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Spécificités des grands groupes d’espèces

7.5 LES ESPECES ORNEMENTALES

7.5.1 Introduction

Parmi les espèces cultivées, les plantes ornementales occupent une place particulière. Tout d’abord, elles constituent un groupe extrêmement diversifié.

Un répertoire édité récemment à partir d’une compilation des catalogues professionnels recense 25 000 taxons et cultivars proposés à la vente en France.

Tous ces taxons n’ont pas la même importance économique et, mis à part quelques genres comme le rosier, le pélargonium, l’hortensia, la tulipe, les chrysanthèmes et les orchidées, la plupart peuvent être qualifiés d’espèces mineures. Nombre d’entre elles font cependant l’objet de cultures commerciales spécialisées, sous serre (plantes en pot, fleurs coupées...) ou en plein aire (annuelles, vivaces, arbustes). La plupart de ces espèces ont été introduites en Europe. Les plantes d’appartement en particulier sont d’origine tropicale pour l’essentiel.

Les variétés cultivées ne font pas l’objet d’un catalogue officiel. Par contre elles peuvent être protégées par COV et dépôt de marque.

7.5.2 Conservation ex situ

Actuellement, la conservation des collections est assurée par le secteur public (INRA, GEVES, jardins botaniques, services d’espaces verts des collectivités territoriales...) ou par le secteur privé (pépiniéristes, associations, individus) de manière non coordonnée et avec des motivations diverses (collection, conservation, recherche, production...). Les recherches en rapport avec la conservation de ces ressources sont dispersées et inégales, et portent surtout sur la botanique descriptive. Des listes de ces collections existent (en particulier le Guide des jardins botaniques de France, publié avec le soutien de l’AFCEV, de l’APBF, du BRG et de JBF) et actuellement, des bases de données sont en cours d’élaboration (projet Bull, projet SNHF...).

Au niveau national, les amateurs et les responsables de collections se retrouvent au sein de nombreuses associations. On peut distinguer des associations spécialisées par famille, genre ou type botanique (orchidées, succulentes, plantes alpines, camélia...), souvent fédérées par la SNHF. Il faut également mentionner l’association qui regroupe les jardins botaniques publics (JBF), celle qui regroupe les parcs botaniques privés (APBF), et un groupe placé sous l’égide de la SNHF, le CCVS, qui s’est donné pour tâche spécifique de créer un réseau de collections nationales sur le modèle du NCCPG anglais. Le CCVS reconnaît actuellement une centaine de collections spécialisées. A signaler enfin l’existence à l’INRA de Dijon d’une collection de Petuniad’intérêt génétique.

Les collections peuvent être l’objet d’une activité commerciale (Bambuseraie d’Anduze, Arboretum Minier), ou d’une valorisation touristique, paysagère et pédagogique.

Du point de vue de la conservation, les faiblesses de ces actions sont nombreuses:

• la motivation principale va souvent à la recherche des taxons les plus exotiques et les plus rares;

• les problèmes d’identification et d’hybridation sont nombreux, et accrus par la multiplicité des échanges entre collections;

• les entrées se réduisent souvent à un seul individu, et la diversité génétique est rarement prise en compte;

• le maintien de l’état sanitaire et de la stabilité des structures chimériques est difficile.

Une rationalisation des collections des différents acteurs, avec harmonisation des objectifs, est à préconiser. Elle devrait s’accompagner d’études botaniques approfondies. Une organisation en réseau a été lancée pour le rosier, sous l’impulsion du GEVES, avec la participation de l’INRA, d’universités, du CBN de Gap-Charance et de nombreuses roseraies françaises.

Au niveau international, il existe également des associations spécialisées, dont certaines se préoccupent de la protection in situ des populations naturelles (Cactées). La SISH coordonne un réseau d’institutions qui centralisent la description et l’enregistrement des cultivars d’un groupe botanique. Il existe également un réseau de collections de référence dans le cadre de l’UPOV.

7.5.3 Conservation in situ

Nous nous limiterons ici à trois groupes de plantes, les tulipes, les rosiers et les plantes alpines, pour lesquels les actions déjà entreprises permettent d’ébaucher le cadre d’une politique d’ensemble.

Si certaines espèces de tulipes sont très largement répandues notamment dans le sud de la France, d’autres comme les tulipes de Savoie sont très menacées.

Certaines sont même disparues de la nature et ne subsistent que dans les conservatoires botaniques. D’autres espèces, jadis fréquentes dans les milieux cultivés (vignes notamment), sont aujourd’hui menacées par le changement des pratiques culturales. Si un inventaire reste à faire, l’urgence semble plutôt résider dans la mise en place de mesures de conservation de leurs habitats très spécialisés, susceptibles d’être financées dans le cadre des mesures agri-environnementales.

Seule la rose de France (Rosa gallica) est protégée au niveau national. La conservation des rosiers sauvages se heurte à la difficulté de leur classification, du fait de la diversité de leurs niveaux de ploïdie et du rôle de l’apomixie dans leur mode de reproduction. L’inventaire des populations reste à faire, le Conservatoire botanique national de Gap-Charance s’y employant depuis plusieurs années.

La France est particulièrement bien placée dans le domaine des plantes alpines, compte tenu du grand nombre des massifs d’altitude. L’essentiel de la flore endémique française s’y trouve. Le dispositif de conservation in situ est relativement satisfaisant. Les espèces les plus rares sont protégées au niveau national ou régional. Le réseau d’espaces protégés (parcs nationaux, réserves naturelles, parcs régionaux) couvre l’essentiel des milieux. Il reste néanmoins des progrès à faire dans le domaine de l’inventaire, et quelques interventions ponctuelles de sauvetage ou de gestion peuvent s’avérer nécessaires. Par contre, ces espèces pourraient être parmi les premières à disparaître en cas de changement climatique. Dans cette perspective, une réflexion serait à mener au niveau international pour organiser une conservation ex situ.

7.5.4 Propositions

Pour les espèces pilotes, une organisation en réseau est à préconiser, à l’image de ce qui est initié pour le rosier. Elle pourrait s’étendre en particulier au pélargonium.

Pour les espèces secondaires, ou celles qui sont concentrées sur un ou deux sites, il conviendra de définir et respecter des cahiers des charges précis visant à garantir une conservation de qualité. Le secteur associatif est appelé à jouer un rôle important dans ce cadre.

Dans tous les cas, il est nécessaire d’aller vers une description plus précise des ressources, d’informatiser les données et de les éditer régulièrement dans des catalogues.