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Programmes nationaux de conservation

2.4 PROGRAMME D’ACTIONS

2.4.1 Gestion in situ

2.4.1.1 Espèces forestières

Pour être capables d’infléchir en continu les priorités de conservation, il faut pouvoir mobiliser les informations sur les risques d’érosion génétique des différentes espèces, les interpréter et les transmettre à la Commission technique nationale de conservation des ressources génétiques forestières. La réflexion s’oriente donc vers la création d’un Observatoire permanent des ressources génétiques forestières, qui aurait ces missions. Les activités de la Commission technique nationale pourraient par ailleurs être élargies aux DOM et aux TOM.

2.4.1.2 Espèces sauvages progénitrices

La conservation de la diversité des parents sauvages d’espèces cultivées s’appuiera sur trois volets complémentaires. La mise en œuvre de ce

programme devra être coordonnée au niveau national par une commission scientifique et technique.

Le premier volet concerne les actions d’inventaire sur l’ensemble du territoire national, y compris les DOM et les TOM. La coordination de ces actions d’inventaire et le stockage des données seraient assurés par le Secrétariat de la faune et de la flore du Muséum national d’histoire naturelle et les conservatoires botaniques nationaux. La commission nationale assistera le SFF et les conservatoires nationaux dans leur tâche, pour définir les méthodologies, établir les priorités et définir les règles déontologiques de l’utilisation des données.

Le second volet concerne la conservation in situ. Un tel programme pourra s’appuyer sur le réseau des espaces naturels français: parcs nationaux, réserves naturelles, conservatoires des sites, terrains du Conservatoire du littoral et des rivages lacustres, terrains domaniaux, propriétés des collectivités locales. Les gestionnaires seraient assistés dans leur mission par la commission nationale, chargée de définir les consignes de gestion applicables à chaque espèce et de donner un avis sur les éventuels plans de gestion établis par site.

Le troisième volet concerne la conservation ex situ, assurée conjointement par les conservatoires botaniques nationaux, les instituts de recherche et les améliorateurs. Chaque organisme resterait responsable de la conservation des données de passeport des lots qu’il détient. A terme, la commission nationale devra émettre des recommandations sur les méthodes de conservation ex situet si possible contrôler la qualité des actions.

2.4.1.3 Espèces fourragères

La sauvegarde de prairies gérées et exploitées avec des ruminants est un des moyens les plus économiques de préserver dynamiquement in situ les ressources prairiales des espèces majeures mais aussi des espèces rares ou secondaires (Agrostis, pâturins, sainfoins, trèfles...). A l’heure actuelle, les conditions sont réunies pour proposer un véritable plan de gestion des prairies respectueuses de l’environnement, en liaison avec de nombreux partenaires.

La rédaction collective d’un cahier des charges est la première étape d’un plan de développement durable des prairies permanentes. Elle sera envisagée avec les différents acteurs motivés, possédant des domaines représentatifs de la géographie rurale française: conservatoires de sites, gestionnaires de réserves naturelles, parcs, haras, lycées agricoles... Leur mission de service public est en effet la garantie d’une certaine continuité d’action. De plus, la nouvelle politique agricole commune pourrait soutenir cet effort dans le cadre des mesures agri-environnementales qu’elle a mises en place (règlement 2328/91 et 2078/92, circulaire du 18 avril 1994).

2.4.2 Conservation ex situ

2.4.2.1 Collections nationales

Pour chacun des groupes d’espèces, un projet de collections nationales gérées en réseau sera élaboré avec des représentants du secteur public, de l’interprofession, du GEVES et du secteur associatif quand celui-ci est actif.

Le projet devrait comporter, entre autres, les éléments suivants:

• l’inventaire des ressources génétiques échangeables et la définition du contenu des collections nationales;

• les espèces secondaires dont la gestion est à intégrer dans le même réseau;

• les modalités d’accès aux données et aux ressources;

• les caractères complémentaires à rassembler sur la collection de base ou un échantillon de celle-ci;

• la répartition des tâches de conservation, régénération et évaluation du matériel entre les partenaires, ainsi que la rédaction d’un cahier des charges précisant cette répartition et les modalités techniques de mise en œuvre;

• l’infrastructure nécessaire au réseau et son coût de fonctionnement.

Une premier aperçu des réseaux fédérateurs envisagés est présenté dans le tableau 1. Le BRG aura à jouer un rôle majeur dans la mise en place de ces réseaux nationaux, mais aussi dans l’animation et la coordination de l’ensemble du système.

2.4.2.2 Centre de ressources génétiques méditerranéennes et tropicales

La préservation efficace des ressources génétiques tropicales nécessite une stratégie globale avec des composantes diverses complémentaires. La France bénéficie d’une expérience et d’un dispositif géographique à mettre en valeur:

des collections très riches, des territoires en zones tropicales et, avec Montpellier, un centre de compétence important situé hors des zones de production.

Il convient tout d’abord de renforcer le rôle et la responsabilité des DOM-TOM comme sites de conservation ex situ d’espèces agricoles tropicales, en liaison avec les impératifs de développement de l’agriculture régionale, mais aussi de préservation de ressources génétiques à vocation pantropicale.

Il convient également de conforter le centre de ressources génétiques méditerranéennes et tropicales qui existe de fait à Montpellier. La formalisation d’un tel centre permettra de coordonner et de renforcer des activités comme la conservation in vitro, l’analyse de la diversité génétique, le transit de matériel génétique ou le développement de bases de données. Il devra s’appuyer sur des

blé tendre

blé dur, avoine, orge, triticale sorgho

Espèce principale Espèces secondaire Espèces rattachées

au réseau

Divers autres : Allium, artichaut, asperge, carotte…

Tableau 1 Réseaux de conservation des collections de ressources

génétiques. Projet d’organisation autour d’espèces (ou groupes d’espèces) principale

synergies avec des acteurs régionaux multiples dans le domaine des ressources génétiques méditerranéennes, voire les associer de façon organique. Il pourra en outre faire le lien avec les questions de développement agricole et de biodiversité.

2.4.2.3 Aspects juridiques liés à l’établissement de collections nationales

Depuis 15 ans, les ressources génétiques ont été marquées par l’adoption de textes importants, contribuant à redéfinir leur statut juridique, aux niveaux national et international: l’Engagement international sur les ressources phytogénétiques, adopté en 1983 et suivi de plusieurs amendements; révision de la Convention UPOV en 1991; Convention internationale sur la diversité biologique, signée en 1992; accords du GATT (en particulier les ADPIC);

évolution de la jurisprudence qui permet de protéger par brevet des plantes entières.

• Ces textes sont souvent complémentaires, parfois contradictoires.

L’interprétation du statut conféré aux ressources génétiques et de ses implications en matière de conservation n’est donc pas chose aisée. Il faut ajouter à cela le fait que, au plan national, le statut des collections de ressources génétiques est ambigu. On ne sait pas très bien par exemple quels sont les droits et les obligations d’une personne physique ou morale qui détient des collections.

Pourtant, ce point est essentiel si l’on souhaite définir une politique de coopération en la matière, ou un s’engager dans un réseau mondial de banques de ressources génétiques. L’étude commandée par le GCRAI sur le statut des collections des Centres internationaux pour la recherche agricole a bien montré la difficulté du sujet.

Le BRG envisage d’animer un comité ad hoc qui sera chargé d’étudier ces questions. Les conclusions de ce comité devraient être disponibles avant la Conférence technique internationale sur les ressources phytogénétiques de 1996.

2.4.3 Gestion dynamique de la variabilité

Pour chacune des espèces où l’on envisage une gestion dynamique, un projet concret sera défini en liaison avec les partenaires dans le courant de l’année 1995. La sous-commission végétale du BRG accompagnera l’élaboration de ces différents projets qui devront, entre autres, préciser les éléments suivants:

• le matériel à la base de la population de départ et les modalités de constitution de la population, mais aussi ses possibilités d’enrichissement ultérieur;

• les modalités de maintien des sous-populations et la nature des pressions de sélection envisagées sur ces dernières;

• les modalités de suivi de la variabilité au cours du temps;

• la fréquence et les modalités de brassage génétique entre les sous-populations.

La réflexion doit intégrer l’établissement de réseaux expérimentaux multilocaux et pérennes, en liaison avec toutes les structures capables de mettre des sites à disposition: établissements agricoles, parcs naturels, interprofession.

2.5 CONCLUSION

En France, la gestion des ressources génétiques végétales fait l’objet d’une réflexion, déjà amorcée depuis une dizaine d’années. Depuis 1994, le BRG et sa sous-commission végétale se sont attachés à mener cette réflexion à terme et à en transcrire les résultats dans une Charte nationale pour la conservation des ressources génétiques, dont le but est de proposer un programme national fédérateur.

Les grands axes de ce programme ont été définis avec les acteurs de la conservation. Durant l’année 1995, le BRG s’attachera à établir des projets concrets, en approfondissant la réflexion sur leurs aspects économiques et juridiques.

En deux ans, un travail important aura donc été réalisé pour élaborer un programme national fédérateur et cohérent de préservation des ressources génétiques, susceptible d’assurer le développement agricole des générations présentes et futures. Il sera alors nécessaire de donner à ce programme un cadre institutionnel seul à même de garantir son soutien à long terme et de responsabiliser les partenaires.

Le mouvement international en faveur de la biodiversité et le défi lancé par l’OAA pour structurer la conservation des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture au niveau mondial devraient aider les Etats à clarifier et affirmer leur politique dans ce domaine.

CHAPITRE 3

L’utilisation des ressources phitogenetiques