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Les processus géomorphologiques induits par des causes naturelles

Synthèse partielle 1

4.2.2. Résultats et discussions

4.2.2.1. Les processus géomorphologiques induits par des causes naturelles

L'analyse cartographique recense 1729 processus géomorphologiques, dont la superficie totale est d’environ 2332 ha. Sur la Figure IV.12 - C les zones présentant la plus forte densité de processus géomorphologiques de grande surface sont marquées de contours rouges. Les processus qui affectent les plus larges surfaces se situent dans le Piémont Gétique, correspondant principalement à la zone superposée au bassin de la rivière Jilț et au bassin d’exploitation du lignite de Motru - Rovinari. Également, dans le cours supérieur de la rivière Amaradia, les processus affectent des zones plus vastes (Figure IV.12 – B). Le long de la rivière Jiu, des processus avec des aires importantes se trouvent dans le secteur inférieur, où une série de glissements de terrain affecte les versants qui accompagnent la plaine alluviale de la rivière. Les Figures IV.12 A et C montrent que les glissements de terrain sont dominants à la fois en surface et en nombre, ainsi que dans la profondeur à laquelle ils atteignent, la plupart d'entre eux étant de grande profondeur. Il convient de mentionner que les statistiques illustrées dans la Figure IV.12 ne concernent que 4 processus géomorphologiques sur 5, l’érosion en nappe n’étant pas ciblée. Aussi, la profondeur ne regardait pas les chutes de pierres qui n'ont été analysées que du point de vue de la surface occupée et, comme nous le verrons plus loin, du point de vue lithologique.

En ce qui concerne les autres attributs, nous présenterons les résultats les plus pertinents à titre d’exemple quelques images des processus géomorphologiques cartographiés (Figures IV.13 et IV.14).

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Figure IV.12. Représentation des processus géomorphologiques cartographiés le long des rivières principales : A – La

fréquence absolue des processus géomorphologiques et leur profondeur ; B – La répartition des processus géomorphologiques sur les rivières ; C – La carte des processus géomorphologiques en fonction de leur superficie

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Figure IV.14. Exemples de processus géomorphologique cartographié : coulées, ravines, chutes de pierres, érosion en

nappe (Source des images : ANCPI)

Les glissements de terrain étant plus nombreux et étudiés du point de vue de plusieurs attributs, ils sont illustrés par plusieurs exemples que les 4 autres processus.

Chacune des 3 classes de profondeur considérées dans l'analyse (faible profondeur lorsqu’elle est inférieure à 1,5 m; moyenne - comprise entre 1,5 et 3 m et respectivement - supérieure à 3 m) est illustrée par une image différente. Ces évaluations n'ont pas été effectuées sur la base de mesures sur le terrain, mais en fonction du rapport entre sa surface et le matériau impliqué dans le mouvement le long de la pente, etc.). L’appréciation de la profondeur s’est faite surtout sur des caractéristiques de forme du glissement et sur la base des déformations visibles sur le terrain (végétation, corps glissant etc), ainsi que sur l’épaisseur du corps glissant observer sur les cartes topographiques ou les images aériennes.

Premièrement nous avons cherché à savoir comment ces processus sont associés à différentes formations lithologiques. Les roches les plus susceptibles pour engendrer des processus de versant et qui ont retenu notre attention sont : les schistes (pour les chutes de pierres), les marnes et les argiles (pour les glissements de terrain et les coulées), les conglomérats et les calcaires (pour tout processus qui se forme à la base de la dissolution et l’érosion de surface), les granites (pour analyser à quel point leur résistance empêche la genèse de certains processus de pente), les roches charbonneuses (pour voir s'il existe des endroits propice pour l'érosion et la mobilisation naturelle des particules de charbon). Les processus qui ne correspondaient à aucune des formations lithologiques d'intérêt ont été classés dans la catégorie "Autres".

Le Tableau IV.7 illustre la synthèse des processus identifiés. La classification en facteurs des formations lithologiques désigne le nombre de processus par catégorie, tandis que la superficie rapportée est celle totale, indépendamment de la lithologie.

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Tableau IV.7. Inventaire des processus géomorphologiques (nombre) associés aux formations lithologiques d’intérêt

dans le bassin de la rivière Jiu

Glissements Ravines Coulées Chutes de pierres Erosion en nappe

Schists 24 3 - - - Marnes 608 10 2 - - Calcaires 10 5 - - - Conglomerates 8 - 2 - - Argiles 216 7 3 - 2 Granites 16 6 - - - Roches charbonneuses 37 - - - 1 Autres 655 81 15 16 2 Superficie (ha) 1802.7 474 28.6 19 7.5

Les Figure IV.15 et IV.16 montrent la distribution de la surface occupée par les processus géomorphologiques identifiés sur chaque formation lithologique. On remarque la grande extension spatiale des processus développés sur les roches marneuses et argileuses. Nous avons aussi identifié 16 glissements et 6 ravines sur des granites, ce qui est inhabituel pour ce genre de roche dure et qui ne favorise pas la formation des sols facilement érodables. L’évolution d’un glissement de terrain ou d’une ravine sur les surfaces qui ont en base des granites s’explique dans notre cas par l’emplacement des tas de stériles minier dans le bassin supérieur de la rivière Jiu et la déstabilisation du terrain qui est en-dessous.

Figure IV.15. Statistique des superficies occupées par les processus géomorphologiques selon les formations

lithologique. Dans les cas où l'écart entre le minimum et le maximum est grand, les surfaces occupées par les processus

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Cela concerne les sous-bassins des rivières Gilort et Motru notamment (Figure IV.16), recouverts dans leur grande partie d’alternances marno-calcaires favorisant l’érosion et les instabilités de versant. A l’opposé, très peu de processus apparaissent sur les conglomérats et calcaires et encore moins sur les granites. Les processus sur les argiles et les marnes sont les plus répandus, tandis que les processus sur les autres formations lithologiques sont plus rares.

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Figure IV.16. La répartition spatiale des processus géomorphologiques selon la lithologie

Les processus sur les calcaires et les conglomérats sont localisés le long de la Jiu de l’Ouest, de la Jiu de l’Est et le cours supérieur de la rivière Motru et de son affluent Coșuștea. Même si on s’attend que la présence des roches marno-charbonneuses à la surface et la prédisposition du terrain aux processus géomorphologiques soit dans la partie centrale du bassin de la rivière Jiu (dans la zone d’extraction du lignite de Motru – Rovinari), en réalité le terrain dans cette zone n’est pas trop susceptible aux processus, sauf si l’homme y intervient.

Les processus développés sur les roches charbonneuses ont été identifiés que dans le secteur inférieur de la rivière Coșuștea, affluent de la rivière Motru. Ces processus sont plutôt naturels, car il n’y a pas d’autres exploitation de charbon à jour en dehors de la carrière de Hușnicioara située beaucoup plus en amont.

Les formations schisteuses (uniquement des glissements de terrain et des ravines) se produisent uniquement le long de la Jiu de l’Est et dans le bassin supérieur de la rivière Motru et de son affluent, Coșuștea, où les schistes s'intercalent avec les calcaires jurassiques. Par conséquent, notre hypothèse initiale selon laquelle les matériaux sédimentaires provenant de chutes de pierres pourraient descendre en aval par le biais de processus d'érosion et transport fluvial au fil de décennies ne peut pas être démontrée ici. En effet, les processus de chutes de roches ont été trouvées plutôt sur les versants escarpés dans des zones recouvertes de roches granitiques, d’orthoamphibolites et de calcaires cristallins. Étant donnée la dureté de ce type de roches métamorphiques, elles ne peuvent pas être érodées facilement pour enrichir l’eau des rivières avec des matières fines en suspension. Nous allons donc concentrer notre attention sur les quatre autres processus géomorphologiques. Dans la Figure IV.17, on observe aussi que les roches argileuses et les marnes ont été les plus susceptibles du développement des processus géomorphologiques.

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Figure IV.17. Proportion des groupes lithologiques associées aux processus géomorphologiques de versant

Sur les roches charbonneuses, seulement un faible nombre de glissements de terrain et de processus d’érosion en nappe ont été identifiés. Les glissements de terrain et les ravines semblent être les processus qui se développent sur la plupart des types de formations lithologiques, alors que les deux autres (coulées et érosion en nappe) semblent se développer préférentiellement sur une ou deux formations. Nous avons ainsi analysé les processus géomorphologiques en termes de leurs attributs ci-dessus présentés (§4.2.1.2.) et nous avons répertorié les résultats les plus concluants dans le Tableau IV.8.

Tableau IV.7. Les attributs les plus pertinents des glissements de terrain et les coulées (en bleu, ce qui concerne

seulement les glissements ; en noir – des caractéristiques qui concernent aussi les glissements que les coulées)

Variable Categories % du total

MÉCANISME Coulées 8.4 Glissements de terrain 91.6 INTERFACE Surfacique 0.8 Indirecte 0.4 Linéaire 10.9 Nh (stockage colluvial) 35.7 Nv 4.6 Ponctuelle 47.5 IMPACT Blockage 0.8 Tamponné 39.5 Oblitération 0.8 Occlusion 31.1 Riverain 27.7

Les résultats sur les processus de versant fournissant des apports de sédiments fins représentent une recherche préliminaire sur la connectivité entre les versants (les parties hautes des vallées) et les lits mineurs des rivières. Le problème de la connexion entre ces processus et le réseau hydrographique est crucial, puisque les rivières sont les vecteurs de transport de la matière sédimentaire qui en résulte.

Les glissements de terrain sont dans la plupart superficiels et de profondeur modérée, moins de 20% ayant plus de 5 m de profondeur. Cette estimation est quand même approximative et sujette à révision, car nous n’avons pas eu les bases de données cartographiques et les instruments de mesure nécessaires pour arriver à

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des estimations exactes. En ce qui concerne l’interface entre les processus (glissements et coulées) et le réseau hydrographique, le type ponctuel prédomine, ce qui dénote un degré de susceptibilité moyen à haut. Les interfaces surfacique et linéaire, qui sont les plus sensibles, occupent peu au-dessus de 10%. Les procesus suspendus sur les dépôts colluviaux de versant (type Nh) sont toujours fréquents, cumulant environ 35% de cas. Ces derniers types d'interface ne posent pas de problèmes immédiats, mais dans le cas de processus combinés (ravines et glissements sur le versant et érosion des berges) et de déplacement du dépôt le long de la pente, celui-ci peut atteindre dans des dizaines d'années le lit de la rivière. Le type d’impact avec le réseau hydrographique est équilibré entre les processus. D’une part, presque 40% des processus sont assez loin des rivières, ne posant aucun problème direct ; d’autre part, environ 31% des processus sont localisés de façon à barrer le cours d’une rivière, étant certainement à l’origine de la dynamique latérale du chenal. Enfin, l’impact riverain est aussi présent dans beaucoup des cas (27,7%), celui-ci étant important pour des processus d’érosion fluviale de la berge concave formant la frontière commune.