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CHAPITRE 2 LE CADRE THÉORIQUE

2.2 L’APP SELON L’APPROCHE SOCIOCONSTRUCTIVISTE

2.2.1 Définition du socioconstructivisme et applications contemporaines

2.2.1.1 Les définitions et interprétations de la ZPD

Pour Vygotski (1934/1997), originellement , la ZPD est comprise comme étant “[ la disparité entre l’âge mental, ou niveau présent de développement, qui est déterminé à l’aide des problèmes résolus de manière autonome et le niveau qu’atteint l’enfant lorsqu’il résout des problèmes, non plus tout seul, mais en collaboration... ]” (p. 351).

Cette définition initiale du concept de ZPD a été reprise, tantôt de manière simplifiée, tantôt de manière plus élargie, par différents auteurs. Ainsi pour Ivic (1994), la ZPD est définie comme la différence (exprimée en unités de temps) entre les performances de l’enfant laissé à lui-même et celles du même enfant quand il travaille en collaboration et avec l’assistance de l’adulte. Cette notion de ZPD servait à expliquer la nécessité de nuancer les tests psychométriques.

Par contre, pour Wertsch (1984), la ZPD est un construit théorique qui ne peut être défini de façon précise, car que signifie niveau potentiel de développement? Pour mieux appréhender ce concept de ZPD, il conviendrait pour Wertsch d’ajouter trois notions : la définition de situation, l’intersubjectivité et la médiation sémiotique. La définition de situation correspond à la représentation de la situation que se font les différents acteurs, adulte et enfants. Cette représentation est, bien entendu, différente et les enfants, grâce à l’interaction, travail inter psychique dans la ZPD, pourront abandonner leur définition de la situation grâce à l’intersubjectivité. Celle-ci permet aux deux parties de trouver un terrain d’entente où la communication reste possible grâce à la collaboration et à la négociation, ce qui conduit à la troisième notion de médiation sémiotique, notamment par le langage.

Doolite (1997) considère aussi la ZPD comme un construit dynamique qui ne concerne pas que le développement cognitif, mais aussi l’apprentissage humain. En effet, quand le processus d’apprentissage commence, l’étudiant a besoin de beaucoup d’aide.

Avec la pratique et l’expérience, la zone de développement de l’étudiant va se déplacer et, plus tard, il sera capable d’accomplir la tâche indépendamment.

Morris (2002), interprète la ZPD comme la distance entre le niveau actuel de développement (qui se traduit par la capacité à résoudre seul un problème) et le niveau potentiel de développement déterminé par la capacité de résoudre le problème avec l’aide du tuteur ou des autres. Il va au-delà de l’éducation des enfants et y voit un modèle d’instruction impliquant la collaboration d’un novice ou d’un étudiant travaillant avec des gens plus qualifiés que lui. Pour Murray et Arroyo (2002), la ZPD correspond à une zone d’instruction interactive au sein de laquelle le matériel fourni à l’apprenant n’est ni top difficile, ni trop facile et, en termes affectifs, c’est une zone au sein de laquelle l’étudiant n’est ni trop ennuyé ni trop confus. Leur définition de la ZPD permet aussi de l’étendre aux systèmes tutoriaux intelligents susceptibles de fournir de l’aide aux apprenants dans leurs apprentissages.

Plusieurs auteurs, dont Engestrom (1987), Newman, Griffin et Cole (1989), Lave et Wenger (1991), Hatano (1993), Moll & Withmore (1993) contestent cette vision restreinte de la ZPD. C’est ainsi que pour Engestrom (1987), la ZPD doit être considérée au niveau sociétal, là où s’exercent les activités humaines, initiales et transformées par les apprentissages des individus qui composent cette société. Il la considère donc en termes de cheminement, comme la distance entre les activités présentes, initiales, des individus et les nouvelles formes d’activités sociales qui peuvent être générées collectivement au travers des apprentissages, comme résolution de problèmes. Lave et Wenger (1991) insistent sur la pratique sociale et le soutien apporté par les communautés de pratique dans les apprentissages, perçus comme un processus de participation périphérique légitime. Sur le plan scolaire, Moll et Whitmore (1993), approuvés par Hatano (1993), proposent de considérer les salles de classe comme un système socio-culturel, créé activement par les apprenants et l’enseignant, et constituant une ZPD collective. Ils proposent donc une vision plus élargie de la ZPD qui rejoint le point de vue de Newman, Griffin et Cole (1989) qui la considèrent d’une manière générale, comme le système interactif à l’intérieur duquel les gens travaillent sur un problème, système sans lequel au moins l’une de ces personnes ne pourrait pas travailler efficacement : “ More generally,

the concept of ZPD refers to an interactive system within which people work on a problem, which at least one of them, could not alone, work on effectively ” (p. 61).

Donc, l’idée de ZPD s'étend au-delà de la relation expert-novice où celui qui sait transfert son savoir vers celui qui ne sait pas. Elle confère en réalité une signification de nature plus collective et dépasse l'interprétation voulant qu'elle soit une simple transaction entre un expert qui assiste un novice dans la réalisation d'une tâche. Il faudrait plutôt percevoir la ZPD dans l'optique d'une zone collective.

Quelle synthèse pourrions-nous faire de toutes ces conceptions sur la ZPD ? Il y a l’idée de différence, de disparité entre ce qu’un individu peut faire tout seul et ce qu’il est capable d’accomplir avec l’aide d’un ou des autres. L’apport de l’autre plus outillé, l’interaction sociale avec les autres pourrait être considérée comme un révélateur des potentialités qui existent déjà chez l’apprenant, qui sont enfouies en lui. Ce soutien, sous différentes formes, va permettre à ces potentialités de prendre forme, de s’épanouir chez l’apprenant, de passer de la nébulosité, du subconscient au conscient et devenir un nouvel acquis, une nouvelle richesse pour l’apprenant, qui le partagera à son tour avec d’autres. Dans cette perspective plus élargie, la zone de proche développement est regardée comme un processus social dans lequel sont engagés des membres d'une même communauté culturelle qui unissent leurs efforts pour donner du sens à des tâches significatives pour les acteurs.

C’est ce soutien, cette aide que nous allons maintenant analyser en abordant le concept de scaffolding ou étayage.