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Caractérisation de la zone d’étude : le bassin versant de la rivière Jiu

3.2. Repères de localisation

3.4.2. Le secteur montagneux

Ce secteur englobe les groupes des monts Retezat-Godeanu et Parâng, ainsi que la dépression intra-montagneuse Petroșani. Dans ce secteur, la Jiu et ses affluents drainent le versant sud du Massif de Retezat, les versants nord et ouest des Monts de Vâlcan, le versant sud du Massif Șureanu, les versants nord et est du Massif Parâng, ainsi que toute la dépression de Petroșani. Les altitudes du secteur montagneux varient de 500 – 600 m dans les dépressions jusqu’à 2519 m dans le sommet Parângul Mare. Dans les massifs de Parâng et Vârful lui Pătru (à l’est), Retezat - Godeanu et Piule – Iorgovanu (à l’ouest) plusieurs crêtes dépassent les 2000 m d'altitude. Du point de vue hydrogéographique, ce secteur peut être divisé, à son tour, en quelques sous-secteurs, selon leurs traits géologiques et géomorphologiques.

Un premier sous-secteur correspond à l’espace situé entre la source de la Jiu d’Ouest et sa confluence avec la rivière Rostovanu et appartient aux montagnes de Retezat et Godeanu. Le relief est développé en calcaires, marno-calcaires et microconglomérats d’âge crétacé, ainsi qu’en granites et granitoïdes mésozoïques – paléozoïques. Cette lithologie donne une certaine massivité au relief, ainsi que sa résistance face à l’érosion. Le secteur karstique du haut bassin de la Jiu d’Ouest se trouve en connexion avec les calcaires des Monts Godeanu et Vâlcan. Il compte deux crêtes parallèles, orientées de l’ouest vers l’est entre lesquelles la Jiu d’Ouest créé sa vallée, suivant avec approximation l’axe d’un synclinal.

Les calcaires d’âge jurassienne-crétacé de ce secteur ont des épaisseurs de plus de 1000 mètres et s’imposent dans le paysage par la verticalité des versants et la fragmentation élevée (e.g. les Gorges de Buții et les Gorges du Scocului Mare etc) et vers sa limite supérieure, il est continué par le relief glaciaire des Montagnes Retezat et Godeanu [Badea et al., 1984]. Les vallées, formées au long des synclinaux, sont formées dans les grés et les argiles marneuses d’âge néogène. Le trait hydrologique lié à la présence des calcaires dans le secteur supérieur de la Jiu d’Ouest favorise le drainage souterrain des eaux de certaines petites rivières (Câmpu Mielului et Câmpușel) vers le bassin versant avoisinant de la rivière de Cerna [Savin, 2008]. En aval de Câmpu lui Neag, la Jiu d’Ouest draine une vallée sculptée en dépôts de conglomérats et argiles d’âge néogène, tandis que ses affluents (Valea de Pești, Braia, Mierleasa) drainent des formations plus anciennes, généralement dominées par des schistes epimétamorphiques protérozoïques.

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Au sud de ce premier sous-secteur s’étale le massif de Retezat, dont l’altitude maximale est atteinte dans le Massif de Retezat sur le pic de Peleaga (2509 mètres). Les formations lithologiques de ce massif sont représentées par des granits et schistes cristallins d’épizone, tandis qu’à l’est, dans le massif de Retezatul Mic, les rivières ont sculpté leurs vallées dans des calcaires jurassiens, qui diminuent les valeurs des coefficients du ruissellement en favorisant l’alimentation des eaux souterraines. La fragmentation du relief est de 300-600 mètres et la pente moyenne de la surface du bassin atteint des valeurs très élevées, de 300-400 m/km [Morariu 1959 ; Morariu et al., 1960].

Un deuxième sous-secteur montagneux, correspondant au bassin de la Jiu de l’Est, dont le relief est plus haut et massif, développé notamment sur des roches métamorphiques (en principal des micaschistes et des paragnaisses), résistantes à l’érosion [Morariu, 1959]. Dans la dépression de Hațeg, les calcaires crétaciques font leur apparition à jour, sous la forme d’une bande orientée du nord-est vers le sud-ouest et favorise la présence du relief karstique (e.g. les gorges de la rivière Taia, affluent de la Jiu de l’Est. Les altitudes y dépassent fréquemment 2000 m, avec le maximum de tout le bassin de la rivière Jiu, de 2519 m dans le pic Parângul Mare (Mândra).

Les altitudes moyennes se maintiennent entre 1300-1350 mètres et la fragmentation du relief varie entre 700-900 mètres [Morariu, 1959]. Le réseau hydrographique est très bien développé, atteignant une densité élevée de 0,8-0,9 km/km2 [Morariu et al., 1969].

Du point de vue morphologique, le Massif du Parâng présente des hautes crêtes, avec des versants abrupts et un relief glaciaire bien développé, sous forme de cirques, lacs glaciaires, des vallées en forme de la lettre « U », des moraines, etc. Cette caractéristique change dans le sud du massif, où le relief glaciaire est remplacé par des vastes surfaces d’érosion, développées sous la forme des marchés, qui finissent, vers le nord-ouest, avec des collines au structure monoclinale et un relief de cuesta avec des surfaces structurelles étagées [Cotet et Martiniuc, 1960; Iancu, 1964]. La présence des calcaires dans la vallée de Jieț a déterminé la formation du relief exo-karstique (e.g., des gorges).

Un autre sous-secteur de la région montagneuse correspond à la dépression de Petroșani, la plus large dépression intra-montagneuses des Carpates Méridionales. Elle est bordée au nord par les massifs de Șureanu et Retezatul Mic et, au sud, par les Monts de Vâlcan et de Parâng. Son secteur oriental est drainé par la Jiu d’Est et celui occidental par la Jiu d’Ouest. Cette dépression est un bassin de nature post-tectonique, remplie avec des dépôts alluvionnaires et proluviaux (conglomérats, sables, grés, argiles, intercalées avec du charbon). La surface morphologique est fortement fragmentée par des vallées avec des terrasses et des cônes de déjection. L’énergie de relief est de 500-1000 mètres, favorisant la concentration rapide des eaux écoulés sur les versants [Morariu, 1959 ; Morariu et al., 1960].

Les secteurs sud-ouest et sud-est de la zone montagneuse sont développés sur un mosaïque lithologique, qui englobe une alternance de roches métamorphiques et des calcaires à l’ouest des sources de la rivière de Motru (granites, granitoïdes, phyllithes, schistes sericito-chloreuses, et des marno-calcaires, grés et conglomérats jurassiens), tandis qu’entre les vallées de la Motru et de la Jiu, il y a une prédominance des schistes epimétamorphiques protérozoïques au nord et des granites et calcaires au sud [Mutihac et al., 2003].

A l’extrémité méridionale du secteur montagneux, suite à l’apparition des calcaires et de conglomérats jurassiens, les vallées des cours supérieures des affluents de Tismana (Runcu/Jaleș et Orlea)

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présentent des gorges et des formes karstiques (Figure III.8). Le réseau hydrographique des massifs montagneux du nord de la dépression de Petroșani et des versants nordiques des massifs de Retezat et Parâng est tributaire aux Jiu d’Ouest et Jiu d’Est, tandis que les versants de sud représentent la zone d’origine des principaux affluents de la Jiu (les rivières de Motru, Tismana, Bistrița – dans le Massif de Retezat, et la rivière de Gilort dans le Massif de Parâng).

Figure III.8. Secteur de gorges dans la vallée de Sohodol dans le secteur supérieur de la rivière de Runcu (aout

2017): a. vallée type canyon ; b. système de caves (nommé « Les narines ») (clichés : Moroșanu, 2017)

Dans son ensemble, le secteur montagneux du Jiu présente une densité élevée des cours d’eau, de 0,6-0,7 km/km2, mais sur le versant de sud, à cause du relief calcareux, la densité se réduit à 0,4-0,5 km/km2.

Entre Petroșani et Bumbești la rivière Jiu a creusé un secteur de gorges d’environ 33 km de longueur qui séparent les massifs de Retezat (à l’ouest) et Parâng (à l’est). Dans ce secteur, le lit de la Jiu présente des nombreuses ruptures de pente et il est pavé avec des gros galets, qui montrent une compétence de transport élevée de la rivière (Figure III.9.a).

Figure III.9. La vallée de la rivière Jiu dans le secteur des gorges : a. Secteur avec le lit pavé des galets ; b. La

rivière Jiu à la sortie des gorges, vers la Dépression subcarpatique de Târgu Jiu (clichés : Moroșanu, 2016)

La vallée est creusée dans des roches dures, comme les schistes epimétamorphiques protérozoïques et les granites mésozoïques – paléozoïques. Vers le sud, le secteur montagneux s’achève brusquement au contact avec les dépressions et la zone collinaire des Subcarpates Gétiques (Figure III.9.b).

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3.4.3. Le secteur subcarpatique

Au sud du secteur montagneux s’étalent les Subcarpates Gétiques qui sont séparés des montagnes par un escarpement bien évident et par une différence altimétrique de 300-400 m. Le contact Carpates – Subcarpates se réalise par une série de dépressions sous-montagnes. Vers le sud, les Subcarpates sont bordés par une deuxième série de dépressions qui font le passage vers le Piémont Gétique, Selon la régionalisation géomorphologique de la Roumanie, réalisée par Posea (1974, 1980), le secteur subcarpatique du bassin de la Jiu appartient aux Subcarpates du Gorj, sous-unité des Subcarpates de l’Olténie. La zone subcarpatique a un fond cristallin couvert de formations sénoniennes, paléogènes et néogènes représentées par des conglomérats des sables gris et de marbre ; à la surface il y a de sable et du gravier mio-pliocène qui se continuent dans la plaine [Savin, 2008].

La région subcarpatique est caractérisée par des altitudes moyennes de 300-400 m, qui vont jusqu’à près de 700 m au contact avec la zone montagneuse. La profondeur moyenne de la fragmentation est de 100-200 m, avec des valeurs maximales de 250-300 m [Cotet et Martiniuc, 1960]. Le relief des Subcarpates est constitué par une alternance de dépressions (avec des terrasses et des zones basses alluvionnaires), bordées par des collines assez fragmentées, qui correspondent à des anticlinaux avec une lithologie dominée par des conglomérats, les grés et les schistes argileux protérozoïques. Les aires dépressionnaires correspondent aux synclinaux larges, remplis des dépôts du pliocène et du quaternaire (sables, graviers, argiles rouges). Au contact avec les montagnes, il y a des argiles marneuses, sables et graviers datant du néogène.

Au nord, les dépressions (sous-montagneuses) s’étalent au pied des Carpates, sur la ligne des localités de Tismana, Peștișani, Bumbești et Novaci. Une deuxième série de dépressions (intra-collinaires) correspond à des zones de convergence hydrographique, comme Târgu Jiu et Cărbunești (Figure III.10.a

et b). Entre ces deux couloirs dépressionnaires orientés de l’ouest à l’est, il y a une série de collines orientées

du nord au sud (par exemple, les collines de Sporești, Târgului, Ciocadia).

Figure III.10. Relief dépressionnaire subcarpatique : a. Vallée de la Gilort dans la dépression de Novaci (février

2016); b. Vallée de la Jiu dans la dépression de Târgu Jiu (juin 2017) (clichés : Moroșanu, 2016 - 2017)

Vers le sud, les Subcarpates du Gorj finissent avec les collines de Bran et de Sârbești (Figure III.7). La densité du réseau hydrographique dans le secteur subcarpatique est de 0,5-0,6 km/km2, atteignant 0,7 km/km2 dans la dépression de Târgu Jiu, une aire de convergence hydrographique.

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3.4.4. Le plateau de Mehedinţi

Le plateau de Mehedinţi est une zone intermédiaire entre les montagnes et les collines, situé dans l’extrémité nord-ouest du bassin de la Jiu (Figure III.11). La caractéristique définitoire de cette unité est donnée par sa constitution pétrographique similaire avec celle des Carpates, mise en évidence par la présence des roches dures, comme les micaschistes et les paragneisses, en alternance avec les calcaires, marno-calcaires et conglomérats jurassiens et crétacés, qui ont favorisé le développement du relief karstique, avec des formes, intérieures et extérieures. Le complexe karstique de Ponoarele est renommé par la variété des formes développés sur les calcaires : le Pont de Dieu (le seul pont naturel de Roumaine –

Figure III.11.a), des dolines, des lapiaz (le Champ des lapiaz – Figure III.11.b), des lacs karstiques

temporaires (Zătonul Mare et Zătonul Mic – Figure III.11.c), des caves (la cave de Ponoarele – Figure

III.11.d).

Figure III.11. Relief typique développé sur des calcaires dans le Plateau de Mehedinţi: a. Pont naturel karstique,

connu sur le nom de « Pont de Dieu », utilisé comme voie routière; b. Champ des lapiaz ; c. Le système de lacs karstiques (le lac Zăton) en période sèche (on peut distinguer la cuvette seulement), délimité par la ligne bleue ; et d.

la cave de Ponoarele (connecte les deux lacs temporaires, Zătonul Mic et Zătonul Mare) (clichés : Moroșanu, 2018)

L’altitude moyenne du plateau varie entre 600-700 m atteignant 885 m dans le pic Paharnicului. L’énergie de relief est de 300-500 m et les pentes moyennes des bassins ont des valeurs de jusqu'au 150m/km. Les rivières qui drainent le Plateau de Mehedinţi appartenant au bassin de la Jiu sont courtes, ayant leurs sources dans les montagnes avoisinantes. La rivière la plus importante est la Coșuștea, un affluent de droite de la Motru. Le réseau hydrographique englobe plusieurs vallées sèches, alimentées seulement dans la saison humide (les rivières de Brebina et Bulba). Par conséquence, vu l’extension importante des calcaires, la densité du réseau hydrographique diminue jusqu'au 0,3-0,4 km/km2.

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3.4.5. Le Piémont Gétique

Dans le bassin de la Jiu, le Piémont Gétique s’étale entre les Subcarpates Gétiques, au nord, le Plateau de Mehedinţi à l’ouest, la Plaine de l’Olténie au sud et la ligne de partage des eaux qui sépare le bassin de la Jiu de celui de l’Olt, à l’est.

La rivière Jiu, avec ses affluents (les rivières de Motru, Hușnița, Argetoaia, Jilț sur la partie droite, et Gilort et Amaradia, sur la partie gauche) partagent le Piémont Gétique en plusieurs sous-unités : les Collines de la Jilț, les Collines de la Jiu (Gruiurile Jiului), les Collines de la Coșuștea, les Collines de l’Amaradia, le Plateau de Teslui (Figure III.12.a et b).

Figure III.12. Relief collinaire dans le Piémont Gétique : a. Les collines de Coșuștea (mai 2016); b. Les collines de

Jilț dans la zone d’exploitation du lignite (juin 2017)

Le Piémont Gétique est formé des dépôts sédimentaires quaternaires, amenés par les rivières carpatiques à partir du début du Sénonien [Savin, 2008]. Une fois remplie le lac moessique devant les Carpates, les sédiments y déposés ont été élevés et fragmentés (englobant de grés, conglomérats, graviers, calcaires, argiles, roches généralement friables et perméables) [Răileanu et al., 1960]. Dans la partie du nord (les secteurs supérieurs des bassins hydrographiques de la Jilț et de l’Amaradia), il y a aussi des sables, argiles et marnes plus anciennes (d’âge néogène), englobant des couches de lignite.

Les altitudes moyennes sont de 300-400 m dans le sud et 500-600 m au nord. Dans le cadre du Piedmont Gétique, on peut distinguer, du point de vue morphologique, deux secteurs : le secteur de piedmont collinaire (au nord) et celui de la plaine collinaire (au sud).

Le premier secteur correspond à la partie la plus haute du piémont et se caractérise par l’épigenèse et l’antécédence des vallées, ainsi que par les dépressions entre les collines situées au contact avec les Subcarpates. Les vallées sont en général étroites, mais par endroits sont larges, avec des terrasses, tandis que les versants sont affectés par des glissements et torrentialité. L’énergie de relief est relativement élevée, de 200-300 m [Cotet et Martiniuc, 1960].

Le deuxième secteur à des altitudes moyennes de 200-300 m, une fragmentation réduite du relief, une énergie du relief de 50-100 m et des interfluves larges, peu ondulé ou plans, ayant une inclinaison de 5-6 m/km.

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Le réseau hydrographique a une densité d’environ 0,4 km/km2 et le relief d’accumulation fluviale et lacustre est faiblement fragmenté. Les plaines inondables des rivières, en particulier celle de la Jiu, ont des gros dépôts d’alluvions terrassés, parfois couverts de lœss [Badea et al., 1984].