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Caractérisation de la zone d’étude : le bassin versant de la rivière Jiu

3.8. La couverture et l’utilisation du sol

3.9.1. L’exploitation du charbon

Une particularité économique du bassin de la rivière Jiu est la présence des bassins d'extraction du charbon. Ils se trouvent dans le bassin supérieur de la Jiu, dans la dépression de Petroşani (où il y a principalement de la houille) et dans le secteur moyen de piémont (exploitations de lignite dans le bassin de Motru-Rovinari) (Figure III.45). Alors que la houille est exploitée par mines en souterrain, le lignite est extrait aussi par excavations, à ciel ouvert (en carrières), que par mines souterraines.

Figure III.44. La localisation des bassins d’exploitation du charbon et des réservoirs dans le bassin de la rivière Jiu

La présence du charbon a conduit à un développement rapide de l'industrie minière, qui a entraîné des changements dans la qualité de l'eau des rivières et les flux hydro-sédimentaires [Ionică et al., 2002; Ionuş, 2011]. Le bassin de la rivière Jiu est aussi connu comme l’un des principaux fournisseurs de sédiments fins dans le Danube roumain. L’activité minière a laissé des traces de charbon dans les dépôts alluviaux de la rivière

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Jiu et de ses affluents. Parmi les deux zones d’extraction du charbon, la dépression de Petroșani a été reconnue comme la principale source de pollution des eaux de la Jiu et de ses affluents, tandis que l’influence du bassin Motru - Rovinari, n'est pas encore complètement prouvé et élucidé, d’une part due à la réduction de l’activité d’extraction après 1990 et d’autre part, en raison de l’emplacement des exploitations plus loin de la rivière Jiu et de ses affluents directs [NIST, 2002]. A cause des activités liées à l'industrie minière, la rivière Jiu a été l’un des cours d’eau les plus turbides du pays pendant des décennies (le pic étant dans les années 70 - 80, pendant le grand développement industriel de la période communiste) [Ionică et al., 2002].

Dans le Tableau III.11, nous présentons les types de charbon qu’on peut trouver dans le bassin de la rivière Jiu, selon les classifications roumaines et internationales.

Tableau III.11. Localisation des gisements de charbon dans le bassin de la rivière Jiu et leur classification selon

différents systèmes

Romanian State Standard

ASTM International

D 388 Autres sources Localisation Propriétés

Lignit Lignite Lignite

Rovinari, Jilț, Motru, Hușnicioara, Berbesti

Faible teneur en charbon fixe Composé principalement de matières volatiles Cărbune brun huilos Sub-bituminous B itu m in o u s Dull-black Lonea, Petrila, Aninoasa, Codlea-Vulcan

Assez léger avec des niveaux d'humidité assez élevés

Huila Bituminous Soft-coal

Lupeni, Vulcan, Uricani

Composé principalement de charbon (80%)

Antracit Anthracite Hardcoal Schela Gorj

>90% charbon, peu de contenu volatil et pratiquement pas d'humidité

Le bassin de Petroșani est un bassin sédimentaire continental, de dépression intramontane, avec des

gisements de charbon plus épais (houille), qui commence au Rupélien et se prolonge jusqu’au niveau Badénien, comprenant cinq formations ou horizons productifs [Raileanu et al., 1963; Moisescu, 2006].

Le bassin de Petroșani se trouve dans les Carpates du Sud et correspond géomorphologiquement à la dépression du même nom, entouré des massifs de Parâng, Vâlcan, Retezat et Șureanu. Le bassin est situé à la confluence de la Jiu de l’Est avec la Jiu de l’Ouest, ayant une forme de triangle isocèle allongé, avec un axe de symétrie orienté est-ouest et une base vers l'est (Figure III.45). Il a une longueur d'environ 50 km, entre Câmpu lui Neag et Câmpa, et une largeur de base de 9 km, entre Petrila et Livezeni, tandis qu'à l'ouest, à Câmpu lui Neag, il atteint seulement 1 km.

Selon la géomorphologie de la région, la tectonique majeure, les résultats des travaux d’exploration géologique, l’accessibilité ainsi que les possibilités de réalisation des travaux d’ouverture et d’exploitation, le bassin de charbon de Petroșani a été divisé en 17 zones opérationnelles [Petrescu et al., 1987; Preda et al., 1994]. De l'est vers l’ouest, les champs miniers sont les suivants: Lonea, Lonea-Pilier, Petrila-Sud, Petrila, Livezeni, Salatruc, Dalja, Iscroni, Vulcan, Paroșeni, Lupeni, Lupeni-Sud, Bărbăteni, Uricani, Valea de Brazi

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et Le champ de Neag. Les champs miniers suivants sont toujours en exploitation : Lonea, Petrila, Livezeni, Vulcan, Paroșeni, Lupeni, Uricani. Les limites entre les champs de mines correspondent aux limites naturelles qui délimitent l'exploitation souterraine, telles que les piliers de sécurité ; les rivières affluentes de la Jiu de l’Ouest ou de la Jiu de l’Est ou les failles de grande amplitude.

Figure III.45. Le bassin charbonnier de Petroșani (Champ minier « La Vallée de la Jiu »)

Même si le Bassin de Petroșani a été un centre minier de référence en Europe de l’Est, il est aujourd’hui confronté aux problèmes économiques liés à la rentabilité de l’exploitation et à la pression environnementaliste de fermeture de la plupart des champs miniers. L'utilisation des huiles du bassin de Petroșani est aujourd'hui strictement énergétique, même si elle a un caractère cokéfiant important. Les bénéficiaires sont le complexe énergétique de Hunedoara, respectivement les usines de Paroșeni et de Mintia. Actuellement, les périmètres planifiés pour la fermeture (Petrila, Paroșeni, Uricani) sont exploités par la Société de fermeture nationale Valea Jiului S.A. Les autres mines du bassin sont exploitées par la Société Nationale de Houille S.A. - Petroșani.

La réduction de l’activité minière n’a pas conduit nécessairement à une diminution de son impact sur l’environnement géographique Après la fermeture rapide des mines, on n’a plus accordé l’importance nécessaire à la planification rigoureuse de la gestion post activité minière. D’un autre côté, les processus géomorphologiques sur le relief anthropique (principalement les glissements de terrain sur les tas de stérile le long des vallées de la Jiu de l’Ouest et la Jiu de l’Est), qui continuent de produire leurs effets, ont bénéficié d’un temps suffisant pour passer d’un état latent à un état de manifestation très intense.

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L’exemple le plus éloquent est donné par les processus géomorphologiques (glissements, écroulements et subsidences) déclenchés par des mines actuellement fermées, processus qui sont encore actifs et qui contribuent à la perturbation et (ré)activation des zones sources de sédiments.

Le bassin charbonnier de Motru – Rovinari occupe une grande partie du bassin de lignite de l’Olténie

et il est situé entre la rivière Olt (à l’est) et le Danube (à l’ouest et sud-ouest), dans une région subcarpatique et de piémont (Figure III.46).

Figure III.46. La carte du bassin charbonnier de Motru – Rovinari et des exemples de photos de chacun des 4 champs

miniers

L’activité d’extraction est déroulée par la Compagnie Nationale du Lignite d’Olténie (CNLO). Le groupement sur des bassins d’exploitations a eu des raisons d’organisation, voire administratives. Les critères ayant déterminé la séparation des bassins ont été [Nistor, 2002]: l’ampleur des gisements, l’infrastructure (particulièrement les voies de communication et la possibilité de leur développement en fonction des conditions physiques et géographiques, favorisées par l’existence des cours d’eau longitudinaux), les conditions physiques et géographiques pour le développement des futures villes pour attirer la force de travail (c’est le cas des nouvelles villes de Motru et Rovinari, et de l’expansion de la commune de Mătăsari).

Sur le territoire du bassin de la rivière Jiu, il y a 4 bassins d’exploitation du lignite :

• Le bassin de Motru, situé entre la rivière Motru et l’interfluve Motru-Jilț, avec 2 carrières (Lupoaia, Roșiuța), 2 micro-carrières privées (Steic et Miculești II) et 3 mines (Ploștina, Leurda et Horăști). On compte aussi 4 mines déjà fermées (Roșiuța, Leurda, Râpa et Boca), ainsi que des micro-carrières.

• Le bassin de Rovinari, entre l’interfluve Jilț-Jiu et les terrasses de la rive gauche de la Jiu, compte 9 carrières (Tismana I, Tismana II, Pinoasa, Roșia de Jiu, Urdari, Peșteana Nord, Peșteana Sud, Gârla et Rovinari Est) et 2 mines (Negomir et Urdari). Les mines de Rogojel et Fărcășești, ont été fermées.

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• Le bassin de Jilț, entre l’interfluve Motru-Jilț et l’interfluve Jilț-Jiu, avec 2 carrières (Jilț Nord et Jilț Sud) et une mine (Drăgotești), avec trois autres exploitations (Tehomir, Cojmănești et Croici). La mine de Mătăsari a été fermée, et les micro-carrières de Runcurel, Timișeni et Cerchez ont été aussi clos.

• Le bassin de Hușnicioara, situé entre le Danube et le Motru, avec 2 carrières (Hușnicioara Ouest et Zegujani) et 4 mines (Hușnicioara, Prunișor Ouest, Livezile et Zegujani) ;

L’activité économique prédominante dans ce bassin charbonnier est représentée par l’exploitation du lignite, le début de l’activité minière ayant lieu aux années 1960, avec les premières mines souterraines (la mine d’Horăști, 1962), suivies par un développement de proportions (par le volume excavé et les surfaces affectées) pendant les années 1980. Après 1989, la restructuration du secteur minière détermina un déclin de l’activité d’extraction [Preda et al., 1994 ; Nistor, 2002].

Suite développement des carrières, le relief a été modifié directement, par l’élimination des formes de relief antérieures et l’imposition des nouvelles formes anthropiques (positives - des tas de stérile ou négatives, sous la forme des dépressions anthropiques - les carrières). Selon Fodor (2003), les carrières ont été ouvertes au niveau des plaines d’inondation ou étendues sur les versants, jusqu'au niveau des interfluves, et, dans certains cas, les interfluves ont été totalement éliminés (par exemple l’interfluve entre la Vallée de Lupoița et la Vallée de Roșiuța). Un cas particulier est celui des carrières situées à l’extérieur de l’unité, dans la plaine d’inondation et au niveau des terrasses de la rivière Jilț (les carrières de Roșia et Rovinari Est).

L’industrie minière dans le Bassin de Motru – Rovinari s’est imposée par un paysage spécifique, générant une influence immédiate et très visible sur le relief, à travers les processus nouveaux qui s’installent sur les formes de relief crées. Les carrières de lignite, les mines de houille et de lignite, ainsi que les formes de relief anthropique associées représentent des objectifs anthropiques avec un impact majeur sur l’environnement. Une manière dans laquelle le relief radicalement modifié par les activités d’excavation est représentée par les travaux préparatoires, nécessaires pour l’ouverture d’une carrière [Nistor, 2002], impliquant la déviation des cours d’eau (par exemple, la Vallée de Tismana), la régularisation des rivières, ou la création des nouvelles rues. L’influence indirecte sur le relief des exploitations à ciel ouvert se réalise par les processus géomorphologiques comme les coulées, les glissements, ou l’érosion en nappe la manifestation sur les versants des carrières. Malgré la diminution de l’exploitation du charbon, à partir des années ’90, l’impact géomorphologique sur les rivières n’a pas cessé. La fermeture des mines souterraines a été réalisée afin de maintenir les exploitations à ciel ouvert, qui sont devenues plus intenses, raison pour laquelle les surfaces de terrain directement affectées par l’exploitation (affectées par l’excavation du charbon et par le stockage des déchets) ont augmenté. Dans beaucoup de champs miniers, il y a plusieurs situations de superposition des activités minières en souterrain et à ciel ouvert (des carrières et des terrils), des zones caractérisées par une vulnérabilité aigue face aux glissements de terrain.

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3.9.2. Les aménagements hydrotechniques

A part l’exploitation minière, d’autres pressions anthropiques impactent la dynamique hydro-sédimentaire dans le bassin de la rivière Jiu, dont les travaux hydrauliques et hydrotechniques responsables des perturbations des flux liquides et solides [Horvath, 2008; Uscătescu, 2013], ou de l'interruption des connexions longitudinales avec le système hydro-morphologique [Rădoane et Rădoane, 2007].

L’écoulement des rivières dans le bassin hydrographique de la Jiu est assez fortement affecté par le grand nombre de travaux énergétiques et de défense contre les inondations, qui ont modifié la géométrie des chenaux par la régularisation et l’apparition des réservoirs et des barrages. Les effets sur l’écoulement sont le changement dans la variation temporelle du volume de l’écoulement pour les sections en aval des aménagements réalisés. Dans le schéma d’aménagement du bassin de la rivière Jiu on observe qu’il y a tous les types de modifications dans le régime naturel de l’écoulement (Annexe 6) : réservoirs ; biefs, dérivations, prises de captage des débits qui sont redistribués vers d’autres bassins hydrographiques voisins.

L'artificialisation de l'hydrologie est marquée dans tous les trois secteurs, surtout sur le tronçon aval des montagnes. Dans le secteur d’environ 30 km entre la sortie des Carpates et la ville de Târgu Jiu, la rivière Jiu est presqu’entièrement aménagée (Figures III.47).

Stations hydrométriques (s.h.) – en noir, fonctionnelles ; en rouge, avec l’activité arrêtée : 15. s.h. Rovinari (R. Jiu) ; 16. s.h. Vaidei (R. Șușița) ; 17. s.h. Sadu (R. Jiu) ; 18. s.h. Vădeni (R. Jiu) ; 19. s.h. Iasi – Gorj (R.

Amaradia Pietroasă)

Figure III.47. Aménagements existants ou en construction sur la rivière Jiu entre la sortie du secteur montagne et la

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Une deuxième zone fortement aménagée (avec des conséquences indirectes sur la dynamique hydro-sédimentaire) se trouve dans la partie centre-ouest du bassin. Les aménagements impactent les affluents de la Jiu (les rivières Motru, Tismana), ainsi que la rivière du bassin voisin, Cerna (Figure III.48). Le complexe hydro énergétique Valea Mare (Cerna – Motru – Tismana) englobe un ensemble de travaux conçus pour répondre aux besoins en eau dans le bassin moyen de la rivière Jiu et pour la production d'énergie.

Stations hydrométriques affectées

1 Aval Valea Pietrii 6 Brebina 11 Câlnic 2 Cloşani 7 Tarnita 12 Telești 3 Motru Sec 8 Târmigani 13 Runcu 4 Motrușor 9 Celei 14 Stolojani 5 Bratilov 10 Godinești 15 Rovinari

Figure III.48. Schéma de l’aménagement hydrotechnique complexe Cerna - Motru – Tismana

Comme ces besoins en eau sont supérieurs aux volumes que la Jiu pourrait assurer par l’aménagement complexe Cerna - Motru – Tismana, des débits importants sont transférés de la rivière, du bassin versant voisin, et du bassin supérieur de la rivière Motru. Ainsi, le débit d'eau dans le secteur moyen de la Jiu a été multiplié par trois, en particulier pour les centrales thermiques de Rovinari, Turceni, Ișalnița et la plate-forme industrielle de Craiova. Quatre centrales hydroélectriques sont liées au système d’aménagement, en utilisant le potentiel hydroélectrique des rivières Cerna, Motru, Tismana et Bistrița ainsi que leurs affluents. Dans le Tableau de

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L’aménagement des barrages et réservoirs a comme conséquence la réduction du transport solide des rivières en aval12. Comme réponse à toutes les activités influençant le régime hydro-sédimentaire, l’équilibre dynamique de la rivière et les enjeux anthropiques associés aux processus d’érosion, transport et stockage des sédiments sont à débattre dans les chapitres suivants.