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1.2 Définition du sujet

1.2.5 Le sport professionnel

Le sport est devenu un phénomène social majeur. Il suffit d’observer la place qu’il occupe dans tous les médias, mais également dans la vie quotidienne des citoyens. L’approche du sport a toujours été un sujet de débat pour connaitre l’ampleur du champ qu’il couvre. Généralement on distingue le sport amateur du sport profession-nel (Goddard et Sloane, 2014).

Jean-François Bourg et Jean-Jacques Gouguet dans leur ouvrage « économie du sport » publié en 2005 insistent sur la nécessité de distinguer le spectacle sportif de la pratique amateur, le sport professionnel du sport de masse, le sport compétition du sport loisir.

Selon la plupart des auteurs s’étant prononcés sur l’histoire du sport, il serait possible de repérer trois thèses :

1) le sport aurait toujours existé sous une forme ou sous une autre et il serait ainsi

inhérent à la nature humaine ;

2) le sport contemporain ne serait que la modernisation de jeux traditionnels comme

la soule devenue football ou rugby, le jeu de paume devenu tennis etc... (Parlebas, 2003) ;

3) le sport moderne serait né en Angleterre au moment de la révolution industrielle et

se serait ensuite diffusé progressivement à travers le monde entier (Johnes, 2005). D’après les deux auteurs, il n’y aurait pas continuité entre sports traditionnels et

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sports modernes mais rupture, la révolution industrielle en Angleterre constituant le berceau du sport moderne. (Bourg et Gouguet, 2005).

Un sport est dit professionnel lorsque ses pratiquants vivent de leur activité sportive. Un sportif est dit professionnel lorsqu'il reçoit un salaire de son club et/ou de son sponsor pour pratiquer une discipline sportive. Lorsque ce salaire est insuffisant pour vivre du sport, on parlera alors d'un semi-professionnel. De nombreux événe-ments sportifs récompensent les meilleurs compétiteurs par une prime qui peut être pécuniaire sans qu’ils ne soient pour autant être taxés de professionnalisme (Andreff et Szymanski, 2009, 2012).

Selon cette définition, il semble que la distinction entre le statut des professionnels et le statut amateur ne soit pas si tranchée, dans la mesure où un certain nombre d’amateurs rémunérés pourraient bien entrer dans la définition du sportif profes-sionnel (Augias, 2014).

La Convention Collective Nationale du Sport en France (CCNS) du 7 Juillet 2005, étendue par arrêté du 21 Novembre 2006 a introduit la distinction entre les salariés du sport professionnel, c'est-à-dire les personnes employées pour exercer, à titre ex-clusif ou principal, leur activité au sein d’une entreprise ayant pour objet la participa-tion à des compétiparticipa-tions (Article 12-1 CCNS), et les sportifs amateurs.

Selon l’article 12-3-1-1, « le sportif professionnel mettra à disposition de son

em-ployeur contre rémunération ses compétences, son potentiel physique et ses acquis techniques et tactiques, le temps de préparer et de réaliser une performance sportive dans le cadre d’une compétition ou d’un spectacle sportif de façon régulière ou occa-sionnelle, ainsi que, accessoirement, les activités de représentation qui en

décou-lent ». Nous constatons donc, que la limite entre sport professionnel et sport amateur

peut être floue. La CCNS ne définit pas l’amateurisme de façon claire.

Depuis 1866, l'Amateur Athlétic Club (AAC)16 estime qu’: « est amateur tout

gentle-man qui n'a jamais pris part à un concours public ouvert à tout venant, ou pour de l'argent provenant des admissions sur le terrain, ou autrement, ou qui n'a jamais été,

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L'Amateur Athletic Club (AAC) a été fondé à Londres et a dirigé les premiers championnats anglais. Cette fédération très « sélecte » exclut toute forme de professionnalisme et refoule même explicitement « les ouvriers, les artisans et les journaliers ». En 1880, l'AAC a cédé le pouvoir à l'Amateur Athletic Association (AAA).

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à aucune période de sa vie, professeur ou moniteur d'exercices de ce genre comme

moyen d'existence, qui n'est ni ouvrier, ni artisan, ni journalier »17.

On ne peut pas évoquer le sujet de l’amateurisme sans parler du Baron Pierre de Cou-bertin, rénovateur des Jeux Olympiques de l'ère moderne en 1894 et fondateur du Comité International Olympique, dont il fut le président de 1896 à 1925.

L’amateurisme a divisé le monde sportif et les politiques. La première cause de défen-se évoquée par Coubertin est de s’appuyer sur le monde éducatif. Il a une activité de lobbying à travers le comité pour la Propagation des exercices physiques dans

l’éducation(1888). Ce comité est un échec total, la même année sont lancés les

batail-lons scolaires. Coubertin parvient à obtenir une légitimité auprès des pouvoirs publics lorsque l’USFSA (Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques) est reconnue d’utilité publique par le gouvernement, où il va mieux parvenir à ses fins avec la réno-vation des Jeux Olympiques.

Jim Thorpe, champion Olympique de natation en 1912 se voit retirer ses titres car il participe à un match de baseball pour la somme de 60$, même chose pour l’athlète finlandais Paavo Nurmi (3 médailles d’or et 2 médailles d’argent) qui ne peut partici-per aux J.O. de 1932 car il avait touché de l’argent lors d’exhibitions (De Coubertin 1931). Enfin, Jules Ladoumègue a été disqualifié en mars 1932 pour « faits de profes-sionnalisme » alors qu’il détenait six records du monde de demi-fond (Lassus, 2000). Le passage d’amateurisme à professionnalisme transforme le rapport que les sportifs entretiennent avec le public. A partir du moment où un sportif est payé pour un spec-tacle, ce dernier doit être digne d’être regardé par le plus grand nombre, le sportif doit tenir compte des attentes des spectateurs. Cela entre en contradiction avec l’exigence de remporter la victoire. Le sportif est partagé entre deux logiques.

1- La pénétration d’une logique économique qui va entretenir cette ambivalence

entre une production sportive « pure » (remporter la victoire) et une produc-tion sportive sous la forme d’un spectacle qui s’adresse au grand public.

On abordera les conditions qui permettent le basculement d’une pratique amateur à une pratique professionnelle ainsi que ce qu’il convient d’entendre par professionna-lisation.

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2- Les relations entre les fédérations sportives (gardiennes de l’éthique sportive)

et les instances qui produisent du spectacle sportif se sont transformées au fil du temps. Elles étaient d’abord caractérisées par une concurrence (l’enjeu étant la conservation du contrôle de l’élite) puis par une coopération (Smith et Stewart, 2007).

La professionnalisation n’est pas simplement le fait de gagner sa vie par le sport, mais c’est aussi la part croissante prise par les athlètes dans la maîtrise de leurs activités. L’évolution du secteur sportif est comparable aux autres secteurs touchant aux activi-tés professionnelles... (Barbusse, 2006). Comme nous le constatons dans les pays oc-cidentaux. Ils ont été suivis d’une mutation semblable dans d’autres parties du globe notamment sous l’influence du colonialisme.

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