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La logique d’Aristote et l’interprétation de Hegel § 1 La question du système et le syllogisme

On sait que d’après Hegel, l’histoire de la philosophie, dans sa totalité, est le point culminant de la « découverte des pensées concernant l’absolu ».314 Dans le cas de la pensée d’Aristote, Hegel énumère ses mérites infinis : par exemple procéder par la « description des phénomènes de la

312 Enc., § 142, p. 575, 576.

313 Leçons sur l’histoire de la philosophie, t. III, p. 581.

pensée tel qu’on les trouve déjà là »315 est d’une grande importance. Cependant, Hegel semble

moins apprécier la fonction de l’Organon. Cet aspect est plus visible dans les Leçons où il exclut toute participation directe de logique aristotélicienne à la pensée spéculative de la Métaphysique, de la Physique et De l’âme. Les traces de cette critique demeurent aussi présentes dans les textes de la Phénoménologie, de la Science de la Logique et de l’Encyclopédie qui sont, contrairement aux Leçons, de la main de Hegel. Sans aucun doute, l’intention de Hegel ici est de montrer que 1) la pensée d’Aristote est dépourvue de l’idée de système philosophique 2) le syllogisme aristotélicien relève de l’entendement qui est contaminé par la finitude. Cette double observation est frappante lorsqu’on lit dans le Zusatz au paragraphe 187 de l’Encyclopédie : « tout ce qui est rationnel (Vernünftige) se montre comme un triple syllogisme ».316 Car l’on sait que le système hégélien repose sur le syllogisme entre l’idée logique, la nature et l’esprit, mais cette description est encore superficielle tant qu’on ignore le contexte de sa transformation historique. Alors comment expliquer la relation du syllogisme hégélien et celui d’Aristote ? Dans quel sens le syllogisme ancien de la pensée finie a influencé la pensée spéculative ?

L’analyse du syllogisme aristotélicien se trouve dans le troisième chapitre de la logique subjective, dans « le syllogisme de l’être-là ». Hegel, après avoir étudié le jugement, passe en revue le syllogisme comme la restauration (Wiederherstellung) du concept. D’après le développement interne logique, les déterminations du concept en tant que syllogisme de l’être-là sont d’abord immédiates. Ce sont l’universel, le particulier et le singulier dont la présence est récurrente à travers toute la logique subjective. Rappelons d’abord qu’au niveau de la théorie du concept, les déterminations de pensées, à la différence de la logique objective qui prend la place de l’ancienne métaphysique,317 ne subissent pas le passage en autre chose, comme la théorie de l’être, et ne sont plus affectées de la différence – comme dans la théorie de l’essence. L’Universel, le particulier et le singulier subsistent ainsi par eux-mêmes et ils se déterminent par eux-mêmes, c’est-à-dire que la médiation s’effectue à l’intérieur du concept, dans sa liberté. L’immédiateté des déterminations est déjà médiatisée.

Le traitement du syllogisme de l’être-là par le sujet, le prédicat et le moyen terme est de prime abord conforme à l’usage aristotélicien. Il s’agit trois de figures (σχήμα) principales du

315 Science de la logique, le Concept, « Du concept en général », p. 35.

316 Enc., Add. § 187, p. 604 ; voir aussi Science de la logique, le Concept, p. 118. 317 Science de la logique, L’Etre, 1812, « Division générale de la logique », p. 74.

syllogisme qui sont définies chaque fois par la place du moyen terme (μέσον) par rapport aux extrêmes (τὰ ἄκρα) dans les prémisses (πρότασεις). Et le syllogisme, comme on le sait, comporte trois jugements ou propositions, il y a donc deux prémisses et finalement une conclusion qui est énoncé en général par un « donc » ou « c’est pourquoi ».

§ 2- Le jugement

Pourtant d’après Hegel le jugement ou bien la proposition en général ne doit pas s’entendre ici en ce sens immédiat. Dans la préface de la Phénoménologie, on trouve, avant même Science de la logique, une critique de la nature simple de la proposition : la signification et la vérité du celui- ci n’est pas la liaison des deux concepts séparés, le sujet et le prédicat, par la médiation de la copule simple et extérieure « est ». C’est la démarche de la pensée ratiocinante : l’entendement, dans la forme de la proposition, part du sujet en repos comme s’il était le fondement, et face à lui, pose le prédicat, subsistant par soi comme le sujet, par là, la prédication est établie par leur différence. L’unité du concept est ainsi détruite, le sujet va au-delà de lui-même, « en direction de la multiplicité variée des déterminations ou des prédicats ».318 Cela suppose que le sujet en tant

que fondement et le prédicat sont des représentations bien connues, et achevées l’une en dehors de l’autre. Donc ce qu’effectue la proposition philosophique ce n’est pas de lier deux termes afin d’arriver leur unité mais au contraire de les séparer. Faute de faire émerger la nécessité interne, la contingence règne ; d’où découle le formalisme en général. Parce que le contenu, au lieu d’émerger au sein de la proposition, vient de l’extérieur, le résultat est ordinairement le négatif, réduit au néant.319

Prenons l’exemple de Hegel ; « Dieu est l’être »320 : ici le sujet, Dieu, et prédicat, l’être, sont indéterminés. En revanche la pensée concevante (das begreifende Denken) reconnait dans une telle proposition que le fondement n’est pas dans le sujet mais dans le prédicat. Car ce dernier exprime en effet l’universel, l’essence, et quant au sujet, Dieu (ou l’esprit, la nature, etc.) il est au fond un nom qui a le caractère d’un simple étant (Seiende)321. La détermination du sujet est conditionnée désormais par le prédicat dans lequel le concept se trouve. Ainsi qualifié, le sujet perd son statut d’être en repos, et la pensée, au lieu de plonger aveuglement dans la définition des noms d’une

318 Phénoménologie de l’esprit, « Préface », p. 102. 319 Phénoménologie de l’esprit, « Préface », p. 107. 320 Phénoménologie de l’esprit, « Préface », p. 104. 321 Science de la logique, le Concept, p. 71.

façon contingente, s’efforce d’y découvrir le contenu essentiel et « ne retourne pas en elle-même, mais dans le sujet du contenu ».322 Ce retour en soi par la médiation du concept est ce qui distingue

le jugement de la proposition philosophique. Celui-ci devient ainsi l’opération pour rapporter non pas les noms mais les déterminations conceptuelles comme un universel à un particulier ou à un singulier. S’élever de la connaissance extérieure de la chose, dépourvue du contenu immanent au concept, nous mène non pas aux « querelles de mots (Wortstreitigkeiten) »323 mais à l’appréhension concrète de ces déterminations qui sont des auto-mouvements purs. Telle est la différence essentielle, du point de vue spéculatif, entre la proposition philosophique et le jugement qui est défini comme « la réalisation la plus proche du concept ». 324

Hegel n’a pas longuement analysé la logique du fini d’Aristote dans les Leçons, cependant il est possible de saisir sa conception d’après la Science de la logique et l’Encyclopédie où il a analysé le syllogisme. Dans cette perspective, il faut commencer par l’idée du jugement325 : le jugement (Urteil), selon son usage traditionnel, est pris « en son sens subjectif, comme un opération et forme qui se rencontrerait simplement dans la pensée consciente de soi ».326 Cette forme abstraite du jugement est exprimée sous la formule du « le singulier est universel ».327 Ici l’attribution se fait entre deux termes encore autonomes et indifférentes l’un à l’autre « comme si moi, j’attribuais un prédicat à un sujet ».328 Il ne s’agit pas évidemment d’une subjectivité absolue,

infinie, « immanente à la Chose »329 qui contient en soi la totalité des moments différents par leur

négation réciproque mais simplement d’une subjectivité finie et immédiate, donc passagère et non- vraie. Elle se contente seulement de lier deux concepts déterminés, relevant de l’entendement sous la forme des représentations. On est encore dans le cadre de l’empirie, de la finitude, et la preuve en est que le vocabulaire hégélien oscille entre la Verbindung, une liaison contingente, et le

322 Phénoménologie de l’esprit, « Préface », p. 104.

323 Science de la logique, le Concept, p. 72. Dans la Préface de la Phénoménologie, Hegel propose d’éviter cet usage

des noms dans la science pour deux raisons : 1) un nom n’est pas immédiatement un concept 2) dans la mesure où cet usage est édifiant (« Préface », p. 107), il est un obstacle pour le discernement de la négativité.

324 Science de la logique, le Concept, p. 70.

325 Hegel suit le développement systématique comme le concept, le jugement et le syllogisme dans la Science de la

logique, tel qu’Aristote l’a élaboré, voir Leçons sur l’histoire de la philosophie, t. III, p. 594.

326 Enc., §167, p. 414. 327 Enc., §166, p. 413. 328 Enc., §167, p. 414. 329 Enc., Add. §147, p. 552.

Zusammensetzung,330 une composition des déterminations :331 « le sujet l’est comme un ob-jet

(Gegenstand) qui serait aussi s’il n’avait pas ce prédicat ; le prédicat l’est comme une détermination universelle qui serait aussi sil elle ne revenait pas à ce sujet. Avec le jugement, en conséquence, liée (Verbunden) la réflexion se demandant si tel ou tel prédicat qui est dans la tête peut et doit être attribué à l’ob-jet qui est en dehors pour lui-même ; le jugement lui-même consiste en ceci que c’est seulement par lui qu’un prédicat est lié (Verbunden) avec le sujet, de telle sorte que, si cette liaison (Verbindung) n’avait pas lieu, sujet et prédicat resteraient pourtant, chacun pour lui-même, ce qu’il sont, celui-là un ob-jet existant, celui-ci une représentation dans la tête ».332

Ainsi composé, l’entendement isole les moments du jugement, le sujet et le prédicat comme identiques dans leur relation (Beziehung) l’un à l’autre. Mais Hegel, en revanche, pense pouvoir dégager le contenu spéculatif du jugement dans le témoignage de la langue allemande : le jugement (Urteil) exprime « l’unité du concept comme ce qui est premier, et sa différenciation comme la division originaire (ursprüngliche Teilung), c’est ce que le jugement est en vérité ».333 C’est l’aspect objectif du jugement, la séparation et la division interne des déterminations du sujet et du prédicat, autrement dit, c’est l’opération de la particularisation des déterminations posée comme « étant-pour-soi ». Du point de vue du concept, il faut que les termes perdent leur forme statique, c’est-à-dire leur relation simple ; c’est ce que Hegel appelle « la détermination progressive (Fortbestimmung) » du jugement par la différenciation de l’universel, le particulier et le singulier, par la médiation de la copule « est ». Celle-ci, dans la simple forme de proposition, n’exprimait que la vanité, par contre, elle est ici la clé pour le développement du jugement vers le syllogisme : « dans la copule, ensuite, l’identité du sujet et le prédicat est bien posée, mais tout d’abord seulement comme « est » abstrait. Suivant cette identité, le sujet est à poser aussi dans la détermination du prédicat, et par là celui-ci aussi reçoit la détermination du premier et la copule se remplit (sich erfültt) ».334 La détermination réciproque du sujet et prédicat s’effectue ainsi de la façon suivante : dans la première proposition « le singulier est universel » ce qui s’énonce, c’est

330 « La réflexion inculte tombe tout d’abord sur la composition (Zusammensetzung) en tant que celle-ci est la relation

totalement extérieure, la forme la plus mauvaise dans laquelle les choses peuvent être considérées ; même les natures les plus basses doivent nécessairement être une unité intérieure », Science de la logique, le Concept, p. 60.

331 Voir La patience du concept, p. 334. 332 Science de la logique, le Concept, p. 73. 333 Enc., § 166, p. 413.

seulement la forme abstraite du jugement, pourtant en appliquant le prédicat (universel) au singulier (prédicat) comme « l’universel est singulier », ce qui s’énonce, c’est le contenu du jugement. Mais Hegel constate que dans la cadre du jugement positif, le résultat n’est que la mauvaise infinité, puisque premièrement, selon la forme, cette immédiate n’exprime pas encore l’universel, « son prédicat embrasse un champ plus vaste, il ne lui correspond pas », deuxièmement le sujet, c’est-à-dire l’universel, selon le contenu, « est fait de qualités, des propriétés ou des accidents, sa totalité en est la multiplicité caractérisée par la mauvaise infinité (die schlecht unendliche Vielheit) ».335 Il en résulte que le contenu tombe dans la contradiction, car faute d’émerger encore l’unité identique du sujet et du prédicat, les propositions sont niées par le passage au jugement négatif.

L’identité spéculative s’achève seulement à la fin du jugement du concept. Les moments différents se totalisent désormais dans l’unité nécessaire dans la mesure où l’universel et le singulier se rapportent, non pas l’un à l’autre, mais ils se réfléchissent à la fois dans le soi et dans un Autre ; par là, ils ont le même contenu. En ce qui concerne la copule, elle n’exprime plus l’identité abstraite du sujet et du prédicat mais elle constitue, en tant que déterminité, leur immédiateté comme l’unité-du-concept (Begriffseinheit), c’est-à-dire comme l’unité de jugement- du-concept (Begriffsurteil) qui désigne non seulement leur mise en relation (au sens de la correspondance, Entsprechen) mais en même temps leur différence dans le jugement. C’est est l’effectivité, « l’âme de la Chose » du développement qui se montre comme syllogisme.336

Il est clair qu’un tel traitement spéculatif n’est pas celui d’Aristote. Pourtant la trace aristotélicienne est manifeste dans la sphère du jugement de l’être-là. Le caractère essentiel du jugement consiste premièrement en la supériorité logique du prédicat sur le sujet, l’ὑποκείμενον. Comme André Doz le constate à bon droit, ils se déterminent comme une relation entre l’essence- substance et l’accident, où ce dernier est considéré « comme étant ‘dans’ le sujet, tandis que le rapport du ‘ se dire de...’ (κατά τινος) est réservé aux prédicats correspondant à l’espèce ou au genre du sujet ».337 Cependant selon Hegel le jugement positif ainsi que le jugement négatif de la sphère de l’être-là ne dépassent pas les limites du jugement qualitatif, autrement dit, ils dépendent sur les catégories (κατηγορία) qui énoncent les modes de l’être mais d’une façon

335 Science de la logique, le Concept, p. 83. 336 Science de la logique, le Concept, p. 166-117.

extérieure : « aucun de ces termes » c’est-à-dire les catégories, « en lui-même et par lui-même n’affirme, ni ne rien ; c’est seulement par la liaison (συμπλοκ) de ces termes entre eux que se produit l’affirmation ou la négation ».338 En ce sens le verbe κατηγορε̂ιν doit s’entendre seulement comme l’opération d’attribuer un prédicat à un sujet.339 Si l’être se prend en plusieurs acceptions (Τὸ ὂν λέγεται μὲν πολλαχῶς)340 alors les catégories aussi.341 Cela veut dire implicitement que tout prédicat en tant que catégorie répond à des modes de l’être, et de cette manière Aristote assure plusieurs possibilités d’attribution par les divers formes du jugement, le genre, l’espèce, etc.

On peut opposer à cette manière de voir deux objections : premièrement, est-ce que les catégories aristotéliciennes sont bien des concepts comme Hegel l’entend ? Deuxièmement, est-ce que le syllogisme aristotélicien se traduit sur le plan de dépassement de l’empirie ou est-il resté prisonnier de la séparation de la forme et du contenu de la pensée ? Pour répondre à ces questions, il faut définir plus précisément la portée du syllogisme chez Hegel.

§ 3 - Les syllogismes aristotélicien et hégélien

Lorsque Hegel parle du syllogisme, il distingue en général le Syllogismus du Schluß : il emploie le premier terme quand il s’agit de la figure logique visant la tradition aristotélicienne alors que le deuxième terme signifie strictement son propre syllogisme spéculatif.342 Comme nous l’avons vu dans le jugement qui n’était que le modèle de la connaissance finie, le syllogisme chez Aristote pour Hegel relève encore de l’opération identitaire de l’entendement subjectif, le Verstandesschluß, diamétralementopposée à celui de Hegel, le syllogisme de raison (Vernunftschluß).

De prime abord, selon la forme de l’enchaînement syllogistique (das Schliessen), Hegel n’est pas si loin d’Aristote. Chez Hegel ainsi que chez Aristote le syllogisme dépend essentiellement du moyen-terme (die Mitte, μέσον). Celui-ci est ce qui caractérise la médiation entre des moments du syllogisme (les extrêmes c’est-à-dire le sujet et le prédicat) par le changement de sa place dans les

338 Aristote, Catégories, 4, 2a 5-7, trad. J. Tricot, Paris, Vrin, 2004, p. 22.

339 Octave Hamelin, Le système d’Aristote, publié par L. Robin, Paris, Félix Alcan, 1920, p. 97, 98 ; Catégories, 4,

1b25, note 2, p. 21. Pour la traduction latine de la terminologie d’Aristote, nous nous référons à l’étude de Jean- François Courtine, « Les traductions latines d'ousia la compréhension romano-stoïcienne de l'être », in Les catégories

de l'être. Études de philosophie ancienne et médiévale, Paris, P.U.F., 2003, p. 11-77.

340 Métaphysique, Z, 1, 1028 a 1, trad. J. Tricot p. 237. 341 Métaphysique, Δ, 7, 1017a 25, p. 181

prémisses.343 La définition aristotélicienne affirme que le syllogisme obtient la conclusion par son

mouvement de médiation interne : « le syllogisme est un discours dans lequel certaines choses étant posées, quelque chose d’autre que ces données en résulte nécessairement par le seul fait de ces données. Par le seul fait de ces données : je veux dire que c’est par elles que la conséquence est obtenue ; à son tour, l’expression : c’est par elles que la conséquence est obtenue signifie qu’aucun terme étranger n’est en sus requis pour produire la conséquence nécessaire ».344 L’approche hégélienne commence par ce point de vue formel et dépourvu de contenu pour en montrer le développement, tel que l’entendement le saisit immédiatement. Cependant en ce qui concerne les trois figures principales du syllogisme, Hegel ne suit pas Aristote. Dans le syllogisme de l’être de la Science de la logique, la première figure comme « Singulier-Particulier-Universel » corresponde à la première d’Aristote345, la deuxième, « Particulier-Singulier-Universel », à la troisième et sa troisième, « Singulier-Universel-Particulier », à la deuxième346 :

Hegel Aristote 1. S-P-U 1. S-P-U 2. P-S-U 2. S-U-P 3. S-U-P 3. P-S-U

Hegel affirme que la première figure du syllogisme est la base formelle dont les autres figures dépendent : le S-P-U signifie qu’une détermination singulière est subsumée sous le moyen-terme particulier qui est subsumé aussi sous la détermination universelle ; par là, comme le particulier est inhérent au singulier et l’universel est inhérent au particulier, il se conclut nécessairement par le « c’est pourquoi » ou le « donc » que l’universel est aussi inhérent au singulier.347 Pour Hegel c’est là que plusieurs points peuvent poser problème : l’inhérence et la subsomption des extrêmes séparés se présentent par un moyen-terme contenant plusieurs prédicats, et, les prémisses de « P- U » et « S-P », encore sous les formes des propositions, parviennent à la conclusion de façon

343 « J’appelle moyen le terme qui est lui-même contenu dans un autre terme et contient un autre terme en lui, qui

occupe aussi une position intermédiaire », Premiers analytiques, I, 4, 25b 35-37, trad. J. Tricot, Paris, Vrin, 2007, p. 28.

344 Premiers analytiques, I, 1, 24 b 18-22, p. 19.

345 « Quand trois termes sont entre eux dans des rapports tel que le mineur soit connu dans la totalité du moyen, et le

moyen contenu ou non contenu, dans la totalité du majeur ». Cette première figure est appelée syllogisme parfaite,

Premiers analytiques, I, 4, 25b 30-35, trad. 27-28.

346 Hegel ajoute une autre figure, la figure mathématique comme « U-U-U » qui ne se trouve pas chez Aristote. 347 Enc., §182 ; Science de la logique, le Concept, p. 123.

extérieure par la réflexion subjective, donc arbitraire et contingente. La médiation aristotélicienne ne s’effectue pas par le déploiement des déterminations l’un dans l’autre mais par un simple rapport qui fait passer d’une donnée à une autre. Chez Hegel la relation véritable par le moyen- terme ne renvoie pas à une multiplicité des propriétés que le sujet peut recevoir l’essentiel est, au contraire, de déterminer lequel de ces prédicats est ce qui est nécessaire : « Déterminer lequel parmi ces côtés est plus essentiel que l’autre, cela repose nécessairement, à nouveau sur un tel enchaînement syllogistique, qui s’en tient à la déterminité singulière et peut pour elle trouver de même facilement un côté et un point à considérer suivant lequel on peut la faire valoir comme