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Études portant sur les différentes dimensions de l'intégration

1.2 Recension des écrits

1.2.2 Études portant sur les différentes dimensions de l'intégration

1.2.2.1 L’intégration socioprofessionnelle

Il est incontestable que la plupart des études sur l’intégration des immigrants au Québec s’intéressent à l’insertion socioéconomique. L’étude de Beji et Pellerin (2010) en est un exemple. Elle se penche sur l’impact des réseaux sociaux dans l’intégration socioprofessionnelle des nouveaux arrivants. Les chercheurs remarquent que les indicateurs qualitatifs et quantitatifs associés au marché du travail montrent une situation défavorable pour les immigrants par rapport aux natifs. Les barrières linguistiques, les pratiques discriminatoires, la non-reconnaissance des acquis ainsi que la faiblesse du réseau social sont des entraves au processus d’intégration socioéconomique.

L'intégration sociale, plus spécifiquement la création des liens avec les compatriotes est le sujet d'une étude menée par Arsenault et Nadeau-Cossette (2013). Cette étude s’intéresse aux dynamiques relationnelles existant entre des immigrants compatriotes établis à Québec et qui sont issus de pays en conflit, dont la Colombie. Lors de l’analyse des relations entre compatriotes, les chercheuses ont identifié trois scénarios, allant de l’inclusion maximale (des compatriotes d’origine déjà établis au pays) aux stratégies d’insertion à leur évitement quasi complet. Ces compatriotes sont soit considérés comme une aide potentielle positive, soit comme une entrave à l’insertion poursuivie par chacun. L’étude a démontré que les personnes qui se trouvent aux extrémités du spectre (inclusion maximale ou exclusion) sont les personnes les plus durement touchées par le conflit dans le pays d’origine. Des chercheurs tels que Gellis (2003) vont dans le même sens en affirmant que le soutien social provenant

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des personnes de la même origine ethnique pourrait être associé à des effets négatifs sur la détresse psychologique du nouvel arrivant.

Le processus d'intégration socioéconomique des immigrants au Québec a été étudié par Cardu et Sanschagrin (2002). Au total, 82 femmes immigrantes ont participé à cette recherche qui s'est intéressée à la façon dont les parcours d’emploi sont marqués sur le plan identitaire chez les participantes. Les chercheuses ont constaté qu’au Québec, les femmes immigrantes très scolarisées ont, malgré les obstacles auxquels elles se heurtent, une représentation très positive d’elles-mêmes et de la société d’accueil. Pour affronter la réalité quotidienne de leur processus migratoire, elles mettent en œuvre des ressources symboliques (comme les valeurs). Les femmes qui travaillent dans des occupations qui ne correspondent pas à leur qualification peuvent consolider les liens identitaires qui ont été rompus par la migration à travers la liaison avec la communauté.

L'étude de Grisales (2015) s'intéresse également à l'insertion professionnelle des immigrants colombiens à Québec. Dix immigrants provenant de Colombie ont été interviewés afin d'identifier les facteurs que ceux-ci percevaient soit comme limitatifs, soit comme contributifs à leur processus d'insertion professionnelle ainsi que pour analyser les stratégies adoptées par les participants afin de réussir leur insertion professionnelle. Les facteurs limitatifs identifiés chez les participants sont en lien avec le domaine de formation professionnelle, la discrimination, les limites des services dispensés par les organismes gouvernementaux, la maîtrise insuffisante de la langue, l'adaptation à la culture d'accueil et le manque de clarté dans le projet professionnel. En ce qui concerne les facteurs contributifs, ceux-ci sont en lien avec des facteurs internes et personnels, tels la connaissance de la langue, l'expérience professionnelle, les qualités personnelles et la planification du projet migratoire.

En ce qui a trait aux stratégies adoptées par ce groupe de Colombiens afin de réussir leur insertion professionnelle, les répondants ont fait appel à leur réseau social ou au réseau

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ethnique, aux programmes des organismes communautaires, à la recherche formelle d'un emploi et au retour aux études.

Le retour aux études est parfois une stratégie d'intégration socioprofessionnelle. Cette stratégie est l’objet d'étude de Guilbert (2010), dont la recherche permet de comprendre plus en profondeur la place qu’occupent les projets d’études dans la décision d’immigrer de même que lors des processus d’intégration, d’insertion durable et de mobilité. À cet effet, à partir d’une approche biographique, cette étude a retenu le récit de treize participants provenant de l’Amérique du Sud (Colombie, Brésil, Argentine et Pérou), de l’Afrique subsaharienne (République démocratique du Congo, Congo/Brazzaville, Rwanda, Cameroun et Togo) et du Maghreb (Maroc et Algérie). L’étude souligne le fait que pour plusieurs personnes immigrantes, le retour aux études est une stratégie d’adaptation au processus migratoire. L’utilisation des services communautaires afin de trouver un emploi est le sujet de la recherche de Cukier et al. (2010). Elle porte sur les expériences des immigrants par rapport à l’utilisation des services d’emplois au Canada. L’information recueillie avec 1 425 enquêtes auprès d’immigrants qui ont utilisé ces services montre que ceux qui appartiennent à la catégorie des travailleurs qualifiés manifestent plus d’insatisfaction par rapport aux services reçus, en comparaison à ceux appartenant à la catégorie de réfugiés. D’après ce constat, il semblerait que les services d’aide à l’emploi ne répondent pas aux besoins des immigrants ayant un niveau d’instruction supérieur, même si ces derniers ont davantage recours à ces services (Cukier et al., 2010).

1.2.2.2 L’intégration civique

L'intégration civique a été l’objet d’analyse de certains chercheurs, dont Lemieux (2004). Son étude, portant sur la participation citoyenne des jeunes issus de l’immigration au Québec, suggère que la perception des immigrants, plutôt que les conditions de vie objectives (par exemple le statut socioéconomique), joue un rôle déterminant dans la participation

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citoyenne. Le chercheur affirme que « les jeunes interviewés ont dit vouloir s’impliquer ou non dans un type d’organisation plutôt qu’une autre pour des raisons d’appartenance et d’exclusion » (p.32). Contrairement à cette posture, l’étude de Gaudet et Turcotte (2013) se penche sur les caractéristiques des contextes sociaux qui influencent la participation des citoyens. Selon ces auteurs, la participation sociale est liée à l’inclusion et à la solidarité sociale. De ce fait, les personnes avec un réseau social élargi et diversifié s’impliquent davantage dans des bénévolats. Par contre, les personnes plus à risque d’exclusion sociale, dont les immigrants, seraient plus susceptibles d’être exclues des pratiques de participation sociale.

L’implication des immigrants auprès des organismes communautaires, plus spécifiquement des femmes immigrantes a été explorée dans l’étude d’Andrew (2010). D’après cette chercheuse, la participation des femmes immigrantes dans des associations civiques représente pour celles-ci une série de frontières dont des tensions, des ambigüités et des solidarités au sein des organismes. Une fois les frontières sont dépassées par les femmes, celles-ci s’engagent dans la participation citoyenne égalitaire dans la société canadienne.