer un certain nombre de partenaires (représentants des psychologues scolaires, éducateurs et conseillers d’orientation, enseignant-chercheurs en psychologie différentielle, syndicats enseignants et fédérations de parents d’élèves) et a permis d’aboutir à la formulation de neuf axes de travail qui concernent aussi bien l’évolution des pratiques éducatives, dont la sensibilisation du corps enseignant et la mise en place d’un enseignement adapté, que le développement de la recherche dans ce domaine. A l’origine, les demandes des parents et des associations portaient sur la création de classes ou d’établissements réservés aux élèves intellectuellement précoces. La mise en place d’une structure spécifique a effectivement constitué la première solution apportée, dans de nombreux pays, aux difficultés rencontrées par ces enfants. Les familles voyaient dans ces classes et établissements “ spéciaux ” la reconnaissance des besoins de leurs enfants et la garantie d’une prise en charge adaptée. Par ailleurs, en dehors de l’objectif évident de rassembler des élèves manifestant des attentes communes et, dans certains domaines, des niveaux scolaires comparables, ce type de regroupement visait à atténuer le sentiment d’isolement des EHPI qui vivent douloureusement

Dans le document Thèse. Docteur de l Université Paris V (Page 11-20)