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a) La grande découverte et ses conséquences (chapitre 1 de la Métaphysique allemande)

Le premier chapitre débute par une présentation du rôle principal de la conscience :

Nous sommes conscients de nous-mêmes et des autres choses ; de cela personne ne peut douter, qui ne soit totalement privé de sens ; et celui qui voudrait le nier, devrait proférer autre chose que ce qui se trouve en lui et il serait bientôt convaincu que son allégation est extravagante. En effet, comment voudrait-il me nier quelque chose, ou bien le mettre en doute, s’il n’était pas conscient de lui-même et des autres choses ? Mais celui qui est conscient de ce qu’il nie ou de ce qu’il met en doute, est le même (que lui-même). Et, par-là, il est clair que nous sommes 162.

Si la tonalité cartésienne de ce texte est assez évidente, il me semble qu’elle ne doit pas faire illusion. Dans ce texte, Wolff nous donne, sur le point très précis de la « connaissance de soi », un texte fort rigoureux qui éclaire la totalité de son propos. D’ailleurs, ce texte est unique. Dans les autres versions de sa psychologie on retrouvera telle ou telle phrase de ce texte mais jamais plus cet ensemble de pensées avec leurs perspectives propres et leur complémentarité163.

Nous venons de dire que ce texte porte sur la « connaissance de soi ». De fait, les trois premiers paragraphes présentent cette connaissance ainsi que sa certitude. Les paragraphes suivants (§4 à 7) expliquent d’où vient cette certitude ; les derniers paragraphes concluent sur l’importance de cette certitude.

L’expression « connaissance de soi » que nous venons d’utiliser doit être précisée. De fait, dans ce premier paragraphe, Wolff utilise une tournure verbale : « wir sind uns und anderer Dinge bewust ». Tel est son point de départ. Si donc on peut parler de connaissance de « soi », ce « soi » est celui qui conçoit cette pensée : « je suis

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Métaphysique allemande chapitre I, § 1. Voir également Werner Euler Bewußtsein, Seele, Geist. Untersuchungen zur Transformation des cartesischen « Cogito » in der Psychologie Christian Wolffs in Die Psychologie Christian Wolffs Systematische und historische Untersuchungen Herausgegeben von Oliver-Pierre Rudolph und Jean-François Goubet Niemeyer 2004 p. 11 à 50.

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Cela ne signifie pourtant pas que ce texte développe une autre conception de la conscience et de son rapport à l’être que celui des textes latins postérieurs. Nous étudierons cette question lors de notre présentation de la Psychologia empirica.

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conscient de moi et d’autres choses ». Remarquons tout de suite que le contenu de cette « conscience » est double, car il porte sur celui qui est conscient et sur d’autres choses, c’est-à-dire sur des choses autres que celui qui exerce cette conscience164. Wolff nous propose ici une expérience incontestable dont l’enjeu va s’avérer décisif pour la suite de son ouvrage. En outre, l’aspect individuel et expérimental va tout de suite être accompagné- on serait tenté de dire « doublé »- par une dimension à la fois universelle et conceptuelle. La phrase première commençant par : « wir » décrit par conséquent ce que je et d’autres font ou peuvent faire, en l’espèce, être conscient de soi et d’autres choses. Mais la suite de la phrase prend comme une position de surplomb par rapport à cette « description ». En effet, en affirmant : « daran kan niemand zweifeln », Wolff ne décrit plus, mais pose une proposition universelle et certaine. La certitude et l’universalité vont faire, par la suite, l’objet d’une discussion, mais d’entrée de jeu, elles réfèrent à une évidence que le paragraphe mettra finalement en exergue dans sa conclusion: « und demnach ist klar daß wir sind ».

L’ensemble de ce paragraphe est en effet consacré à l’explicitation de ce point de départ que, d’ailleurs, Wolff ne qualifie pas autrement que comme « certain ». Il sera donc nécessaire de savoir, une fois notre commentaire du texte terminé, s’il s’agit d’un fait, d’une vérité première, ou d’un principe. Le statut de ce paragraphe est, à l’évidence, essentiel ; c’est pourquoi nous devons regarder l’argumentation.

Celle-ci fonctionne comme une réfutation de celui qui nierait l’ensemble du premier propos à savoir : « nous sommes conscients de nous et d’autres choses ; de cela personne ne peut douter ». Selon Wolff, seul celui qui serait totalement « privé de

164 Cette présence « d’autres choses » dans la conscience de celui qui, ici, découvre qu’il est, manifeste tout de

suite l’écart entre les perspectives cartésienne et wolfienne. De plus, même si cette expression « und anderer Dinge » n’a été rajoutée que dans la deuxième édition, il convient de bien distinguer l’orientation très différente sur ce point des deux philosophes. C’est parce que le sujet pensant fait, dans le « je suis, j’existe », l’expérience d’une pensée strictement première, c’est-à-dire indépendante de tout le reste, que cette proposition est, chez Descartes, le fondement inébranlable du reste. Sa certitude est donc adossée à son indépendance à l’égard des autres choses. Chez Wolff, en revanche, sont immédiatement données dans une seule expérience pensée la pensée qu’il est ET qu’il pense « d’autres choses ». Pour ce qui concerne cette dernière proposition on remarquera tout d’abord que Wolff ne précise pas ce que sont ces autres choses. De plus, si de ces choses il ne doute pas ni ne peut douter, l’objectif de sa démonstration n’est pas de dire qu’elles sont, mais exclusivement que : « wir sind ». Enfin, cette conclusion se tire de l’expérience pensée, à savoir nous sommes conscients et de nous –mêmes et d’autres choses. C’est donc bien l’acte d’être conscient qui est ici destiné à être mis en exergue et non le contenu de cet acte. Pour le dire autrement, ce qui intéresse Wolff c’est de pouvoir affirmer qu’être conscient c’est être tout d’abord. Sous ce rapport, la référence à « d’autres choses », quelque importante qu’elle soit est seconde –non secondaire- dans la mesure où elle concerne le contenu de la conscience et non son acte. Or le moyen terme de la démonstration est précisément l’acte de la conscience comme la suite de l’argumentation de ce premier paragraphe le montrera.

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sens »pourrait s’opposer à sa première proposition. « Mais quoi ce sont des fous ! » semble nous dire Wolff. Si cette manière de parler vaut sans aucun doute disqualification de l’objectant, il est intéressant de constater que Wolff n’en reste pas là, mais explicite le contenu et les raisons de sa réfutation.

En effet, nier la pertinence de sa proposition ne serait possible que « de bouche » seulement, alors que l’allégation elle-même ne saurait être vraiment pensée. Or, à ce moment de sa réfutation, Wolff fait référence à l’éventuel échange d’arguments entre lui-même et son contradicteur ; le contradicteur devrait, lui, nier la proposition portant, rappelons-le, sur le fait que nous sommes conscients de nous et d’autres choses. Or continue Wolff, « comment voudrait-il me nier quelque chose ou mettre quelque chose en doute, s’il n’est pas conscient de lui et d’autres choses »165

?

Précisons bien l’exacte portée de la réfutation wolffienne. Notre auteur estime que nier sa proposition est strictement impossible sous peine de se contredire, puisque celui qui se livrerait à cette contradiction devrait oublier qu’en la niant il est conscient166 et de lui-même et de cette proposition différente de lui. Car, de fait, c’est bien parce qu’il est conscient d’être lui-même et conscient de la proposition à laquelle il s’oppose, que précisément il s’y oppose, sans se rendre compte de la contradiction qui, elle, n’échappe pas à l’œil du logicien qu’est Wolff…

Toutefois, avant de conclure ce premier paragraphe, Wolff fait un pas de plus. « Celui qui est conscient de ce qu’il nie ou de ce qu’il met en doute, celui- là est le même (ou est identique à lui-même) ». On doit alors s’interroger : en quoi cette phrase est –elle nécessaire ? Ou, pour le dire autrement, qu’apporte-t-elle à la réfutation développée par Wolff ?

Ce qui précède semble suffire à convaincre l’objectant qu’il nie en vain une proposition que lui-même affirme sans s’en rendre compte167

. Toutefois, Wolff

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« …wie wollte er mir etwas leugnen, oder in Zweiffel ziehen, wenn er sich nicht seiner und anderer Dinge bewust wäre? §1.

166 Au début du deuxième chapitre, le paragraphe 10 revient sur le fondement de cette première proposition

vraie et démontrée. Il y lit la présence du principe de contradiction. Comme le texte l’explique fort clairement : « ceci se produit parce qu’il nous est impossible de pouvoir penser que nous devions être en même temps conscients de nous et pas conscients de nous ». Wolff retrouve, à partir de cette formulation, une autre formulation plus universelle encore : « De la même manière nous trouvons dans tous les autres cas qu’il nous est impossible de penser que quelque chose ne soit pas, alors qu’elle est. »

167 On aura remarqué que ce premier paragraphe utilise les outils de la réfutation qu’Aristote met en évidence

particulièrement dans le livre Gamma de sa Métaphysique. Ce rapprochement ne doit rien au hasard dans la mesure où, ici et là, il s’agit de réfuter celui qui s’attaque aux principes. D’où la distinction entre ce que la bouche profère et ce que l’esprit conçoit . De même, la réfutation, lorsqu’elle porte sur le principe de contradiction, ne peut pas l’établir comme si on possédait un principe antérieur à celui-là sur lequel s’appuyer.

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demande davantage à cette entreprise logique de réfutation et la tournure réfutative, explicitement dialogique, permet de découvrir ce que Wolff veut ici souligner168. Tout se passe comme si Wolff voulait mettre en évidence un principe – à moins que ce soit LE principe- caché de l’ensemble de sa pensée. Son argument s’insurge contre le fait qu’il veut ME nier une proposition sans se rendre compte qu’il est conscient de LUI- même et des autres choses (dont moi !)…S’adressant à autrui, il ne peut pas ne pas être lui-même. Voilà peut-être ce à quoi Wolff tient par- dessus tout dans cette réfutation : montrer la toute première condition et même le premier principe de la réfutation, à savoir être, être soi, être même que soi. Ce lien nécessaire entre l’affirmation de l’être, celle du sujet de cet être (soi) et l’identité de ce sujet avec lui- même : voilà trois manières de considérer ce qui apparait comme autant de vérité premières.

On doit maintenant entendre la conclusion du paragraphe et tenter de répondre aux questions de fond que nous avions posées quant au statut de ce premier paragraphe.

Cette conclusion est fort simple et brève : « nous sommes ». Elle tire sa force du fait qu’il suffit, au fond, d’affirmer : « nous sommes conscients » pour que nous ayons le droit d’affirmer : « nous sommes ».169

Bref, un lien strict réunit le point de départ du paragraphe et sa conclusion. Une simple analyse de ce qui est contenu dans « nous sommes conscients » permet, à l’évidence, de conclure : « nous sommes ». La certitude est, nous l’avons déjà indiqué, la note principale que Wolff veut ici détacher. On ne peut donc éviter la question : sur quoi, au juste, porte cette certitude ?

La seule solution est de réfuter ad hominem, autrement dit, de montrer à celui qui nie qu’il se contredit en acceptant au principe de sa propre pensée ce qu’il prétend récuser. Parlant du principe de contradiction, Aristote le présente comme celui auquel « toute démonstration se ramène à une ultime vérité car il est par nature un point de départ pour tous les autres axiomes» (Métaphysique Γ 3,1005b33-34) C’est précisément l’absolue primauté de ce principe qui en interdit la démonstration car celle-ci devrait partir de prémisses déterminément vraies. Ce point de départ présupposerait alors la vérité du principe de contradiction. En termes techniques, on commettrait une pétition de principe (Γ4, 1006a17). Il est en revanche possible de montrer à celui qui nie ce principe qu’il peut bien dire extérieurement qu’il le nie mais que, de fait, compte tenu de la position déterminée qu’il soutient, lui aussi s’appuie sur le principe de contradiction. En outre, il suffit que l’objectant au principe de contradiction accorde que les mots qu’il emploie ont un sens déterminé et il se verra obligé de reconnaitre que ceci valide le dit principe (Γ4, 1006a11-22).

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C’est la dualité « mir »/ « sich » qui est ici essentielle.

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Les paragraphes 4 à 7 proposeront une analyse proprement logique destinée à justifier cette conclusion dans le vocabulaire de l’Ecole, en la présentant à partir des deux propositions- les prémisses- nécessaires à la mise en évidence de la conclusion du syllogisme. Wolff va ici à l’essentiel : si, conformément à l’expérience que chacun peut faire, on lui concède sa première proposition alors, quitte à clarifier par la suite le sens exact du verbe « être », on doit également lui concéder que la proposition « nous sommes » partage la même évidence que la proposition : « nous sommes conscients » parce qu’elle est incluse en elle.

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En première analyse, la certitude porte sur l’immédiateté de l'expérience : nous sommes conscients de nous-mêmes et d’autres choses. De fait, cette expérience, par sa facilité d’accès, sa généralité, est peu faite pour devoir être contestée. On pourrait aisément s’accorder sur la possibilité qu’a chacun de faire cette expérience. Pourtant, il ne semble pas que Wolff veuille placer sa démonstration dans le prolongement de cette seule perspective. Nous avions relevé dans notre commentaire un certain dénivelé entre les deux parties de la première phrase, entre « nous sommes conscients de nous et d’autres choses » et la finale : « de cela personne ne peut douter ».

Il nous faut maintenant y revenir. En effet, la première évidence expérimentale, pourrait-on dire, s’approfondit lorsqu‘on réfléchit sur elle. On découvre que, s’il y a bien d’abord un fait : nous sommes conscients, dans ce fait analysé correctement, on rencontre et on pense une nécessité. Mais, de quelle nécessité s’agit-il? Car, après tout, les faits sont contingents et l’acte de penser, pour un être fini comme l’homme, l’est tout autant. D’ailleurs, Wolff n’affirme pas que la pensée en général et plus particulièrement la pensée humaine s’imposent nécessairement. Mais, « quand je pense, je pense » devrait –on dire ici pour faire ressortir une nécessité logique tout à fait première et qui se dissimule dans le fait. En un sens, la nécessité se trouve dans la structure du fait, dans le fait lui-même mais en tant que pensé, en tant qu’il est lui-même et qu’il ne peut être autre qu’il n’est.

Dans le cas présent, une sorte de nécessité se trouve dans le fait même que nous sommes conscients, fait que notre pensée et toute pensée peut et doit admettre, car elle s’impose à tout esprit en possession de ses moyens.

Par voie de conséquence, ce qui nous apparaissait comme un fait premier s’approfondit en vérité première caractérisée par la nécessité et l’universalité. Chacun peut découvrir qu’il est vrai que nous ne pouvons nier que nous sommes parce que cette proposition s’impose à tout un chacun quand il pense qu’il est conscient.

Nous voudrions montrer que Wolff a également voulu indiquer que dans cette vérité se trouve aussi un principe qui, lui, n’apparait pas immédiatement, mais constitue pourtant un fondement essentiel sans lequel rien ne serait possible. Ce principe se trouve indiqué par le terme « derselbige ». C’est grâce à lui que l’on comprend ultimement le sens que Wolff entend donner à ce premier paragraphe et, plus

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généralement, que l’on entrevoit comment une psychologie, commencée selon la perception, s’enracine par la suite dans un concept.

La logique du premier paragraphe aboutit à la conclusion : « nous sommes » ; mais Wolff fait clairement dépendre cette conclusion de la phrase précédente : « Celui qui est conscient de ce qu’il nie ou de ce qu’il met en doute, celui-là est le même – i.e. identique à lui-même. » (Wer sich nun aber dessen, was er leugnet, oder in Zweiffel ziehet, bewust ist, derselbige ist). Quel rapport exact y a- t-il entre ces deux propositions? Ou, plus précisément, en quoi l’affirmation de l’identité entraine-t-elle celle de l’être ?

Pour répondre à ces deux questions, il est nécessaire de reprendre le mouvement général du texte car c’est seulement à partir d’une vision d’ensemble que le principe peut apparaitre comme principe. Nous avons vu que Wolff réfutait dans son texte toute personne qui voudrait refuser sa proposition première : « nous sommes conscients de nous et d’autres choses ». La nécessité de cette assertion s’attestait dans le fait que celui qui chercherait à la nier pourrait être convaincu de s’être contredit, puisqu’en même temps qu’il refuserait la proposition il serait contraint de l’affirmer. En effet, refuser une proposition présuppose qu’on est conscient et de soi- même, en tant qu’on pense, et de la proposition à laquelle on s’oppose, proposition qui illustre l’expression « autres choses » dont parle notre texte. À vrai dire, d’un point de vue logique, il semble que Wolff aurait pu en rester là. Il aurait dans ce cas utilisé la réfutation qu’Aristote avait mise au point dans sa métaphysique pour convaincre ceux qui prétendaient refuser le premier principe, à savoir, chez Aristote le principe de contradiction. Cependant, Wolff ajoute à ces considérations logiques une autre perspective, elle aussi à visée réfutative, mais qui n’apparait qu’au détour du dialogue hypothétique entre Wolff et son contradicteur. En réalité, ce n’est pas le dialogue en lui-même qui est le lieu dans lequel le principe apparait c’est plutôt la réflexion faite par Wolff sur l’attitude de son contradicteur. Ce dernier veut ME nier ma proposition mais ceci présuppose qu’il se sait FACE à moi. Faire l’expérience d’un dialogue réfutatif, pourrait-on dire, c’est nécessairement s’opposer à une thèse défendue par quelqu’un. Pour le dire autrement, l’opposition elle-même, d’un point de vue à la fois logique ET psychologique, contient nécessairement deux termes ayant chacun une identité donnée sans laquelle l’opposition cesserait immédiatement d’exister. Certes, dans un premier temps, on peut étudier l’opposition à partir de ses caractéristiques logiques. Celles-ci permettent de montrer, nous l’avons vu, que

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même dans l’énoncé d’un fait, à certains égards contingent, on pouvait trouver une nécessité intrinsèque constitutive du fait comme tel. Mais, si l’on approfondit cette vérité nécessaire, on découvre le principe même de cette vérité à savoir que l’identité est principe premier en tant qu’elle assure à notre discours et d’abord à notre pensée une consistance170. Sans cette consistance, toute opposition est au sens strict impensable.

Que s’ensuit-il pour notre texte ? Sa conclusion sonne de manière cartésienne, mais qu’en est-il au fond ? La première vérité explicitement formulée et certaine est un « nous sommes ». Il ne me semble pas que le pluriel en lui-même constitue la différence la plus essentielle avec l’énoncé du principe cartésien. Autrement décisif m’a semblé le fait que le contenu de cette première vérité était à la fois conscience de nous-même et d’autres choses. Cette mise sur le même plan du sujet et des