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CHAPITRE 3 : CADRE MÉTHODOLOGIQUE

3.2 Organisation de la recherche terrain

3.2.2 Les outils et l’organisation de la collecte des données

3.2.2.3 Les activités de collecte de données

Contrairement aux prévisions initiales, la collecte de données s’est opérée par salves avec une première série de quatre entrevues de groupe dans deux lycées, un en milieu rural et un deuxième en milieu urbain. Nous avons mené nous-mêmes la première étape de la collecte de données, et la deuxième a été réalisée par une assistante de recherche. Il est vrai que les données recueillies de ces premières entrevues nous auraient peut-être permis dans une certaine mesure de vérifier l’une de nos hypothèses à savoir « l’effet-genre » sur la perception des enseignants. Toutefois, à la suite de l’analyse du corpus des quatre premières entrevues de groupe, il nous est apparu indispensable de procéder à une extension de l’échantillon et à un enrichissement du corpus.

En fait nos activités qui étaient prévues pour le deuxième semestre de l’année académique 2015 n’ont pas été réalisées suivant le calendrier de départ et cela, pour plusieurs raisons, dont la grève des enseignants au Sénégal. À cela s’ajoute le fait que la durée d’absence autorisée pour la collecte de données, selon la charte de notre programme de bourse, était largement dépassée. Ainsi, après la première série d’entrevues, nous étions dans l’obligation de regagner notre institution universitaire, en vue de nous conformer aux exigences dudit programme.

La collecte supplémentaire s’est donc justifiée par plusieurs raisons. La première est qu’elle devait nous permettre de disposer d’une masse de données autorisant une sorte de classification et de repérage des similarités de cas. En effet, grâce à cette collecte supplémentaire, nous

disposions de plus d’un cas dans chaque milieu, ce qui est une nécessité pour faire ressortir un possible « effet-milieu ». La seconde collecte de données a alors été effectuée dans trois lycées supplémentaires, dont deux en milieu rural et un en milieu urbain.

La collecte complémentaire

Pour des raisons liées à des problèmes de temps et de moyens disponibles, nous avons introduit une innovation dans la seconde collecte de données en recourant aux services d’une assistante de recherche. Cela a nécessité une préparation particulière en termes de critères de recrutement, autant qu’en termes de formation et d’encadrement aux activités de terrain.

- Les critères de choix de l’assistante de recherche

Les trois critères de sélection ont été que : 1) l’assistante de recherche soit une personne parmi nos connaissances et partage nos intérêts de recherche ; 2) que ce soit une femme et 3) une universitaire. Le fait de cibler une connaissance est important du fait qu’il permet, d’une part, de réduire la chaine des intermédiaires. D’autre part, cela permet de s’orienter directement vers des personnes envers lesquelles nous avons une certaine confiance, dont nous connaissons les intérêts de recherche qui ne soient pas en contradiction avec les nôtres. De même, il nous a semblé important que ce soit une assistante et non un assistant de recherche, cela en partant de quelques principes. Dans notre a priori, dans le contexte de l’étude, les questions de genre sont socialement peu légitimées. Il nous a donc semblé important de nous assurer de la conviction et de l’engagement personnels de la personne qui sert d’intermédiaire sur le terrain. Si un homme pouvait être convaincant dans ce sens, une femme nous semble plus susceptible de l’être. En outre, le choix d’une universitaire visait à nous assurer d’une certaine expérience de la recherche et de sa capacité à comprendre de façon adéquate les contenus d’un projet de recherche doctorale, avec tout ce que cela comporte comme responsabilité et comme rigueur dans le sens de la qualité et de la confidentialité.

La personne retenue satisfait à ces critères. De formation, elle est professeure de Philosophie. Elle a enseigné plusieurs années au secondaire ; ensuite, elle a été censeur de lycée pendant plusieurs années et elle est actuellement Conseillère pédagogique au Pôle de formation des enseignants pour l’IA de Dakar et de Rufisque. Dans le même temps, elle est assistante d’enseignement à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Depuis 2014, alors qu’elle était

encore censeur, elle a servi d’intermédiaire dans la recherche de nos participants, dans la première étape qui concerne la sélection des lycées pour notre terrain. Elle est également passionnée par les problématiques liées à l’égalité des genres et envisage même entreprendre une recherche doctorale sur les défis de l’engagement des femmes sénégalaises dans la vie politique nationale.

- Le processus d’information et de formation de l’assistante de recherche

Nonobstant les hautes qualités intellectuelles de notre personne-ressource et son intérêt personnel pour le sujet de recherche et son expérience, le processus de préparation à entreprendre les entrevues sur le terrain a nécessité une certaine information, puis formation. Le volet information concerne le projet en lui-même. Nous avons travaillé dans un premier temps sur la compréhension du problème de recherche, des objectifs, du cadre conceptuel et de l’approche méthodologique. De nombreux documents ont été partagés puis discutés avec l’assistante de recherche par courriel et par skype : 1) un résumé du projet de thèse; 2) des articles sur la recherche qualitative (Baribeau, 2009, 2010; Blais et Martineau, 2006; Rabiee, 2004). Pour le volet formation pratique à la recherche terrain, nous avons utilisé le document «Guide méthodologique pour réaliser une thèse qualitative» repéré sur internet grâce à une recherche par mots-clés sur Google et datant de mars 2013 (Touboul, 2013).

Par la suite, nous avons eu des séances de discussion sur le canevas d’entrevue. Celles-ci ont abouti à la reformulation de certaines questions, à la superposition de plusieurs formulations, en vue de couvrir la compréhension des enseignants. Nous avons simulé une entrevue, dans le but de tester la compréhension que l’assistante de recherche avait des questions qu’elle devait poser aux enseignants, et la diversité possible de réponses attendues de ces derniers. À la suite de cette dernière étape, et étant assurée de la bonne mise à niveau de l’assistante de recherche, nous nous sommes attelés à l’organisation concrète des entrevues.

- L’encadrement de l’assistante de recherche et la tenue des entrevues

L’encadrement à la recherche terrain a été réalisé à distance sur des aspects pratiques et qualitatifs. Concernant les aspects pratiques, la méthode de recherche n’a pas varié, nous avons maintenu l’approche par groupes de discussion non mixtes et la collecte par enregistrement au dictaphone. Le matériel d’enregistrement utilisé dans la première salve a été expédié pour la

collecte complémentaire, après avoir été vidé de son contenu. L’encadrement à l’utilisation du matériel a été réalisé via Skype vidéo. Nous avons procédé à des tests sur l’allumage du dictaphone ; la reconnaissance des touches (record, pause, stop, reprise…) ; la reconnaissance du mode « en cours enregistrement » ; la vérification du son ; le téléchargement du fichier à partir du dictaphone; la recharge de l’appareil, etc. L’optimisation de la qualité des entrevues a fait l’objet d’une formation et d’un encadrement tout au long des activités. Pour nous assurer d’une bonne collecte de données par l’assistante de recherche, nous avons opté pour la réalisation d’entrevues tests au sein d’un lycée de proximité, dans l’environnement immédiat de l’assistante de recherche.

À la suite de la première entrevue réalisée avec un groupe d’enseignantes, nous avons écouté et réécouté l’enregistrement, puis nous avons procédé à une discussion de remédiation et de réajustement. La principale difficulté rencontrée par l’assistante de recherche a été la question de la disponibilité des enseignants. La période d’avril à mai étant très proche des dernières compositions de fin d’année et de préparation de l’examen du baccalauréat; d’où la direction d’établissement a souvent été impassible sur la moindre concession de quelques minutes sur l’horaire de classe des enseignants. Les entrevues ont donc toutes été réalisées aux heures de la pause de la mi-journée (de treize heures à quatorze heures). En général, les enseignants sont restés au moins quinze minutes supplémentaires, pour permettre à l’interviewer de couvrir toutes les questions. D’où la durée moyenne des entrevues était d’une heure et quinze minutes (dans la deuxième valse d’entrevue, contre une heure et vingt-cinq dans la première valse). Cela exigeait donc, une certaine vigilance de la part de l’assistance de recherche, dans la distribution du temps sur les questions, pour éviter la perte de temps sur une question, lorsque celle-ci semblait entièrement vidée. À la suite de cette rétroaction, la deuxième entrevue test a été réalisée dans le même lycée avec les hommes. La démarche et la qualité de la production obtenue ont été satisfaisantes.

Toutefois, l’assistante de recherche a rencontré un problème majeur dans la collecte de données, au niveau du troisième lycée rural. L’entrevue avec les femmes de ce lycée n’a finalement pas eu lieu après trois rendez-vous, et trois allers-retours entre Dakar et cette localité rurale, qui est la plus éloignée de tout l’échantillon. Les raisons avancées par ces enseignantes pour se soustraire à l’entrevue font l’objet d’un commentaire détaillé dans le chapitre de présentation

des résultats. Nous rappelons que nous avons maintenu ce cinquième lycée dans notre échantillon, car, après l’analyse, la non-participation et les arguments avancés par ces femmes apparaissent comme une donnée en soi. Ainsi, l’échantillon final de notre collecte de données est le suivant (Tableau XIV).

Tableau XIV.L’échantillon géographique de la recherche

Localité Région Département

Inspection d’académie (IA) Nombre d’entrevues Nombre de participants Lycées ruraux

ND Thiès Mbour Thiès 2 15 hommes 8 femmes

BAM Dakar Rufisque Dakar 2 13 hommes 11 femmes

FML Fatick Fatick Fatick 1 0 femmes

12 hommes Lycées

urbains

BD Dakar Dakar Dakar 2 14 femmes

12 hommes LMR Dakar Rufisque Rufisque 2 14 hommes 8 femmes Les entrevues ont toutes été tenues au sein des lycées d’accueil, plus précisément dans la salle des professeurs. Elles ont duré en moyenne une heure et quinze minutes chacune. En effet, la pause de la mi-journée était le moment approprié, convenu d’un commun accord entre l’administration du lycée, les enseignants et l’interviewer. Cette pause durait une heure, mais un rajout de quinze à trente minutes était exceptionnellement accordé par le proviseur dans chaque lycée et un surveillant était chargé d’avertir les élèves, du retard prévu de l’enseignant.

Au début de la rencontre nous avons demandé aux participants leur accord pour mettre en marche le dictaphone qui a servi à l’enregistrement des discussions, en leur assurant du respect strict de la confidentialité, telle que cela avait été convenu dans les séances d’information et de consentement et mentionné sur la fiche signée à cet effet. Du fait justement des exigences en matière d’éthique et de confidentialité, nous ne sommes pas autorisés à livrer ici des informations personnelles sur les participants, comme l’âge, le nombre d’années d’expérience, l’ancienneté au sein du lycée, etc. Nous avons procédé à la transcription verbatim de chaque entrevue dès que cela était possible, en vue de mentionner certains éléments intéressants du contexte et du non verbal des participants. Les discussions ont porté sur les thèmes que nous présentons dans les lignes qui suivent.