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Les modèles leibniziens de la substantialité

La physicalisation de la monade chez Christian Wolff

III. Les modèles leibniziens de la substantialité

Nous avons montré, dans la section précédente, quels sont les éléments leibniziens retenus par Wolff dans l’élaboration de sa propre théorie de la substance. Or cette sélection s’accompagne du renoncement à d’autres pans de la doctrine leibnizienne, renoncement incarné par le refus d'adopter le nom de « monades » afin de désigner les êtres simples. C'est qu'en plus de la simplicité et de la force active, les monades disposent de la perception, même confuse, de l'univers. Dans la suite, nous ne chercherons pas à nier qu'il s'agit là d'une rupture avec Leibniz, mais nous tenterons de montrer qu'il s'agit d'une rupture avec l'un des modèles de la substantialité qu'on trouve chez lui. Wolff met en concurrence ce modèle avec un autre, dont on vient de voir qu'il était difficile de nier qu'il fût construit à l’aide de matériaux leibniziens. Comment Wolff peut-il refuser la thèse monadique après avoir tant accordé à la théorie leibnizienne de la substance ?

Le mot de « monade »

À maintes reprises, Wolff affirme clairement que ses êtres simples ne doivent pas être compris comme des « monades ».50 Dans ses annotations à la Deutsche Metaphysik, il admet qu'il n'a pas encore pu se déterminer à « donner [son] approbation sur la doctrine des monades ».51 Peut-être sous l'influence des critiques de J. Lange, les textes latins se montrent plus sévères. Ainsi, dans l'Ontologia, alors même qu'il vient de définir la substance simple comme celle qui est dénuée de parties, en référence à Leibniz, Wolff distingue nettement l'être simple de la monade.52 Il semble que le terme de monade charrie avec lui des significations que Wolff, dans un premier temps, hésite à accepter, puis, dans un second temps, refuse d'assumer. Comment justifier dès lors ce passage de la Cosmologia lors duquel Wolff affirme que les substances simples sont les éléments des corps et où il semble ménager un usage acceptable du mot de « monade » ? À la suite d'une mention de la monade matérielle de Henri Moore, Wolff concède en effet :

50 J. École donne une liste non exhaustive des mentions de ce refus : « Wolff était-il leibnizien ? », article cité, p.136.

51 Wolff, Annonations à la Métaphysique allemande, §215, traduction J-P Paccioni et J-M Rohrbasser dans Revue de Synthèse, [Leibniz, Wolff et les monades. Sciences et métaphysique], 2007, 128 (3-4), p.366.

52 « Ens autem simplex cum consideramus, nec cum monade Mori, nec cum Leibnitii monade nobis res est ; quare monade quid sibi velint, suo loco dicemus. », Ontologia, §684, Rq.

« Leibniz a suivi son exemple et appelle de manière similaire, et avec plus de droit, Monades, les principes des choses matérielles, par quoi il n'entend rien d'autre que les substances simples. Par Monades il définit ce que nous définissons pareillement comme êtres simples. Mais notre appellation des éléments est satisfaisante et nous n'employons pas le nom de monades. »53

Dans ce texte, Wolff admet un usage légitime du lexique de la monade et avance même une équivalence entre monades et être simples. Leibniz est dans son bon droit lorsqu'il utilise le terme de monade pour qualifier les éléments des choses matérielles et, de ce point de vue, c'est une simple différence d'appellation qui distinguerait les deux auteurs. Une première hypothèse interpréterait dès lors le refus de la monade par la simple ambition de Wolff de se distinguer du vocabulaire leibnizien, et par là de ne pas prêter le flanc aux accusations de systématiser la pensée de Leibniz. Il s'agit là d'une interprétation faible et peu charitable à l'encontre de Wolff, lui qui aurait, finalement, tout repris de la théorie monadique leibnizienne en tentant de dissimuler cette reprise par une variation lexicale. Notons cependant que le vocabulaire de la monade n'est accepté, dans cet extrait, qu'en tant qu'il signifie la simplicité de la substance. L'usage légitime du mot correspond donc à la théorie de la substantialité que nous avons mise au jour et que Wolff reprend. Suivant cette théorie de la simplicité substantielle, un usage rigoureux (c'est-à-dire démontré) du vocabulaire de la monade est possible. Il faut donc comprendre, non que Wolff accepte tout de la monade leibnizienne sans en accepter le terme, mais au contraire qu'il n'accepte le terme qu'en tant qu'il désigne un certain sens de la monade leibnizienne, à savoir son caractère simple et actif. Sur cette base, il semble possible de distinguer, non pas entre un monadisme leibnizien et une théorie wolffienne de la substance, mais entre deux types de monadisme que Wolff s'emploie à distinguer. Dès lors, le refus du terme de monade recouvrirait, sinon une acceptation mal dissimulée de la métaphysique leibnizienne de la substance, du moins la partition entre différentes tendances de celle-ci. Pour Wolff, ne pas utiliser le mot de monade revient à ne pas utiliser tous les sens que le terme concilie chez Leibniz, mais non pas à s'affranchir de la philosophie monadique.54 Ce faisant, il montre que la monade leibnizienne ne doit pas être

53 Cosmologia, §182, Rq. Nous traduisons.

54 Wolff admet ainsi partager avec Leibniz un fond commun quant à la conception de la substance. Dans d’autres textes, il propose un modèle différent. Par exemple, dans une lettre à Manteuffel du 11 mai 1746, il affirme que le système de Leibniz débute là où le sien s’achève. Dans cette version, il faudrait donc comprendre que la thèse de la perception des monades désigne la différence proprement leibnizienne sur la question des êtres simples. On peut supposer que ce genre de position résulte d’une volonté, de la part de Wolff, de se démarquer d’un pseudo système « leibniziano-wolffien » (qu’il mentionne d’ailleurs dans cette même lettre) en minorant le caractère leibnizien des matériaux qui servent à l’élaboration de son propre modèle. Voir Der Briefwechsel Zwischen Christian Wolff und Ernst Chrsitoph von Manteuffel , 1738 bis 1748, T.II, Open Access-Publikation des DFG-Projekts, p.159.

comprise de manière monolithique comme un concept fermé duquel aucun élément ne peut être retiré, mais, au contraire, qu'il s'agit d'un concept ouvert conciliant plusieurs tendances dont certaines peuvent être reprises. Il est alors possible d’identifier (au moins) deux types de monadisme, conciliés chez Leibniz mais que le texte wolffien permet de nettement distinguer.

Monadisme de la simplicité et monadisme de la représentation

S i Wolff préfère laisser de côté le mot de monade, c'est que son utilisation pourrait toujours mener à la confusion entre le sens légitime qu'il peut recevoir et son sens illégitime.

C'est pourquoi il préfère conserver le vocable de l'être simple. La question devient alors celle de l'identification du sens illégitime du mot de monade. Nous avons déjà croisé l'idée selon laquelle Wolff refuse de doter toute substance simple d'une force de représentation de l'univers. En effet dès le Discours préliminaire, Wolff avertit qu'autre chose est de reconnaître la simplicité et la force de modification inhérente à chaque substance, autre chose de faire de cette force une capacité représentative. Dans la Préface à la cinquième partie de la Philosophia moralis (1751), c'est-à-dire à la fin de la vie de Wolff, ce dernier confirme que son opinion sur ce propos a peu changé. Il y affirme en effet, contre ceux qui soutiennent que son système est presque entièrement construit sur l'hypothèse leibnizienne des monades, qu'il a depuis longtemps abandonné celle-ci. Mais l'intérêt de ce texte vient moins de l'affirmation désormais familière selon laquelle l'être simple n'est pas une monade, que de la justification de l'abandon du terme de monade :

« Il est évident que Leibniz attribue à ses monades perceptions et percepturitions, cependant il n'a jamais exposé publiquement son système tel qu'il en disposait. J'ai laissé de côté la moitié de la notion leibnizienne de monade (…) et pour cette raison je me suis aussi abstenu du nom, pour empêcher que ce que j'ai dit de l'être simple en général ne soit confondu avec la théorie de la monade de Leibniz. En effet, je n'ai attribué aux êtres simples que ce qui peut être abstrait de l'âme humaine, comme le genre depuis l'espèce, et ce qui depuis longtemps était tenu accordé des philosophes lorsqu'ils disputaient sur l'origine de l'âme. J'ai tiré cette notion depuis des principes ontologiques démontrés, et j'ai obtenu par là la simplicité et l'immatérialité de l'âme, sans cercle. »55

Il apparaît clairement ici que l'abandon du vocable de la monade résulte de la volonté de ne pas accepter la thèse de la perception de toute substance simple.56 Le refus du terme peut être

55 Philosophia moralis sive Ethica methodo scientifica pertracta. Pars quinta, sive ultima, in qua agitur de virtutibus, quibus praxis, officiorum erga alios continetur. Halle et Marbourg, 1753, Preafatio, p.9.

56 Ce genre d’affirmation permet à B. Look de parler d’une « théorie non-leibnizienne des substances simples ». Wolff est alors opposé à Baumgarten qui effectuerait un retour à la théorie originelle. Voir B.

Look, « Simplicity of Substance in Leibniz, Wolff and Baumgarten », Studia Leibnitiana, Bd. 45, H.2,

compris comme un refus stratégique visant à ne pas laisser croire que toute la conceptualité déployée chez Leibniz par le concept de monade est reprise par Wolff. Néanmoins, ce dernier admet lui-même que l'être simple tel qu'il le définit constitue une dérivation depuis la conceptualité de la monade à laquelle a été retirée la thèse de la perception de toute substance.

Il faut comprendre que, chez Leibniz, la monade se caractérise triplement : outre la simplicité et la force, elle dispose d'une capacité de représentation de l'univers. Il s'agit proprement de ce que nous nommons un monadisme de la représentation, c'est-à-dire une théorie de la monade qui considère cette dernière de manière triple, comme substance simple, comme point de départ d'une activité substantielle, et comme lieu de déploiement de perceptions, même confuses, par lesquelles elle se représente le monde. C'est cette troisième caractéristique qui constitue, selon Wolff, le critère de démarcation entre monade et être simple. Cependant Wolff n'en reste pas là, et fonde le refus de cette troisième caractéristique sur l'analyse hiérarchique de son domaine de validité. En clair, Wolff fait de la capacité psychique une capacité propre à certaines substances, c'est-à-dire la détermine comme une différence spécifique parmi les substances simples. La capacité représentative désigne une espèce parmi le genre des substances. La Préface de la cinquième partie de la Philosophia moralis permet clairement d'identifier cette espèce par le concept d'âme, et plus particulièrement d'âme humaine. Ainsi le monadisme de la représentation consiste-t-il, selon Wolff, à confondre l'espèce particulière qu'est l'âme humaine avec le genre de toutes les substances simples. En conséquence, Leibniz attribue à toutes les substances des perceptions, alors que, pour Woff, les capacité représentative fonde la différence spécifique des âmes. Contrairement à ce qui se passe chez Leibniz, chez qui l'âme humaine est le moyen d'une analogie pour comprendre toute substance, Wolff entend moins généraliser l'espèce dans le genre qu'abstraire le genre depuis l'espèce. Dès lors, puisque la capacité représentative n'est plus considérée comme un attribut générique, l'abstraction par laquelle l'âme humaine permet de penser la substance ne conduit pas à l'attribution de la perception à tous les éléments composant l'ensemble générique des êtres simples. Suivant cette correction méthodologique, Wolff restreint donc le monadisme de la représentation aux seules âmes. Le monadisme de la simplicité et celui de la représentation sont moins opposés par Wolff qu'organisés hiérarchiquement l'un par rapport à l'autre : la substance en tant qu'elle est simple et douée de force est un genre qui comprend l'espèce des êtres dotés d'une perception de l'univers. L'erreur de laquelle participe l'utilisation du terme de

2013, 191-208.

monade telle qu'on la trouve chez Leibniz consiste à ne pas reconnaître la distinction hiérarchique entre ces deux types de monadisme, et à confondre les deux.

Reste à comprendre pourquoi Wolff refuse l'application généralisée du monadisme de la représentation, c'est-à-dire pourquoi il refuse de faire de la perception un attribut générique de toute substance. Car, la distinction entre le genre des substances et l'une de ses espèces particulières ne suffit pas à justifier que les caractéristiques de cette espèce ne puissent être des caractéristiques communes au genre. Le problème auquel fait face Wolff consiste en ce que, pour refuser l'attribution de la capacité représentative à toute substance, il devrait être capable de connaître les déterminations internes d'autres espèces de substances que les âmes afin de démontrer qu'elles ne disposent pas de cette capacité. On comprend dès lors que, dans certains textes, Wolff ne refuse pas de manière catégorique mais de manière sceptique la thèse de la perception universelle. Dans la Deutsche metaphysik par exemple, au §598, il concède une hésitation à admettre la représentation de l'univers dans les choses simples et remet à plus tard la recherche de « ce qui est proprement produit par [leur] action. » De même, au §600, il refuse d'« arrêter ce en quoi consiste proprement le fait que l'état interne des choses simples se rapportent à tout dans le monde (...) ».57 On pourrait ici voir une hésitation de jeunesse que les textes de la maturité se chargeraient de trancher. Pourtant, c'est le même type de scepticisme qu'adopte le texte plus tardif de la Psychologia rationalis, lorsque Wolff récuse toute accusation de panpsychisme contre sa propre théorie substantielle. Il affirme alors : « (…) je ne revendique pour les éléments des choses matérielles que la simplicité, et quant à la nature de la force qui leur est infuse, je la laisse en doute »,58 contrairement à Leibniz, qui pour sa part, « attribue à ses monades, lesquelles il déclare être les éléments des choses matérielles, la perception et l'appétit, mais sans l'aperception. »59 Certes, dans ce passage, Wolff défend Leibniz en montrant que, puisque l'aperception n'appartient pas à toute substance, « les Monades leibniziennes ne sont dotées ni d'intelligence ni de libre arbitre, et ne sont pas non plus des esprits »60 ; cependant il se distingue de ce dernier en refusant de se prononcer sur ces perceptions sans aperceptions dont seraient susceptibles certains êtres. Si Leibniz ne fait

57 Revue de Synthèse, « Leibniz, Wolff et les monades. Science et métaphysique », ouvrage cité, p.363.

58 Psychologia rationalis methodo scientifica pertractata qua ea, quae de Anima Humana indubia experientiae fide innotescunt, per essentiam et naturam animae explicantur, et ad intimiorem naturae ejusque autoris cognitionem profutura proponuntur, Francfort et Leibpzig, 1740, §644: « ( … ) cum elementia rerum materalium, nonnisi simplicitatem vindicemus, qualis vero sit vis ipsis insita in dubio relinquamus. » [trad. Y. Belaval, Études leibniziennes, ouvrage cité, p.159.]

59 Idem. Nous traduisons.

60 Idem. Nous traduisons.

pas de toute substance une entité psychique, même lorsqu'il les dote toutes de perceptions, il faut comprendre a fortiori que l'être simple wolffien n'est pas un esprit, car il n'est même pas pourvu de capacité perceptive.L'argument consiste à affirmer que les êtres simples ne doivent pas être considérés comme des esprits sous prétexte qu'ils sont simples et par conséquent immatériels. De l'immatérialité du simple ne découle pas nécessairement la capacité psychique de représentation de l'univers : tout être simple ne peut être appelé un esprit.

Cependant, l'usage du verbe latin relinquere nous avertit qu'il s'agit là, de la part de Wolff, d'une suspension du jugement : c'est parce qu'on ne peut déterminer de manière positive ce en quoi consiste l'action propre des substances simples qu'on refuse de se prononcer. Nous n'avons, pour notre part, accès qu'aux seules âmes, dotées de perceptions et il est impossible, depuis notre point de vue, de généraliser ce qui n'est peut-être que le privilège d'une espèce d'être. C'est en ceci que la thèse de la capacité représentative de toute substance fait l'objet d'un scepticisme de la part de Wolff.

Résumons avant d'avancer : en distinguant le genre des substances simples de l'espèce des âmes représentatives, Wolff articule hiérarchiquement un type de monadisme à un autre.

D'un côté, le monadisme de la simplicité permet de penser les attributs généraux communs à toutes les substances ; de l'autre, le monadisme de la représentation n'est valable que pour le cas des âmes humaines, en tant que ces dernières sont des esprits. Si Wolff refuse d'utiliser le mot de monade, c'est pour ne pas laisser croire qu'il procède à la confusion du genre et de l'espèce. Cependant, le refus d'attribuer la capacité représentative à toute substance procède avant tout d'un scepticisme qui découle de l'impossibilité de connaître de manière positive l'état interne des substances, lesquelles ne sont pas toujours des âmes. Il s'agit d'une suspension sceptique du jugement plus que d'un rejet catégorique.

À première vue, le refus sceptique d'une généralisation du monadisme de la représentation peut être assez simplement expliqué à partir de l'impossibilité d'une démonstration de celui-ci : puisque l'ontologie ne peut rien démontrer d'autre que la simplicité et la force des substances simples, l'attribution générique de la capacité représentative ne dispose d'aucun fondement démonstratif, et se trouve reléguée au rang de conjecture indue.

Autrement dit, la généralisation de la capacité représentative serait écartée parce qu'elle n'intègre pas la procédure scientifique, c'est-à-dire qu'elle n'est pas susceptible de démonstration. Pourtant, si cette explication nous semble juste, telle quelle, elle ne rend pas encore compte du problème que pose, pour Wolff, le monadisme de la représentation. Car, par

ailleurs, Wolff ne refuse pas toutes les conjectures leibniziennes au prétexte qu'elles ne sont pas démontrées scientifiquement. On sait par exemple que l'hypothèse de l'harmonie préétablie entre l'âme et le corps, quoiqu'elle ne soit pas démontrée chez Wolff, est pourtant considérée par ce dernier comme l'hypothèse la plus probable, en ceci qu'elle rend raison de la thèse cartésienne d'un influx physique de l'âme sur le corps (et inversement) ainsi que de la thèse occasionnaliste de Malebranche.61 Il semble donc que des énoncés non démontrés puissent intégrer la philosophie de Wolff lorsqu'ils sont considérés comme probables et disposent d'un pouvoir explicatif supérieur à d'autres hypothèses. Ne pourrait-on pas dès lors imaginer le même type d'argument à propos du monadisme de la représentation ? De fait, Wolff ne s'engage pas dans cette direction. Il faut donc encore expliquer pourquoi Wolff en reste à un refus sceptique de la perception universelle de toute substance.

On gagnerait à se tourner vers les conséquences possibles de l'attribution d'une capacité représentative à tous les êtres pour expliquer son refus. De ce point de vue, les commentateur.ices sont partagé.es. Certains défendent l'idée selon laquelle c'est le risque d'un idéalisme universel qui pousse Wolff à rejeter la thèse des perceptions monadiques. Ainsi A. Lamarra affirme-t-il que « (…) Leibniz aurait développé une théorie de la substance qui risquait d'aboutir à un idéalisme métaphysique, en conflit non seulement avec le prétendu dualisme de sa théorie de l'harmonie, mais aussi avec la philosophie de la substance telle que la concevait Wolff. En conséquence, les thèses principales de la Monadologie n'étaient intégrables à la pensée wolffienne qu'à la condition de les rendre compatibles avec son dualisme métaphysique. »62 De ce point de vue, la thèse d'une capacité perceptive inhérente à toute substance simple courrait le risque de déréaliser les corps en faisant d’eux des effets

On gagnerait à se tourner vers les conséquences possibles de l'attribution d'une capacité représentative à tous les êtres pour expliquer son refus. De ce point de vue, les commentateur.ices sont partagé.es. Certains défendent l'idée selon laquelle c'est le risque d'un idéalisme universel qui pousse Wolff à rejeter la thèse des perceptions monadiques. Ainsi A. Lamarra affirme-t-il que « (…) Leibniz aurait développé une théorie de la substance qui risquait d'aboutir à un idéalisme métaphysique, en conflit non seulement avec le prétendu dualisme de sa théorie de l'harmonie, mais aussi avec la philosophie de la substance telle que la concevait Wolff. En conséquence, les thèses principales de la Monadologie n'étaient intégrables à la pensée wolffienne qu'à la condition de les rendre compatibles avec son dualisme métaphysique. »62 De ce point de vue, la thèse d'une capacité perceptive inhérente à toute substance simple courrait le risque de déréaliser les corps en faisant d’eux des effets