• Aucun résultat trouvé

Section 1- Elargissement de la notion de performance environnementale de l’entreprise.

II. Lien entre amélioration de la performance environnementale de l’entreprise et

L’aspect financier est incontournable pour légitimer aux yeux des entreprises un engagement dans un SME. Différentes études192 tendent ainsi à démontrer que la mise en place d’une telle

191 Article Le Monde, L’entreprise entre profit et bien commun, 5 janvier 2008, partie Analyse, p.2.

192 Orse, Les stratégies de développement durable nourrissent-elles la performance économique des

entreprises ?, juillet 2003, 49 pages ; Riedinger N., Thévenot C., La norme ISO 14001 est-elle efficace? Une étude économétrique sur l'industrie français, Economie et statistique n°411, 2008 ; Dohou-Renaud A. , Le système de management environnemental comme moyen de contrôle de la déclinaison et de l’émergence des stratégies environnementales, Université de Poitiers, Thèse de doctorat en sciences de gestion, soutenue en

novembre 2009, p. 57 ; Nicolaï I., Faucheux S., Les firmes face au développement soutenable : changement

technologique et gouvernance au sein de la dynamique industrielle, Revue d’économie industrielle, 1998,

110 démarche, si elle induit des coûts importants (dus notamment à la réalisation d’une analyse environnementale initiale, la formation du personnel, l’élaboration et la mise à jour de la documentation environnementale, l’audit de certification, l’évaluation de conformité règlementaire, etc.), peut être rentable financièrement pour les entreprises. Selon une étude de l’ADEME de 1999193

, le rapport coût/bénéfices de la mise en place et du fonctionnement du SME, est de l'ordre de 18 mois à 2 ans de salaire d'un cadre supérieur (cette durée tendrait à se raccourcir), soit un investissement moyen de 115 à 229 K€ avant retour sur investissement. Plusieurs arguments sont avancés pour démontrer le lien entre performance du SME et amélioration de la performance financière de l’entreprise, notamment :

- le SME performant permettrait de réduire les coûts de l’entreprise.

Une idée répandue concernant les gains financiers induits par la mise en place d’un SME est que la pollution, les déchets sont des coûts écologiques mais également financiers. Ainsi, dans certaines hypothèses relevant de stratégies dites « win-win »194, la limitation et l’amélioration de l’utilisation des ressources naturelles, la réduction de la production de déchets, l’amélioration des processus productifs, permettraient de réaliser des économies.

- il pourrait créer un avantage de marché au profit de l’entreprise « responsable en environnement », la donnée environnementale apparaissant être un élément fondamental de détermination des « technologies viables à long terme et ainsi des positions concurrentielles relatives des firmes »195. Ceci lui permettrait en outre d’anticiper des contraintes règlementaires.

entreprise selon ISO 14001, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2004, p.5 à 7, 184 pages ;

L'étude européenne sur la rentabilité de la mise en œuvre d'un SME Organisation internationale de normalisation, Le management environnemental et ISO 14000, où plus de 80% des 500 entreprises interrogées en 2000 sur leur expérience souligne sa rentabilité et plus de 60% d'entres elles citent des périodes de retour sur investissement inférieures à 12 mois.

193 Cabinet Paul de Backer, Service économie, ADEME, L’impact économique et l’efficacité environnementale

de la certification ISO 14001/EMAS des entreprises industrielles, Juillet 1999, p.113.

194 Dohou-Renaud A., Le système de management environnemental comme moyen de contrôle de la déclinaison

et de l’émergence des stratégies environnementales, Université de Poitiers, Thèse de doctorat en sciences de

gestion, soutenue en novembre 2009, 604 pages ; Orse, Les stratégies de développement durable nourrissent-

elles la performance économique des entreprises ?, juillet 2003, p.43.

195

Nicolaï I., Faucheux S., Les firmes face au développement soutenable : changement technologique et

gouvernance au sein de la dynamique industrielle, Revue d’économie industrielle, 1998, volume 83, Numéro 83,

111 L’engagement dans une démarche proactive de management environnemental serait susceptible de générer pour l’entreprise un avantage concurrentiel de marché, par la proposition de produits labellisés ou certifiés, de systèmes de productions novateurs et respectueux de l’environnement. Ce type de stratégie permettrait aux entreprises d’influencer la position de l’innovation technologique environnementale, mais également de peser de façon importante et en leur faveur sur l’élaboration, la modification de la législation, de la politique publique environnementale dans leur secteur196 « l’Etat (ou les citoyens) satisfait des mesures prises par ce secteur n’éprouvera pas le besoin de légiférer »197

ou légifèrera en leur sens.

Cependant, le coût important des investissements requis en matière de recherche et développement, ou en nouveaux outils de gestion environnementale limitent généralement ces stratégies aux grandes entreprises ou aux associations sectorielles de firmes ayant un intérêt commun, notamment198. La stratégie environnementale pro- active susceptible de générer ce type de gain, plus fréquente au sein des firmes multinationales, varie fortement en fonction des implications géostratégiques (locale, régionale, globale) de la problématique environnementale à gérer, de la taille de la firme, de son secteur d’activité, des lieux d’implantation de ses filiales199

. La mise en œuvre de ce type de stratégie requérant pour l’entreprise d’adopter une structure organisationnelle spécifique, l’une des solutions possible sera de recourir au SME. - de prévenir la plupart des risques environnementaux de l’entreprise.

196 Nicolaï I., Faucheux S., Les firmes face au développement soutenable : changement technologique et

gouvernance au sein de la dynamique industrielle, Revue d’économie industrielle, 1998, volume 83, Numéro 83,

p.128.

197 Dohou-Renaud A., Le système de management environnemental comme moyen de contrôle de la déclinaison

et de l’émergence des stratégies environnementales, Université de Poitiers, Thèse de doctorat en sciences de

gestion, soutenue en novembre 2009, p.57.

198 Nicolaï I., Faucheux S., Les firmes face au développement soutenable : changement technologique et

gouvernance au sein de la dynamique industrielle, Revue d’économie industrielle, 1998, volume 83, Numéro 83,

p.134. 199

Faucheux S., Haake J., Nicolaï I., Implications de la mondialisation économique sur la relation

environnement-entreprises, Rapport pour le ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire,

1997, Convention 95285, dans 199 Nicolaï I., Faucheux S., Les firmes face au développement soutenable :

changement technologique et gouvernance au sein de la dynamique industrielle, Revue d’économie industrielle,

112 L’adoption d’un SME suppose que l’entreprise identifie l’ensemble des risques environnementaux susceptibles de l’impacter, puis, parmi eux, les risques non acceptables nécessitant des dispositifs de gestion spécifiques. En améliorant ainsi la connaissance de ses risques, l’entreprise se trouve plus à même de les gérer efficacement. La mise en œuvre de systèmes de gestion de la conformité règlementaire lui permet de prévenir notamment le risque d’engagement de sa responsabilité juridique. De même, l’évaluation des impacts environnementaux de l’entreprise tend à réduire la survenance et la gravité d’accidents ou d’incidents environnementaux, etc. - enfin la combinaison des éléments précédents permettrait d’améliorer durablement la

réputation de l’entreprise.

L’intégration des valeurs environnementales par les salariés et dirigeants des entreprises, au fur et à mesure du déploiement et de l’amélioration du SME, permettrait qu’émerge ou se consolide une véritable culture environnementale de l’entreprise, source de gains organisationnels200. En outre, l’entreprise perçue comme

responsable en matière environnementale améliorerait son image de marque auprès des parties prenantes.

Ces éléments doivent cependant être nuancés. En effet, la plupart des analyses du lien entre performance du SME et performance financière de l’entreprise demeurent à l’heure actuelle largement théoriques, notamment du fait qu’une « partie importante des bénéfices escomptés ou obtenus de la mise en place du SME ne sont pas mesurables en termes financiers »201, de la difficulté d’identifier clairement la part environnementale des économies réalisées au sein de l’ensemble des process, de la comparaison difficile des résultats de sites aux activités et problématiques environnementales différentes. Ainsi, les études empiriques en la matière ne permettent pas de dégager de consensus clair et demeurent encore assez peu concluantes202.

200 Dohou-Renaud A. , Le système de management environnemental comme moyen de contrôle de la déclinaison

et de l’émergence des stratégies environnementales, Université de Poitiers, Thèse de doctorat en sciences de

gestion, soutenue en novembre 2009, 604 pages. 201

Cabinet Paul de Backer, Service économie, ADEME, L’impact économique et l’efficacité environnementale

de la certification ISO 14001/EMAS des entreprises industrielles, Juillet 1999, p.72.

202

Orse, Les stratégies de développement durable nourrissent-elles la performance économique des

entreprises ?, juillet 2003, p.9 ; Riedinger N. et Thévenot C., «La norme ISO 14001 est-elle efficace? Une étude

113 L’influence de l’élément économique sur l’adoption de SME mérite donc d’être appréciée avec précaution.

L’identification des contours de la responsabilité environnementale de l’entreprise, révèle ainsi les différents besoins auxquels cette dernière tente de trouver des réponses en mettant en œuvre un SME, notamment :

- assurer une maîtrise de la conformité règlementaire, en s’attachant à identifier et à mettre à jour l’ensemble des exigences l’impactant, en évaluant les écarts existants entre ses pratiques et ses obligations règlementaires, en générant des plans d’actions de mise en conformité et en les mettant en œuvre,

- améliorer sa performance environnementale, en identifiant l’ensemble des impacts environnementaux significatifs de ses activités, en tentant de les réduire aux seuils règlementaires voire au-delà, en générant des plans d’actions de réduction de ses pollutions et d’amélioration de ses processus productifs et en les mettant en œuvre, - disposer de supports de communication clairs et dont les données apparaissent valides,

à l’attention des différentes parties prenantes que l’entreprise entend satisfaire,

- disposer d’outils de diagnostics de son niveau de maîtrise organisationnelle du système de management mis en œuvre.

De façon synthétique, la mise en place du SME répond ainsi à un besoin des entreprises de responsabilité environnementale, de transparence et de légitimation de leur communication sur leurs impacts environnementaux, ainsi qu’à des contraintes économiques203

(même si nous l’avons vu ce dernier aspect demeure encore sujet à caution). Le SME vise ainsi à permettre à l’entreprise de faire face aux incertitudes environnementales204

que sont l’évolution de la législation et de la réglementation environnementales applicables et les investissements qu’elle induit, le risque d’accident écologique et ses impacts en termes de réputation de l’entreprise, l’évolution de la demande de comportements et produits « verts » de la part du marché (ISR, consommateurs, banques, assurances). Cette démarche répond à trois types de

203

Cabinet Paul de Backer, Service économie, ADEME, L’impact économique et l’efficacité environnementale

de la certification ISO 14001/EMAS des entreprises industrielles , Juillet 1999, p.5.

204

Dohou-Renaud A., Le système de management environnemental comme moyen de contrôle de la déclinaison

et de l’émergence des stratégies environnementales, Université de Poitiers, Thèse de doctorat en sciences de

114 dimensions stratégiques : les dimensions stratégiques concurrentielle, politique et industrielle, décrites par Martinet et Reynaud de la manière suivante : « La première stratégie examine en substance le rôle de l’environnement naturel dans la compétitivité. Elle permet de comprendre dans quelle mesure sa prise en compte modifie la rivalité entre les concurrents. La stratégie politique s’attache à la question de la légitimité. Elle guide le choix des parties prenantes en fonction des objectifs poursuivis. La stratégie industrielle traduit la stratégie de protection au niveau des produits et procédés. Elle propose de contrôler puis diminuer les pollutions »205.

205

Martinet A., Reynaud E., « Stratégies d’entreprises et écologie », p. 104 dans Dohou-Renaud A. , Le système

de management environnemental comme moyen de contrôle de la déclinaison et de l’émergence des stratégies environnementales, Université de Poitiers, Thèse de doctorat en sciences de gestion, soutenue en novembre

115