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La représentation par les autorités traditionnelles

SECTION II. QUELLE DÉMOCRATIE AU NIVEAU LOCAL ?

2. La représentation par les autorités traditionnelles

Si la démocratie représentative est normalement associée à la réalisation des élections qui permettront de choisir les représentants des populations, normalement les partis politiques, réduire aux autorités élues la démocratie représentative,

principalement au niveau local, ignorerait, selon les acteurs politiques, une très importante réalité dans la représentation des populations : les autorités traditionnelles. Les autorités traditionnelles sont définies comme étant les entités reconnues par les populations comme tels [autorité], selon les coutumes et usages locales242. Ces autorités sont, normalement, incarnées par un individu qu´on appelle, en Angola et au Mozambique, le Soba ou le Régulo, respectivement.

Avec une existence uniquement locale, car il n´y a pas des autorités locales nationales, ces autorités ont un pouvoir qui dérive de la genèse historique même des populations locales dans ces deux pays. Cela fait de sa «reconnaissance une question d´autodétermination des peuples et une nécessite politico-sociale et culturelle de ce pouvoir qui représente les communautés traditionnelles», comme l´affirme Carlos FÉIJÒ243.

Alors, même si l’on reproche parfois à ces autorités traditionnelles de ne pas être "démocratiques", dans la mesure où elles ne sont pas choisies par un processus électoral ordinaire et même d´être plus au service des partis-politiques que des populations244 245, elles restent quand même, dans ces deux pays, des véritables autorités politiques et sociales et doivent être considérées comme tel, selon les acteurs politiques.

Ainsi, les autorités traditionnelles, entités locales légitimées au sein des populations locales doivent être considérées comme des vraies représentantes de ces populations et une manifestation de la démocratie représentative, dans la mesure où elles représentent les populations locales et sont acceptées comme telles par celles-ci.

242FEIJO, Carlos: Coexistência normativa…Op. Cit. p. 24.

243 Ibidem. p.26.

244ORRE, Alsak : Fantoches e Cavalos de Tróia? Instrumentalização das autoridades tradicionais em Angola e Moçambique. Cadernos de Estudos Africanos nº17/18,Centro de Estudos Africanos,Portugal, 2008.

245FORQUILHA, Salvador: Des ‘autoridades gentílicas’ aux ‘autoridades comunitárias’. Le processus de mobilisation de la chefferie comme ressource politique. Etat, chefferie et démocratisation au Mozambique. Le cas du district de Cheringoma, Thèse du Doctorat soutenue l´Université de Bordeaux, Bordeaux. 2006.

Enfin, la démocratie représentative locale doit être plus représentative, ce qui signifie reconnaitre et inclure les autorités traditionnelles, comme des représentantes des populations locales.

Sous-Section II. Une démocratie locale participative

L´adjectif «participative» est utilisée souvent pour caractériser la démocratie locale, en Angola et au Mozambique, ce qui veut dire que la démocratie locale est aussi vue, par les acteurs politiques, comme une démocratie participative. C´est-à-dire, une démocratie qui permettrait, véritablement, les populations locales de gouverner «eux-mêmes».

En d´autres termes, pareillement à l´existence d´une démocratie représentative au niveau locale, qui donnerait aux populations locales le pouvoir d´élire ou de légitimer ses représentants, les acteurs politiques défendent aussi l´existence d´une démocratie locale qui permettrait aux populations locales de décider directement ou prendre part dans la prise des décisions au niveau locale.

Les raisons invoquées pour l´instauration d´une démocratie locale participative, dans ces deux pays, sont, normalement, liées à la nécessité de consolider la démocratie, en générale. Il y a ici l´idée que la démocratie représentative toute seule ne suffirait pas à instaurer et consolider la démocratie dans ces deux pays. Alors, la démocratie participative est vue un peu comme le chemin à suivre pour «démocratiser la démocratie», pour utiliser une expression de Boaventura de Sousa SANTOS et All.246. C´est ainsi que, quand le Président angolais Eduardo dos Santos247 parle «d´approfondir la démocratie participative», il parle d´approfondir la démocratie, tout court.

Néanmoins, on trouve une conviction, chez les acteurs politiques, que le local serait l´espace politique primordial pour l´instauration de la démocratie participative. C´est dans ce sens que, quand ils parlent de démocratie participative c´est plutôt en référence à la démocratie participative locale, comme le dit par exemple la députée

246 SANTOS, Boaventura de Sousa (Org.): democratizar a democracia-os caminhos da democracia participativa. Edição Civilização brasileira, Rio de Janeiro, 2012.

247 Voir RTP-Online: Eduardo dos Santos quer aprofundar a democracia participativa em Angola. “https://www.rtp.pt/noticias/mundo/eduardo-dos-santos-quer-aprofundar-a-democracia-participativa-em-angola_a582744. Consulté le 20/11/2014.

UNITA en Angola, Mihaela Webba, pour qui l’absence de décentralisation en Angola, «met en cause l´instauration de la démocratie participative»248.

La démocratie locale participative s´exerce avec l´existence d’outils de participation, des mécanismes permettant la participation des populations dans la vie politique locale.

Or, l´analyse des discours des acteurs politiques ne nous laisse pas voir des mécanismes préférables les uns par rapport aux autres, ce qui fait que tous les mécanismes de participation des populations trouvent, a priori, place dans la concrétisation de la démocratie participative dans ces deux pays et cela même s´il y a déjà, dans ces pays, l´application des quelques mécanismes de participation. C’est le cas des «conseils locaux» ou «conseils d´auscultation et concertation locaux», le budget participatif, les consultations publiques, etc. qui sont, actuellement mis en place, principalement, par les organes locaux de l´État, dans ces deux pays. Ainsi, la mise en place la démocratie au niveau local doit passer aussi par la consécration d´une démocratie locale participative (1) qui pourrait se matérialiser, à son tour, par une multiplicité de mécanismes de participation (2).