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Leur perception de ce que signifie l’intégration

Chapitre IV – Présentation des résultats

4.2 Présentation des résultats

4.2.4 Leur perception de ce que signifie l’intégration

Nous avons été en mesure d’identifier, d’après le récit des participants, que la signification de l’intégration de ceux-ci est en lien avec les dimensions analysées dans la

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présente recherche. Ainsi, il est important de mentionner que chaque participant a sa propre conception de ce qui signifie être intégré à une société.

Antonio, Benjamin, Esperanza, Ignacio, Georgina et Juliana ont souligné que l’intégration est liée au sentiment de bien-être et de se sentir chez soi. Dans les mots d’Antonio, « être intégré est se sentir chez soi. Sentir qu’on appartient à cette société sans pour autant être né ici. Ne pas se percevoir comme un étranger ». Pour Georgina et Ignacio, le fait qu’une personne se sent heureuse de vivre dans une société est un indicateur de son niveau d’intégration. En ce qui concerne Juliana, « lorsqu’une personne a la volonté de vivre dans une société, elle commence à s’y intégrer ». Esperanza, pour sa part, met l’accent sur la qualité de vie et la satisfaction de tous les membres de la famille envers la nouvelle société comme des caractéristiques clés de l’intégration.

Pour nombre de participants, le fait d’occuper un emploi ou d’avoir un revenu satisfaisant est un indicatif de son intégration. D’après Benjamin « une personne est intégrée lorsqu’elle occupe un emploi qui contribue au développement de la société ». Pour Esperanza, l’intégration est plutôt « qu’une personne occupe un emploi qu’elle aime ». Le sentiment de bien-être au travail a également été nommé par ces participants comme un indicatif de l’intégration. Cristian, Benjamin, Esperanza et Georgina ont indiqué que pour qu’une personne se sente intégrée, il est important qu’elle occupe un emploi correspondant à ses capacités et dans lequel elle se sent valorisée. D’après Cristian, « être intégré est avoir les mêmes chances d’une personne québécoise pour occuper un emploi; à compétences égales, chances égales ». Finalement, la satisfaction avec l’emploi ainsi que la facilité pour développer des projets personnels à travers l’emploi ont été décrites par Juliana et Esperanza comme des composants importants de l’intégration. Dans les mots de Juliana: « Une personne intégrée est celle qui connaît les règles d’une société et les accepte. C’est aussi que la personne soit capable de comprendre et de s’exprimer dans la langue française. Bref, que

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la personne se sente heureuse dans la société et qu’elle puisse développer les rêves qu’elle avait dans sa valise lors de son voyage ».

D’autres dimensions de l’intégration ont été également identifiées par les participants comme importantes pour l’intégration d’une personne dans une nouvelle société. Comme exemple, la dimension sociale de l’intégration a été nommée par Helena. Selon elle « être intégrée c’est aussi établir des liens avec les natifs de la société et créer des amitiés avec eux ». La dimension linguistique, pour sa part, a été nommée par Juliana et Lorenzo. D’après eux « lorsqu’une personne maîtrise la langue prédominante, ça veut dire que la personne comprenne et qu’elle est capable de s’exprimer dans cette langue, elle peut dire qu’elle est intégrée ». Aussi, la dimension culturelle a été identifiée par Antonio et Juliana, pour qui le fait de connaître les services et participer aux activités de la ville s’avère important pour se sentir intégré : « être intégré, c’est lorsque la personne participe à différentes activités tout au long des saisons; qu’elle se sente heureuse dans la société québécoise » (Antonio). En ce qui concerne l’intégration civique, celle-ci a été nommée par Francisco et Juliana. Pour ce participant, l’intégration est liée au sentiment de sécurité. Il manifeste également que le fait de faire confiance aux institutions est important lorsqu’on parle d’intégration. D’ailleurs, Juliana souligne que l’utilisation des services de la nouvelle communauté (tels les services offerts par la municipalité ou les organismes communautaires) est un indicateur de l’intégration.

Comme souligné auparavant, l’intégration est un concept subjectif et, comme tel, chaque participant a exprimé différemment ce qui signifie être intégré à une société.

Pour Diana, il s’agit d’un processus de progression et de retours en arrière :

Je me suis demandé à plusieurs reprises qu’est-ce que signifie être intégrée? Il y a des gens qui disent que je suis un modèle d’intégration. Ils affirment que je me considère moi-même intégrée. D’après moi, c’est difficile d’affirmer que l’on est intégré, étant donné qu’il s’agit d’un processus de progression et de remises en question. L’intégration est peut-être se sentir chez soi. Ne pas se sentir exclu(e)

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du système, mais être une partie de celui-ci. Parfois, tu te sens intégré(e), alors que parfois, tu ne le sens pas, mais c’est normal (Diana)

Finalement, pour certains participants l’intégration est en lien avec l’adoption des valeurs et des règles du nouveau pays. Par exemple, Lorenzo souligne que pour qu’une personne se sente intégrée à une nouvelle société, celle-ci doit s’efforcer d’apporter des changements dans sa vie en fonction de ses capacités et de ses compétences :

Certaines personnes me disent : je ne suis pas d’accord à ce que l’employeur me demande une première expérience d’emploi. Il ne s’agit pas d’être en accord ou pas, c’est une réalité que l’on nous exige, une première expérience d’emploi. Alors, ne mets pas tes efforts pour discuter de cette réalité, va chercher ta première expérience d’emploi! Cette discussion fréquente de la réalité et la comparaison constante entre le pays d’origine et le nouveau pays s’avèrent des entraves dans le processus d’intégration. Il faut comprendre que les choses sont comme elles sont et qu’il faut mettre tous ses efforts pour développer ses projets personnels (Lorenzo)