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II. Considérations théoriques sur le doublage et le sous-titrage sous-titrage

2. Les contraintes du sous-titrage

a. Le temps

Les conventions appliquées au titrage dépendent souvent du commanditaire du sous-titrage. Néanmoins, il est possible de dégager un principe général, la règle dite des six secondes. Un lecteur moyen met approximativement six secondes à lire et à assimiler une information contenue dans deux lignes de sous-titres lorsque chaque ligne contient 35 à 37 caractères (Díaz-Cintas, 2008 : 38). Dans la rédaction des sous-titres, l’adaptateur doit donc prendre en compte le fait qu’en six secondes, le lecteur peut lire entre 70 et 74 caractères.

Le temps revêt une grande importance dans le sous-titrage. Quel que soit le niveau d’éducation du lecteur, il lui faudra toujours plus de temps pour lire que pour parler : la compréhension d’un message oral sera plus rapide que la compréhension d’un message écrit.

La suppression de certains éléments lexicaux présents à l’oral est donc fréquemment rendue

nécessaire par le passage d’un mode de discours oral à un mode de discours écrit (Díaz Cintas, 2008 : 28). Lors du visionnage d’un film en version sous-titrée, le spectateur doit avoir le temps de voir l’image ainsi que de décrypter les signes non verbaux qu’elle comporte, et de lire le sous-titrage. L’adaptateur doit donc veiller à raccourcir, à condenser, voire à supprimer, certains signifiés (Gambier, 1996 : 148). Il n’a souvent pas la possibilité de tout traduire. De plus, plus le débit de parole du locuteur est rapide, moins l’adaptateur aura de temps à disposition pour l’affichage du sous-titre.

Le sous-titre doit apparaître un quart de seconde après le début de la réplique, soit le temps nécessaire pour que le cerveau appréhende le surgissement de la production orale, puis guider l’œil vers le bas de l’écran (Franzelli, 2013 : 68). En principe, le sous-titre devrait disparaître deux secondes après la fin de la réplique. Une prolongation de ce temps est déstabilisante pour le lecteur.

b. Le nombre de caractères

Le sous-titrage dépend du format de distribution : il existe en effet des différences importantes entre les images destinées au cinéma et à la télévision. Ainsi, pour un long métrage 35 mm de 90 minutes, il faut compter 900 sous-titres dans la salle de cinéma, 750 pour la vidéo et 650 pour la télévision (Gambier, 2004 : 2). Au cinéma, les sous-titres peuvent aller jusqu’à 40-41 caractères tandis qu’à la télévision, ils sont plus courts (28 à 37 caractères en moyenne). Cette différence s’explique par le fait qu’il est plus facile de lire un texte sur un écran de cinéma que sur un écran de télévision.

Comme nous l’avons vu précédemment, il faut six secondes à un lecteur pour lire et assimiler un sous-titre placé sur deux lignes et comportant entre 70 et 74 caractères. Un nombre trop important de caractères affecterait l’intelligibilité du sous-titre, le lecteur n’ayant pas le temps de prendre connaissance du message et de le décrypter. De plus, un sous-titre composé de 40 caractères ou plus offre une lisibilité réduite, la taille de la police se trouvant inévitablement diminuée (Orero, 2008 : 64).

Un sous-titre se limite généralement à deux lignes. Cependant, certaines études soulignent qu’il est possible d’aller jusqu’à quatre lignes. Un sous-titre composé de quatre lignes placé en bas de l’écran viendrait empiéter sur l’image. En conséquence, le texte serait déplacé sur

un côté de l’image. Il n’existe pas de réelle norme imposant un sous-titrage sur deux lignes.

Selon Pilar Orero (2008), une étude prouvant l’optimisation de la lisibilité lorsque le sous-titre est placé sur deux lignes serait nécessaire pour que le nombre de lignes puisse être homologué.

Figure 1 : Exemples de présentation inadéquate / adéquate du sous-titrage (Orero, 2008 : 63) c. Le changement de plan

Un plan est composé d’un ensemble de prises de vue sans interruption. Il dure généralement quelques secondes et constitue l’unité de base du langage cinématographique. L’association de différents plans forme une scène ou séquence. Lors du repérage, le spécialiste va signaler les changements de plan ainsi que leur durée, afin de s’assurer que les futurs sous-titres ne resteront pas à l’écran lors de ces changements (Lavaur & Şerban, 2008 : 143).

Les changements de plan représentent une contrainte importante du sous-titrage. Daniel Becquemont explique qu’un sous-titre présent lors du changement de plan déstabiliserait le spectateur :

[…] chaque plan constitue une sorte d’unité globale, dans laquelle s’insère, en intrus, le sous-titre. Il en résulte qu’un sous-titre doit faire partie d’un plan et d’un seul. En effet, lorsqu’il chevauche deux plans, le spectateur-lecteur, inconsciemment [sic] commence à lire le sous-titre sur le premier plan, et, au moment du changement de plan, recommencerait à lire le même sous-titre depuis le début. (Becquemont, 1996 : 150)

On considère qu’il y a changement de plan quand il y a un changement de thématique. Ne doit pas être considéré comme un changement de plan le passage d’un gros plan à un plan plus large (Franzelli, 2013 : 69). Le sous-titre ne doit pas être présent sur deux plans différents,

mais l’adaptateur doit également s’assurer qu’il ne soit pas inséré lors d’un changement de plan.

La contrainte relative au changement de plan est d’autant plus contraignante que le montage est serré, composé de plans courts au cours desquels les personnages se coupent la parole ou s’expriment en même temps.