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CHAPITRE I. LE SECTEUR DE L’ÉLEVAGE AU TCHAD : ENTRE MARGINALITÉ ET

1.4 L ES RESSOURCES ANIMALES

1.4.2 Les petits ruminants

Les ouvrages de Receveur (1943) et de Dumas (1977) constituent les rares documents anciens ayant abordé la description des races de petits ruminants au Tchad. Ils ont été complétés dans les années 90 par d’autres travaux de caractérisation menés dans le cadre du projet régional de recherche sur les petits ruminants et le projet d’appui au secteur de l’élevage du Tchad oriental (ASETO). Deux grands groupes d’ovins et de caprins peuvent être identifiés : les animaux de grande taille se rencontrent en zone sahélienne tandis que ceux de petite taille dominent dans la zone soudanienne. La ligne de séparation entre les deux groupes se situe au niveau du degré 11 de latitude Nord.

Photo 3 : Mouton Arabe Photo 4 : Mouton Peul Oudah

Photo 5 : Mouton

Kababich

Photo 6 : Mouton du Sud

1.4.2.1 Les ovins

Le mouton Arabe (Photo 3), de grande taille (78 cm au garrot chez le mâle et 74 cm chez la femelle), noir à poils longs ou à poils courts, représente près de 70 % de l’effectif total des ovins. On le rencontre dans toute la partie sahélienne mais aussi dans la partie méridionale du pays.

Le mouton Peul demeure la plus grande des races ovines du Tchad (84 cm au garrot chez le mâle) et la plus fixée par son extérieur. Il présente deux variétés : Oudah (robe colorée noire ou brune en avant et blanc en arrière (Photo 4), la séparation se faisant au milieu du corps) et Waïla (robe complètement blanche), ce dernier étant très recherché pour les fêtes musulmanes.

Le mouton Kababich est aussi grand que le mouton Peul mais se distingue de ce dernier par sa croupe d’apparence enfoncée (Photo 5), se prolongeant par une queue longue touchant parfois le sol, légèrement grasse à la base et dont la circonférence peut atteindre 30 cm. La femelle ne s’accouple qu’avec le mâle de sa race à cause de l’anatomie particulière de sa croupe. Il est présent dans l’est du pays où le mâle est surtout utilisé en métissage.

Originaire de la Libye, le mouton Fezzanais ou Barbarin a été introduit par des immigrants fezzanais dans le Kanem. C’est une race à laine présentant une queue grasse. La robe est blanche et la tête noire. Cette race se trouve aujourd’hui complètement absorbée par croisement avec le mouton Arabe. L’effectif de la race ne devrait pas dépasser un millier de têtes.

Les moutons du sud (Photo 6) sont représentés par deux races : le mouton du Mayo-Kébbi et le mouton “Kirdimi ” ou Kirdi. Ce sont deux populations très différentes tant au niveau des caractéristiques biométriques qu’au niveau des traits visibles. Le mouton du Mayo-Kébbi mesure 76 cm au garrot chez le mâle et 68 cm chez la femelle. Le mouton « Kirdimi », apparenté au mouton Djallonké est le plus petit de toutes les races ovines du Tchad avec 61 cm au garrot chez le mâle au et 56 cm chez la femelle.

Photo 7 : Chèvre du Sahel Photo 8 : Chèvre du Sud

1.4.2.2 Les caprins

Les chèvres sahéliennes (Photo 7) sont de grande taille (65 cm au garrot), d’allure élancée avec des oreilles tombantes, des poils mi-longs à longs ainsi que des mamelles de type piriforme ou intermédiaire. Cependant, on note une certaine variation de la taille en relation avec le milieu et le degré de métissage. C’est ainsi que Dumas (1977) distingue chez la chèvre sahélienne les variétés de Moussoro, de Massakory, du Chari-Baguirmi et les caprins Arabes. Les études biométriques (Zeuh et al. 1993) ont confirmé l’existence de deux sous-populations mais la distinction entre chèvre de Moussoro, du Chari-Baguirmi ou de Massakory, caprins Arabes ne semble pas être justifiée génétiquement. Les caprins du Sahel se rencontrent au Nord du 11è parallèle. Les caprins du Sud appelés « Kirdimi » ou encore « Kirdi » (Photo 8), sont plus petits (50 cm au garrot), parfois nains à l’extrême sud du pays. Leurs oreilles sont fines et portées horizontalement. Le pelage est ras. Les robes sont très variées et les mamelles de type compact. Elevés par des agriculteurs sédentaires, ils peuplent l’espace situé en dessous du 10è parallèle. Il existe entre ces deux sous-populations des chèvres de format intermédiaire issues de leur croisement.

1.4.2.3 La productivité des petits ruminants a) Les paramètres de reproduction

Tout comme chez les grands ruminants, les performances zootechniques des élevages varient avec le système d’élevage pratiqué. Chez les ovins, Dumas (1977) rapporte un âge moyen à la première mise-bas de 18 mois et un intervalle moyen entre mise-bas de 9 mois. Les chèvres, plus précoces mettent bas pour la première fois à 15 mois et l’intervalle entre mise-bas se situe entre 8 et 9 mois (Dumas, 1977 ; Bertaudière, 1978b ; Lancelot et al., 1994). La fécondité varie de 0,86 à 1,41 chez les ovins et de 0,82 à 1,64 chez les caprins. La mortalité est très élevée chez les jeunes, ovins comme caprins (30 à 40 %).

b) Les paramètres de production

Au Tchad, les ovins sont élevés principalement pour leur viande. Leur lait n’est que rarement consommé pourtant les brebis sahéliennes (Arabe et Peul) sont réputées bonnes laitières. Le mouton Peul présente des aptitudes plus intéressantes à l’engraissement que le mouton Arabe. Son rendement boucher est de l’ordre de 48 à 50 % alors qu’il n’est que de 39 à 42 % pour le mouton Arabe. La chèvre sahélienne est élevée à la fois pour la viande et le lait. Elle est capable de produire 0,6 à 1,2 litres de lait par jour pendant 4 à 6 mois (Bertaudière, 1978b ; Koussou, 2000). C’est un animal fin qui s’engraisse aussi facilement et fournit une viande d’assez bonne qualité, constituant par excellence l’animal de boucherie des nomades. Les moutons et les chèvres du Sud sont de médiocres laitières mais possèdent un rendement carcasse supérieur (48 à 54 %) malgré leur petite taille.

1.4.2.4 Les améliorations génétiques

Le mouton Arabe pour sa robe noire et ses poils longs a connu la plus longue histoire d’amélioration génétique au Tchad entre 1938 et 1958, période pendant laquelle il a été croisé à la station d’Abougoudam dans le Ouaddaï avec le mouton Karakul pour la production de fourrure. D’autres essais d’amélioration génétique des races ovines ont été menés, en croisant les races locales avec des races françaises, Mérinos, Berrichons, Solognots à N’Gouri dans la région du Lac, et Charmois, Berrichon et Préalpes du Sud à la ferme de la Coton Tchad de Békamba dans le sud du pays. On retrouve dans la littérature des traces d’introduction de la chèvre rousse de Maradi ou chèvre de Sokoto dans le sud du pays et particulièrement dans la région de Fianga en 1951. A Bédaya dans le Moyen Chari, des boucs préalpins ont été introduits dans des troupeaux caprins de race « Kirdimi » dans les années 70. Mais toutes ces tentatives ne semblent pas avoir laissé aujourd’hui de traces visibles.

1.4.3 Les autres espèces animales