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LE MASSIF DES MAURES

7. Location de moyens aériens 66 :

- Location d’appareils : 3 283 330 € 3 516 032 € - Armement des pélicandromes : 45 577 € 48 807 €

TOTAL pour l’ensemble du département : 22 778 588 € 24 393 717 €

Coût estimé par hectare de forêt (pour le département du Var67) : 63 €/ha de forêt

Source : auteur (à partir des données contenues dans le rapport de la Mission Interministérielle de 2010 et des estimations faites par l’auteur lui-même)

64 Estimation réalisée par l’auteur en considérant plusieurs campagnes d’incendies (voir plus loin).

65 Moyenne calculée pour la période 2005-2009. Sont considérés uniquement les véhicules dédiés à la lutte contre les incendies de forêt et ceux dont le dimensionnement est rendu nécessaire pour cette lutte.

66 Ces appareils sont loués indépendamment de l’occurrence de feux.

Figure 3.17 : Répartition des dépenses du SDIS 83 destinées à la prévention et à la lutte contre les feux de forêt

Source : auteur (à partir des données contenues dans le rapport de la Mission Interministérielle de 2010 et des estimations faites par l’auteur lui-même)

Malgré leur précision apparente, les estimations présentées ci-dessus constituent des ordres de grandeur et doivent être interprétées avec précaution. Le calcul des dépenses des SDIS dans la gestion du risque « feux de forêt » se heurte en effet à de nombreuses difficultés. Ainsi, par exemple, les budgets des SDIS sont trop souvent imparfaitement consolidés et contiennent de ce fait de nombreuses incohérences comptables ; leur analyse globale s’avère donc très compliquée (ce constat est partagé entre autres par la Chambre Régionale des Comptes de la région Provence-Alpes- Côte d'Azur, qui souligne les « nombreuses contradictions entre les documents budgétaires et comptables » du SDIS varois68). La plupart des SDIS ignorent par ailleurs la comptabilité analytique, de telle sorte qu’il est très difficile -voire complètement impossible- de distinguer les dépenses causées par les feux de forêt de celles découlant d’autres interventions (inondations, secours à la personne, feux urbains, etc.). Enfin, l’accès à la comptabilité des SDIS est plutôt restreint et reste le plus souvent limité à des organismes publics de contrôle (Cour des comptes, etc.)69.

Les montants présentés dans ce travail de recherche sont donc largement basés sur les données que le SDIS 83 a transmises à la Mission Interministérielle sur Le changement climatique et l’extension des zones sensibles aux feux de forêt, dont le rapport définitif a été publié en 2010 (Chatry et al. 2010)70. Les montants sont tous actualisés et sont exprimés en euros 2014. Malheureusement, les données contenues dans le rapport de cette mission sont partielles et ignorent plusieurs catégories de dépenses qui concernent pourtant la lutte contre le feu. C’est le cas notamment des dépenses générales de structure (dépenses d’administration, de commandement, d’accueil, de gestion, etc.), ignorées dans la documentation transmise par le SDIS 83 et qui devraient logiquement être imputées en partie à la gestion du risque « feux de forêt ». C’est le cas également des coûts d’amortissement, eux aussi systématiquement ignorés, et dont le poids sur la facture totale du SDIS est pourtant

68 Voir le rapport de la Chambre Régionale des Comptes de la région PACA intitulé La gestion du Service Départemental d’Incendie et de Secours du Var (2010).

69 Malgré plusieurs tentatives, nous n’avons pas eu accès aux comptes du SDIS 83.

70 Voir le rapport annexe sur « les coûts de la lutte et de la prévention contre les feux de forêt » (annexe 5). 3% 0% 1%

66% 15%

15%

Participation du SDIS au guet terreste

Participation du SDIS aux brûlages dirigés

Autres coûts de prévention Interventions "feux de forêt" Achat de véhicules roulants Location de moyens aériens

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notoire (leur prise en compte doublerait le montant total des dépenses du SDIS pour la prévention et la lutte contre les feux de forêt).

Par ailleurs, la plupart des données fournies par le SDIS 83 à la Mission Interministérielle ne concerne que la seule année 2008, particulièrement calme quant au nombre d’incendies71 et aux surfaces parcourues par le feu72 dans le Var (voir figure 3.18). La considération de ces seules données peut donc conduire à une image faussée du niveau moyen des dépenses annuelles du SDIS 83.

Figure 3.18 : Evolution du nombre de départs de feux et des surfaces brûlées (en hectares) dans le Département du Var (1973-2012)

Source : auteur (à partir de la base de données « Prométhée »)

Certes, le fait de ne considérer qu’une seule et unique période dans l’évaluation des dépenses du SDIS (en l’occurrence l’année 2008) peut ne pas poser de problème pour certains postes budgétaires dont le montant est relativement inélastique au nombre d’incendies et/ou à la sévérité de ces derniers. Nous pensons notamment aux coûts de formation, à l’achat de véhicules d’intervention ou encore, aux dépenses engendrées par des activités de prévention telles que la participation à des brûlages dirigés. D’autres postes cependant, sont clairement corrélés au niveau d’aléa de chaque saison d’incendies. L’exemple le plus évident est certainement celui des coûts des interventions « feux de forêt » (élément n°5 dans le tableau 3.7), dont le poids sur le montant total des dépenses

71 En 2008, « seulement » 165 départs de feux sont déclarés dans le Var, soit environ la moitié de la moyenne annuelle pour les 40 dernières années (351 feux/an).

72 En 2008, le feu parcoure 636 hectares dans le Var (la moyenne annuelle pour les 40 dernières années est de 3.173 ha). 0 150 300 450 600 750 900 0 ha 5000 ha 10000 ha 15000 ha 20000 ha 25000 ha 30000 ha 1 9 7 3 1 9 7 5 1 9 7 7 1 9 7 9 1 9 8 1 1 9 8 3 1 9 8 5 1 9 8 7 1 9 8 9 1 9 9 1 1 9 9 3 1 9 9 5 1 9 9 7 1 9 9 9 2 0 0 1 2 0 0 3 2 0 0 5 2 0 0 7 2 0 0 9 2 0 1 1 N o m b re d e d ép ar ts d e fe u H ec ta re s b rû lé s

du SDIS 83 pour la gestion du risque « feux de forêt » est notoire (environ deux tiers selon nos estimations ; voir figure 3.17)73.

Dans ce travail de recherche, nous considérons donc plusieurs campagnes d’incendies (et donc, plusieurs niveaux d’aléa) afin de lisser l’impact que peuvent avoir les conditions météorologiques d’une année particulière sur l’estimation des dépenses annuelles moyennes encourues par le SDIS 83. Sur ce point, nous nous démarquons donc clairement du rapport établi par Chatry et al. (2010).

Malheureusement, et étant donné le peu de données comptables disponibles, cet élargissement du spectre temporel implique des hypothèses et des approximations qui simplifient et déforment quelque part la réalité. Nous estimons cependant l’impact de ces simplifications inférieur à celui découlant de la seule considération d’une campagne d’incendie particulièrement calme. Rappelons que le nombre de feux déclarés en 2008 -seule année considérée dans le rapport de la Mission Interministérielle- est systématiquement inférieur à celui des 35 campagnes antérieures et que la surface brûlée cette année-là est 5 fois inférieure à la surface brûlée moyenne des 40 dernières années.

L’estimation que nous proposons ici des dépenses annuelles moyennes du SDIS 83 en matière d’interventions « feux de forêt » repose sur plusieurs étapes de calculs (voir tableau 3.8) : nous estimons tout d’abord un coût moyen par hectare brûlé à partir des données présentées dans le rapport de 201074. Ce coût moyen constitue bien entendu un artifice (le coût d’intervention ne saurait être constant), mais il nous permet d’extrapoler les dépenses de 2008 aux autres périodes en le multipliant par le nombre d’hectares parcourus chaque année par le feu. Plus concrètement, nous multiplions ce coût moyen par la surface annuelle moyenne brûlée dans le Var depuis le début de siècle ; nous obtenons ainsi une valeur annuelle moyenne, certes contingente et subjective, mais représentative de l’aléa réel et du niveau d’activité moyen du SDIS dans le Var.

Tableau 3.8 : Estimation des dépenses moyennes du SDIS 83 pour ses interventions « feux de forêt »

Dépenses notifiées par le SDIS 83 à la Mission Interministérielle de

2010 (interventions du 15/06/2008 au 15/09/2008) 3 314 444 € Hectares brûlés du 15/06/2008 au 15/09/2008 511 ha Estimation du coût moyen par hectare brûlé (euros 2008) 6 486 €/ha Estimation du coût moyen par hectare brûlé (euros 2014) 6 946 €/ha

Surface moyenne brûlée (période 2000-2012) 2 315 ha/an Estimation des dépenses moyennes du SDIS pour ses interventions

« feux de forêt » (euros 2014) 16 079 990 €/an Source : auteur

73 Si l’on ne considère que la seule année 2008, particulièrement calme donc en termes de départs de feux et de surfaces brûlées, les interventions « feux de forêt » ne représentent « que » 30% des dépenses totales du SDIS 83 pour la prévention et la lutte contre les feux de forêt.

74 Selon le rapport de la mission interministérielle de 2010, le SDIS 83 aurait dépensé 3.314.444 € entre le 15/06/2008 et le 15/09/2008. Pendant ces trois mois, 94 feux parcourent 510,7 ha dans le département du Var (source : base de données « Prométhée »). Le coût moyen d’intervention pour cette période est donc de 35.260 €/départ de feu et de 6.486 €/ha brûlé (euros 2008).

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Le tableau précédent et les montants qui y sont indiqués méritent plusieurs commentaires. Premièrement, il est évident que le montant de dépenses finalement estimé pour les interventions « feux de forêt » du SDIS 83 est largement dépendant du choix du coût moyen d’intervention. Si l’on avait retenu par exemple le coût moyen par feu déclaré (et non pas par hectare brûlé), on aurait alors obtenu un montant de « seulement » 9,6 M€75, soit -40% par rapport aux résultats affichés dans le tableau ci-dessus ! Notre choix se base sur deux arguments principaux. Tout d’abord, dans la littérature, le coût moyen de protection est toujours ramené à l’hectare de forêt. Par ailleurs, si l’on avait retenu le coût moyen par feu déclaré, la valeur résultante aurait impliqué une sous-estimation notable des dépenses du SDIS du fait de la non-représentativité des feux considérés dans le rapport de Chatry et al. (2010). En effet, la surface moyenne des feux considérés par ces auteurs n’est que de 5,4 ha par feu déclaré, alors que la surface moyenne pour la période 1991-2012 et les mois de l’année considérés dans le rapport déjà cité est de 10 ha/feu76, soit quasiment le double. Autrement dit, l’été 2008 sur lequel est basé le calcul de la Mission se caractérise non seulement par un nombre très réduit de feux (troisième bilan le moins élevé depuis le début des statistiques « Prométhée »), mais aussi par une surface moyenne réduite.

Deuxièmement, notre coût moyen à l’hectare brûlé n’est pas exempt de problèmes de représentativité… En effet, le fait d’ignorer le nombre de feux déclarés implique de considérer le coût d’intervention à l’hectare comme une constante : une année avec 200 feux déclarés et 2 000 hectares brûlés engendrerait donc les mêmes dépenses qu’une autre année avec seulement 10 feux mais la même surface brûlée, soit 2 000 ha. Cela constitue certainement une hypothèse irréaliste. Nous obvions par ailleurs dans nos calculs des facteurs comme par exemple la localisation des feux et leur proximité à des zones d’Interface Forêt-Habitat, dont l’impact sur les dépenses d’intervention sont pourtant notoires sur les dépenses d’intervention (Peter et al. 2006 : 46).

Troisièmement, il est important de souligner l’impact indéniable du choix de l’échelle temporelle sur les montants ici calculés. En effet, si l’on avait considérait dans nos calculs l’ensemble des données disponibles sur le site http://www.promethee.com (à savoir, la période 1973-2012), nous aurions alors obtenu une surface brûlée moyenne d’environ 3 173 ha/an pour l’ensemble du Département du Var. La multiplication de cette surface brûlée moyenne par le coût d’intervention à l’hectare brûlé aurait impliqué des dépenses annuelles de 22 039 658 € (= 6.946 x 3.173), soit +40% par rapport à notre estimation. Aux yeux de certains, nos résultats peuvent donc sous-estimer les dépenses moyennes du SDIS.

Cela étant dit, la plupart des organismes estiment que les 40 années répertoriées dans la base de données « Prométhée » englobent deux périodes qu’il convient de distinguer : d’un côté, la période 1973-1990, se caractérisant par un nombre moyen de feux déclarés assez important (446 feux/an) et une surface brûlée moyenne très élevée (5 067 ha/an) ; et d’un autre côté, la période 1991-2012, se distinguant par une moyenne de départs de feux relativement basse (281 feux/an) et des surfaces brûlées beaucoup moins importantes (1 623 ha/an). Ainsi, par exemple, selon le Plan Départemental

75 94 départs de feu sont déclarés du 15/06/2008 au 15/09/2008. Le coût moyen d’intervention est donc estimé à 3 526 € (euros 2008) par feu déclaré, soit environ 3 776 € (euros 2014). Etant donné une moyenne annuelle de 255 feux déclarés dans le Var pour la période 2000-2012, il est possible d’estimer à 9 629 000 € (euros 2014) les dépenses moyennes d’intervention du SDIS 83.

76 Pour la période 1991-2012, 3 154 feux sont déclarés dans le Département du Var entre le 15/06 et le 15/09. Ces feux parcourent 31 664 ha (source : http://www.promethee.com).

de Protection de la Forêt Contre les Incendies du Var (PDFCI 83), seule cette deuxième période serait représentative de la réalité actuelle de la forêt varoise (DDAF 83 2008 : 12). Si l’on avait considéré dans nos calculs uniquement cette deuxième période, nous aurions alors obtenu un montant de « seulement » 11 273 358 € (= 6.946 x 1.623), soit -30% par rapport à notre estimation pour la période 2000-2012. De ce point de vue donc, nos calculs surestimeraient les dépenses moyennes réelles du SDIS 83.

La considération des seuls bilans postérieurs aux grands feux de 1990 pose cependant le problème de la justification de cette rupture temporelle : Pour quelles raisons l’année 1990 appartiendrait-elle à une époque révolue en matière de DFCI ? En quoi l’année 1991 se différencierait-t-elle des années précédentes ? Le PDPFCI du Var cite comme changements principaux entre les périodes 1973-1990 et 1991-2012 « une plus grande sensibilisation du public après les grands feux de 1990 », « l’isolation et l’enfouissement des lignes EDF », « la mise en place du CFM » et « un contexte météorologique globalement plus favorable » (DDAF 83 2008 : 12-13). Or, si tous et chacun de ces arguments peuvent justifier globalement la considération de deux périodes distinctes, ils ne permettent pas d’expliquer concrètement et objectivement le fait de trancher dans le temps entre 1990 et 1991 (le CFM, par exemple, est créé en 1986 ; l’enfouissement des lignes électriques se poursuit encore aujourd’hui…).

Face aux problèmes intrinsèques à chacune de ces deux périodes d’analyse (d’un côté, la période 1973-2012 et d’un autre côté, la période 1991-2012) et les montants quelque part extrêmes auxquels ils aboutissent, nous n’avons retenu dans ce travail de recherche que les bilans enregistrés depuis le début de siècle (période donc de 2000-2012). Ce choix a l’avantage d’être représentatif de la situation actuelle (il appartient entièrement à la nouvelle « époque » de feux de forêt) et de conduire à des résultats modérés (la période comprend les GIF de 2003 et la période d’accalmie postérieure ; le fait d’ignorer une grande partie la période d’accalmie 1991-2002 limite les chances de sous- estimer l’aléa réel). Une autre option tout aussi légitime est de présenter un intervalle pour les dépenses du SDIS avec une valeur minimale basée sur le période 1991-2012 et une autre valeur maximale basée sur la période 2000-2012.

Enfin, pour obtenir le montant net des dépenses moyennes du SDIS, nous devons considérer : (i) les remboursements que réalise le Ministère de l’Intérieur aux Départements ayant fourni des colonnes de renforts à d’autres SDIS ; (ii) les crédits accordés par le Préfet de la Zone de Défense Sud dans le cadre de la dotation zonale.

En ce qui concerne le premier de ces éléments, nous estimons la valeur moyenne de ces remboursements à 2,7 M€/an pour l’ensemble du territoire (voir sous-section 3.2.4.4). En appliquant nos clés d’affectation territoriale, on peut donc estimer le montant correspondant au département du Var à environ 330 500 €/an. A l’échelle des Maures, ces remboursements représenteraient environ 175 000 €/an. Par rapport au deuxième élément évoqué, Chatry et al. (2010 : annexe 5) estiment à 1 M€/an la valeur des crédits accordés par le Préfet aux SDIS de la zone Sud. Toujours selon nos clés de répartition, on peut donc estimer le montant accordé au SDIS 83 à environ 122 400 €/an et la valeur pertinente pour notre territoire d’études à environ 65 000 €/an. Les dépenses moyennes nettes du SDIS 83 dans les Maures seraient donc d’environ 12,69 M€/an77.

77 Si l’on avait retenu la période 1991-2012 pour estimer les dépenses d’intervention, lesdépenses moyennes nettes du SDIS 83 dans les Maures aurait été évaluées à environ 10,14 M€.

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