• Aucun résultat trouvé

Innovation comme « point d’entrée pour observer le dispositif hybride » Dans un article publié en 2004 proposant un modèle de pilotage de l’innovation, Peraya et

3 Cadre conceptuel et théorique .1 Introduction

3.2 La notion de Dispositif

3.2.3 Hybridation et innovation

3.2.3.1 Innovation comme « point d’entrée pour observer le dispositif hybride » Dans un article publié en 2004 proposant un modèle de pilotage de l’innovation, Peraya et

Jaccaz définissent l’innovation comme

un changement qui, dans le but d’améliorer une situation, peut porter sur une pratique, une méthode, une façon d’enseigner certains contenus disciplinaires, une procédure, un outil… Cette amélioration peut… permettre d’atteindre de nouveaux objectifs qui n’auraient pu être abordés sans un changement de la situation. (n.p)

Ce changement peut s’appliquer à un niveau local ou institutionnel. Chacun des pôles a ses objectifs, ses intentions, sa motivation, sa culture propres. Ce qui donne lieu souvent à des antagonismes et à des tensions (ibid.). Pour ces auteurs, piloter l’innovation c’est réguler un dispositif « complexe et dynamique ». Aussi, le modèle de démarche de pilotage qu’ils proposent s’articule-t-il autour de trois axes :

1. Axe 1 : « Le modèle descriptif du dispositif technopédagogique » qui permet de décrire le dispositif dans toute sa complexité, de donner du dispositif une description aussi complète que possible

2. Axe 2 : « La dimension temporelle » à prendre en compte parce que l’innovation se déploie dans le temps

3. Axe3 : « Le choix épistémologique » qui sous-tend la démarche de pilotage.

Dans l’axe 1 qui m’intéresse dans le cadre de ce travail, les auteurs identifient quatre variables définissant le dispositif innovant. Il s’agit des variables structurelles actancielles, individuelles et des domaines. Ces variables permettent d’analyser les différentes composantes du dispositif technopédagogique dans une perspective systémique.

Variables structurelles

Ces variables s’appuient sur la hiérarchie de niveaux proposée par l’analyse systémique, à savoir, le niveau macro, le niveau méso et le niveau micro. Pour Viens, cité par Peraya et al. (2004), le micro niveau est celui du dispositif, le méso niveau est celui de l’institution de formation dans lequel s’insère le dispositif innovant. Pour Peraya et al., le choix des niveaux est relatif. Ils sont constitués de granularités différentes qui peuvent être projetées sur des réalités à partir de points de vue différents. Ainsi, le cours, le département, la faculté peuvent constituer les niveaux micro, méso ou macro respectivement ; ou encore le cours le département et l’université. Que l’innovation s’applique au niveau micro, méso ou macro, elle affecte forcément les autres niveaux parce que tous font partie d’un système. Considérer les variables structurelles dans la description d’un dispositif technopédagogique revient à situer ce processus de changement par rapport aux pratiques qui caractérisent l’institution dans laquelle il a lieu. Dans ce sens, Charlier, Bonamy et saunders (2002) ont proposé une manière de situer un dispositif innovant par rapport à sa position dans l’institution. Cette manière se décline en trois métaphores :

- « l’enclave » : les pratiques développées par le dispositif innovant sont en rupture avec les pratiques existantes au sein de l’institution. Le dispositif existe, jouit d’une certaine liberté et se maintien en lien avec ses promoteurs sans affecter d’une manière quelconque les pratiques de l’institution.

- « la tête de pont » renvoie à un dispositif dont les pratiques sont en rupture avec les pratiques existantes affectant cependant les pratiques de l’institution dans la mesure où celle-ci essaie de tirer profit de la nouvelle pratique en développant des ressources par exemple.

- « la pratique ancrée» correspond au dispositif totalement intégré dans l’institution pour lesquelles les pratiques sont devenues les pratiques dominantes.

Variables actancielles

Les variables actancielles sont liées aux acteurs, c’est-à-dire aux différentes personnes qui sont impliquées dans le dispositif avec leurs fonctions et leurs rôles. Il n’est pas facile de déterminer le nombre exact d’acteurs dans un dispositif. Celui-ci est déterminé par la taille du projet et des ressources. Ce qui rend les classifications différentes selon les auteurs. Toutefois, certaines fonctions sont à retenir dans la description d’un dispositif.

Enseignant concepteur pédagogique : Il s'agit d’une personne ressource qui conçoit les modules de formation ou d’enseignement destinés à être mis sur la plate-forme pour les apprenants. Il est responsable du choix des ressources pédagogiques spécifiques et de la scénarisation pédagogique du contenu :

 La création de support de formation (format électronique : Word, PowerPoint)

 Le découpage du support de formation en chapitres ou en modules (présenter pour chaque module un nom, les contenus ainsi que les activités associées)

 La création de tests QCM, textes à closure, correspondance... sous forme Word ou Excel (évaluation).

Enseignant concepteur multimédia. C’est celui qui est chargé de concevoir des documents multimédias (textes, images, vidéos, animations, sons...) relatifs aux cours préparés par l'équipe pédagogique. Il a pour rôles :

 la traduction des supports de formation sous format électronique universel avec optimisation (pdf, rtf).Création de fichiers html pour les chapitres.

 La création des QCM et autres tests d'évaluation en utilisant des exerciseurs.

 La création des compléments de cours (simulations en Flash, Java, JavaScript) Création de vidéos, sons, graphisme relatifs aux cours.

Bref, il est chargé de mettre sous média le contenu conçu par l’expert pédagogique

Enseignant tuteur. Il est celui qui est en direct avec les apprenants. Il intervient généralement pour faciliter le processus de transformation de l’information en connaissances par les apprenants. Il a un rôle d’accompagnateur, de guide, de personne ressources. Les aides qu’il apporte aux apprenants peuvent être de plusieurs ordres selon les dispositifs. Glikman (2002) en a définis neuf.

 L'orientation permet d'orienter les apprenants dans le choix des cours et les aide dans leurs démarches en matière de formation.

 L'aide didactique centrée sur le contenu des modules, elle, facilite l'intégration de nouveaux concepts et permet d'en assimiler d'autres.

 L'aide méthodologique permet de travailler avec les apprenants sur leur manière d'apprendre et accroît ainsi leur efficacité. De même elle permet de les aider dans l'organisation des différentes tâches par l'élaboration d'un planning.

 L'aide psychologique permet d'entretenir la motivation des apprenants, de les soutenir moralement et de les aider à avoir confiance en eux.

 L'aide sociale et personnelle permet de résoudre certains problèmes pratiques et matériels des apprenants (problèmes de logement, santé, finances...) qui peuvent avoir une influence sur la concentration et la motivation.

 L'aide structurelle permet l'attachement des apprenants à la formation et leur accès aux ressources éducatives (aider les apprenants à avoir accès aux services administratifs...)

 L'aide spécialisée permet de présenter des aides spéciales aux apprenants ayant des besoins particuliers (problèmes de langue, dyslexie, l'illettrisme...)

 L'aide par l'organisation du travail collectif permet d'aider à constituer des groupes de travail, et de s'aider mutuellement.

Je préfère dans le cadre de ce travail réduire leurs rôles à trois qui me semblent primordiaux parce que liés à ce que je considère comme étant les compétences principales que le tuteur doit avoir. C’est-à-dire les compétences pédagogiques, techniques et psychologiques. L’aide d’ordre pédagogique concerne les actions que le tuteur mène par exemple dans le but d’expliquer certaines notions ou règles, ou d’améliorer les productions de l’apprenant. L’aide technique qui fait appel à la compétence technique du tuteur, se manifeste par exemple lorsqu’il assiste les apprenants dans l’utilisation des outils d’une plateforme. Enfin l’aide d’ordre psychologique a trait à tout ce que le tuteur peut faire pour soutenir la motivation des apprenants et éviter les conflits entre eux.

Administrateur : Il s'agit d'une personne responsable de la gestion de la plate-forme en tant que logiciel sur le serveur. Sa tâche réside dans le domaine technique du dispositif. Il a comme rôles :

L’installation de la plate-forme sur le serveur.

 créer des répertoires pour les différents modules.

 Inscrire les apprenants en leur attribuant les logins et les mots de passe.

 créer les forums, les salons de clavardage.

 Surveiller l'accessibilité au serveur (débit, bande passante).

 Surveiller le fonctionnement de la base des données (enregistrement des scores, envoi des emails...)

 Répondre aux problèmes techniques rencontrés par les apprenants si ces problèmes ne peuvent pas être résolus par le tuteur

Apprenant : Il est au centre du dispositif dans la mesure où les actions de tous les autres acteurs visent à améliorer son apprentissage. Il prend connaissance des informations mises à sa disposition par l’enseignant, les traite pour les transformer en connaissances. Il fait les activités présentes sur l’environnement technologique en sollicitant l’aide du tuteur en cas de besoin. Il travaille soit de manière individuelle, soit en collaboration avec ses pairs dont il peut également solliciter de l’aide.

Les variables individuelles

Chacun des acteurs d’un dispositif, quel que soit son rôle, possède des variables individuelles qu’il convient de prendre en compte dans la description. Il s’agit en effet :

 Des caractéristiques personnelles (âge, sexe, niveau d’étude…)

 Des représentations et des visions (valeurs, conceptions, culture individuelle et celle du groupe auquel l’acteur appartient) qui lui permettent d’appréhender son environnement et agir sur celui-ci.

 Des ressources et compétences dont chacun dispose pour mener à bien ses tâches.

 Des attitudes, des envies, des attentes, des motivations ou des craintes.

 Les pratiques réelles, la façon d’accomplir les tâches qui caractérisent chacun. Les variables des domaines

Selon Peraya et al. (Op.cit.), les variables individuelles qui influent sur le rôle des acteurs, « s’incarnent aussi dans les différents domaines qui constituent l’univers professionnel et

social des acteurs. C’est à propos de chacun de ces domaines, que l’acteur possède et incarne chacune de ses variables individuelles. ». Les acteurs d’un dispositif innovant ont tous leurs

idées et leurs expériences sur les approches d’apprentissage qui sous-tendent le dispositif par exemple, ou sur la technologie qui est utilisée.

Donc les variables du domaine que les auteurs proposent pour la description d’un dispositif sont :

La pédagogie. Il s’agit des modèles d’apprentissage, les courants pédagogiques, les approches et les méthodologies, les objectifs d’apprentissage. Concernant les approches pédagogiques, Charlier, Bonamy et saunders. (2003) stipulent qu’il y en a trois dominantes dans la présentation d’un dispositif hybride : il y a d’abord l’approche transmissive dans laquelle l’apprentissage est considéré comme l’acquisition de nouvelles connaissances, le tuteur comme expert, les TIC comme instrument de transmission de connaissances. Il y a ensuite l’approche individualiste, où l’apprentissage est vu comme un changement de représentations et de conceptions initiales, le tuteur est considéré comme un superviseur, un facilitateur et les TIC comme support aux activités de l’apprenant comme espace d’accès aux informations, d’exploration ou d’entraînement. Il y a enfin l’approche collaborative qui considère que l’apprentissage est un processus d’interaction entre plusieurs connaissances initiales donnant lieu à la construction d’une connaissance nouvelle partagée par le groupe, où le rôle du tuteur consiste à apporter de l’aide à la gestion du groupe et les TIC, un espace de travail du groupe.

La discipline est une autre variable des domaines à considérer, car l’innovation s’inscrit dans le cadre d’une discipline avec ses contenus et la manière de les enseigner et de les apprendre.

Les technologies. Il est important de connaitre les technologies qui existent, d’expliciter leur choix et de définir les rôles qu’elles jouent dans l’environnement de travail.

La médiatisation et la médiation11. Il s’agit des aspects caractéristiques de la médiatisation et de la médiation des contenus et des systèmes. L’environnement technopédagogique peut être utilisé pour des fonctions d’information et de gestion, de production ou de collaboration.

Au vu de ce qui précède, on peut dire que décrire un dispositif hybride, un dispositif complexe, c’est parler des espaces de travail, des acteurs et leurs variables, des technologies et des outils qu’elles proposent. C’est aussi parler de l’institution, du cadre structurel d’insertion du dispositif avec ses contraintes, des modèles d’apprentissage qui sous-tendent le dispositif ainsi que des variables liées aux domaines