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III. Dumbledore dans le doublage et le sous-titrage

2. Les relations entre Dumbledore et les autres personnages

Comme nous l’avons vu auparavant, Dumbledore jouit d’une bonne réputation dans le monde magique. Sorcier d’une grande sagesse, il est grandement apprécié du corps professoral de Poudlard, notamment pour ses qualités humaines. Il n’hésite pas à défendre le professeur Trelawnay lorsque la Grande inquisitrice, Dolores Umbridge [Dolores Ombrage], la licencie et la somme de quitter le château alors même qu’elle n’a nulle part où aller. Rares sont ceux

68 ‘Dumbledore was pretty good at legilimency’(POTTERMORE, A guide to legilimency, [en ligne]

https://www.pottermore.com/features/a-guide-to-legilimency, consulté le 5 juillet 2019).

69 “For a fleeting instant, Harry thought he saw a gleam of something like triumph in Dumbledore’s eyes. But next second, Harry was sure he had imagined it, for when Dumbledore had returned to his seat behind the desk, he looked as old and weary as Harry had never seen him.” (HP 4 ANG, p.585).

qui l’appellent par son prénom. Seuls les professeurs et les personnes haut-gradées l’appellent Albus à certaines occasions bien spécifiques. Une majorité de personnages préfère l’appeler Sir [Monsieur], Headmaster [Monsieur le Directeur], ou Professor [Professeur] pour montrer le respect qui lui est dû en raison de sa position d’autorité.

Albus Dumbledore joue un rôle primordial dans la vie de Harry Potter. Au même titre que Arthur Weasley, Remus Lupin et Sirius Black, il représente une figure paternelle de substitution pour Harry. Le jeune sorcier lui voue une grande admiration. Preuve en est l’aide apportée à Harry par Fawkes [Fumseck], le phénix de Dumbledore, dans la Chambre des secrets. Le directeur explique cette apparition par la loyauté sans faille dont Harry a fait preuve à son égard 70. De même, lorsque Abelforth critique ouvertement le comportement égoïste de son frère, Harry continue de le défendre, en dépit des éléments dérangeants du passé de Dumbledore qui lui ont été révélés, et bien qu’il ait l’impression d’en savoir si peu sur lui qu’il pense ne pas réellement le connaître. Les deux sorciers partagent un certain goût pour la transgression des règles, surtout lorsqu’ils estiment qu’elles sont injustes. Isabelle Smadja explique ainsi que :

Les deux personnages principaux, Dumbledore et Harry, sont d’ailleurs constamment présentés comme étant capables, au besoin, de désobéir aux règlements, capables donc d’avoir une ténacité et un courage suffisants pour transgresser les règles lorsqu’elles sont un obstacle à la poursuite du bien. (Smadja, 2001 : 34)

Lorsque Dumbledore est assassiné (dans le sixième tome), sa nécrologie est rédigée par Elphias Doge. Selon lui, la tragédie qui a touché la famille Dumbledore a sans doute rendu Albus plus humain et empathique. Il savait voir ce qu’il y a de bon en chaque personne, même si cette part était infime ou bien cachée. Un parallèle est établi entre cette nécrologie et un ouvrage paru au même moment, le livre de Rita Skeeter, une journaliste prête à déformer la vérité pour mieux vendre ses ouvrages. Dans Life and lies of Albus Dumbledore [Vie et mensonges d’Albus Dumbledore], elle présente le personnage comme un imposteur, qui s’oppose aux forces du mal alors même qu’il a eu, dans sa jeunesse, des idéaux fort peu convenables. Elle raconte également que les douze vertus du sang de dragon n’auraient pas été découvertes par Dumbledore, et qu’il se serait attribué les mérites d’un certain Ivor Dillonsby. Il ne faut cependant pas accorder trop de crédit aux histoires racontées par Rita

70 HP 2 ANG, p.351 / HP 2 FR, p. 348

Skeeter, la journaliste cherchant davantage à faire sensation qu’à raconter les faits tels qu’ils se sont réellement produits.

Les six premiers tomes nous présentent un Dumbledore vertueux, calme, et d’une sérénité à toute épreuve. Toutefois, dans le dernier tome, certains aspects plus sombres de sa personnalité ressortent. Comme nous l’avons vu, Albus Dumbledore entretient une relation conflictuelle avec le seul membre de sa famille toujours en vie, son frère. Abelforth explique ainsi que les actes de son frère aîné avaient une fâcheuse tendance à blesser ses proches et qu’il avait trop d’attentes à l’égard des autres. Il ajoute qu’Albus était égoïste, qu’il mentait avec une facilité déconcertante et que, lorsqu’ils étaient plus jeunes, il considérait que sa famille était un frein à sa grandeur. Selon Abelforth, la soif de pouvoir de son frère aîné était entretenue par son amitié avec Gellert Grindelwald. Ce dernier avait pour ambition d’asservir les moldus au nom du « plus grand bien » (The Greater Good), assurant ainsi la domination des sorciers sur le reste du monde, un idéal partagé, à cette époque, par Dumbledore.

Lorsqu’il parle de lui-même, Albus Dumbledore reconnaît volontiers son talent et son intelligence. Il admet néanmoins avoir commis des erreurs, notamment dans sa jeunesse. Il explique ainsi : « J’étais doué. J’étais brillant. Je voulais m’échapper. Je voulais étinceler. Je voulais la gloire »71. La soif de pouvoir était sa faiblesse et sa tentation et il tentait par tous les moyens de ne pas y céder, ce qui explique en partie pourquoi il a refusé, à de multiples occasions, le poste de ministre de la magie. Dans le dernier tome de la saga, il se définit lui-même comme quelqu’un d’égoïste, de cruel, de méprisable, et lui-même de lâche.

Malgré le portrait très négatif qu’il dépeint de lui-même, Dumbledore reste, aux yeux d’une très grande majorité de la communauté magique, un fervent défenseur du Bien. En cela, Voldemort et Dumbledore sont aux antipodes. Voldemort représente le mal absolu, la figure diabolique (Smadja, 2001 : 44). Extrêmement puissant, d’une intelligence supérieure, il a mis tous ses pouvoirs au service du mal et de la terreur72, tandis que Dumbledore a fait le choix d’utiliser ses pouvoirs pour faire le bien.

Voldemort, héritier de Salazar Serpentard, est ainsi confronté à Dumbledore, chef de la maison des Gryffondor, comme un écho au combat entre Dieu et Satan. (Smadja, 2001 : 45)

71 (HP 7 FR, p. 764) / « I was gifted. I was brilliant. I wanted to escape. I wanted to shine. I wanted glory » (HP 7 ANG, p. 585)

72 Ibid.

Pour J. K. Rowling, Dumbledore représente la « quintessence de la bonté »73. C’est un personnage qu’elle apprécie particulièrement. Elle a été amenée à parler plus en détail du personnage de Dumbledore, qui était au centre d’intenses discussions depuis quelques années déjà. Certains fans s’interrogeaient sur la relation entre Dumbledore et Gellert Grindelwald, d’abord ami, puis rival. À la surprise générale, elle a affirmé dans une interview que Dumbledore éprouvait des sentiments amoureux pour Grindelwald.

[…] I always thought of Dumbledore as gay. Dumbledore fell in love with Grindelwald, and that added to his horror when Grindelwald showed himself to be what he was… Do we say it excused Dumbledore a little more because falling in love can blind us to an extent? But he met someone as brilliant as he was, and rather like Bellatrix he was very drawn to this brilliant person, and horribly, terribly let down by him.74

Plus encore que de l’admiration, Dumbledore aurait donc bien été amoureux de Grindelwald.

Cette annonce a globalement reçu un accueil favorable de la part du public. Néanmoins, nombreux sont les fans qui regrettent que l’homosexualité de Dumbledore ne soit pas plus explicitement évoquée (Respers France, 2018).

L’amour déçu de Dumbledore pour Grindelwald est sa seconde tragédie personnelle, la première étant celle qui a touché sa famille. Ces deux évènements l’ont particulièrement marqué et fait souffrir. Ainsi, lorsqu’il trouve la bague de Gaunt, à laquelle est intégrée la Pierre de résurrection, il pense qu’en la portant, il va pouvoir faire revenir à la vie ceux qu’il a perdus et qu’il va pouvoir leur dire à quel point il regrette son comportement.

Albus Dumbledore est un personnage aux multiples facettes, à la fois espiègle et mystérieux.

Dans le dernier tome de la saga, son passé est mis au jour, ce qui permet une meilleure compréhension du personnage. Le lecteur découvre que, bien qu’étant un sorcier extraordinairement doué, droit, juste, et d’une grande sagesse, Dumbledore a connu des échecs, commis des impairs et doit vivre avec ses regrets. Il devient ainsi beaucoup plus humain.

73 ‘The epitome of goodness’, http://www.accio-quote.org/articles/2000/0700-hottype-solomon.htm

74 Retranscription de l’interview de J.K. Rowling sur le site internet The Leaky Cauldron : http://www.the-leaky- cauldron.org/2007/10/20/j-k-rowling-at-carnegie-hall-reveals-dumbledore-is-gay-neville-marries-hannah-abbott-and-scores-more/ (consulté le 29 juin 2019)