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CHAPITRE III: LA MISE EN ŒUVRE DE LA RECHERCHE SUIVANT LA

5. Les fruits de la repentance

5.2. Le changement de comportement de l’apôtre Pierre

Nous avons vu la faute commise par Pierre et le rétablissement que Jésus a opéré chez lui. Nous voulons maintenant voir si cette restauration a donné quelque chose. Le livre des Actes des apôtres nous décrit le début de l’église primitive. Nous y lisons que Pierre a joué un rôle important dans la propagation du message de l’évangile. Nous pouvons comprendre qu’il a été arrêté, mis en prison et persécuté pour sa foi en Jésus-Christ. Lorsqu’on lui interdisait de parler du Christ, il répondait : « Jugez s'il est juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu'à Dieu; car nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu » (Ac 4.19). Pierre n’a pas eu peur de prendre position pour le Christ. Par conséquent, nous pouvons dire que sa repentance était sincère et qu’il a porté les fruits de cette repentance. La tradition nous dit que Pierre fut crucifié la tête en bas.361

360 Cyrus-Ingerson Scofield, Nouvelle édition de la Bible (Genève : La Société Biblique de Genève, 1982),

1219.

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Nous aimerions voir maintenant un autre texte que l’apôtre a lui-même écrit, soit 1 Pierre 3.13-17 :

Et qui vous maltraitera, si vous êtes zélés pour le bien? D’ailleurs, quand vous souffririez pour la justice, vous seriez heureux. N'ayez d'eux aucune crainte, et ne soyez pas troublés; Mais sanctifiez dans vos cœurs Christ le Seigneur, étant toujours prêts à vous défendre, avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous, et ayant une bonne conscience, afin que, là même où ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs, ceux qui décrient votre bonne conduite en Christ soient couverts de confusion. Car il vaut mieux souffrir, si telle est la volonté de Dieu, en faisant le bien qu'en faisant le mal.

Quand? Scofield, nous dit que cette lettre aurait été écrite en l’an 65 après Jésus- Christ.362 L’introduction de la Bible du Semeur nous dit qu’elle fut écrite par Pierre (verset 1) et adressée aux nouveaux croyants membres d’églises (d’origines juives et non juives) de différentes provinces d’Asie mineure (la Turquie actuelle). Le but de la lettre est d’encourager les chrétiens à tenir ferme devant l’épreuve et la persécution.363

Où? Pour les traducteurs de la Bible du Semeur, cette lettre se présente comme une circulaire écrite de « Babylone », c’est-à-dire, sans doute, de Rome.364

Qui? L’introduction de la Bible du Semeur nous dit qu’elle fut écrite par Pierre (verset 1).

Pour Kuen, il est important, dans l’interprétation d’une épître, de savoir ce que le texte signifiait pour les premiers destinataires. Comme nous l’avons dit, le but de Pierre est de soutenir et de conseiller les premiers croyants face à une persécution grandissante.

Quoi et comment? Verset 13 : Et qui vous maltraitera, si vous êtes zélés pour le bien? Pour MacArthur, il est rare que des hommes maltraitent ceux qui sont zélés pour le bien. Verset 14 : Dans ce verset, le sens du mot « heureux » devrait être vu comme « honoré ».

362 C.I. Scofield, Nouvelle édition…, p. 1408.

363 International Bible Society. La Bible du semeur: traduite en francais d'après les textes originaux hébreu

et grec, avec introductions, notes et lexique (Colorado : Société Biblique Internationale, 1992), 282.

Verset 15 : Le début du verset qui pourrait être traduit par « mettez à part Christ comme Seigneur dans vos cœurs ». C’est un appel aux premiers chrétiens à vivre en communion avec le Seigneur en l’aimant et en lui obéissant pour ne pas avoir rien à craindre. « Étant toujours prêt à vous défendre » est un peu le cœur de cette péricope. Pour MacArthur, le croyant devrait exprimer pourquoi il est chrétien et l’exprimer avec humilité. Cette affirmation de Pierre contraste avec l’époque où il suivait Jésus, le reniant et n’étant pas capable justement d’affirmer sa foi au Christ. Verset 16 : Le verset 16 est un appel à avoir bonne conscience. MacArthur peut signaler que la conscience signale à l’être humain des sentiments de culpabilité, de honte, de doute, de peur, etc. mais que ce péché confessé et délaissé produira une conscience sans reproche. Verset 17 : enfin, le verset 17 rappelle que la volonté de Dieu peut être la permission d’une souffrance temporaire. Toutefois, faire le bien devrait être à la source de cette souffrance.

Pourquoi? Ce texte est une incitation à garder courage devant les persécutions à cause de la foi en Jésus. Durant ces périodes de souffrances, le chrétien devrait vivre en communion intense avec le Christ et ne pas avoir peur. Le croyant est encouragé à se défendre avec humilité et douceur lorsqu’il est interpellé en raison de sa foi. Enfin, il doit continuer à faire le bien pour avoir bonne conscience et amener de la confusion chez leurs détracteurs.

En somme, Pierre a péché en reniant le Seigneur mais il n’est pas resté là. Il a pleuré sur son sort et tout probable que Jésus l’a vu. Ce dernier ne l’a pas puni. Jésus l’a plutôt restauré, raffermi, encouragé. Dans notre analyse, Pierre n’est pas stigmatisé ni rejeté. Il a la confiance du maître, il peut alors entreprendre la mission que le Christ lui a confiée. Il persévère malgré les persécutions. Il reste ferme et va même, dans son épître, jusqu’à encourager les autres à persévérer dans la souffrance et ne pas avoir peur de se défendre. Il y a là un changement de conduite, des fruits de repentance, mais aussi un maintien du comportement attendu.

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Conclusion de l’interprétation théologique des résultats de recherche

Notre recherche a mis en lumière cinq grands axes de constituants du phénomène de la justice réparatrice. Les trois premiers axes sont, somme toute, des résultats déjà démontrés dans la littérature. Cela ne fait que confirmer ce que nous soupçonnions. Cependant, les deux derniers axes, soient la question du doute et les fruits de repentance, apportent un contenu nouveau.

Le doute peut être présent lors de la médiation. La typologie du doute démontre qu’une personne peut faire face au doute sceptique, méthodique, cathartique ou existentiel. Nous avons aussi cerné que la notion du doute est intimement lié à la confiance. La question de confiance passe par deux configurations Ŕ la promesse et le pari Ŕ et par certainscodes de communication. La confiance est un domaine fragile. Elle peut être à bâtir et à construire dans une relation. Quand une personne se sent aimée, elle a confiance en elle, doute moins et fait davantage confiance à l’autre. Nous aborderons davantage ces questions dans le prochain chapitre en lien avec la médiation.

Notre dernier axe a montré que la victime s’attend à voir le fautif porter des fruits de repentance. Porter du fruit de repentance peut se faire par d’autres moyens que la punition. Un geste de bonté envers le fautif tel que la mise en place d’une conférence familiale, peut favoriser des prises de conscience chez lui. Mais ce type d’action ne peut se faire que dans un milieu de vie aimant et favorable. Pour soutenir cet environnement sécurisant, il faut des femmes et des hommes murs, respectueux les uns envers les autres et soucieux du devenir harmonieux des enfants. La réaction à la faute commence bien avant que celle-ci ne soit commise. Le travail se fait en aval avec la conférence familiale mais aussi en amont, en prévention, en étant des modèles. Comment pouvons-nous demander à des jeunes en médiation d’être bons les uns envers les autres s’ils ne l’ont pas appris à la maison ou à l’école? Dans une école, cela pourra signifier comme le dit Bonhoeffer : « Celui qui porte les autres sait que les autres le portent aussi ». Il poursuit

en demandant « s’il y a dans la communauté un seul péché à propos duquel nous n’ayons pas à nous examiner nous-mêmes ».365

Cette situation qu’a expérimentée l’apôtre Pierre peut nourrir le vécu du milieu scolaire. Le changement de comportement attendu devrait se maintenir dans la mesure où l’intervention auprès du fautif est faite de façon à rétablir le concept de l’alliance, en travaillant, par exemple, sur le lien de confiance et en faisant un suivi adéquat auprès du fautif. Maintenant, plusieurs pourraient s’objecter ici et dire : « Oui, mais l’apôtre Pierre a rencontré le Seigneur, le maître du shalom et c’est pour cela qu’il a changé comme il l’a fait ». Il a rencontré Dieu lui-même! Nous pensons qu’une telle rencontre peut aussi avoir lieu entre êtres humains.

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CHAPITRE V : DISCUSSION SUR L’INTERPRÉTATION

DES RÉSULTATS DE RECHERCHE

Après avoir rédigé une introduction dans laquelle nous avons posé les fondements de la thèse, nous avons présenté au premier chapitre un panorama de la justice réparatrice tant au niveau pénal que scolaire. Au chapitre suivant, nous avons regardé ce que pouvaient être les fondements théologiques des questions touchant la justice. Les troisième et quatrième chapitres furent consacrés aux résultats de notre recherche et à l’interprétation des données obtenues. Cette analyse nous a permis de voir, entre autres, que la manière de réagir face à la faute commence bien avant que celle-ci ne soit commise. L’intervention peut se faire en aval avec un acte de bonté comme la mise en place d’une conférence familiale, mais aussi en amont, en prévention, en présentant des modèles et des adultes murs qui soutiennent les élèves. Dans le présent chapitre, nous reprendrons les éléments de notre interprétation pour discuter de l’impact réel et potentiel du phénomène de la justice réparatrice au niveau de la médiation, sur le plan individuel, familial, sociétal et ecclésial.