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COULEURS ET DECORS

Les couleurs et les décors sont des composantes importantes de l'attractivité des perles. Cette section regroupe une partie des données préalablement exposées et propose une analyse commune aux perles du Cameroun.

Quel que soit le matériau utilisé, la couleur et le lustre sont des critères déterminants pour l'élaboration d'une perle. Toutes périodes et régions du Cameroun confondues, ce sont le rouge et le blanc qui sont les teintes majoritaires. On retrouve le rouge notamment dans les perles de verre et de faïence, dans les perles en terre cuite à engobe ocrée et les pierres

155 cornalines. Pour les métaux, le cuivre (tirant lorsqu'il n'est pas oxydé vers les tons de rouge ou doré lorsqu'il est allié à du zinc, plomb ou étain) est la teinte métallique privilégiée. Le blanc est plus présent dans les perles en calcite, les cauris, les graines en Coix lacryma jobis et les tests d'œufs d'autruche.

Les perles à chevrons sont à dominante de bleu à lignes blanches et rouges. Or, grâce au répertoire des perles, nous savons que les rosetta peuvent être avec d'autres couleurs majoritaires. Le bleu est une couleur que l'on voit principalement dans le verre, puisque les pigments et matériaux naturels bleus sont assez rares. Deux teintes sont très différenciées : le bleu ciel tirant parfois sur le turquoise et le bleu nuit. Le bleu ciel se trouve majoritaire dans les productions actuelles des Kapsiki et anciennement dans les perles d'Igbo Ukwu et de quelques sites Sao, tandis que le bleu foncé est très prisé des Fali (peuple actuel du Nord Cameroun) et des Bamiléké. Les rapports de fouilles archéologiques stipulent que ce bleu sombre se retrouve aussi dans les sites archéologiques Sao en faibles quantités.

Les perles à stries sont à dominante blanche avec des stries rouge-rosées et bleues. Le rose, sorte de rouge à saturation incomplète et pastelle, est parfois très présent comme chez les Bamiléké du XVIIIe siècle, mais le plus souvent rare voire absent. On peut en conclure

qu'elle présente des courants de mode. Le marron, également de la gamme des rouges insaturés mais sombre, est peu présent sauf dans la catégorie des perles à coques de fruits. D'une manière générale, les couleurs terreuses sont actuellement peu appréciées. Dans les données archéologiques, un doute plane pour certaines perles en terre cuite qui ne semblent pas être teintes.

Une difficulté se présente pour donner une vision des goûts colorés d'après les résultats de fouille. En effet, une partie des perles avaient subi des altérations de matière si importantes que la couleur avait disparu. Ainsi les perles en corail rouge sont devenues blanchâtres et pulvérulentes suite à leur enfouissement. La raison est simple : le corail est fait de calcite, un matériau de pH basique, qui réagit avec la terre humique (acide) du Cameroun. Plus le couvert végétal est dense, plus la terre a tendance à être acide, du fait de l'apport d'humus par la décomposition des plantes. La réaction chimique entre ces deux éléments endommage le matériau et donc la perception physique des perles : au lieu d'être rouges et brillantes, elles deviennent blanches et ternes. Ce problème peut potentiellement se poser

156 pour tout objet à tendance calcaire, comme l'os ou les coquilles. De même, l'effet du temps peut modifier les couleurs initiales des perles. C'est le cas des perles peintes dont souvent il ne reste plus que des traces, la peinture ou l'engobe s'étant écaillée par frottements. Par ailleurs, les données archéologiques sont relativement peu nombreuses, et presque toutes réalisées en contexte funéraire. Or, il est possible que le funéraire obéisse à des codes couleurs spécifiques, restreignant la palette de couleurs visibles et portées dans la vie quotidienne.

Lorsque les perles n'ont pas de décor uni, ce qui est rare, elles ont des couleurs contrastées et en trio avec une couleur dominante et deux autres en des proportions inégales. De rares perles à décor de pois et croix à dominante noire ont été trouvées (sous dominante : blanche et minoritaire jaune) mais ce type de perles est plus fréquent en Afrique australe, en particulier en Angola. De même, les perles ocellées à dominante jaune sont courantes au Ghana et en Côte d'Ivoire mais fort rares au Cameroun.

En résumé, les perles du Cameroun sont souvent unies, avec une prédominance de rouge et de blanc. D'autres couleurs peuvent être présentes mais sont souvent dues à une mode, contrairement aux couleurs majoritaires que l'on retrouve à toutes les époques et sur de multiples matériaux. Les couleurs vives sont particulièrement appréciées. Lorsque les perles possèdent plusieurs couleurs, elles sont fortement contrastées afin de faire ressortir le motif décoratif géométrique. Les perles polychromes suivent généralement un schéma tripartite avec une couleur majoritaire, une couleur secondaire et une couleur minoritaire, ce qui accentue davantage les contrastes colorimétriques en introduisant un contraste quantitatif. La présence de modes dans le choix des couleurs et des motifs a incité les archéologues à étudier les perles afin d'en faire des marqueurs chronoculturels.