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Limites et forces

Dans le document UNIVERSITÉ DU QUÉBEC MÉMOIRE PRÉSENTÉ À (Page 141-144)

CHAPITRE 7 : CONCLUSION

7.1 Limites et forces

Toute recherche comporte des limites. La première est le fait que l’expression

« comportement difficiles » a été utilisée pour illustrer les symptômes du trauma complexe de l’enfant. Selon la recension réalisée, nous avons choisi, dès le départ, de miser sur les enjeux relationnels et comportementaux puisqu’ils nous semblaient les plus importants du trauma complexe pouvant avoir un fort impact sur l’expérience parentale. Par contre, cela ne comprenait pas l’entièreté des domaines de fonctionnement altérés par l’enfant présentant un trauma complexe. Il aurait pu être intéressant de mettre des exemples des neufs domaines altérés du trauma complexe (Godbout et al., 2018) dans les critères de

sélection pour s’assurer d’avoir accès à des profils d’enfants différents vivant un trauma complexe et voir si d’autres domaines plus affectés peuvent engendrer un trauma secondaire. Même si les parents ont donné des exemples dans plusieurs des domaines, il est possible que certains d’entre eux aient été moins présents. Le fait que le principal domaine altéré de l’enfant ne soit pas celui de la régulation des émotions et des comportements a peut-être fait que des participants n’ont pas répondu à l’appel.

Puisque le trauma complexe n’est pas un diagnostic officiel, il aura fallu se fier à la compréhension subjective des parents adoptifs des différents domaines de fonctionnement altérés chez leur enfant, tels que des difficultés relationnelles, de comportements et d’apprentissage, par exemple, pour les inclure dans le présent échantillon. Contrairement à un diagnostic officiel qui permet d’avoir un regard clinique externe plus objectif, cet aspect subjectif peut avoir exclu des participants ne se sentant pas concernés, même s’ils auraient pu faire partie de l’échantillon selon l’œil d’une autre personne. Ensuite, en l’absence d’un outil de dépistage du trauma secondaire validé en français, il fallait se fier au ressenti des parents qui disaient vivre un trauma secondaire. Ainsi, la compréhension subjective du parent a encore été celle qui déterminait s’ils faisaient ou non partie de la population visée par l’étude.

De plus, le fait d’avoir recruté nos participantes par le biais d’organismes en adoption limite notre capacité à transférer les résultats de l’étude à des familles qui ne font pas appel à ces organismes pour du soutien ou à celles qui ne sont plus membres des associations parce que l’enfant n’habite plus avec elles, mais qui ont tout de même vécu un trauma secondaire. Il est possible que les familles qui ne font pas appel à ces organismes présentent un profil différent des familles rencontrées. Nous avons tout de même rencontré deux participantes membres d’un groupe mais non impliquées dans celui-ci, et une autre qui n’est membre d’aucune association mais qui a suivi une formation auprès de l’une d’elle.

Une autre limite vient du fait que l’échantillon ne soit constitué que de 10 familles, ce qui ne permet pas de dire que tous les cas de figure possibles d’expérience de parents adoptifs Banque-mixte vivant un trauma secondaire sont représentés dans la recherche. Il faut aussi rappeler que les parents de l’échantillon ne sont pas représentatifs de l’ensemble des parents Banque-mixte puisque tous ne vivent pas de trauma de filiation, comme tous les enfants adoptés en Banque-mixte ne vivent pas de trauma complexe. De plus, l’échantillon provient uniquement de certaines régions du Québec. La question des services pourrait être différente dans d’autres régions, bien qu’elle semble assez similaire pour les participantes des cinq régions de notre échantillon (Mauricie-Centre-du-Québec, Montréal, Montérégie, Québec et Saguenay-Lac-St-Jean).

Nous réitérons ici que notre propre expérience pouvait constituer une limite, quoique nous jugeons que des mesures ont été prises pour limiter l’influence d’un biais indu. La supervision de notre directrice de mémoire a été utile pour pallier cette limite.

Nous avons tenu un journal de bord pour réaliser une analyse réflexive sur notre posture comme chercheure qui est personnellement touchée par la problématique.

Parmi les forces de la présente recherche, soulignons qu’elle a permis de mettre en lumière l’expérience d’une population peu étudiée. L’utilisation d’une méthode qualitative, permettant de recueillir des données plus approfondies lors des entretiens a été un choix judicieux. Grâce aux riches témoignages des parents rencontrés, il a été possible de développer un nouveau concept, le trauma de filiation, pour mieux comprendre la souffrance vécue par certains parents adoptifs qui luttent pour développer un lien affectif privilégié avec un enfant réfractaire à ce lien, étant lui-même en souffrance. L’utilisation combinée des concepts de trauma complexe et de trauma secondaire a permis d’aller profondément dans l’expérience traumatique de ces parents. Le fait d’avoir pris des participantes vivant l’expérience d’adoption depuis des périodes différentes a permis d’avoir une idée plus globale de l’évolution du trauma secondaire au fil du temps, en lien avec les différentes étapes d’évolution des enfants (petite enfance, adolescence et approche de la majorité). La présente étude a permis de mettre des mots sur les besoins de soutien des parents adoptifs Banque-mixte tout au long de la trajectoire d’adoption et de constater

les limites de l’offre actuelle de services de soutien. Enfin, la présente étude a aussi permis de mettre de l’avant l’importance de soutenir le développement du sentiment de filiation des parents adoptifs Banque-mixte.

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