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CHAPITRE 3 LA MÉTHODE

3.6 CONTRÔLE DE QUALITÉ

Comme le souligne Gagnon (2005), les méthodes de recherche qualitative, dont l’étude de cas, permettent d’appréhender les systèmes humains ou sociaux complexes. La force de l’étude de cas est de fournir “ une analyse en profondeur des phénomènes dans leur contexte ” (p. 3), mais cette méthode a aussi des faiblesses, notamment en ce qui concerne la généralisation des résultats. Pour assurer une certaine qualité à l’étude de cas, comme à toute recherche qualitative, il est nécessaire de faire preuve d’une certaine “ rigueur ” dans la démarche (Gohier, 2004) et de respecter les critères de crédibilité, fiabilité, transférabilité, la validité de construit et fiabilité (Gagnon, 2005)

3.6.1 Validité interne, crédibilité

La crédibilité selon Gohier (op.cit) traduit un souci de validation interne, garantie par le fait que les phénomènes relevés et décrits sont des représentations authentiques de la réalité observée. Selon Gagnon (2005), elle est assurée par quatre types d’activités :  Contrôler les effets de la présence de l’observateur. Le fait de ne pas être dans la

même salle que les étudiants avec leur tuteur et de les suivre tout au long des quatre semaines de cours a permis de minimiser l’effet du chercheur sur le site.

 L’authenticité des données recueillies : elle est aussi garantie par les multiples modalités de recueil et par diverses personnes : les techniciens de la faculté de médecine ont assuré l’enregistrement vidéo des tutoriaux (par du matériel déjà pré installé), que nous observions en même temps. Ils ont aussi récupéré les cartes conceptuelles produites par les étudiants et enregistrées dans les ordinateurs. Nous avons rédigé notre journal de bord, assuré l’interview des étudiants, discuté avec les tuteurs et consulté leurs manuels. Les sources multiples de recueil des données présentes dans notre recherche permettent la triangulation, comme le soulignent Karsenti et Demers (2004), qui considèrent l’utilisation des sources multiples lors de la collecte des données comme un moyen de triangulation, ce qui accroît la validité de l’étude de cas (p.222).

 Triangulation des données. À ce propos, Van Der Maren (2003) souligne que “ le mot triangulation ” peut avoir plusieurs sens : triangulation restreinte, triangulation élargie, triangulation des analyses ou des interprétations, et il importe donc de préciser de quelle type de triangulation il s’agit 16(p.143-144). Pour notre recherche nous avons utilisé la triangulation élargie et celle des analyses. En effet, nous avons d’une part recueilli nos données à partir des sources multiples comme mentionné précédemment, et nous avons fait vérifier nos interprétations par les responsables des cours de néphrologie (Dr Quérin) et de microbiologie (Dr Beliveau).

Un autre moyen de procéder à la triangulation, selon Savoie-Zajc (2004) est le recours à plusieurs cadres théoriques pour interpréter les résultats : c’est ce que nous avons également fait. En effet, bien que nous ayons choisi de nous référer au cadre socioconstructiviste pour notre recherche, nous avons aussi présenté la contribution du cognitivisme à la compréhension de l’APP. Elle parle aussi de la présence prolongée du chercheur sur le site, comme source de crédibilité, car cela permet au chercheur de développer une “ compréhension fine des dynamiques des contextes où il étudie le phénomène ”. Nous avons satisfait cette exigence en suivant chaque groupe, tout au long des quatre semaines de cours. Le genre d’échantillonnage est aussi approprié, car le cas orienté aléatoire est indiqué quand l’échantillon potentiel est trop large (Miles et Huberman 2003, p. 60). En effet, pour chaque problème, 19 tutoriaux d’APP ont lieu simultanément sur le campus pour chaque année et tous les locaux n’ont pas une salle adjacente permettant l’observation. Il fallait alors choisir un groupe et le suivre tout au long du cours. Le choix a été fait par la Faculté, orienté par l’occupation d’un local permettant l’observation.

 Validité référentielle. Nous avons aussi fait une revue exhaustive de la littérature qui nous a permis de relever les différents points de vue sur le problème de l’efficacité de l’APP pour l’apprentissage des concepts scientifiques. Nous avons pu comparer nos

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Selon Van Der Maren (2003, p.143-144) la triangulation élargie consiste à recueillir l’information sur l’objet de la recherche auprès de plusieurs informateurs ayant des rôles différents. Elle permet de mieux saisir la complexité de l’objet de la recherche. La triangulation restreinte correspond au fait de recueillir l’information sur un même sujet auprès de différents informateurs, avec des techniques différentes et de comparer ces informations; elle permet d’évaluer la relativité des « traces recueillies et d’apprécier d’une certaine manière la fidélité de ces traces ». Enfin, la triangulation des analyses ou des interprétations consiste à faire vérifier ses interprétations par d’autres chercheurs.

résultats à ceux des prédécesseurs, c’est la validité référentielle selon Drapeau (2004), pour pouvoir réfuter les “ explications rivales ” (Gagnon 2005, p. 34).

3.6.2 Validité externe, transférabilité

La transférabilité ou validité externe concerne l’application des résultats auxquels le chercheur est arrivé à d’autres contextes (Pourtois et Desmet, 2007) c’est la principale faiblesse de l’étude de cas, selon Gagnon (2005). Mais, notre but n’est pas tant la généralisation, car il existe de multiples applications de l’APP et des différences individuelles parmi les étudiants et les tuteurs. Cependant, les cas sont reproductibles dans le temps, dans le sens que les tutoriaux continueront selon le même modèle, mais les acteurs ne seront plus les mêmes. Toutefois, la dynamique de construction des concepts reste la même, ce qui permet une certaine transférabilité des résultats, par rapport à ce processus de conceptualisation. Pour accroître cette validité externe, nous ne nous sommes pas limitée à un seul cas, mais nous avons suivi et comparé deux groupes d’étudiants de différentes années d’étude, avec leurs tuteurs.

3.6.3 Validité de construit

La validité de construit cherche à vérifier jusqu’à quel point les “ significations sont partagées à travers les temps, les sites et les populations ” (Gagnon, 2005 p. 36). En effet, dans notre définition opératoire du concept (p.120), nous avons abordé différents points de vue sur le concept, qui a une portée universelle et peut se traduire de multiples façons. Cette validité de construit exige aussi de sélectionner des cas pertinents par rapport aux objectifs de la recherche. Les cas choisis (groupes d’étudiants et leur tuteur) répondent tout à fait à cette exigence. Elle exige aussi d’élaborer des indicateurs appropriés pour le traitement et l’interprétation des données, mesurant des construits clairement identifiés. Enfin, elle exige l’honnêteté dans l’explication du protocole de recherche et la présentation des données. Cette recherche a rempli ces différentes conditions, car les dimensions du cas ont été clairement spécifiées et nous avons rapporté honnêtement les données de la recherche qui restent disponibles. Selon Gagnon (2005), cette validité de construit accroît aussi la transférabilité.

3.6.4 Fiabilité, fidélité

La fiabilité se rapporte à la réplicabilité des résultats. Gagnon (2005) distingue deux types : la fiabilité interne et l’externe.

 La fiabilité interne se réfère au fait que d’autres chercheurs arriveraient sensiblement aux mêmes résultats, en traitant et en interprétant les données de l’étude. Elle exige de rapporter fidèlement les données, de protéger les données brutes et permettre leur accessibilité, de rechercher le point de vue d’autres personnes pour faire réviser l’interprétation des données.

 La fiabilité externe vise à montrer que d’autres chercheurs, en suivant la même démarche, pourraient découvrir le même phénomène. Elle repose sur une bonne précision de la méthode et de la position du chercheur.

Pour rencontrer ces exigences, nous avons précisé notre posture épistémologique et explicité notre méthode, mais si la fiabilité interne peut être satisfaite, la fiabilité externe le sera beaucoup moins, car les acteurs ne seront plus les mêmes.

Selon Savoie-Zajc (2004), le critère de fiabilité porte plutôt sur “ la cohérence entre les questions posées au début de la recherche, l’évolution qu’elles ont subie, la documentation de cette évolution et les résultats de la recherche ”. Pour notre part, nous avons connu une évolution par rapport à nos questions de recherche initiales. Au départ, nous nous posions la question suivante : dans quelle mesure l’utilisation pratique de l’APP en médecine permet-elle de s’assurer, d’affirmer que les étudiants ont effectivement acquis les concepts scientifiques prévus par la Faculté? Elle incluait deux sous-questions :

 dans quelle mesure les diverses activités de la phase retour permettent-elles de s’assurer que les étudiants ont acquis les concepts scientifiques prévus ?

 Dans quelle mesure le travail personnel de chaque étudiant est-il efficace par rapport au processus de conceptualisation?

La formulation initiale de nos questions, “ dans quelle mesure... ”, correspondait plus à une recherche évaluative plutôt qu’à la recherche exploratoire que nous souhaitions faire dès le début.

Nous les avons donc reformulé au travers de l’objectif général que nous nous sommes fixé, lequel est de: retracer, de décrire et d'analyser pour mieux comprendre la dynamique pédagogique de l’APP lors de la formation pré clinique des médecins et son rôle dans le processus d’apprentissage des concepts scientifiques de base.

Cet objectif général nous a amenée à l’identification des objectifs spécifiques suivants :

(1) Fournir des analyses détaillées ainsi que des matériaux réflexifs et théoriques, susceptibles de rendre compte du phénomène d'apprentissage des concepts scientifiques de base par des étudiants en médecine dans le contexte de l’APP.

(2) Explorer, décrire et analyser les approches de travail personnel des étudiants.