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La perception à propos de leur intégration

Chapitre IV – Présentation des résultats

4.2 Présentation des résultats

4.2.5 La perception à propos de leur intégration

Cinq participants ont affirmé se sentir intégrés à Québec. L’insertion à l’emploi ainsi que le sentiment d’être utile à la société québécoise sont les raisons exprimées par Benjamin afin d’expliquer pourquoi il se sent tout à fait intégré à Québec. Il énonça également : « je fais de mon mieux pour être intégré à cette société ». Selon ce participant, son intégration a été possible grâce à ses efforts pour se former à Québec et s’insérer au marché du travail dans son domaine de formation. Le sentiment d’être utile à la société québécoise a été également invoqué par Georgina. Elle considère que toute sa famille se sent intégrée à Québec parce que chaque membre a réussi à s’insérer aux différentes instances de la société. Ainsi, elle déclare que sa mission à Québec est d’améliorer l’image des Colombiens l’extérieur du pays. Elle déclare : « Je suis venue avec un objectif, soit de travailler à Québec et de démontrer que les Colombiens ne proviennent pas de la jungle. Nous ne sommes pas tous des producteurs de coca ». Finalement, elle se dit heureuse de sa vie à Québec.

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Le sentiment de bonheur face à la vie à Québec a été également nommé par Ignacio. D’après lui, il est intégré à Québec parce qu’il considère que Québec est son chez-soi. Puisqu’il s’était installé dans différentes villes en Colombie, il considérait que son intégration à Québec a été facile, comparativement à son installation dans certaines villes en Colombie; « Malgré qu’il s’agissait de villes dans mon pays, la culture de ces villes était très différente à la mienne. Pour moi, ça a été plus facile de m’intégrer avec les personnes d’ici qu’avec les personnes de ces villes ». Comme dans le cas de Benjamin, Ignacio mentionne qu’il met beaucoup d’effort pour s’insérer au marché de l’emploi dans son domaine de formation ainsi que pour participer de la vie culturelle de la ville. Selon ce participant, c'est grâce à cet effort qu’il a réussi à se faire une place dans la société. Se sentir chez soi est le même sentiment vécu par Lorenzo, qui se sent intégré dans la mesure où il s’informe sur ce qui se produit dans la province. Il lit le journal, il porte des critiques sur l’actualité. Il a développé un sentiment d’appartenance envers la ville de Québec. Il mentionne que ce sentiment doit être développé et qu’il faut déployer des efforts pour y arriver. Il indique ceci : « Il s’agit aussi d’une sorte de contribution envers cette société dans laquelle nous sommes des privilégiés; avoir la chance de retourner aux études à mon âge! C’est un privilège qui n’est pas offert ailleurs dans le monde ».

Finalement, Francisco affirma qu’il se sent intégré parce que « [je] ne meurt pas pour retourner en Colombie. Beaucoup de gens voyagent en Colombie pour échapper au Québec, ce n’est pas [mon] cas. [je] planifie [ma] vie ici ».

Parmi les raisons nommées par les participants expliquant pourquoi ils se sentent intégrés à Québec, l’effort personnel pour s’y intégrer a été nommé par la plupart d’entre eux. Cet effort se traduit souvent par le fait de suivre une formation à Québec ou bien avoir réussi à occuper un poste dans le domaine de formation du participant. Ainsi, l’intérêt de la personne pour connaître la situation politique et l’actualité de la ville est un signe d’intégration, étant donné

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que la personne s’intéresse à son nouveau chez soi. Cela développe un sentiment d’appartenance de l’immigrant envers la ville.

Dans la présente recherche, il y a également des participants qui ont rapporté ne pas se sentir totalement intégrés à la ville de Québec. Ils ne se disaient toutefois pas non intégrés. Ils considéraient plutôt que l’intégration est un processus en progression et que, parfois, une personne peut se sentir intégrée sur certains aspects, et moins intégrée par rapport à d’autres aspects. Diana explique cette situation plus en profondeur :

De façon générale, je considère cette ville comme la mienne. Si tu me demandes si je pense à retourner vivre en Colombie, ma réponse est un non ferme. Je m’identifie avec la culture du Canada et de cette société. Ici, il y a moins d’inégalités par rapport à la Colombie et une personne pauvre a au moins le minimum pour vivre. Je sens qu’ici, c’est ma place. Toutefois, je sens, par moments, que les espaces ne me sont pas donnés pour mieux m’intégrer.

Cette participante manifeste avoir un sentiment d’appartenance envers la ville de Québec. Ainsi, elle nomme les efforts qu’elle a effectués afin de mieux s’y intégrer. Elle nomme comme exemple ses efforts pour bien apprendre la langue française, le fait d’avoir réalisé une formation dans un domaine professionnel ainsi que ses efforts pour créer un réseau élargi de contacts composé par des immigrants et des natifs de la ville. Toutefois, elle ressent une certaine réticence de la part des Québécois qui l'empêche de se sentir totalement intégrée. Ce sentiment est partagé par Cristian, qui perçoit une certaine ségrégation culturelle dans la ville. D’après lui « Les latinos sont avec les latinos; les Arabes sont avec les Arabes. Cela arrive parce que nous ne sommes pas considérés comme égaux par rapport aux Québécois ». Ce participant aimerait que son réseau social soit composé par des immigrants, mais aussi par des Québécois. Toutefois, la réalité est différente. Son réseau social est principalement composé par des immigrants de sa même origine, ce qui fait qu’il ressent une claire différentiation entre les différentes cultures. Il nomme également que cette situation se manifeste fortement dans le marché du travail. Selon lui, à compétences égales, les

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immigrants ont un fort désavantage pour obtenir un emploi, comparativement aux natifs québécois.

Esperanza quant à elle, vit une situation différente à celle de Cristian. Elle occupe un poste dans son domaine de formation et elle se dit intégrée au marché du travail, mais non intégrée à la culture québécoise, qu’elle considère différente de la sienne. « Je ne me sens pas tout à fait intégrée à mon groupe de travail par exemple. C’est peut-être à cause des différences culturelles, on n’a pas grandi dans la même culture et on a moins de choses en commun ». Elle manifeste sa difficulté à établir une conversation avec un québécois due aux différences culturelles. Elle fait référence plus spécifiquement aux conversations à propos des sujets plus personnels et profonds qui conduisent à créer une amitié. D’ailleurs, elle nomme à sa famille demeurant en Colombie comme un autre aspect pour lequel elle ne sent pas tout à fait intégrée à Québec. Pour elle, la famille occupe une place très importante dans sa vie, et la plupart de celle-ci habitent en Colombie.

Antonio, quant à lui, met l’accent sur l’offre culturelle de la ville; « je me sens intégré à la société, mais pas nécessairement à la ville de Québec. Je trouve que la ville n’offre pas suffisamment de services et d’activités culturelles ». Ce participant considère qu’il partage les valeurs de la société québécoise tels le respect et l’ordre. Toutefois, il trouve que Québec est une ville où il n’y a pas beaucoup de variété culturelle. Il aimerait y trouver plus d’activités de loisir et culturelles.

Finalement, Juliana se dit ne pas être complètement intégrée par choix personnel. Je ne veux jamais considérer Québec comme mon chez-soi définitif. J’ai une moitié de ma vie ici et l’autre moitié en Colombie. Même si la situation en Colombie n’est pas la meilleure, là-bas se trouvent mes racines, ma famille et mes origines. Il y a certains comportements de cette société [le Québec] avec lesquels je ne suis pas d’accord, l’individualisme en est un exemple (Juliana).

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Cette participante se montre satisfaite du fait de ne pas se sentir totalement intégrée à la société québécoise. Elle trouve cette situation comme normale, étant donné que la plupart des membres de sa famille restent en Colombie et que pour elle, le retour en Colombie est une option envisageable dans le futur.

La totalité de participants a manifesté être intégrée dans au moins un aspect de sa vie à Québec. Bien que certains ont manifesté être totalement intégrés à la ville, la plupart ont partagé avec nous des réflexions sur les aspects qui contribuent ou limitent leur intégration. Les résultats de ces réflexions seront exposés dans la section 4.2.6 et 4.2.7 de la présente recherche.