• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 1 : LA GENÈSE D’UNE CATÉGORIE

1.2. MARIE-FRANCE HIRIGOYEN : L’INVENTRICE

1.2.1. Le livre

Le livre est un « étrange mélange de guide psycho-pratique à l’anglo-saxonne et d’essai de sciences humaines »1. Il est à mi-chemin entre l’ouvrage à visée scientifique et les

self help books importés de la littérature anglo-saxonne. L’auteur se tient, en victimologue, du

1

côté de la personne agressée. Le harcèlement moral est présenté comme une forme de violence interpersonnelle :

J’ai choisi délibérément d’utiliser les termes agresseur et agressé, car il s’agit d’une violence avérée, même si elle est occulte, qui tend à s’attaquer à l’identité de l’autre, et à lui retirer toute individualité. C’est un processus réel de destruction morale, qui peut conduire à la maladie mentale ou au suicide. Je garderai également la dénomination de « pervers », parce qu’elle renvoie clairement à la notion d’abus, comme c’est le cas avec tous les pervers. Cela débute par un abus de pouvoir, se poursuit par un abus narcissique au sens où l’autre perd toute estime de soi, et peut aboutir parfois à un abus sexuel (1998, p. 12).

Les agissements de harcèlement moral sont le fait d’un « pervers narcissique » tirant une jouissance malsaine de la souffrance d’autrui. Cette catégorie psychanalytique, qui a été théorisée avant elle par A. Eiguer (2003), s’applique à la personne qui, après avoir choisi sa proie, saura où appuyer pour faire mal. A. Eiguer, psychiatre et psychanalyste, propose la définition suivante du pervers narcissique : « Les individus qui utilisent les mécanismes pervers narcissiques sont ceux qui, sous l’influence de leur soi mégalomane, essaient de créer un lien avec un deuxième individu, en s’attaquant tout particulièrement à son intégrité narcissique afin de le désarmer. Ils s’attaquent aussi à l’amour de soi, à la confiance en soi, à l’estime de soi et à la croyance en soi de cet autre. En même temps, ils cherchent, d’une certaine manière, à faire croire que le lien de dépendance de l’autre envers eux est irremplaçable et que c’est l’autre qui le sollicite. L’autre incorpore cette idée » (2003, p. 4).

Le pervers narcissique trouve toujours, quelle que soit la situation dans laquelle il est mis, le moyen de faire subir à ses subordonnés, supérieurs hiérarchiques ou simples collègues, tous les tourments dont il est capable. M.-F. Hirigoyen parle de manœuvres perverses « d’un individu qui a besoin pour se rehausser d’écraser les autres, ou qui a besoin pour exister de démolir un individu choisi comme bouc émissaire » (1998, p. 64). Par un travail de sape continuelle, il développe peu à peu son emprise sur la victime. Manipulateur mental, il alterne séduction et accès de cruauté, pour imposer son emprise, vérifier sa toute-puissance et maintenir la victime dans sa dépendance. Cette perversité relève de la psychopathologie et peut être interprétée à partir de l’analyse psychologique des personnes en jeu. Ce mélange de deux concepts psychanalytiques, le « narcissisme » et la « perversion », popularisé par le livre de M.-F. Hirigoyen et tombé aujourd’hui dans le domaine public, ne figure pourtant dans aucune des grandes classifications qui font autorité en psychiatrie, tel le DSM-IV.

L’ouvrage de M.-F. Hirigoyen est bâti sur les témoignages des patients qu’elle a reçus dans son cabinet de psychothérapeute, il repose donc sur des cas concrets, ces « life history

materials » qu’affectionnent les psychologues anglo-saxons (Erner, 2006, p. 61). Les patients lui décrivaient avec les mêmes mots, les mêmes détails, un scénario identique du « harcèlement moral ». Elle en a conclu que cette souffrance, loin d’être marginale, était un phénomène de société. Son apport, selon elle, a été de donner un nom à ces calvaires, de telle sorte que les victimes ne se croient plus seules à les subir : « En ce qui me concerne, je n’ai rien inventé ; j’ai juste mis en mots ce que j’entendais de mes patients »1.

Le livre de M.-F. Hirigoyen traite en majeure partie du harcèlement moral dans le couple, seule une partie est consacrée au harcèlement dans le monde du travail. Le lecteur se trouve plongé dans une vingtaine de cas cliniques commentés par l’auteur. « Benjamin et Annie » se sont rencontrés il y a deux ans alors qu’Annie était engagée dans une relation frustrante avec un homme marié. Amoureux, Benjamin supplie Annie de rompre la relation, et quand cette dernière obtempère, il devient froid et distant. « Monique et Lucien », mariés depuis trente ans, se séparent après que Lucien eut annoncé à Monique qu’il avait une liaison depuis six mois. Mais Lucien souhaite rester en couple avec sa femme tout en poursuivant cette relation parallèle. « Anna et Paul » vivent ensemble, mais Paul refuse un réel engagement. « Eliane et Pierre » se séparent après dix ans de vie commune et trois enfants. Devant le juge, Pierre déclare : « Désormais, mon seul but dans la vie sera d’emmerder Eliane ! ».

Le harcèlement moral sévit également dans les rapports parents-enfants. Il y a les parents de « Nadia », qui ont pris l’habitude de dresser leurs enfants les uns contre les autres, « Stéphane », devenu l’otage d’un divorce, « Daniel », dont la mère n’est pas heureuse dans son couple et qui ne supporte pas que ses enfants paraissent joyeux, « Victoire », qui se plaint en permanence de maux de ventre et qui dit à son fils : « Tu étais un gros bébé, tu m’as déchiré les entrailles ! », « Agathe », dont la mère a pris l’habitude de rendre ses enfants responsables de tous ses malheurs, « Arielle », qui a en permanence l’impression que sa mère cherche à la rabaisser, « Arthur », enfant désiré par sa mère mais pas vraiment par son père…

Du côté du monde du travail, il y a « Cathy » qui, devenue inspecteur de police, se fait traiter de « trou sur pattes » par un collègue et se retrouve isolée, « Cécile », une grande et belle femme de 45 ans victime d’un nouveau supérieur hiérarchique, une femme sèche et envieuse, « Denise », qui a de mauvaises relations avec une collègue de travail autrefois maîtresse de son ex-mari, « Muriel », qui a obtenu un poste de responsabilité et qui fait face à l’hostilité des secrétaires avec qui elle avait travaillé quelques années auparavant… Et puis

1

« Eve », « Myriam », « Lucie », « Olivier », « Clémence »… toutes victimes de harcèlement moral.

La psychologue veut comprendre le harcèlement et ses différentes phases, s’interroge sur l’existence de profils types de harceleur / harcelé, et sur le « comment agir ». Dans un premier temps, la personne harcelée va développer des comportements et des attitudes dont l’objectif principal est de démontrer qu’elle n’est pas comme on semble le croire. Cette façon d’entrer dans le jeu de cette relation perverse est une forme de première défense. Si elle tente de protester, de chercher des témoins et des preuves, elle ne rencontrera que le silence et la dérobade de celui ou ceux qui la harcèlent, voire de ceux qui assistent au jeu pervers qui se met en place. Se construit ainsi une forme d’isolement qui ne permet pas de trouver auprès de l’entourage professionnel les assurances de sa bonne foi et de ses qualités. C’est l’obligation de s’interroger sur soi-même et de prouver sans cesse sa bonne foi, ses compétences et son utilité qui va accentuer ce sentiment d’abandon.

L’entourage personnel sera sans doute dans un premier temps sensible aux récits des difficultés rencontrées par la personne. Il peut aussi lentement se lasser, la privant ainsi d’une écoute qui aurait pu être utile. Cette attitude s’explique par le fait que la personne va commencer à présenter des symptômes de dépression, offrant alors des signes d’explication au malaise éprouvé. La confusion entre les causes et les effets se met en place. L’impossibilité de répondre aux attaques et le sentiment d’abandon amènent la personne à un état d’incapacité psychique dont les répercussions au niveau de la santé vont rapidement apparaître. Cet état permanent de stress provoque des troubles alimentaires, des troubles de l’humeur, du sommeil, des états dépressifs… pouvant conduire au suicide. En conclusion de son livre, M.- F. Hirigoyen conseille de déculpabiliser la victime en désignant le coupable, et en estant en justice le cas échéant.

Ecrit à la fois dans un style simple et très accessible, le livre de M.-F. Hirigoyen a les qualités de ses défauts, et les défauts de ses qualités. Il est très difficile, lorsque l’on veut parler au plus grand nombre, de ne pas basculer dans une forme de simplisme. Les subtilités, les nuances, les points obscurs, bref, la complexité des questions posées ont tendance à être plus ou moins gommés.

A la lecture du livre de M.-F. Hirigoyen (1998), on comprend que les individus pervers, les « prédateurs », « ne peuvent exister qu’en “cassant” quelqu’un : il leur faut rabaisser les autres pour acquérir une bonne estime de soi, et par là même acquérir le pouvoir, car ils sont avides d’admiration et d’approbation. Ils n’ont ni compassion ni respect pour les

autres puisqu’ils ne sont pas concernés par la relation » (Hirigoyen, 1998, p. 8). Les pervers narcissiques sont des individus mégalomanes, égocentriques, dépourvus de toute empathie bien que cherchant l’admiration et l’approbation des autres.

Pour compléter ce tableau du pervers narcissique quelque peu lacunaire, le livre donne des exemples empruntés au cinéma. Ainsi, la célèbre Tatie Danielle d’E. Chatiliez est un exemple de perversité morale. La prisonnière espagnole de D. Mamet met en scène un pervers narcissique. Du côté du monde du travail, M.-F. Hirigoyen cite le film américain

Swimming with Sharks de G. Huang qui résume toutes les humiliations et les tortures

mentales qu’un patron égocentrique et sadique peut faire subir à un employé prêt à tout pour réussir. Sauf que la définition du pervers narcissique, au lieu de s’éclaircir, reste aussi floue. Tatie Danielle est, somme toute, un personnage attachant et sympathique, et ne suscite pas, chez le spectateur, un rejet viscéral. L’on comprend mal pourquoi l’homme d’affaires Jimmy Dell de D. Mamet, escroc de haut vol et éminence grise d’une opération d’espionnage industriel rondement menée est qualifié de pervers narcissique. Quant au pervers narcissique de G. Huang, il est, tout au long du film, torturé physiquement par son ancienne victime, de sorte que l’on a du mal à séparer, en définitive, le bon grain et l’ivraie, le bon et le méchant, la victime et le bourreau.

Vulgarisation rime souvent avec simplification. Le livre de M.-F. Hirigoyen contraste de manière remarquable avec celui d’A. Eiguer (2003) sur le pervers narcissique, dont la lecture est à la fois ardue et aride. Truffé de termes techniques et psychanalytiques totalement opaques au non initié, il décourage très vite le lecteur, même avec la meilleure volonté du monde. Les cas cliniques exposés sont extrêmement rares, et ne sont en aucun cas assimilables à ces profils à la lecture agréable que l’on rencontre très souvent dans les magazines féminins. Certaines convictions forgées après la lecture de M.-F. Hirigoyen sont ébranlées. Ne nous a-t-elle pas dit que le pervers narcissique obéit à des pulsions sadiques ? Attention, nous dit A. Eiguer. S’il existe des points communs entre la perversion narcissique et le sadisme moral, il subsiste des différences notables : contrairement au sadique, le pervers narcissique ne recherche pas la jouissance et le sentiment de triomphe, et s’il déclenche des émotions, des désirs et des fantasmes, ils sont rarement voluptueux. A la fermeture du livre, on sort avec l’idée que la perversion narcissique est un terme dont on ne peut comprendre la portée et la complexité qu’après avoir été assidûment sur les bancs de l’école psychanalytique. En tout état de cause, le diagnostic doit être établi par un spécialiste du domaine.

A le lire de près, le livre de M.-F. Hirigoyen apparaît comme une sorte de caverne d’Ali Baba, où l’on peut trouver tout ce que l’on cherche, et même ce que l’on ne cherche pas. Selon l’exemple que l’on prend, le pervers narcissique est soit un méchant, soit, en creusant un peu, une victime, dans son genre. Tantôt, c’est un pervers narcissique qui se construit en écrasant les autres. Tantôt, les choses sont plus flottantes, et on est dans un flou artistique : ce sont des petits chefs harceleurs qui « se servent, consciemment ou non, de procédés pervers » (1998, p. 64). C’est un mégalomane, un égocentrique, ajoute la psychologue. En cherchant bien, ne peut-on pas toujours trouver de la mégalomanie et de l’égocentrisme chez une personne que nous tenons en aversion, pour une raison ou pour une autre ? Il n’y pas de profil type de harcelé, nous dit M.-F. Hirigoyen. Que nenni ! Quelques pages plus loin, elle explique que les personnalités fortes qui réagissent à l’autoritarisme et refusent de se laisser asservir constituent des cibles privilégiées. Je ne suis pas une personnalité forte, donc je ne suis pas harcelé (e) moralement. Patience, il y en a pour tout le monde ! « Les victimes idéales des pervers moraux sont celles qui, n’ayant pas confiance en elles, se sentent obligées d’en rajouter, d’en faire trop, pour donner à tout prix une meilleure image elles-mêmes » (Hirigoyen, 1998, p. 147).

M.-F. Hirigoyen s’est rendu compte que les problématiques rapportées par ses patients étaient principalement d’ordre narcissique. Sur ce point, la communauté psy semble s’accorder sur le fait que les désordres de type narcissique ont pris le pas, dans les cabinets de consultation des thérapeutes, sur les névroses « classiques » du XIXe siècle (hystéries, phobies, et obsessions). « Chaque âge développe ses formes particulières de pathologie qui expriment de manière exagérée, une structure caractérielle sous-jacente et dominante » (Lasch, 1981, p. 67). Le type dominant de structure de la personnalité, dans la société contemporaine, est la personnalité narcissique. Les pathologies ont changé de nature : il y a beaucoup moins de problèmes névrotiques et beaucoup plus de problèmes liés à l’impuissance, à la difficulté à assumer, à être à la hauteur. Dans une société ayant dévalué les formes d’autorité patriarcale, jadis représentées par les pères, les professeurs et les prêtres, les fantasmes infantiles chargés de rage sadique ne peuvent plus être adoucis, de sorte que le surmoi sadique a tendance à se développer aux dépens du moi idéal, et le surmoi destructeur aux dépens de la conscience. On est donc passé d’un contexte où les valeurs du surmoi, du contrôle de soi dominaient, à un autre, où ce sont les valeurs du ça, celles de la gratification des pulsions, qui s’imposent.

Pour A. Ehrenberg, la maladie du XIXe siècle est l’hystérie car la norme est fondée sur la culpabilité et la discipline. Au XXe siècle, c’est la dépression, car la norme s’est muée en responsabilité et initiative (2000, p. 16). « Au lieu de la discipline et de l’obéissance, l’indépendance à l’égard des contraintes sociales et l’étayage sur soi ; au lieu de la finitude et du destin auquel il faut s’adapter, l’idée que tout est possible ; au lieu de la vieille culpabilité bourgeoise et de la lutte pour s’affranchir de la loi des pères (Œdipe), la peur de ne pas être à la hauteur, le vide et l’impuissance qui en résultent (Narcisse). La figure du sujet en sort largement modifiée : il s’agit désormais d’être semblable à soi-même. A partir du moment où

tout est possible, les maladies de l’insuffisance viennent placer, à l’intérieur de la personne,

des déchirures venant lui rappeler que tout n’est pas permis » (Ehrenberg, 2000, p. 136). Ces pathologies nouvelles qui ne ressemblent pas aux névroses hystériques avec conflit psychique et causalité sexuelle sont appelées par les psychanalystes, ne sachant où les classer entre psychoses et névroses, « états limites ». Elles sont propres à des sociétés libres où les sujets sont moins confrontés à des interdits sexuels qu’à des problèmes de vide existentiel. C’est dans ces nouveaux troubles de la personnalité, rencontrés quotidiennement au cours de leur pratique professionnelle, qu’A. Eiguer et M.-F. Hirigoyen ont puisé les ressorts empiriques et théoriques de la catégorie du « pervers narcissique ».

Mais, innovation majeure, alors que chez A. Eiguer, le manipulateur et « son complice » sont victimes de leur histoire personnelle, le pervers narcissique de M.-F. Hirigoyen manipule une « victime ». Avec A. Eiguer, le pervers et son complice sont le jouet de leur inconscient. Cette perspective est strictement psychanalytique, dans le sens où la clé de la guérison, pour les deux protagonistes, est de découvrir leur inconscient, vaste aventure où se dévoilent les mécanismes les plus secrets de l’âme et par lequel le sujet se trahit. C’est donc grâce à la psychanalyse, ce savoir des processus inconscients, que les nœuds se dénouent et que la personne se libère du mal qui la ronge. C’est dans son propre esprit, et non dans un agent extérieur, que se trouvent la source et le thérapeute de la souffrance psychique. Le déterminisme de l’inconscient est levé à partir du moment où le sujet prend conscience de son être.

Adoptant lui aussi une perspective freudienne, L. Roche montre que la personnalité des managers – comme de tout individu – est étroitement liée aux fixations antérieures de tel ou tel stade de leur sexualité infantile (oral, anal, phallique, période de latence, génital). Partant de là, il s’attache à établir les différentes pathologies que peuvent développer ces managers. Ainsi, au manager oral ou timocratique est associée la paranoïa, au manager anal ou oligarchique l’obsession et le sado-masochisme, au manager phallique ou tyrannique la

maniaco-dépression, au manager latent ou aristocrate l’hystérie. Quant au manager génital, qualifié de « démocrate », il est le seul à trouver grâce aux yeux du psychologue, car il entretient des relations d’adulte à adulte avec ses collaborateurs. Mais les managers ne sont évidemment pas les seuls en cause : les salariés eux aussi revivent, de manière tout aussi inconsciente, des satisfactions liées aux fixations antérieures de tel ou tel stade de leur sexualité infantile.

Avec M.-F. Hirigoyen, l’inconscient freudien est évacué. Ce n’est plus l’introspection qui est la voie royale pour soigner la détresse émotionnelle, mais l’identification d’un harceleur. Il ne suffit plus de laisser parler ces pensées enfouies au fin fond de l’âme, de laisser flotter ces rêves qu’on écarte, il faut punir un agresseur. L’analyse de M.-F. Hirigoyen opère, sans le nommer expressément, un renversement profond, dans le sens où elle mobilise une catégorie psychanalytique, le « pervers narcissique », mais sans son pendant naturel, l’inconscient. Comme le suggère le titre de l’ouvrage d’A. Eiguer, l’emprise du pervers narcissique ne peut perdurer qu’avec la complicité de la victime. Une psychologue du travail, consultante en pathologie professionnelle, relate le cas d’une femme qui a été victime de harcèlement moral pendant vingt ans sans réagir. Une organisation psychique dysfonctionnelle a conduit cette personne à participer au processus de harcèlement pendant une durée aussi longue, elle a de ce fait une part de responsabilité dans ce qui lui est arrivé. Adoptant la posture de victimologue, M.-F. Hirigoyen dédouane le harcelé de toute responsabilité. S’opère ainsi un glissement subreptice de la psychanalyse à la victimologie.