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CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL

2.3 Les inégalités scolaires

2.3.2 Les facteurs liés au couple école-enseignant

2.3.2.3 Les caractéristiques découlant de la socialisation genrée

Les caractéristiques personnelles des filles et des garçons ne seraient pas étrangères à leur situation scolaire. Au plan général, les résultats de la recherche montrent que les filles s’investissent davantage dans les activités de classe, ainsi que dans toutes celles liées à l’école et aux études, alors que les garçons seraient en moyenne plus susceptibles que les filles d’être perturbateurs, de tester les limites des enseignants et d’avoir besoin d’activité physique (Baudelot et Establet, 2007; Duru-Bellat, 1994; Mercader et al., 2014; OCDE, 2015).

Si les filles présentent une meilleure réussite scolaire, cela serait lié à leur rapport à l’école, à leurs attitudes et leur comportement favorables (OCDE, 2015). Selon les résultats présentés par Akoué (2007), la plupart des filles auraient une perception positive de l'école et des attitudes favorables à la réussite scolaire. Ce fait est confirmé par de nombreuses études scientifiques (Akoué, 2007; Duru-Bellat et Van-Zanten, 2009; Lessard et al., 2007; OCDE, 2015). Toutefois, elles manqueraient de confiance en elles-mêmes face aux STIM.

Les garçons quant à eux, seraient moins susceptibles que les filles d’intervenir, de s’engager dans une activité de classe, de prêter attention, de suivre et de respecter les consignes et les instructions de leurs enseignants. En conséquence, ils sont moins susceptibles que les filles à réussir leur projet (Deslandes et al., 1998; Duru-Bellat, 2004; OCDE, 2015). De nombreuses études (Fortin et al., 2004; Janosz, Le Blanc, Boulerice et Tremblay, 2000; Lessard et al., 2007; Marcotte et al., 2001) notent que, sur le plan des facteurs personnels, « les garçons montrent généralement plus de problèmes extériorisés (agressivité et déviance) que les filles (…) et parfois autant de problèmes intériorisés, comme la dépression » (Lessard et al., 2007, p. 648). À mesure que les filles et les garçons grandissent, ces différences s’accentuent. Les garçons commencent alors à « se mettre en retrait en classe et à se désinvestir » (OCDE, 2015, p. 57). Ainsi, ils ont tendance à négliger toute activité liée à l’école et aux apprentissages, comme la lecture et les devoirs à domicile (Lessard et al., 2007; OCDE, 2015; SPIRLS et TIMSS, 2011). Il en découle un absentéisme plus important chez les garçons par rapport aux filles, une baisse des notes qui provoque le découragement, conduit au redoublement et même au décrochage scolaire. L’enquête PISA (2012) montre en effet qu’à niveau égal de compétence aux matières évaluées, les garçons sont plus susceptibles que les filles de déclarer avoir déjà redoublé au moins une fois, avant l’âge de 15 ans et d’avoir obtenu de moins bonnes notes dans ces matières

(Lessard et al., 2007; OCDE, 2015). Or, la faiblesse des résultats scolaires est identifiée comme un facteur prédictif important de « l’espérance de scolarité » (Deslandes, 2006; Deslandes et al., 1998; Duru-Bellat, 2004; Lessard et al., 2007; OCDE, 2015). Il se crée alors un cercle vicieux qui peut conduire à l’échec scolaire (Deslandes et al., 1998; Lessard et al., 2007; OCDE, 2015). En dehors de l’école, les filles seraient plus susceptibles que les garçons de lire par plaisir, notamment des « textes complexes, tels que les livres de fiction » (Agence exécutive Éducation et Eurydice, 2010; OCDE, 2015, p. 12). Ceci expliquerait leurs meilleures compétences en compréhension de l’écrit, qui constitue la base de tous les autres apprentissages (Duru-Bellat, 2004; OCDE, 2015; SPIRLS et TIMSS, 2011). Le manque de pratique de la lecture chez les garçons influe négativement sur leurs résultats dans les autres matières. Les filles sont également plus susceptibles qu’eux de faire leurs devoirs. D’une manière générale, selon les données PISA (2012), elles consacrent globalement, une heure de plus par semaine, à leurs devoirs. Or, ces mêmes données révèlent que le cumul de ces heures par semaine « entraîne un gain de score de 4 points aux épreuves PISA de compréhension de l’écrit, de mathématiques et de sciences » (OCDE, 2015, p. 11). Globalement, la recherche révèle qu’en dehors de l’école, les filles utilisent leur temps à des activités plus bénéfiques à la réussite scolaire (Deslandes, 2006; Deslandes et al., 1998; Duru-Bellat, 2004; Lessard et al., 2007; OCDE, 2015; SPIRLS et TIMSS, 2011).

Par ailleurs, les garçons consacreraient plus de temps que les filles aux jeux vidéo à plusieurs en réseaux qui, comparativement à d’autres usages, sont jugés moins bénéfiques à la réussite scolaire (OCDE, 2015). En revanche, l’utilisation de l’ordinateur, des technologies de l’information et de la communication et du matériel informatique en général, est jugée bénéfique à la performance scolaire, notamment en sciences et technologie, ainsi que dans les tests utilisant un logiciel informatique. Pour ce cas, concernant l’utilisation de ces technologies, les garçons sont d’une manière générale, plus susceptibles que les filles de les pratiquer (Gaudet, 2005; Lirette-Pitre et Mujawamariya, 2005). Cette attitude des filles vis-à-vis de l’informatique serait une caractéristique générale de celles-ci à l’égard des matières scientifiques et technologiques (Deslandes et al., 1998; Duru-Bellat, 2004; Lirette-Pitre et Mujawamariya, 2005; OCDE, 2015; Solar et Lafortune, 2003; Toczek, 2005).

Au demeurant, dans le cadre de notre recherche, nous cherchons à comprendre la sous- représentation des filles dans le cycle secondaire en général, dans les classes de sciences en particulier, ainsi que leur moindre performance générale et dans les matières scientifiques. Nous rappelons que, l’étude du contexte spécifique du Sénégal, appuyée par les statistiques du ministère de l’Éducation nationale, a révélé que les filles sont majoritaires au primaire ; elles sont en revanche minoritaires au secondaire et y réussissent moins bien que les garçons ; elles sont aussi en général, pareillement à leurs consœurs du reste du monde, moins susceptibles que les garçons à embrasser une filière et une carrière scientifique. Nous nous posons la question de savoir : qu’est-ce qui, dans les attitudes des filles, expliquerait leur moindre performance

générale et dans les matières scientifiques, ainsi que leur sous-représentation dans les filières scientifiques du cycle secondaire de l’éducation au Sénégal ?

De nombreuses études identifient deux aspects déterminants dans les attitudes des filles. Il s’agit de ce qui semble être un manque d’intérêt pour les matières et les filières scientifiques et une

faible confiance en soi face aux sciences d’une manière générale et aux mathématiques en

particulier. De nombreux modèles explicatifs des choix de carrières des filles s’accordent sur l’influence de l’intérêt et de la confiance en ses habiletés et à son auto-efficacité à poursuivre des études dans le domaine des mathématiques, des sciences et des technologies (P. Bouchard et St-Amant, 2005; Duru-Bellat, 2004; Gaussel, 2016; Lirette-Pitre et Mujawamariya, 2005; OCDE, 2015; Piaget, 1947).