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e) Synthèse et conclusion

Chapitre 3 La Métaphysique allemande

La Métaphysique allemande consacre, en fait, à la psychologie, une grande part du traité. Les troisième et cinquième parties de cet ouvrage nous parlent de l’âme. Mais avant de regarder les objectifs et les méthodes qui sont ici travaillés et développés, commençons par revenir sur le titre : Vernünftige Gedancken von Gott, der Welt und der Seele des Menschen, auch allen Dingen überhaupt. Le contenu de l’ouvrage correspond effectivement à cette annonce mais l’ordre des notions, lui, est autre. Contrairement à ce que pourrait laisser supposer le titre, le premier chapitre n’a pas un mot consacré à Dieu, mais explique « comment nous connaissons que nous sommes et à quoi nous sert cette connaissance » (Wie wir erkennen, daß wir sind, und was uns diese Erkänntniß nutzet). De Dieu, en fait, il n’est question que dans le sixième et dernier chapitre. Pour ce qui concerne le monde, Wolff ne développe des considérations cosmologiques que dans le quatrième chapitre, après avoir parlé de l’âme en tant que nous l’abordons par nos perceptions (chapitre 3) et avant qu’il ne traite, dans le cinquième chapitre, de l’essence de l’âme. Le deuxième chapitre, pour sa part, étudie « les premiers principes de notre connaissance et de toutes les choses en général ».

On retrouve donc, dans cet ouvrage à l’ambition systématique, les concepts principaux de la philosophie classique. Pour ce qui concerne leur ordre d’apparition dans le traité on observera pour commencer que cet ordre qui n’apparait pas dans le titre se laisse pourtant assez facilement reconstituer. À partir d’une réflexion sur ce qui caractérise la connaissance de notre être, des principes peuvent être mis en évidence, principes à portée épistémologique et ontologique. Une fois ces principes énoncés, il convient de montrer comment ceux-ci éclairent notre connaissance du monde et de l’âme. Quant à Dieu, Wolff montrera qu’il est l’être contenant en lui le fondement grâce auquel tous les autres êtres existent. Jusque dans la manière dont ce traité procède effectivement on retrouve deux traits méthodologiques principaux de la pensée de Wolff telle que nous l’avons dégagée dans ce qui précède : l’enracinement de la réflexion philosophique dans une attention à ce qui constitue notre connaissance et l’ambition de montrer quelle est l’intelligibilité profonde du monde. Ceci n’est à l’évidence possible que si on remonte aux principes, pas seulement de notre connaissance, mais de « toutes les choses en général ».

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Notre objectif n’est pas de suivre Wolff dans tous et chacun de ses développements. Nous voudrions approfondir et préciser notre enquête concernant la psychologie de Wolff. Pour cela, nous regarderons de près le premier chapitre qui contient « in nuce » l’ensemble de la doctrine métaphysique de Wolff. Puis, nous chercherons à comprendre ce qui fait l’originalité de ces deux manières de parler de l’âme, selon le primat de l’expérience tout d’abord, puis en explorant la thématique de l’essence de l’âme. La question qui nous occupera alors sera de savoir si la seconde manière de faire de la psychologie est une relecture de la première ou si elle possède une perspective totalement distincte d’elle. Bien situer l’une par rapport à l’autre ces deux lectures ne saurait ici passer pour une enquête secondaire si l’on se souvient du fait que, dès la présentation de notre travail (p.14-16) nous nous interrogions sur l’unité problématique de la psychologie wolfienne.

Nous voudrions faire de ce travail dans la Métaphysique allemande une sorte d’introduction à celui que nous nous proposons d’exécuter par la suite dans les deux grandes « Psychologia ». Ces derniers textes donnent une vision d’ensemble complètement développée de la psychologie de Wolff. C’est à partir de ces deux grands textes que nous nous poserons la question terminale qui anime notre réflexion depuis le commencement du présent ouvrage : quel est le rôle exact de l’attention dans la pensée de Wolff ?

Pour clarifier la situation épistémologique du rapport entre les deux manières de pratiquer la psychologie telles qu’on les trouve présentées dans la métaphysique allemande, nous remonterons à notre tour aux principes. En fait, nous chercherons à expliciter ce que nous écrivions quelques lignes plus haut, à savoir que les principes apportent une clarté et une intelligibilité plus grande que la simple description des réalités, considérées en elles-mêmes ou en lien immédiat avec les circonstances de leur apparition. Cela nous amènera à donner plusieurs coups de sonde dans le chapitre deux qui, comme nous l’avons indiqué, contient « les premiers principes de notre connaissance et de toutes les choses en général ». Cette étude réalisée, il nous restera à reprendre, sous un autre angle, la pensée psychologique de Wolff telle qu’il l’expose une bonne dizaine d’années plus tard161

. Nous espérons pouvoir montrer, en fin de compte, comment, dans son système, la psychologie, la logique et

161 Les deux Psychologia sont publiées en 1732 pour la Psychologia empirica et en 1734 pour la Psychologia

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l’ontologie peuvent s’appuyer l’une sur l’autre et ce qui explique en profondeur cette complémentarité des points de vue.

a) La grande découverte et ses conséquences

(chapitre 1 de la