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Spécificités des grands groupes d’espèces

7.6 LES PLANTES AROMATIQUES, A ESSENCE ET MEDICINALES

7.6.1 Introduction

Ce secteur est vaste et hétérogène. Il est organisé pour l’essentiel au travers de l’ONIPPAM (Office national interprofessionnel des plantes à parfum, aromatiques et médicinales) et de l’ITEIPMAI (Institut technique interprofessionnel des plantes médicinales, aromatiques et industrielles), qui mène des activités de sélection et de mise au point des techniques de culture.

Le nombre d’espèces utilisées ou potentiellement utilisables par cette filière est considérable, mais chacune d’elles ne couvre qu’un marché restreint et très changeant. Il en résulte que leur amélioration ne peut bénéficier que de moyens modestes, et peu d’entre eux ont été consacrés aux ressources génétiques.

La plupart des espèces sont cultivées par des agriculteurs qui vendent aux industriels ou produisent pour eux. Une partie relève plutôt des productions légumières (menthe, ciboulette, basilic). Il existe également des cas d’intégration verticale (pavot, fenouil amer). Les essences tirées des espèces à parfum, de la lavande, du lavandin et de la sauge sclarée font l’objet d’un négoce intermédiaire actif. Enfin, certaines espèces sont récoltées dans la nature. Ce peut être le cas d’espèces forestières (if, tilleul).

7.6.2 Conservation ex situ

Le Conservatoire national des plantes à parfum, médicinales, aromatiques et industrielles (CNPMAI, Milly-la-Forêt) était auparavant une branche de l’ITEIPMAI. Il est devenu une structure autonome, de statut associatif, avec le soutien du ministère de l’Agriculture jusqu’en 1995. Il a pour mission de prospecter, identifier, évaluer, multiplier et conserver une partie de la diversité génétique pour la mettre à la disposition des utilisateurs. Les caractéristiques du secteur en font un fournisseur de semences et plants de base aux agriculteurs, et lui confient un rôle de veille technologique. En plus de ces rôles qui l’amènent à travailler sur l’ensemble des espèces, il a engagé des travaux de caractérisation sur quelques genres prioritaires, dans la famille des Labiées (basilic, menthe, origan, sauge officinale, sauge sclarée, hysope, thym, mélisse) et d’autres (valériane). Il est aussi envisagé d’aller vers des travaux de sélection.

D’autres organismes ou sociétés possèdent des collections qui ne sont pas à la disposition du public: SANOFI (pavot), Pernod-Ricard (fenouil, gentiane, réglisse), Chambres d’Agriculture (04, 26, 84) et syndicat mixte du Mont Ventoux (lavande, lavandin, thym, menthe, origan), GEVES-Cavaillon (lavande, lavandin, thym).

Le nombre des variétés, populations ou clones conservés en France n’excède pas, pour chaque espèce, quelques dizaines. Font exception la menthe, la lavande et le lavandin dont le nombre d’entrées se monte, dans chaque cas, à quelques centaines.

La lavande (Lavandula angustifolia) et le lavandin (L. X intermedia = L. angustifolia X latifolia), constituent le groupe économique le plus important en France. Les deux ont fait l’objet de prospections et de sélection massale en fonction de leurs caractéristiques technologiques et de leur productivité. La fertilité du lavandin a été rétablie, il y a 20 ans, par doublement chromosomique. Un ensemble de clones et de populations existe, réparti entre divers organismes.

La diversité des initiatives locales contribue à masquer l’insuffisance globale des moyens affectés à la conservation des ressources génétiques, le manque de pérennité de beaucoup d’actions et l’absence de coordination nationale.

7.6.3 Conservation in situ

De très nombreuses espèces sont récoltées dans la nature, la cueillette étant dans certains cas la cause directe des menaces qui pèsent sur elles: Artemisia (génépis), Antennaria, Arnica... Par ailleurs, la plupart des espèces cultivées ont

des formes spontanées dans la flore française. Les milieux concernés sont très divers, et s’étendent à tout le territoire. Il conviendra d’être particulièrement vigilant quant aux effets pervers de la désertification de certaines zones et de l’enfrichement mais aussi aux excès de l’urbanisation du Sud-Est de la France où une grande partie des espèces ont leur terre d’élection.

La conservation des espèces dont la cueillette est légalement autorisée passe par le dialogue avec les collecteurs, la définition et l’application de méthodes qui assurent une utilisation durable de la ressource.

Sur le plan juridique, les préfets de département ont le pouvoir d’interdire ou de réglementer la cueillette des plantes le plus largement ou fréquemment récoltées en France (comme par exemple la gentiane jaune, l’arnica, le fragon ou l’anémone pulsatille) afin de permettre leur utilisation durable.

Au delà de la conservation des espèces en tant que telle, les informations sur la structuration géographique de leur diversité génétique sont rares et dispersées.

7.6.4 Propositions

Seuls la lavande, l’aspic (Lavandula latifolia) et le lavandin bénéficient d’efforts visant à organiser un réseau. La conscience de la nécessité de la mise en commun des efforts étant acquise, il conviendra de trouver les moyens propres à assurer, après leur évaluation, le maintien des collections, notamment des clones. A plus long terme, les mêmes problèmes se poseront pour les populations mais les réflexions autour de la constitution de core collection sont encore à venir. Il est par ailleurs important de veiller au maintien des milieux où la lavande et l’aspic s’hybrident naturellement.

Plusieurs autres espèces (sauge sclarée, fenouil, thym, romarin) font l’objet d’efforts d’amélioration. A ce titre, la France pourrait être un partenaire actif de programmes européens. Mais il faudra d’abord vaincre les réticences des professionnels et assurer une plus grande sensibilisation des producteurs à la nécessité des échanges dans des réseaux. La France a beaucoup à faire en matière de plantes médicinales, aromatiques et à parfums, et les créneaux sur lesquels elle serait susceptible de jouer un rôle pilote au niveau international sont très étroits.

Le CNPMAI demande à être conforté dans son rôle d’outil de la conservation.

Ses liens avec la recherche devraient en particulier être renforcés par la participation à des programmes sur des espèces pilotes. Mais son implantation

en région parisienne ne lui permettra pas de couvrir l’ensemble de la filière et une annexe en région méditerranéenne serait indispensable.