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4 Démarche méthodologique et conception

4.2 Le type de recherche choisi et méthodologie .1 Type de recherche choisi .1 Type de recherche choisi

4.3.6 Le scénario pédagogique de la phase pilote

4.3.6.1 Le logiciel MotPlus pour la modélisation du scénario pédagogique

Ayant considéré mon scénario comme un tout intégrant scénario d’apprentissage, scénario d’encadrement et aussi le scénario de communication, j’ai trouvé le logiciel MotPlus approprié pour la modélisation du scénario de ma formation qui intègre les TIC. Il s’agit d’un logiciel qui a l’avantage de permettre à l’utilisateur de créer un model pédagogique qui soit conforme aux spécifications IMS Learning Design (IMS-LD) (2003). Ceci est un cadre standardisé pour la description des unités d’apprentissage. Il définit la structure d’une unité d’apprentissage, partant de la métaphore théâtrale, « comme un ensemble d’actes composés

de partitions associant des activités à des rôles. Une activité située dans un environnement incluant des services (clavardage, forum, messagerie…) ainsi que des ressources de contenu… (Pernin & Lejeune (2004). Il permet également une modélisation par niveau. Ainsi, grâce à

MotPlus j’ai pu modéliser le scénario de Melff-pilote à trois niveaux : niveau A qui décrit la formation, un niveau B qui concerne les environnements et leurs relations avec les acteurs,

ainsi que la description de la structure d’un module d’enseignement (unité dans le sens du FLE), et un niveau C qui présente le scénario au niveau d’une leçon.

Modélisation de Melff au niveau de la formation

Figure 4.14 : modélisation de la formation Melff, niveau A avec MotPlus

Pour rappel, le français fonctionnel dans le cadre du projet Melff se présente sous forme hybride. Un présentiel enrichi par une composante à distance. Ses objectifs généraux sont bien définis puisqu’ils conditionnent les objectifs spécifiques autour desquels les leçons sont organisées. Celles-ci sont regroupées en unités suivant une certaine cohérence thématique. Ces unités de cours sont exposées de manière articulée à la fois en présentiel et à distance. Le dispositif hybride implique la présence de deux environnements : physique et technologique. Les deux environnements technologiques sollicités dans la phase pilote du projet viennent d’être décrits au point 4.3.4, tout comme les environnements physiques. Leur modélisation est faite ici au niveau B, c’est-à-dire à un deuxième niveau de profondeur de MotPlus.

Modélisation de Melff au niveau du module et de l’environnement L’environnement

Figure 4.15 : Modélisation MotPlus des environnements de Melff-pilote ainsi que des relations avec les acteurs

Les environnements de la formation se déclinent en environnements physique et environnement technologique. Comme cela a été déjà dit au point 4.3.4 ci-dessus, les environnements physiques sont constitués par la maison, la salle de classe et le centre informatique. L’environnement technologique lui est constitué des plateformes Moodle et VoiceForum. Les acteurs principaux, l’apprenant et le facilitateur, interviennent dans ces différents environnements avec des statuts différents. Ainsi, l’objet « apprenant » dans la modélisation montre que dans la salle de classe, on a tous les étudiants inscrits dans ce groupe-classe, alors que pour le travail en ligne seul un groupe d’apprenants est concerné. Le rôle de facilitateur est joué par l’enseignant (qui intervient en salle de classe), l’apprenant « expert » (qui intervient dans les environnements technologiques) et le tuteur en ligne (qui intervient à l’IT Centre, et par ricochet dans les environnements numériques).

Le module

La modélisation ci-dessous représente un module ou unité de formation. Il se trouve au niveau B, second degré de profondeur de MotPlus. L’unité est constituée de leçons qui tournent autour d’un même thème. Les leçons ont une durée institutionnelle de 2 heures. (figure 4.16).

Figure 4.16 : modélisation MotPlus d’un module de formation.

Modélisation de Melff au niveau de la leçon

Comme il peut être observé dans la Erreur ! Source du renvoi introuvable.3.16 ci-dessous, le cours Melff comporte 4 articulations qui se répartissent dans les deux espaces selon les deux modalités qui caractérisent le dispositif.

En présentiel

L’enseignant choisit, pour réviser la ou les notion(s) précédentes, une production faite à distance. Les commentaires qu’il y fait ont une visée pédagogique. La première articulation de la leçon du jour est l’accès au sens. A partir d’un document déclencheur et les interrogations de l’enseignant, les apprenants accèdent au sens du texte qu’ils étudient. Il s’agit dans un premier temps des activités de compréhension globale et ensuite des activités de compréhension détaillés précédées de lectures à haute voix faites par quelques apprenants. La seconde articulation, la conceptualisation et systématisation, consiste à faire découvrir aux apprenants, à partir des questions de l’enseignant, les différentes notions pragmatiques et/ou linguistiques qui constituent les objectifs spécifiques du cours. Une fois les notions et les règles mises en exergue, des exercices de fixation sont proposés aux apprenants par l’enseignant qui circule entre les rangées pour apporter de l’aide de manière individualisée. Ces exercices de systématisation comportent souvent de l’oral, mais pas de nature à faire parler tout le monde. Il est important de rappeler que le second semestre du

français fonctionnel est constitué d’une douzaine de chapitres qui sont à couvrir en 10

semaines. Ce qui signifie que plus d’une leçon est souvent couverte par semaine, et explique également le fait que des exercices et activités (de production écrites notamment) soient donnés à faire à la maison. Avec l’intégration des TIC dans ce cours, un des objectifs visés était de permettre la réalisation des activités de productions qui ne sont presque jamais

travaillées. Je décris maintenant le scénario de cette partie distancielle telle que pensé lors de la conception.

A distance

Les groupes sont organisés selon une modalité raisonnée. D’un côté est prévu un groupe de 15 étudiants qui travaillent sur la plateforme Moodle accompagné par un tuteur et de l’autre côté un autre groupe, qui en plus de Moodle, a accès à la plateforme Voiceforum. Ici, l’enseignant tuteur est absent. Son rôle est joué par des étudiants experts (deux ou plus). Il s’agit des étudiants qui ont un niveau avancé en français. Ils sont recrutés dans le groupe classe et leur présence est justifiée par l’hypothèse que les apprenants se sentent plus à l’aise avec leurs pairs qu’avec l’enseignant. Chaque groupe a sa période d’accès à l’IT Centre. La première rencontre dans chaque groupe est consacrée à la création des adresses e-mail aux étudiants qui n’en ont pas, l’auto-inscription des étudiants, puis à la prise en main des plateformes. Le travail des étudiants consiste à traiter de manière individuelle les exercices autocorrectifs qu’ils trouveront sur Moodle et surtout à participer au forum écrit ou oral (deuxième groupe uniquement). Il est prévu que chaque apprenant poste un minimum de quatre articles pour sa participation au forum. Il est entendu qu’il est possible pour chacun de faire plusieurs choses à la fois. Par exemple, faire les exercices structuraux et revenir de temps en temps poster des messages sur le forum. La figure 4.17 ci-dessous représente une modélisation des activités à distance du projet Melff.

On remarque que le travail au centre informatique est constitué de trois principales activités. Les exercices autocorrectifs (qui portent sur les contenus linguistiques et pragmatiques de la leçon), la production écrite et la production orale. Pour ces deux dernières activités, les participants sont divisés en deux grands groupes de 15 personnes environ. Ils travaillent sur deux plateformes distinctes. La production écrite a lieu sur Moodle alors que la production orale est prévue sur VoiceForum. Chaque grand groupe est ensuite subdivisé en sous-groupes (de 7 et 8 personnes) présentés de manière distinctes sur les plateformes comme deux groupes classes distincts.

Figure 4.18: représentation graphique du scénario pédagogique a priori de la partie distancielle de Melff-pilote

Le rôle des accompagnateurs (enseignants ou experts) est centré sur l’animation des forums. Ils assurent les fonctions tutorales. En plus d’être animateur d’un des groupes, l’enseignant assume ses fonctions de responsable de groupe classe institutionnel et d’évaluateur en attribuant des bonus aux apprenants comme cela se fait en présentiel. Cette attribution est fondée sur la participation et la qualité des interventions. L’objectif avoué est de faire ressentir la présence de l’enseignant afin que les étudiants s’avisent de ce qu’ils sont observés, de ce que l’enseignant sait qui fait quoi. Dans ce sens une première évaluation est prévue quatre semaines après le début de l’expérience et une seconde la neuvième semaine. Des corrections que les étudiants regardent obligatoirement avant tout début de séance seront également faites. Ils seront tenus, pour ceux dont les interventions ont été corrigées, de poster une réaction à ces corrections.

Deux unités ont été retenues pour l’expérience : les unités 1 et 2 du programme de français fonctionnel qui tournent autour des activités habituelles et des événements passés. Ainsi, les leçons suivantes ont été abordées dans la formation Melff : « parler des activités quotidiennes », « parler des quantités », « parler des événements passés », « rapporter des événements passés et décrire les circonstances de l’action », « exprimer l’opinion ». Dans la partie distancielle, ces leçons ont été appelées modules. Donc, elles sont présentées sur les plateformes comme module1, module2, module3, module4 respectivement. Ils sont précédés d’un module 0 intitulé « qui est qui » dont l’objectif est de briser la glace et faciliter la prise en main des environnements technologiques. Schématiquement, le scénario se présente ainsi : chaque étudiant prépare son texte d’auto présentation et le poste sur le forum. Ensuite, il choisit un message qu’il lit, puis pose des questions à l’auteur et regarde si des questions lui ont également été posées pour répondre. Un diagramme d’activité

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détaillant les rôles de chaque acteur de la partie distancielle de Melff est présenté aux annexes de cette thèse (annexe 4). Je détaille ici tout de même le scenario du module 3 : Le sujet du module est le suivant : « Vous avez passé en groupe un weekend à Limbé24. Racontez ce que vous y avez fait. Chacun doit poster librement au moins 4 messages ».

Pour cette activité dure deux heures, l’expert est le premier à prendre la parole.

1. Il propose que la participation se fasse dans l’ordre. Il donne cet ordre de passage à chacun et commence ainsi: « nous avons passé le weekend dernier à Limbé. Nous

sommes partis de Buea à 7h. Nous sommes arrivés à Limbé à 7h45. Nous sommes descendus directement à l’hôtel et avons pris nos chambres… »

2. Chaque étudiant poste son message sans tenir compte de ce qu’a dit l’autre. Cela se fait à l’oral dans Voiceforum par écrit dans Moodle.

3. Quand chacun a posté son message, l’expert fait une synthèse des messages que tous les autres membres du groupe sont appelés à lire et commenter

Rôle du tuteur : il observe, encourage l’expert à corriger les erreurs relatives à l’emploi des auxiliaires « être » et « avoir »

Rôle de l’expert : initie la discussion, la modère, corrige les erreurs, et fait la synthèse

Rôle de l’étudiant : poste les messages lit les messages de ses camarades et les corrige si possible

4.4 Conclusion

Il a été question dans ce chapitre de préciser la démarche méthodologique qui sous-tend le présent travail de recherche, et de présenter le projet sur lequel il s’adosse dans sa conception pédagogique. J’ai ainsi tout d’abord souligné que ma recherche s’inscrit dans le champ de la didactique des langues. Par rapport aux types de recherches développées dans ce champ, elle est de type recherche-action parce qu’étant, de par sa démarche, une recherche d’investigation. Son objectif est d’améliorer, de transformer les pratiques (ici l’enseignement/apprentissage du français dans la zone anglophone du Cameroun en général, et à l’université de Buea en particulier). Après avoir précisé le type de recherche choisi, j’ai signalé que la démarche méthodologique adoptée dans cette thèse est celle proposée par Van der Maren qui stipule qu’« il faut, dans les sciences humaines, trianguler

les données, c'est-à-dire recouper des données de diverses sources et obtenues par diverses techniques, afin d'évaluer dans quelle mesure l'information recueillie permet de se faire une idée valable ». (Van der Maren, Op. Cit.). Ainsi ai-je souligné que mes données proviennent

des sources aussi diverses que les questionnaires, les traces d’interactions sur la plateforme, les entretiens semi directifs ou encore les fiches de suivi du projet.

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Un autre point focal de ce chapitre a consisté en la description du projet Melff comme un dispositif (d’abord) hybride (ensuite) et innovant. Il est considéré comme innovant parce que, suivant les définitions de ce terme par la Recherche, il combine plusieurs espaces (deux espaces physiques et un espace virtuel « pensés dans leur complémentarité ») où tous les acteurs (enseignants, apprenants, experts…) interagissent. Il est conçu en tenant compte des réalités liées au public (étudiants ne disposant pas d’ordinateur et de connexion Internet par exemple) à l’institution (Université de Buea), à des objectifs particuliers (permettre l’interaction dans le cours de français fonctionnel), et des conditions de travail particulières. Il est hybride parce qu’il articule deux modes d’enseignement/apprentissage pensés dans leur complémentarité. Il est hybride également parce qu’il intègre les TIC et favorise l’interaction et une pédagogie active. Le projet est également innovant parce qu’il introduit, du fait de la mise à distance, une nouvelle pratique dans un cours, et même dans un établissement. Toujours dans la perspective de description du dispositif hybride Melff dans ce chapitre, une présentation de ses différents environnements a été faite. Les environnements physiques (salle de classe, centre informatique), les environnements technologiques (Moodle, VoiceForum) ont été décrits avec des représentations graphiques à l’appui. Les acteurs eux ont été décrits dans leurs fonctions institutionnelles. Le chapitre se ferme sur la description du scénario pédagogique à priori de la formation, modélisé à l’aide du logiciel MotPlus. Le prochain chapitre va traiter du déroulement et de l’analyse des deux formations qui ont constitué le projet Melff.

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5 Déroulement et analyses des deux

formations