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LA DÉCENTRALISATION COMME INSTRUMENT DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

L´Angola et le Mozambique restent, malgré leurs richesses naturelles, deux pays sous-développés, avec l´un des taux de pauvreté les plus élevés au Monde, une économie faible et dépendante et un déséquilibre économique régional considérable. Alors, selon le discours décentralisateur, la décentralisation permettrait de faire face à ces enjeux. Elle serait ainsi un instrument du développement économique.

Ce discours est fondé sur un double constat : l´incapacité de l´État d´un côté et l´existence des potentialités économiques locales, d´un autre côté.

Dans ces deux pays, comme dans la plupart des États africains postcoloniaux, l´État a été idéalisé selon une conception hégémonique275. On le voyait et il se voulait comme le responsable premier et ultime du développement économique. D´ailleurs, comme le dit Raogo SAWADOGO «il fonde [même] son existence sur ce rôle»276. Cependant cette conception de l´État impose un État fort et capable de faire face aux défis du développement économique. Or cela ne semble pas être le cas, dans ces deux pays. L’État y est considéré encore comme un État-fragile pour assurer ce développement277. D´ailleurs c´est cette conviction qui était derrière les réformes structurelles du début des années quatre-vingt-dix, réformes qui préconisaient la décentralisation comme solution à cette faiblisse de l´Etat278.

275 GODINEC, Pierre François : L´État africain. Col. Bibliothèque africaine et malgache. Tome VIII. 2ª Paris, LGDJ, 1984.

276SAWADOGO, Raogo-Antoine : L'Etat africain face à la décentralisation. Karthala, 2001, p.31.

277 La notion de «État fragile» ici utilisé est celle que défini un Etat dont «les instances Etatiques n’ont pas la volonté politique et/ou la capacité d’assumer les fonctions essentielles requises pour faire reculer la pauvreté et promouvoir le développement» comme définit par le Comité d'aide au développement de l'OCDE.

278 ABRAHAMSSON, Hans et NILSSON, Anders: Moçambique em transição : um estudo da história de desenvolvimento durante o período 1974-1992. Dulce Leiria (trad.). Centro de Estudos Estratégicos e Internacionais.Instituto Superior de Relações Internacionais. Maputo. 1994.

L´incapacité de ces États à garantir le développement est justifié par l’insuffisance de ressources, principalement financières279.

Il faut dire que ce discours d´insuffisance prédomine malgré les richesses naturelles de ces pays et un taux notable de croissance économique280. Il est justifié, selon certains auteurs281, par le système économique qui reste fragile et dépendant. Une dépendance à l´égard de l´exploitation du pétrole pour l´Angola et à l´égard de l´aide internationale et de l´exploitation de ressources naturelles, charbon et gaz, pour le Mozambique

Ainsi, à cause de son incapacité financière, l´État aurait du mal à satisfaire les besoins des populations en matière économique et sociale, ce qui fait qu´une grande partie de la population vit encore dans des conditions de vie dégradées ou tout simplement dans la pauvreté282.

La pauvreté est un mal qui concernerait principalement les zones rurales [considérées souvent comme l´expression du local, dans ces deux pays]. C’est alors une question locale qui doit être résolue au niveau local. La décentralisation permettrait de mettre en place des stratégies «pro-pauvres»283.

La décentralisation permettrait aussi de résoudre la question du déséquilibre économique régional qui reste l´une des principales questions économiques de ces deux pays284.

279 BEMBA, Samuel António Domingos: Finanças públicas e défice em África: O caso de Angola. Mémoire de Master, Université Portucalense, Porto, Junho de 2014.; AECOM International Development Europe and CESO Development Consultants: Avaliação PEFA do Desempenho da Gestão de Finanças Públicas, Moçambique 2015.

280 Avec un taux moyen de croissance entre 3 et 10 % an. Relatório económico de Angola 2013. CEIC / UCAN. Texto editora. p. 87.

281 FAURE, Yves : Op.cit. p.299.

282 REPÚBLICA DE ANGOLA. Ministério do Planeamento: Estratégia de Combate à Pobreza. Reinserção Social, Reabilitação e Reconstrução e Estabilização Económica.Versão revista, 2005. Luanda, Angola. ; REPÚBLICA DE MOÇAMBIQUE: Plano de acção para redução da pobreza (PARP) 2011-2014, Maputo, 2011.

283 Ibidem. pp. 85 et 16, respectivement.

284 DADA, Yasser Arafat: Desigualidades de desenvolvimento interprovincial. Debates nº21. Universidade Politécnica. 2014. Maputo. ; ALI, Rosimina: Níveis e tendências da desigualdade económica e do desenvolvimento humano em Moçambique: 1996-2006.In DE BRITO, Luís; CASTEL-BRANCO, Carlos Nuno; CHICHAVA, Sérgio e FRANCISCO, António (Org.): Pobreza, desigualdade e vulnerabilidade em Moçambique. IESE, 2010, pp.121-150.; DOS SANTOS, Belisário: Descentralização e governação local em Angola: os desafios em termos de cidadania e de concentração dos recursos na capital do País. In FAURÉ Yves-A. et RODRIGUES Cristina Udelsmann (Org.): Descentralização e

La prééminence de cette situation est justifiée par une «confiscation» et/ou mauvaise distribution par le centre de la majorité des ressources et des opportunités économiques, ce que rejoignent des constatations de certains auteurs, comme Carlos LOPES, pour l´Angola et Rosimina ALI, pour le Mozambique285. Alors c’est la décentralisation qui permettrait un meilleur partage des ressources et l´établissement d´un développement économique équilibré286.

Le pari dans le local ou dans la décentralisation, pour résoudre les maux économiques et catapulter économiquement ces deux pays, est justifié aussi par l´existence de potentialités au niveau local.

Le local, propriétaire des potentialités économiques, serait dicté par les conditions économiques mais aussi par les logiques d´organisation et de fonctionnement économique qui permettraient le développement. Alors, laisser le développement économique au niveau local ou simplement faire une décentralisation économique serait une garantie de réussite économique, pour ces deux pays.

Ainsi, on voit dans la décentralisation la capacité de résoudre les problèmes que l´État n´a pas su résoudre jusque-là (Section I). C’est le cas notamment de la pauvreté et des déséquilibres régionaux (Section II).

Desenvolvimento Local em Angola e Moçambique: processos, terrenos e atores. Almedina, Coimbra, 2012, pp.201-211.

285 LOPES, Carlos: Centralização, descentralização e desconcentração em Angola: aspetos económicos. . In FAURÉ Yves-A. et RODRIGUES Cristina Udelsmann (Org.): Descentralização e Desenvolvimento Local em Angola e Moçambique: processos, terrenos e atores. Almedina, Coimbra, 2012. p. 159.; ALI, Rosimina: Níveis e tendências da desigualdade económica e do desenvolvimento humano em Moçambique: 1996-2006.In DE BRITO, Luís; CASTEL-BRANCO, Carlos Nuno; CHICHAVA, Sérgio e FRANCISCO, António (Org.): Pobreza, desigualdade e vulnerabilidade em Moçambique. IESE, 2010.pp.121-150.; DOS SANTOS, Belisário: Op. Cit.

SECTION I. DÉCENTRALISER POUR FINIR AVEC LA PAUVRETÉ