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CHAPITRE I. LE SECTEUR DE L’ÉLEVAGE AU TCHAD : ENTRE MARGINALITÉ ET

1.4 L ES RESSOURCES ANIMALES

1.4.1 Les bovins

1.4.1.3 Les performances zootechniques des bovins

Les données publiées sur les performances zootechniques des races bovines du Tchad proviennent pour l’essentiel des enquêtes et des observations effectuées en milieu paysan. Elles sont souvent fragmentaires et portent parfois sur des effectifs très réduits. Les résultats obtenus en milieu contrôlé sont à ce jour peu nombreux.

a)

Les paramètres de reproduction

Les vaches zébus du Tchad sont peu précoces. Sur les stations d’Abougoudam et Ouaddi Rimé (1947 à 1961), les femelles de race Arabe observées, avaient, en moyenne, leur premier vêlage à 4 ans. Landais et al. (1976a) obtiennent le même résultat en zone périurbaine de N’Djamena au Tchad et un intervalle entre vêlages de 19 mois en moyenne. Les vaches M’Bororo ont leur premier vêlage à un âge compris entre 4,6 et 5,4 ans. Parmi les zébus, les vaches de race Peul sont plus précoces puisque l’âge moyen au premier vêlage se situe aux environs de 3,5 ans. Le taux de fécondité des vaches zébus Arabes est compris entre 53,8 et 63,5 % (Sedes, 1976). Les paramètres de reproduction varient en fonction du mode d’élevage. Ainsi, les vaches zébus sont plus précoces dans le cas des élevages transhumants que chez les sédentaires (âge à la première mise-bas compris entre 4,4 et 5 ans contre 5,3 ans) et plus fécondes (taux de fécondité compris entre 69-76 % contre 58 %) (Sedes, 1976).

Le premier vêlage intervient chez la vache Kouri vers l’âge de 3 à 4 ans (Receveur, 1943 ; Joshi et al, 1957 ; IEMVT, 1973a ; Adeniji, 1983). L’intervalle entre vêlages atteint 18 mois (Joshi et al, 1957 ; Queval et al, 1971). Mais des intervalles entre vêlages plus réduits (15 mois) ont été obtenus dans des conditions expérimentales. Le taux de fécondité estimé à 51,8 % (Sedes, 1976), peut atteindre 75,9 % en milieu contrôlé (IEMVT, 1973b). Chez le taurin Toupouri le premier vêlage intervient plus tardivement vers l’âge de 5,2 ans et le taux de fécondité est voisin de 56,2 % (Sedes, 1976).

b)

Les paramètres de production

-

La production de lait

Les données sur la production laitière des races locales sont souvent incomplètes. Les auteurs ne précisent parfois ni le lieu ni la date de leur collecte. En plus, les performances laitières rapportées par les auteurs ne tiennent pas compte des prélèvements du veau.

Tableau 3 : Poids moyens (kg) des carcasses selon la race et la destination

Destination Zébu Arabe Zébu M’Bororo Taurin Kouri

Marché local 130, 7 181,2 119,3

Exportation 155,7 192,6 139,7

Source : Bertaudière, 1978a.

Ainsi, le rendement moyen des vaches zébus Arabes serait de 3 à 4 litres selon Pecaud (1921) cité par Ministère de l’Elevage (2003), de 2 à 3 litres par jour pendant 180 jours

comprise entre 1,2 et 2 litres pour les vaches nourries au pâturage et 2,7 à 3 litres/jour lorsqu’elles reçoivent une alimentation complémentaire. Dans une étude menée sur une période plus longue en zone périurbaine de Fort-Lamy et portant sur 217 vaches Arabes, Landais et al. (1976c) ont obtenu une production laitière journalière de 1,47 ± 0,88 litre en saison sèche et 4,13 ± 0,26 litres en saison des pluies. Bertaudière (1979) obtient une production journalière moyenne de 2,1 ± 0,4 kg pendant 300 jours et une bonne persistance de la lactation de l’ordre de 92 % dans le même milieu. Les vaches M’Bororo sont de très mauvaises laitières, produisant 1 à 2 litres par jour à la bonne saison pour des lactations qui sont en outre de courte durée (Receveur, 1943). Bertaudière (1979) obtient les mêmes résultats avec une persistance de la lactation médiocre de l’ordre de 67 %. Une vache Peul produit en moyenne 1,9 ± 0,5 kg de lait par jour pendant 300 jours mais avec une persistance de la lactation de l’ordre de 82 %.

La vache Kouri possède de meilleures qualités laitières. La production laitière traite journalière peut atteindre 6 à 10 litres par jour pour une durée de lactation variant de 6 à 10 mois (Receveur, 1943 ; Malbrant et al., 1947). Une production record de 2440 kg de lait en 314 jours de lactation a été obtenue au centre d’élevage de Maiduguri au Nigeria (Epstein, 1971). A l’opposé, la vache Toupouri serait médiocre laitière avec une production de 0,5 litre par jour et par vache en moyenne (Landais, 1977).

- La production de viande

Le poids des carcasses des animaux varie en fonction de la race et de l’âge d’abattage. Les animaux abattus sont souvent des vaches de reformes, donc plus âgées. La législation nationale interdit l’abattage des femelles de moins de 5 ans. En moyenne, le poids des carcasses des M’Bororo est nettement supérieur à celui des autres races (Tableau 3). Cette qualité leur vaut d’être recherchés pour l’exportation. Le rendement carcasse des zébus varie de 45 à 50 % (Martin et al., 1996). Chez les Kouri des rendements carcasses à l’abattage de l’ordre de 50 % ont été observés à l’abattoir de N’Djamena (Martin et al., 1996). Un suivi des abattages de bovins à l’abattoir frigorifique de Fort-Lamy (1967-1978) puis N’Djamena (1977-1978) a montré que les carcasses destinées à l’exportation étaient en moyenne plus lourdes que celles destinées au marché local, quelle que soit la race (Tableau 3). L’étude a conclu aussi à un rajeunissement sensible des animaux abattus dû à un déstockage important se traduisant par une baisse du poids des carcasses de l’ordre de 6-7 %. Cette baisse de poids a été plus importante chez les mâles que chez les femelles.

Le suivi des abattages a été repris en 1978 mais il semble que la tendance s’est poursuivie puisque le poids moyen des carcasses observés actuellement à l’abattoir tourne actuellement autour de 130 kg.

-

La force de travail

Le zébu Arabe est la race la plus exploitée pour le travail à cause de sa docilité. Il est utilisé comme animal de trait pour le labour, l’exhaure d’eau et le transport pendant la transhumance ou le nomadisme. Le caractère farouche et ombrageux du zébu M’Bororo ne facilite pas son utilisation pour la culture attelée. Mais sa puissance en fait un excellent animal de portage (Martin et al., 1996 ; Bertaudière, 1979).

Le taurin Kouri, lourd, lymphatique et lent, ne peut pas être un bon animal de trait (Malbrant et al, 1947; Joshi et al., 1957 ; Queval et al.,1971).

Les performances zootechniques des races locales sont modestes et en liaison avec le système d’élevage pratiqué. Les meilleures performances sont observées chez les troupeaux transhumants. Elles témoignent d’une meilleure exploitation des ressources alimentaires (Sedes, 1976). Les différences de productivité les plus notables concernent le niveau de production laitière entre les zébus (1 à 4 litres/jour en moyenne) et les taurins, notamment les Kouri (6 à 10 litres/jour). L’influence de la saison sur le niveau de production laitière est cependant importante (Landais et al., 1976c ; Bertaudière, 1979). Ces mêmes auteurs notent une forte variabilité individuelle de la production laitière et de la durée de lactation. De nombreuses études (Ducruet, 1967 ; Guervilly, 1997 ; N’Djoya et Loko, 1997) ont montré que ce potentiel génétique local est susceptible d’être mieux valorisé par l’adoption de techniques simples.

Ainsi dans les conditions d’une bonne alimentation et d’un meilleur contrôle sanitaire, les races locales ont présenté des capacités de productivité élevée qui se traduisent par une augmentation de la production de viande et de lait.