• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 3 LA MÉTHODE

3.2 LE CONTEXTE DE LA RECHERCHE

La recherche a été réalisée à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Précisons tout d'abord que l'exploration de la dynamique pédagogique de l’APP lors de la formation de médecins et son rôle dans le processus d’apprentissage des concepts scientifiques de base aurait pu se réaliser dans d'autres environnements, mais que nous avons retenu celui rattaché à l’Université de Montréal pour des raisons d'accessibilité de même que de pertinence. Dans les lignes qui vont suivre, nous décrivons les détails du contexte de recherche.

À l’Université de Montréal, comme nous l’avons mentionné précédemment, l’APP est utilisé depuis 1993. Le programme de doctorat en médecine est d’une durée de quatre à cinq ans. Il comprend une année préparatoire pour les étudiants admis avec une formation collégiale ou universitaire dans un domaine non relié à la santé. Ensuite viennent deux années de pré-externat, pendant lesquelles les étudiants suivent des cours, essentiellement en petits groupes par la méthode d’APP, associés à une immersion clinique hebdomadaire en milieu hospitalier, pour l’acquisition des habiletés cliniques de base. Enfin, il y a deux années d’externat à temps plein consacrées aux stages cliniques dans les différentes disciplines de la médecine avec des séances d’apprentissage au raisonnement clinique (ARC), en petits groupes, dans les services hospitaliers.

L’année préparatoire comprend 40 crédits, dont 27 crédits obligatoires en sciences biologiques, une semaine d’immersion clinique (1 crédit), 9 crédits obligatoires en sciences humaines et sociales, et un cours à option de 3 crédits servant de complément à la formation antérieure de l’étudiant. Rappelons qu’un crédit est défini comme “ une unité qui permet à l'université d'attribuer une valeur numérique à la charge normale de travail exigée d'un étudiant pour atteindre les objectifs d’un cours ”. Un crédit correspond à 45 heures qu’un étudiant consacre pour atteindre les objectifs d’un cours 13 L’enseignement durant l’année préparatoire se fait sous forme traditionnelle et les cours magistraux y prédominent. Quarante-huit heures sont consacrées aux travaux en laboratoire et l’activité d’immersion clinique dure 35 heures.

Pour ce qui est du déroulement des tutoriaux d’APP, les étudiantes et étudiants de première année viennent le lundi et le jeudi, tandis que ceux et celles de deuxième année, le mardi et le vendredi.

Les tutoriaux ont lieu dans de petites salles équipées d’une grande table centrale avec des chaises tout autour, de deux tableaux (un grand et un petit) et de matériel informatique et audiovisuel (télévision, magnétoscope, ordinateur portable fixé pour chaque salle, vidéo-projecteur, système d’enregistrement vidéo).

13

Voir Règlement des études de premier cycle à l’Université de Montréal accessible sur le site

Chaque cours par APP exige 19 tuteurs pour respecter le ratio d’un tuteur pour huit étudiants en moyenne. Parmi les 19 tuteurs, six à huit, dont un responsable, forment le comité de cours, dont le rôle est la planification des objectifs d’apprentissage, l’élaboration du matériel pédagogique, la rédaction des problèmes et la préparation des examens. Il est important de signaler que 20 % des tuteurs sont des enseignants des disciplines fondamentales, et 80 % des cliniciens, dont une majorité de spécialistes (80 %) et peu d’omnipraticiens (20 %). (Dubé, Ferron et Morin; 2000)

Les cours se donnent sur le campus de l’Université de Montréal, à raison de deux séances de trois heures par semaine. Il est également possible de poursuivre entièrement la formation au campus Mauricie, un campus décentralisé de la Faculté de médecine.

Les modalités d’évaluation sont nombreuses14. 1) Il y a d’abord l’évaluation du travail des étudiants lors de l’APP par les tuteurs : chaque étudiant a une fiche individuelle qui sera remplie par le tuteur, à la fin de chaque cours. Sur cette fiche, 6 des 7 compétences CanMeds (Frank, 2005) sont évaluées selon trois ou quatre niveaux d’échelle : dépasse les attentes, conforme aux attentes, inférieur aux attentes et insuffisant. Les compétences évaluées sont le professionnalisme (comportement et ponctualité), l’expertise (compréhension et raisonnement), la communication (langage médical, esprit de synthèse), collaboration (participation, aide au fonctionnement du groupe), gestion (exécution du rôle assigné), érudition (diversité des sources d’information). La septième compétence, la promotion de la santé, n’est pas évaluée.

Il y a aussi, en bas de la feuille d’évaluation, un espace réservé aux commentaires du tuteur. À la fin de la session, toutes les évaluations faites par les différents tuteurs, pour chaque étudiant, sont compilées et une note moyenne est attribuée à l’étudiant. Cette note compte pour 20 % par rapport à l’évaluation finale, mais elle reste cependant assez indépendante : en effet, une note insuffisante, selon l’appréciation des tuteurs, peut faire échouer un étudiant, indépendamment des notes de l’examen écrit. 2) L’examen écrit comporte des questions à choix de réponses (QCR), des questions à réponse ouverte et

14

Informations tirées d’un entretien avec le Dr Marcel Julien, responsable des études médicales du premier cycle, et complétées par des documents fournis par le bureau de l’évaluation de la Faculté de médecine accessible au sitewww.medbev.umontreal.ca.

courte (QROC), des problèmes à éléments-clés (type Q4) et des cartes conceptuelles à compléter. Ces questions sont préparées selon les normes recommandées par le bureau de l’évaluation

Le but de cette évaluation multimodale est de préparer les futurs médecins à leurs rôles de professionnels scientifiques et humanistes, de communicateurs et de collaborateurs au sein d’équipes multidisciplinaires afin de répondre aux besoins d’une société mouvante et aux impératifs d’un système de santé en pleine transformation. Ce programme d’études vise l’acquisition de cinq compétences fondamentales qui sont la maîtrise de la démarche clinique; l’autonomie dans l’apprentissage; la pratique de l’analyse critique et du raisonnement scientifique; les aptitudes à la communication et au travail d’équipe; le développement de la personnalité, nécessaire à un bon fonctionnement personnel. Signalons que ces compétences sont incluses dans le cadre plus large des compétences CanMEDs (Frank, 2005) offrant un cadre accepté pour l’ensemble du continuum des études médicales.

Soulignons que la Faculté de médecine de l’Université de Montréal offre aux étudiants un soutien de qualité, tant au niveau des ressources humaines que matérielles. En effet, 2 000 professeurs attitrés, chercheurs en sciences fondamentales et cliniciens, sont disponibles pour la formation des futurs médecins et autres professionnels de la santé, à tous les niveaux de formation. Ce personnel œuvre dans le cadre du Réseau universitaire intégré de santé de l’Université de Montréal (RUIS de l’UdeM), qui comprend 15 institutions, centres hospitaliers universitaires (CHU), instituts, centres hospitaliers affiliés et hôpitaux communautaires. Les étudiants bénéficient de diverses structures de soutien, notamment les laboratoires informatiques, le bureau d’aide aux étudiants et aux résidents en médecine (BAER), la bibliothèque de la santé, la bibliothèque en ligne, les cours et soutien en ligne par la plate forme Web CT, etc. (renseignements sur le site de la Faculté de médecine). Les effets de toute cette logistique peuvent se voir au travers des résultats aux examens nationaux de certification du Conseil Médical du Canada. En effet, depuis sept ans, les étudiants de médecine de

l’Université de Montréal se classent parmi les premiers (premiers de 2000 à 2006 et deuxièmes en 2007)15.

C’est dans cette faculté de médecine de l’Université de Montréal qu’a eu lieu notre recherche empirique sur la construction des concepts scientifiques de base lors de deux cours donnés par APP.