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LA STRUCTURE FINANCIÈRE D'UNE ENTREPRISE

Dans le document entreprise création (Page 187-194)

Si la rentabilité d’une entreprise conditionne son développement, la structure fi nancière de cette entreprise conditionne sa survie.

Il existe un grand principe de gestion fi nancière dont tous les créateurs doivent s’impré-gner s’ils veulent éviter des diffi cultés. Ce principe est le suivant : tout bien acquis par l’entreprise doit être fi nancé par une ressource qui fi gurera au bilan durant un délai au moins équivalent à la durée de vie de ce bien.

Les immobilisations d’une entreprise doivent par conséquent être

• fi nancées en priorité

par des capitaux permanents : capitaux propres, dettes à long terme (plus de 7 ans) et moyen terme (2 à 7 ans)1.

Le

• besoin en fonds de roulement d'exploitation, c’est-à-dire la différence :

(stocks + crédits consentis aux clients) – crédits accordés par les fournisseurs, devrait être également fi nancé par des capitaux permanents.

Seules les variations du

• besoin en fonds de roulement par rapport au BFR moyen cal-culé et les décalages momentanés de trésorerie devraient faire l’objet de crédits ban-caires à court terme. exemple, acquérir une machine grâce à des crédits à court terme, il prendrait alors un risque

1 Rappelons que le plan comptable ne fait pas la distinction entre emprunts à long terme et emprunts à moyen terme. Sont considérés comme « emprunts à terme » tous les emprunts à plus d’un an.

considérable car il n’aurait pas la certitude que cette machine puisse dégager assez vite une rentabilité suffi sante pour lui permettre de rembourser à temps ces crédits à court terme.

Inversement, l’orthodoxie fi nancière veut que la durée d’un prêt ne dépasse pas la durée de vie de l’immobilisation acquise grâce à ce prêt.

F

À l’actif du bilan fi gurent deux autres postes : les postes stocks et créances clients dont on peut se demander s’il faut les fi nancer par des capitaux permanents ou par des crédits à court terme.

Certains créateurs négligent purement et simplement ces « actifs circulants », oubliant par là même qu’une entreprise ne peut fonctionner correctement si elle ne possède pas en permanence un stock suffi sant de matières premières pour alimenter ses ateliers (s’il s’agit d’une entreprise de fabrication) ou de marchandises pour approvisionner ses rayons (s’il s’agit d’une entreprise commerciale).

Ces matières premières ou marchandises sortiront des stocks dans de courts délais mais elles représentent un besoin permanent de fi nancement car elles devront être remplacées par d’autres marchandises ou matières premières pour permettre un fonctionnement régu-lier des magasins ou des aterégu-liers.

Notons que le montant des stocks à fi nancer va augmenter avec le niveau d’activité. Si une entreprise fabrique par exemple des voiliers et qu’elle souhaite doubler son chiffre d’af-faires par rapport à l’année précédente, elle devra disposer en permanence d’un stock de matières premières probablement deux fois plus important sinon ses ateliers pourraient se trouver dans l’impossibilité de doubler le nombre de bateaux fabriqués.

Notons également que dans les entreprises de transformation il existe une deuxième catégorie de stocks dont il convient de prévoir le fi nancement : il s’agit des stocks de pro-duits semi-fi nis qui, dans certains secteurs comme le bâtiment ou la construction navale, peuvent représenter des montants considérables. La fabrication d’un immeuble ou d’un bateau peut exiger plusieurs mois voire plusieurs années de délai et, durant toute cette période, de l’argent sera immobilisé dans ces en-cours dont le coût de production corres-pondra à celui des matières premières qu’ils ont consommées mais également aux autres coûts qu’ils ont déjà entraînés et notamment aux salaires des ouvriers qui les ont transformés.

Enfi n, une entreprise de fabrication ne pourra peut-être pas vendre ou livrer immédiate-ment ses produits fi nis. Elle aura donc en permanence des stock s de produits fi nis qui sont également évalués à leur coût de production.

FIGURE 4.23 Les stocks de l'entreprise

Entreprises commerciales

(Stocks de marchandises à évaluer au coût d’achat qui est égal à : achats + frais d’achat)

Entreprises de transformation

(Stocks de matières premières à évaluer au coût d’achat)

Entreprises de transformation

(Stocks à évaluer au coût de production)

Il existe un autre type de besoin dont les créateurs doivent prévoir le fi nancement dès le lancement de leur entreprise. Il s’agit des crédits consentis aux clients. Dans la plupart des secteurs d’activité, en effet, les créateurs ne peuvent refuser d’accorder à leur clientèle des délais de règlement. Si, par exemple, ces délais sont en moyenne de 60 jours, cela signifi e que durant les 60 premiers jours d’activité le nouveau dirigeant n’encaissera aucune recette alors qu’il devra acheter des matières premières et payer ses ouvriers. Deux mois de chiffre d’affaires seront en permanence gelés dans ces crédits clients et ce besoin de fi nancement augmentera lui aussi avec le niveau d’activité. Si le chiffre d’affaires double, les sommes immobilisées dans le compte clients doubleront peut-être et il se pourrait même qu’elles aug-mentent encore plus rapidement si la croissance du chiffre d’affaires devait résulter d’un allongement des délais de paiement consentis aux clients.

Comment fi nancer les actifs circulants constitués par les stocks et les crédits accordés aux clients ?

D’abord grâce aux crédits fournisseurs.

Les fournisseurs de marchandises et matières premières vont probablement consentir à l’entreprise des délais de paiement qui permettront de disposer d’une source perma nente de fi nancement dans la mesure où chaque crédit fournisseurs remboursé sera remplacé par d’autres crédits correspondant à de nouvelles commandes. Notons toutefois que, sauf cas exceptionnel, le crédit fournisseurs permettra rarement de fi nancer la totalité des stocks et des crédits clients. Si, par exemple, une marchandise achetée 100 € est revendue 200 € et si les délais de règlement accordés aux clients sont les mêmes que ceux obtenus des four-nisseurs, alors le crédit fournisseurs représentera une somme deux fois plus faible que le crédit clients.

Le créateur devra par conséquent trouver des ressources pour fi nancer son besoin en fonds de roulement qui correspondra, dans une première approximation, à la différence entre,

d’une part, les stocks et crédits clients et, d’autre part, les crédits obtenus des fournisseurs.

besoin en fonds de roulement = (stocks + clients) – fournisseurs

FIGURE 4.24 Le besoin en fonds de roulement

Stocks

Créances

clients Dettes

fournisseurs

Besoin en fonds de roulement (BFR)

Le BFR, ce besoin permanent, augmentera avec le chiffre d’affaires puisque chacun de ses éléments augmentera avec ce dernier1. Il serait donc dangereux de le fi nancer par des crédits à court terme qui, par défi nition, doivent être remboursés à bref délai.

Bien des entreprises en situation de croissance rencontrent des diffi cultés précisément parce que leurs dirigeants n’ont pas compris ce phénomène. Pour faire face au développe-ment ils pensent d’abord aux nouvelles machines ou aux nouveaux bâtidéveloppe-ments nécessaires. Ils oublient que pour produire plus ils auront besoin de stocks supplémentaires et qu’en ven-dant plus ils auront plus d’argent immobilisé dans les créances clients.

Il faut donc faire l’impossible pour respecter le principe suivant : le besoin en fonds de roulement d’une entreprise doit être fi nancé avant tout par des capitaux permanents et le dirigeant doit prévoir que ce besoin augmentera au moins aussi rapidement que son chiffre d’affaires.

Les capitaux permanents d’une entreprise devraient par conséquent couvrir les immobi-lisations, d’une part, et le besoin en fonds de roulement, d’autre part.

1 Les supermarchés constituent une exception car leurs clients réglant comptant, les stocks étant faibles et les fournisseurs étant payés à terme, le BFR est alors négatif. Il constitue donc une source de fi nancement qui augmente avec le chiffre d’affaires.

FIGURE 4.25 Le fi nancement des besoins permanents

BFR2 Fournisseurs Immobilisations

Stocks Crédits aux clients

Un objectif à atteindre : capitaux permanents = immobilisations + BFR Capitaux permanents – capitaux propres – dettes LT et MT1

1. Les dettes à LT et MT fi gurent au bilan dans la rubrique « emprunts et dettes auprès des établissements de crédit ». De cette rubrique, il convient d’enlever les concours bancaires à court terme : soldes débiteurs des comptes bancaires, escompte, facilités de caisse, crédits de campagne…

2. Pour calculer avec précision le BFR il faudrait ajouter aux crédits fournisseurs les dettes « d’exploitation » envers l’État (impôts et charges sociales éventuellement dus) ou envers les salariés. Il faudrait également ajouter aux crédits clients un certain nombre d’autres créances d’exploitation (par exemple la TVA à récupérer). Pour une création, ces montants sont souvent négligeables mais nous réintroduirons ces créances et dettes dans le chapitre 5.

S’il advenait qu’au démarrage, des conditions exceptionnelles soient accordées par les clients ou les fournisseurs, si ces clients acceptaient de régler comptant et si les fournisseurs accordaient de longs délais de règlement pour faciliter ce démarrage, alors il se pourrait que le BFR soit faible voire négatif (crédits fournisseurs supérieurs à stocks + clients). Il serait cependant risqué, pour un créateur, de considérer de tels avantages comme défi nitifs et de ne pas prévoir à l’avance les fi nancements qui seront nécessaires au fonctionnement normal de son entreprise.

Le futur dirigeant devra donc veiller à ce que ses capitaux permanents (capitaux propres et emprunts à long terme et moyen terme) soient supérieurs à ses immobilisations afi n que la différence puisse fi nancer tout ou partie de son besoin en fonds de roulement.

Cette différence entre capitaux permanents et immobilisations est appelée fonds de roulement par les fi nanciers. Tous les créateurs devraient par conséquent se fi xer comme objectif d’obtenir un fonds de roulement supérieur ou égal à leur besoin en fonds de roulement.

fonds de roulement besoin en fonds de roulement

FIGURE 4.26 Le fond de roulement

Capitaux permanents

• capitaux propres

• dettes LT et MT Immobilisations

Fonds de roulement = Capitaux

permanents – Immobilisations Fonds de roulement

Si le fonds de roulement est supérieur au besoin en fonds de roulement, alors les capi-taux permanents pourront, non seulement couvrir les immobilisations et la totalité du BFR, mais ils permettront en outre à l’entreprise d’avoir de l’argent disponible en banque ou en caisse.

Cette entreprise aura donc une trésorerie positive égale à la différence entre le fonds de roulement et le besoin en fonds de roulement (voir fi gure 4.27).

Notons que la trésorerie apparaît également comme la différence entre le montant des sommes en banque, CCP et caisse, d’une part, et, d’autre part, les crédits à court terme accordés éventuellement par les banques (découverts, facilités de caisse, escompte, Dailly).

trésorerie = disponibilités – crédits de trésorerie

Ce premier exemple décrit une structure fi nancière diffi cilement réalisable par un créa-teur qui dispose de capitaux personnels en quantité limitée.

En effet, comme nous le verrons plus loin, les banquiers n’acceptent pas de fi nancer par des prêts à long terme la totalité du montant des immobilisations et la différence doit donc faire l’objet d’apports personnels. Les banques acceptent encore plus diffi cilement de couvrir les besoins en fonds de roulement par ces mêmes prêts à long terme, surtout si l’entrepre-neur ne peut leur proposer des garanties sérieuses.

FIGURE 4.27 Fonds de roulement supérieur au BFR

Fonds de roulement (FR)

Immobilisations Capitaux propres Emprunts à LT

Stocks Fournisseurs1

Clients

Banque et caisse Banque

Trésorerie (positive) = FR – BFR BFR

Trésorerie (positive)

1. À ce poste, il conviendrait logiquement d’ajouter les autres dettes à CT hormis celles accordées par les banques, par exemple les dettes envers l’État (Sécurité sociale, TVA…)

Le créateur d’entreprise peu fortuné risque donc de se trouver placé dans la situation décrite par le deuxième exemple.

FIGURE 4.28 Fonds de roulement inférieur au BFR

Fonds de roulement (FR)

Trésorerie (négative)

Immobilisations Capitaux propres Emprunts à LT

Fournisseurs

BFR Stocks

Clients

Disponible en banque

et caisse Banque

(facilités à CT)

Le fonds de roulement de l’entreprise est inférieur à son besoin en fonds de roulement.

La trésorerie est négative.

Dans ce cas, la différence BFR-FR devra faire l’objet de crédits de trésorerie c’est-à-dire de découverts, de facilités de caisse, d’escompte ou de crédits accordés au titre de la loi Dailly1.

besoin de trésorerie = BFR – FR

Une telle situation n’est pas sans risque car, nous l’avons dit, il est toujours dangereux de fi nancer des besoins à long terme par des crédits bancaires à court terme lesquels crédits devraient être réservés à la couverture des décalages momentanés de trésorerie.

F

Ces besoins à court terme résulteront des variations du besoin en fonds de roulement moyen et des déphasages qui se produiront entre les dates d’acquisition des immobilisations et les dates d’arrivée des ressources qui serviront à les fi nancer.

Dans le document entreprise création (Page 187-194)