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IV.1.1 Les candidoses superficielles

Les candidoses superficielles sont des infections dues à des levures du genre Candida. L’espèce Candida albicans est l’agent étiologique le plus fréquent, c’est un saprophyte commun qu’on trouve sur les muqueuses en particulier la bouche, le tractus gastro-intestinal et le vagin. Les Candida se comportent comme des pathogènes opportunistes et surviennent à l’occasion d’un déséquilibre de la flore ou à une diminution des défenses de l’hôte [1,2].

Il existe plusieurs facteurs favorisant la survenue d’une candidose superficielle : - facteurs physiologiques : grossesse, âges extrêmes.

- Maladies sous-jacentes : diabète, immunodépression.

- Causes iatrogènes : corticothérapies, antibiothérapies, œstroprogestatifs, traitement immunosuppresseurs.

- Facteurs locaux : macération, prothèse dentaire, manque d’hygiène.

L’incidence est nettement prépondérante chez les nourrissons et les personnes âgées.

La prolifération des Candida au niveau des muqueuses, de la peau et des phanères, détermine des pathologies très fréquentes [3, 4, 39] :

Candidose buccale : Les candidoses sont les mycoses les plus fréquentes de la cavité buccale, dont Candida albicans est l’agent étiologique le plus répondu. Il existe plusieurs facteurs favorisant l’apparition des candidoses buccales :

 facteurs intrinsèques :

- physiologiques : âge, grossesse ;

- locaux : traumatismes, brûlures, manque d’hygiène, tic de léchage ; - pathologiques : diabète, immunodépression, insuffisance thyroïdienne ;

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 facteurs extrinsèques :

- médicamenteux : antibiotiques, corticoïdes, immunosuppresseurs, hormones contraceptives ;

- chirurgie : digestive, cathéters, prothèses ;

Les formes cliniques des candidoses buccales sont variées, aiguës ou chroniques, et plus ou moins sévères [1,4].

 candidose pseudomembraneuse ou muguet :

Il intéresse la cavité buccale : face interne des joues, voûte palatine, langue, gencive [8, 9, 10]. Le muguet est caractérisé par la présence de dépôts blanchâtres adhérents, crémeux, posé sur une muqueuse érodée saignant facilement, avec une sensation de sécheresse, une sensation de soif, un goût métallique, de brûlure, et une gêne à l’alimentation [3, 22, 27, 38, 39].

Cette forme est très sensible au traitement, non traitée guérit souvent, mais il existe un risque de passage à la chronicité et/ou d’extension [38].

 Candidose atrophique :

Elle est caractérisée par une muqueuse érythémateuse de couleur rouge vif, luisante, douloureuse, et dépapillée. On distingue deux formes de candidose atrophique [19, 38, 39] :  Forme aigüe :

Il s’agit d’une glossite dépapillante diffuse qui débute au niveau du sillon médian puis s’étend à toute la langue ; elle s’observe après une antibiothérapie à large spectre ou association de plusieurs antibiotiques.

 Forme chronique : Elle s’observe chez les sujets âgés porteurs de prothèse mobiles.  La perlèche ou candidose de la commissure labiale :

Elle est observée au niveau de la commissure labiale ; sur le versant cutané, la peau est rouge parfois fissurée et encroûtée, se prolonge sur le versant rétro-commissurale et la face interne de la joue, généralement elle est douloureuse, bilatérale, tenace, et récidivante La lésion peut s’étendre à la peau adjacente et au reste de la lèvre donnant une chéilite. Elle peut être

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favorisée par un déficit vitaminique notamment de la vitamine B12, acide folique, et la thiamine [8, 16, 19, 38, 39].

Candidose cutanée: Les candidoses cutanées sont beaucoup plus rares que les dermatophytoses ou Pityriasis versicolor. La manifestation la plus courante de ces infections c’est l’intertrigo candidosique ; il est favorisé par l’altération du revêtement cutané. Les principaux facteurs favorisants : obésité, macération, diabète, manque d’hygiène ; corticothérapie (locale ou générale), immunosuppresseurs [2, 16, 18].

Photo 1 : Candidose cutanée généralisée congénitale du nourrisson

(Photo du laboratoire de Parasitologie Mycologie, Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V)

L’intertrigo candidosique est une lésion inflammatoire localisée au niveau des plis cutanés qui maintiennent la chaleur et l’humidité ; il fait toujours suite à une candidose des muqueuses digestives et/ou vulvo-vaginales [7, 18].

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On distingue deux types d’intertrigo candidosique : - Intertrigo des grands plis :

Il touche les plis inguinaux, axillaires, abdominaux, sous mammaires, et inter -fessiers. Il débute au fond du pli, puis s’étend de part et d’autre sur les surfaces cutanées adjacentes. Les symptômes évocateurs sont l’existence d’un érythème, d’aspect vernissé et suintant, fissuré, recouvert d’un enduit crémeux blanchâtre parfois les lésions sont sèches et desquamatives. L’érythème est limité par une bordure desquamative très fine en « dentelle » et de petites papulo-pustules s’observent sur la peau saine environnante. Le patient se plaint d’une sensation de brûlure, voire parfois de véritable douleur ou de prurit [5, 6,17, 18].

Photo 2 : Candidose cutanée du pli axillaire avec enduit blanchâtre

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Photo 3 : Candidose génito-fessière du Nourrisson

(Photo du laboratoire de Parasitologie Mycologie, Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V)

- Intertrigo des petits plis :

C’est une atteinte des espaces interdigitaux, inter-orteils. L’intertrigo des petits plis atteint de préférence les individus en contact avec l’eau, ou atteints d’hyperhidrose (transpiration excessive), ou les individus qui ont des facteurs professionnels favorisant l’occlusion (port de chaussures de sécurité, de bottes...) [2, 16].

Onychomycose candidosique : Les candidoses touchent les ongles des mains préférentiellement aux orteils, les atteintes unguéales sont rares [2, 5, 16].

La prédominance féminine est nette, car elles sont plus exposées aux principaux facteurs de risque locaux : contacts prolongés, répétés avec l’eau et les produits d’entretien ; port de gants de protection ; microtraumatismes ; abus de soins de manucure. Certaines professions, tant féminines que masculines, sont également exposées en raison d’une exposition prolongée à

l’eau : agents de surface, métiers de la restauration, de l’alimentation [5, 24, 28]. La contamination résulte d’une auto-inoculation à partir d’un foyer digestif ou génital.

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L’infection se manifeste initialement par une paronychie (= périonyxis), il s’agit d’une tuméfaction douloureuse de la zone matricielle et du repli sus-unguéal. La pression peut faire sourdre du pus. L’évolution se fait sur un mode subaigu ou chronique. La tablette unguéale est envahie secondairement et chaque poussée se traduit par un sillon transversal, qui entoure le lit de l’ongle. Puis l’agent pathogène infecte la matrice, en entraînant l’apparition de dépressions transversales et de déformations de la tablette, qui devient épaisse, rugueuse, irrégulière et qui prend par la suite une couleur marron-verdâtre. Une onycholyse peut se produire : la tablette n’adhère plus au lit de l’ongle sur une surface variable [42, 43].

Candidose génitale : Les levures Candida représentent 90% des levures incriminées dans cette pathologie dont Candida albicans est la levure la plus fréquente, en colonisant les voies génitales [34].

- Candidose vulvovaginale :

C’est une infection mycosique de la vulve et du vagin très répandue, qui affecte une large proportion de femmes en âge de procréer, due surtout à Candida albicans. Le développement des vaginites à Candida semble être favorisé par une rupture de l’équilibre vaginal et du mécanisme de l’immunité locale permettant sa colonisation vaginale [30, 31].

La candidose vulvovaginale est multifactorielle. Elle peut être la conséquence de l’exposition de la femme à l’un des facteurs de risque suivants [5, 31, 33] :

 Estrogène :

La candidose vulvovaginale est hormono-dépendante ; elle est rare avant la puberté, et sa prévalence connait une augmentation de prévalence à la fin de pic de la 2ème décennie avec un pic persistant dans les décennies suivantes.

La grossesse (le troisième trimestre) ainsi que la prise d’une contraception orale riche en estrogène sont aussi des facteurs favorisants la candidose vulvovaginale.

L’augmentation de taux d’estrogène induit celui du glycogène, source de carbone favorisant la croissance de ces levures et donc son adhérence aux cellules épithéliales.

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 Diabète :

Le diabète non contrôlé prédispose à la candidose vulvovaginale. L’augmentation de glucose favorise l’adhésion de Candida aux cellules épithéliales, limite la capacité de phagocytose et l’élimination de l’agent pathogène par les neutrophiles.

 L’antibiothérapie :

La prise d’antibiotiques à large spectre par voie locale ou générale favorise la survenue de la candidose vulvovaginale, en éliminant la flore bactérienne protectrice de la muqueuse vaginale permettant une croissance du Candida.

 Autres facteurs :

L’abus d’hygiène, en particuliers les bains chauds, la pratique de douche vaginale, le port de vêtements serrés et en synthétique, de tampon périodiques la nuit sont des facteurs favorisants la survenue d’une candidose vulvovaginale.

La candidose vulvovaginale se manifeste par des signes cliniques très évocateurs sont : un prurit vulvaire, une brûlure vaginale, une dysurie, une dyspareunie, associés à des leucorrhées adhérentes, caillebottés d’aspect blanchâtre et d’abondance variable. Un érythème, un œdème de la vulve et des fissures peuvent être également observés [30, 31, 33].

- Balanite candidosique :

Chez l’homme, la candidose génitale se manifeste par une balanite, ce n’est pas une maladie sexuellement transmissible, bien qu’elle survienne souvent après un rapport sexuel, en particulier si la partenaire a une candidose vaginale [5, 32].

Les facteurs favorisant sont [32] :

 Le diabète est le facteur le plus important.  L’obésité

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Le début se fait dans le sillon balanopréputial par des placards érythémateux, macérés, de couleur rouge vif, prurigineux parfois érosifs qui vont intéresser le gland et le prépuce. De petites vésicules sont présentes à sa surface, ainsi que des papules avec souvent des plaques blanchâtres. L’éruption peut s’étendre au pénis, au scrotum, à l’aine chez l’obèse. Les formes sévères se compliquent d’œdème important, d’urétrite [5,32].