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Section 1. Présentation de la démarche de modélisation suivie

II. Définition des finalités du modèle

Avant de s’engager dans la phase de construction du modèle, il est nécessaire de définir précisément quels en sont les objectifs. En effet, comme le rappelle Walliser323, la vocation générale d’un modèle consiste à simuler le comportement d’un système selon certains objectifs et compte tenu de certains moyens.

Avant tout rappelons l’objectif général de ce travail de recherche et l’objet du présent chapitre : proposer un modèle de mesure de la PSME qui rende compte de la contingence de tout SME et qui permette de dégager des indicateurs de synthèse favorisant un benchmarking entre SME de différentes entreprises ou des entités d’une entreprise multi-sites.

L’analyse préalable du concept de modèle a permis d’identifier que l’objet de ce dernier repose sur la représentation d’un système ou d’un processus selon les définitions retenues. Il apparaît ainsi nécessaire de vérifier dans quelle mesure le dispositif de mesure de la PSME retenu répond à la définition de système et ou de processus.

Une définition de la notion de processus est proposée par le dictionnaire du Petit Larousse comme étant un « enchaînement ordonné de faits ou de phénomènes, répondant à un certain schéma et aboutissant à un résultat déterminé », mais également comme « une suite d’opérations constituant la manière de fabriquer, de faire quelque chose »324

en matière de production. La présentation du dispositif de mesure dans le cadre du chapitre 2 confirme que ce dernier est effectivement constitué d’un enchaînement d’éléments visant un résultat déterminé.

A la différence du processus, un système peut être défini comme une « combinaison d’éléments réunis de manière à former un ensemble » ou encore un « ensemble de méthodes,

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Walliser B., Systèmes et modèles, Introduction critique à l’analyse de systèmes, Editions du Seuil, Paris, 1977.

192 de procédés destinés à assurer une fonction définie ou à produire un résultat »325. On le constate ainsi, selon les définitions le système intègre ou non l’idée de résultat à atteindre. Cette notion apparaît cependant plus riche en ce qu’elle organise les « enchaînements » envisagés dans le cadre de la notion de « processus » en renvoyant au concept de combinaison. Ainsi, la référence aux notions de combinaison et de procédés, permet d’analyser le processus comme un élément du système. Dès lors, le dispositif de mesure de la PSME apparaît être un système s’articulant autour de processus et sous-processus. L’objectif du travail de modélisation consiste ainsi à proposer une représentation d’un système de gestion de la mesure de la PSME reposant sur une combinaison de processus.

Sur la base des conclusions dégagées dans la première partie (Chapitres 1et 2) au travers de l’étude des différentes dimensions de la performance d’un SME et du panorama des pratiques actuelles en matière de mesure de la PSME, des objectif de deux ordres peuvent être dégagés concernant le modèle du système de mesure de la PSME. Les premiers sont d’ordre général et reposent sur une analyse classique de la mesure de la PSME. Ils sont ainsi dégagés sur la base de la définition des différentes dimensions de la responsabilité environnementale de l’entreprise et forment les dimensions de base du modèle retenu. Les seconds constituent le cœur du présent travail de recherche. Ils apparaissent ainsi novateurs et reposent sur l’analyse des pratiques réelles de mesure de la PSME par les entreprises.

Revenons dans un premier temps sur l’analyse des motivations des entreprises à la mise en œuvre d’un SME, c’est-à-dire aux différents risques contre lesquels ces dernières tentent de se prémunir en adoptant ce type de dispositif. Nous l’avons vu, l’adoption d’un SME vise à permettre à l’entreprise de faire face aux incertitudes environnementales 326

que sont l’évolution de la législation et de la réglementation environnementales applicables et les investissements qu’elle induit, le risque d’accident écologique et leurs impacts en termes d’engagement de responsabilité juridique mais surtout de mise en cause de la réputation de l’entreprise, l’évolution de la demande de comportements et produits « verts » de la part du marché (ISR, consommateurs, banques, assurances). Or sur ces trois objectifs seuls les deux

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Définitions tirées du dictionnaire Petit Larousse : Grand Format. Editions Larousse. 1995. page 982. 326

Dohou-Renaud A., Le système de management environnemental comme moyen de contrôle de la déclinaison

et de l’émergence des stratégies environnementales, Université de Poitiers, Thèse de doctorat en sciences de

193 premiers sont essentiels. Ils consistent ainsi pour l’entreprise en deux axes visant à mettre en œuvre un système de gestion de sa conformité règlementaire, ainsi qu’un système de gestion des risques écologiques ayant pour objet d’améliorer ses performances environnementales. La vérification en interne et la légitimation en externe de l’efficience, de l’efficacité, et de la pertinence du SME adopté passent ainsi par la mise en œuvre d’un système de mesure de ces deux axes.

Les objectifs d’un système de mesure de la PSME consistent ainsi à :

- s’assurer que l’entreprise définit correctement et complètement son « environnement », c’est-à-dire qu’elle a correctement réalisé les éléments préliminaires d’analyse, au travers de l’analyse environnementale de ses aspects environnementaux, de la définition du périmètre règlementaire et de l’identification des autres exigences applicables (issues des parties prenantes), et qu’elle réalise une veille règlementaire et actualise son AE.

- identifier de façon continue les actions à mener pour améliorer ses performances environnementales et son management environnemental, au travers de l’identification des écarts de conformité et de leur mise à jour, ainsi que de l’actualisation de l’AE des impacts environnementaux significatifs.

- élaborer des indicateurs environnementaux permettant de piloter la stratégie environnementale de l’entreprise et de réaliser une communication environnementale pertinente, au travers d’indicateurs rendant compte des spécificités environnementales de l’entreprise, mais également d’indicateurs synthétiques permettant de réaliser du benchmark.

Le panorama des pratiques actuelles des entreprises en matière de mesure de la PSME permet d’identifier un certain nombre de difficultés concernant ces solutions de mesure, notamment : - la difficulté d’appréhension et de gestion des outils liés à la conformité règlementaire

(analyse et évaluation de conformité règlementaire),

- la difficulté de consolidation des données au sein d’une même entreprise, en raison de la lourdeur des outils utilisés et des méthodes hétérogènes employées (ce, tant pour l’AE que la conformité règlementaire),

- la sous-exploitation des résultats liés à la conformité règlementaire par les indicateurs environnementaux de référence.

194 Le modèle de mesure de la PSME vise ainsi à pallier ces difficultés en offrant un système de mesure de la conformité, notamment règlementaire, qui permette d’assister les acteurs internes en charge de ces aspects en termes de compétence juridique, et de gain de temps d’analyse. La réponse à cet objectif passe par un traitement original de la réglementation qui permette de créer une base de connaissances palliant le manque d’expertise juridique des acteurs internes au niveau de leur gestion de la dimension conformité règlementaire, c’est-à- dire de la définition de leur périmètre règlementaire applicable, de la réalisation de la veille, de l’évaluation de conformité règlementaire et de la génération d’un plan d’actions de mise en conformité.

Le modèle retenu vise d’autre part à offrir un système de mesure qui permette d’enrichir les indicateurs environnementaux relatifs à la maîtrise de conformité mais également dans une moindre mesure de l’AE, en proposant la mise en relation des résultats de ces deux dimensions. La réponse à cet objectif passe à nouveau par le traitement original des bases de connaissances règlementaires, mais également par la structuration des outils de mesure « AE » et « gestion de la conformité règlementaire » autour d’une schématisation commune et pertinente de l’entreprise en cause.

La figure suivante synthétise les différents types d’objectifs du modèle retenu ainsi que les sous-processus associés.

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Figure 11 – Objectifs du modèle de mesure de la PSME et processus associés.

Au travers des développements précédents, une définition de la notion de modèle a été présentée, sur la base de quoi les objectifs clefs de ce travail ont été déclinés. Le modèle retenu vise ainsi à offrir une représentation d’un système de mesure de la performance du SME s’articulant au travers de plusieurs processus. Ce dernier consiste également à proposer des solutions d’amélioration de l’utilisation des outils de mesure de la conformité, notamment règlementaire, et ce afin d’enrichir d’une part le processus de mesure dans sa globalité, et d’autre part les résultats qu’il permet de générer, en particulier en ce qui concerne le reporting environnemental.

Ce premier recentrage nous permet d’envisager de manière éclairée la caractérisation du modèle au travers de la notion de fonction et des objectifs précités.

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