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LES TEMOIGNAGES HISTORIQUES

Duarte Pacheco Pereira

Selon ces deux auteurs, la plus ancienne référence aux accoris (aussi appelées perles d’aigris) est portugaise et date du début du XVIe siècle, soit très peu de temps après la

découverte du golfe de Guinée en 147153.

Duarte Pacheco Pereira, dont le portrait est reproduit à la Figure 55, fut un navigateur, un guerrier et un géographe de renom au service du roi du Portugal Jean II. Il fut gouverneur entre 1520 et 1522 de la forteresse Saint Georges de la Mine, situé dans l’actuel Ghana. Il laissa tout au long de sa carrière des écrits sur les négoces entre la forteresse et les

53 Ayres Botelho cite aussi ces perles dans son inventaire d’Axim en 1508 sous la désignation de « coris dos rios »

164 populations locales, notamment Esmeraldo de situ orbis écrit entre 1505 et 1508. Il y mentionna des « perles bleues à lignes rouges que les Noirs appellent coris, que nous achetons pour des bracelets de cuivre jaune et rouges, ces articles sont vendus contre de l’or à la mine » (traduction de Raymond Mauny de 1956, d’après la version anglaise de 1937 et celle en portugais moderne (1892) de l’ouvrage Esmeraldo de situ orbis).

Figure 55 : Portrait de Duarte Pacheo Pereira

La traduction de Raymond Mauny de 1956 diffère de la version anglaise par Kimble où il est question de coquillage (shell). Cette définition anglaise est à comparer avec la description du faux Amiral de Guinée ponctué dans Conchyliologie ou histoire naturelle des coquilles de

mer, d’eau douce, terrestres et fossiles, rédigé par A. J. Désallier d’Argenville en 1780, page

491 : « Le faux Amiral de Guinée ponctué, à robe bleue foncé, à deux zones marron clair, qui en laissent une intermédiaire blanche ponctuée de marron & à marbrures de la même couleur fur le reste de fa robe54. » Ce coquillage est « peu commun » et provient des Côtes de Guinée.

54 Citation brute dont l’écriture modernisée donnerait : « Le faux Amiral de Guinée ponctué, a une robe bleu

foncé, deux zones marron clair, laissant une zone blanche ponctuée de marron et de marbrures de la même couleur sur le reste de sa robe. »

165 Il ressemble à l’amiral de Guinée (autre coquillage) mais est moins effilé et a davantage de bleu.

La description de Duarte Pacheco Pereira semble différer de celle de Désallier d’Argenville par le fait que les stries sont rouges et non marron claires. Mais dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1751-1772), à l’article consacré aux « volutes », le faux amiral de Guinée est décrit « marqueté de tâches longues, déchiquetées, de couleur rouge foncé» (page 395) et dans l’Encyclopédie méthodique de Bruguière (1792) à « Cône de Guinée », la couleur des traits est qualifiée de « roussâtre » (page 697). On en conclut donc que la différence entre le marron et le rouge est une question d’appréciation personnelle, le roux tirant à la fois sur le rouge foncé et sur le brun.

Cherchons donc un exemplaire de ce fameux « faux amiral de Guinée » qui semble si bien correspondre à la description que fait Duarte Pacheco Pereira de ces perles réputées dans le Golfe de Guinée. Les ouvrages sus mentionnés ne donnent pas le nom scientifique de ce coquillage et ne l’illustrent pas. Par ailleurs, cette dénomination ne semble plus être utilisée de nos jours. Cependant deux ouvrages du XIXe siècle permettent de faire le lien entre ce nom

vernaculaire fréquemment utilisé au XVIIIe siècle et le nom scientifique. Le dictionnaire

classique d’histoire naturelle de Jean-Baptiste Bory Saint Vincent publié en 1822, déclare que

le coquillage est également appelé Conus Guinaicus. Le dictionnaire universel d’histoire

naturelle dirigé par Charles d’Orbigny (1841) l’attribue au Conus genuanus. Or, ces deux

taxonomies existent (elles sont acceptées par le World Register of Marine Species) et recouvrent deux sous genres différents. Le Conus Guinaicus est un mollusque marin dont la taille varie entre 22 et 60 mm. Il vit le long de la côte occidentale de l’Océan Atlantique surtout au Sénégal. Le Conus genuanus est également un mollusque marin mais un peu plus grand, entre 33 et 75 mm, et dont la répartition est plus élargie, sa présence étant attestée sur toute la côte atlantique de l’Afrique depuis les îles du cap vert jusqu’en Angola ainsi qu’à Madagascar. La Figure 56 illustre ces deux cônes par des photographies de spécimens.

166 Figure 56: photographies des conus guinaicus et genuanus

Ces deux cônes ont une taille réduite correspondant à la taille d’une perle. Mais en regardant les photographies de ces coquilles, on remarque qu’elles ne peuvent pas être les fameux akoris car la présence du brun-rouge est très marquée, alors que ce trait de description est contingent pour Duarte Pereira et ne figure pas dans les descriptions ultérieures.

Selon John Donnelly Fage (1981), il s’agit d’une erreur qui s’est introduite suite aux multiples copies manuscrites de l’ouvrage, les termes conchas (coquille) et contas (perle) étant proches. Ainsi, Raymond Mauny aurait corrigé cette erreur en omettant le terme coquille. Cette première mention des akori est donc insuffisante pour permettre de reconnaître une perle d’aigris. Heureusement, les descriptions du XVIe au XVIIIe siècle

apportent de nouveaux éléments pour caractériser ce type de perles.

Giovanni Battista Ramusio et Léon l’Africain

La description de Giovanni Battista Ramusio est particulièrement riche bien que concise. Elle permet de mieux s’imaginer l’aspect de ces perles et évoque même leur provenance. Ramusio fut un géographe italien (1485-1557) qui répertoria l’ensemble de ses voyages ainsi que ceux qu’il a lu55, dans un ouvrage en toscan intitulé Navigationi et Viaggi.

Ce livre, publié pour la première fois en 1550, fut complété en 1554 et republié de nombreuses fois après sa mort (1563, 1588, 1606 et 1613). Il fut traduit en français et en latin dès 1554, ce qui a permis une très large diffusion56. Voici un extrait du texte original (1606, vol. 1, p.113):

55 Il était polyglotte et donc a traduit des documents en arabe, comme ceux de Léon l’Africain. 56 Cf. chapitres 1 et 2 de O. Zhiri, 1991, l’Afrique au miroir de l’Europe.

167 « (…)prendendo da loro diuerse cose, massime paternostri fatti di vedro, & di unaltra sorte di patri nostri fatti di una pietra azurra, non dico lapis lazuli, ma di attra minera, liquali il nostro Re fa venir del Rogno di Manicongo, doue nasce detta pietra & sono fatti dettri paternostri a modo di cannellette sottili & gli chiamono corili, & per tal sorte danno assai oro, per esser grandemente estimati da tutti li Negri, quali li metono al fuoco per verder che non siano falsificati perche pur ne vengano condotti fatti di vedro che sono molto simili & non stanno al cimento del fuoco.57 » Ce texte est basé sur le récit de Léon l’Africain (de son vrai nom al-

Hasan ibn Muhammad al-Zayyātī al-Fāsī al-Wazzān ou Jean Léon de Médicis après baptême) dont une traduction en français a été faite par Jean Temporal en 155658.

Les données apportées dans ce paragraphe sont nombreuses. Ce matériau bleu très apprécié n’est pas du lapis lazuli. Il provient du royaume de Manicongo. On l’appelle corili. Il est commercialisé sous forme de perles tubulaires. Enfin, il existe de nombreuses contrefaçons en verre de bonne qualité qu’on détecte par l’épreuve du feu, car les véritables perles résistent au feu.

La carte de la Figure 57 est issue du Navigationi e Viaggi de 1563. Elle a été réalisée par Giacomo Gastaldi. Elle présente l’Afrique vue du sud et ne limite pas le royaume de Manicongo. Il est situé au sud du golfe de Guinée et au nord du désert. La carte de 1556 publiée par Jean Temporal pour Historiale description de l’Afrique (traduction française du texte de Léon l’Africain) présente la même imprécision (cf. Figure 58).

57 Traduction de Raymond Mauny : « ils exigeaient principalement des chapelets de verre et une autre sorte de

chapelet, fait d’une pierre bleue, je ne dis pas lapis lazuli mais d’un autre minéral que notre roi fait venir du royaume de Manicongo où nait cette pierre et ces chapelets sont faits en manière de petits tubes minces, et ils les appellent « corili » et pour cette sorte là, ils donnent beaucoup d’or, car ils sont grandement estimés de tous les Noirs, qui les mettent au feu pour voir s’ils ne sont pas falsifiés, car on en fabrique en verre qui leur ressemblent beaucoup mais qui ne résistent pas à l’épreuve du feu. »

58 Cf. J. Léon, 1556, historiale description de l’Afrique : tierce partie du monde, Lyon, éd. J. Temporal, p. 484. « (…)

pierre tirant sur la couleur azur : je n’entend pas celle qu’on appelle Lapi lazuli, mais d’une autre qualité que notre roi fait venir du Royaume de Manicongo, où croît icelle pierre, & sont faites en forme de petits canons subtils, qu’ils appellent caril ; & en échange l’on donne assez d’or pur et fin, pour autant que ces Noirs ont en grand estime ces pierres : lesquelles ils mettent au feu, pour éprouver si elles sont bonnes et naturelles, à cause qu’il en trouve de verre qui les ressemblent, mais étant fausses et contrefaites, elles ne peuvent endurer le feu. »

168 Figure 57: carte de Gastaldi édition 1563 de Navigationi e viaggi

169 Figure 58: carte de 1556 (édition française)

Richard Hakluyt

Richard Hakluyt était ecclésiastique, historien, géographe, traducteur, éditeur et diplomate sous le règne d’Elisabeth Ière. Il est connu pour avoir écrit et publié en 1589 The

Principall Navigations, Voiages and Discoveries of the English Nation. Ce livre contient une

courte mention des perles dans le volume 4 à la page 88 : « they weare also collars, bracelets, garlands and girdles and a certain blew stones like beads 59». Le terme « blew » doit se

comprendre non comme un adjectif dérivé du verbe blow (souffler) mais comme une écriture alternative de « blue » qui signifie bleu. Le texte apporte des renseignements sur le montage de ces perles : elles sont portées en collier, en bracelet, en ceinture et en ornement. La comparaison avec des perles montre que leur aspect doit différer des perles commercialisées provenant d’Europe, aussi appelées « margarites ». Dans la liste qui recense les objets les plus convoités en Guinée (p.139), on retrouve cette dichotomie puisque les marguerites et autres perles sont citées sur une même ligne, alors que les « blew Corall » sont sur une autre.

Figure 59: Vitrail représentant Richard Hakluyt (Bristol)

59 Traduction : « ils portent également des colliers, des bracelets, des ornements et des ceintures de certaines

170 A l’instar de Ramusio, Richard Hakluyt précise que ces « corall » ont une origine minérale (« stone »). Il en sera ainsi pour l’ensemble des textes du XVIIe siècle et du début du

XVIIIe siècle qui traiteront du sujet.

Pieter de Marees

Pieter de Marees était un commerçant hollandais et un explorateur. Il écrivit en 1602

Beschrijvinghe ende historische verhael van het goutte Koninckrijck van Gunea anders de Gout- custe de Mina genaemt, liggende in het deel van Afrique qui fut aussitôt traduit en anglais sous

le titre de Description and historical account of the gold kingdom of Guinea et trois ans plus tard en français : Description et récit historial du riche royaume d’or de Guinea (1605).

En explorant le passage entre la Côte d’Or (actuel Ghana) et le royaume du Bénin qui s’étire jusqu’au rio Florado, il décrit brièvement une production de perles qui semblent être des perles d’aigris, à l’embouchure d’un fleuve situé à l’orient du royaume. En effet, il déclare qu’ils produisent des pierres bleues vertes et noires, qui seront vendues sous forme de perles très chères dans tout le Golfe de Guinée, en particulier dans la Côte d’ Or (1605, p.90) :

« En cette rivière ne trouve on aultre singularité qui vaille hormis certaines pierrettes bleues verdes & noires dont ils aiguisent des coralis & pour leur élégance de couleur, les veulent bien avoir les autres Negros signamment à la Coste d’Or de Guinea ou qu’ils sont en grand pris & estime entre les Negros60».

Cette carte presque contemporaine des écrits (Figure 60) a été réalisée par Hondius en 1606 ; elle établit les frontières du royaume du Bénin ainsi que les embouchures de cours d’eau. Aucun fleuve Florado n’est indiqué ; en revanche, la rivière qui détermine la frontière orientale du royaume est le rio de Camaroins, qui se situe dans l’actuel estuaire du fleuve Wouri au Cameroun.

60 En langue actualisée, on pourrait traduire ce passage ainsi : « Dans cette rivière, on ne trouve pas d’autre

intérêt que ces petites pierres bleues vertes et noires qu’on polit en corili ; et pour leur élégance de couleurs, les Noirs les achètent, en particulier à la Côte d’Or de Guinée où elles sont très chères et très appréciées par les Noirs. »

171 Figure 60: détail d’une carte représentant le golfe de Guinée par Hondius (1606)

Samuel Brun

Samuel Brun était chirurgien à Bâle et a embarqué sur des navires hollandais de 1611 à 1620. De ses voyages, il a publié un ouvrage intitulé Schiffarten en 1617 qui fut traduit par Bouchaud en 1947. Il confirme la provenance de Guinée orientale donnée par Pieter de Marees en écrivant à propos des populations à l’embouchure de la rivière Cameroun (p.112):

« Les indigènes sont tellement dépourvus qu’ils n’ont rien à échanger contre les marchandises européennes, sauf une sorte de petite pierre qu’ils appellent accarin et qu’ils prétendaient nous faire accepter comme une variété de pierre précieuse. Cette pierre croît dans la mer, le long des falaises et des écueils comme le corail. Si l’on regarde de loin, elle paraît brillante et d’une couleur bleu ciel, mais si on l’examine de près, on s’aperçoit qu’elle est transparente et d’une nuance verdâtre. En échange de ces pierres, qu’elles soient précieuses ou non, les Africains ne demandent qu’une grande quantité de ces petits coquillages qui servent de

172 monnaie. Transportées en Guinée, ces pierres bleuâtres se vendent fort cher et sont évaluées littéralement à prix d’or. »

Outre la provenance, l’auteur nous révèle de nombreuses informations. Tout d’abord l’aspect plus précis de cette pierre : sa couleur dichroïque bleu ciel- verdâtre, sa translucidité et sa brillance. Ensuite, ce matériau serait d’origine marine. Et enfin, il n’est possible d’en acquérir qu’en donnant des cauris (de son nom scientifique Monetaria moneta à cause de son rôle de monnaie).

Olfert Dapper

Contrairement aux autres auteurs précédemment mentionnés, Olfert Dapper n’a jamais été en Afrique. Il a pourtant écrit et publié Description de l’Afrique en 1686 (version flamande en 1668), à partir des informations qu’il glanait des commerçants et explorateurs. Il concilie les différentes versions qu’il a pu obtenir : les perles d’aigris (ou Acori) proviennent de l’eau entre le royaume de Bénin (p. 310), d’Ouwere (p.314), et le territoire du peuple Calbongos situé aux alentours du rio de Camarones (p. 316). Il définit l’Acori comme « une espèce de corail bleu, qui croît dans l’eau, sur un fond pierreux en forme d’arbre ».

Jean Barbot

Ce navigateur protestant travailla pour la compagnie française des Indes occidentales jusqu’à la révocation de l’édit de Nantes (1685). Il écrivit donc sa Description des côtes

d’Afrique depuis le cap Bojador jusqu’à celui de Lopo Gonzalez en français en 1688, puis la

traduit en anglais en 1732. Il ne reste que quelques fragments manuscrits de l’ouvrage en français. Par contre, la version anglaise fut publiée à maintes reprises dans son intégralité. La troisième lettre mentionne les fameuses perles (p. 142 du manuscrit français ou p. 657 pour la version anglaise) :

« Les Hollandais font plus de commerce à Ardres qu’aucun autre Européen suivi des Anglais ; les lieux de traite ordinaire sont Ardres petit et à Offa. Ils en retirent des esclaves, des pagnes de coton, et des pierres bleues (qu’on appelle Accory si estimées à la Côte d’Or). »

173 La dix-septième lettre présente également des petites pierres bleues aussi chères que l’or et utilisées en ornementation de « babioles » ou « trinkets »61. Or, il ne les nomme pas

accory ni aigris mais Conta da Terre. Il ne semble pas faire le lien entre ce qu’il a décrit dans ces deux lettres.

Les informations contenues dans la troisième lettre sont des redites des ouvrages précédents. En effet, Jean Barbot, de nationalité française puis anglaise, ne put jamais travailler dans ces régions où le monopole était détenu par les Hollandais depuis 1641. En revanche, les informations de la dix-septième lettre sont tirées de ses observations. Le croquis qu’il joint à cette lettre en est la preuve (Figure 61). Le terme « Conta da terre » fait référence au portugais qui signifie perle provenant de la terre, du pays.

61 « J’ai spécialement préparé pour vous une illustration montrant ces babioles, pour que vous puissiez mieux les

visualiser. La plupart sont en or ou en conta de terre qui est une pierre bleue du Bénin aussi chère que l’or lui- même. »

174 Figure 61 : illustration des « babioles » (« trincklets ») portés en collier faits en conta de terre

Jean Baptiste Ducasse

Jean Baptiste Ducasse, dont la Figure 62 présente son portrait d’apparat, fut un officier de marine, directeur de la compagnie du Sénégal et administrateur colonial français. Il prit part activement à la traite des esclaves. Il écrivit en 1688 Relation de voyage de Guynée fait

en 1687 sur la frégate « La Tempeste ». Cet ouvrage a été publié intégralement par Paul Roussier en 1935 dans : l’établissement d’Issigny 1687-1702. Voyage de Ducasse, Tibierge et

d’Amon à la Côte de Guinée publiés pour la première fois et suivis de la relation de voyage du royaume d’Issiny par P. Godefroy de Loyer. Il décrit la rivière de Bénin ainsi (p.15):

« L’on y négocie que peu d’esclaves, le Roy ne souffrant point qu’il soit vendu des hommes, mais un très grand nombre de pagnes, partis pour la Coste d’Or d’autres pour l’Angola. Les Hollandais pratiquent plus ce commerce que toutes autres nations ensemble. Il s’y trouve aussi du poivre, mais la politique des Hollandais en a empêché la culture. Ils y traitent de l’acory et des pierres de jaspes qu’ils transportent à la Coste d’Or. Depuis Bénin jusques au cap de Lopès, les Hollandais et les interlopes négocient dans les pays nommés Forcado, Rivière d’Ouvere, Isle d’Amboise, Gabon, Cap de Lopès. Tout cela ensemble fournit trois à quatre cents esclaves, de l’acory, des pierres de jaspes, dix ou douze mille livres de cire, vingt à vingt-cinq mille d’ivoire. »

Ce témoignage, s’il ne décrit pas les acory, présente en détail les lieux de production de l’acory. On remarque que l’épicentre de ces perles est le Mont Amboise (ou Mont Cameroun).

175 Figure 62 : portrait de Jean Baptiste Ducasse par Hyacinthe Rigaud

Guillaume ou Willem Bosman

Willem Bosman fut un marchand néerlandais au service de la Compagnie hollandaise des Indes occidentales de la fin du XVIIe siècle au début du XVIIIe siècle. Il fut à la fin de sa vie

sous-commandeur de la Côte d’Or et conseiller premier marchand au château St George d’Elmina. Tombé en disgrâce en 1701, il fut contraint de retourner en Hollande, alors qu’il vivait en Guinée depuis ses seize ans. Il y écrivit une description de Guinée qu’il publia en 1703, où il se prononça contre le développement de la traite des esclaves au détriment du commerce de l’or. Cet ouvrage eut un très large succès62 et fut traduit en français dès 1705

sous le titre Voyage de Guinée contenant une description nouvelle et très exacte de cette côte