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compétences : complémentarité et/ou nouveauté

Chapitre 4 - Historique des méthodes pratiquées en contexte algérien avant la réforme en contexte algérien avant la réforme

4. Quelles méthodes pour quels apprentissages ?

4.1. La méthode de « lecture» ou « Malik et Zina » (1965- (1965-1983)

La méthode SGAV, telle que nous l’avons présentée dans le chapitre précédent, a été tout naturellement adoptée par les concepteurs de programmes du système éducatif algérien et ce, dès que les Algériens ont conçu et diffusé leurs propres programmes destinés à répondre aux nouveaux besoins de l’école algérienne, c’est-à-dire trois ans après l’indépendance du pays.

Cette méthode conçue en 1965 à l'intention des enfants de 6 à 7 ans – 1ère année d'apprentissage de français – est restée valable pendant longtemps dans l'apprentissage du français dans le cycle élémentaire.

Il faut cependant noter que la langue arabe a été introduite dans l'enseignement primaire dès la deuxième rentrée scolaire, en octobre 1963. Le français était enseigné, à cette époque, dans les écoles à raison de 20 heures sur 30 heures par semaine, les 10 heures qui restaient étaient consacrées à la langue arabe. Cette méthode a vu quelques réaménagements très timides vers les années 1970, c'est-à-dire au moment où l'apprentissage du français s'est vu conduit à partir de la 3ème année primaire.

La priorité de cette nouvelle démarche est accordée à la langue parlée en usage.

Cette méthode, telle qu'elle a été enseignée, est connue sous le nom de méthode « MMaalliikk eett ZZiinnaa». C'est une « méthode audio-visuelle à point de départ »

global »57 conçue pour des apprenants dont l'âge varie entre 8 et 9 ans et qui suivent leur première année d'apprentissage de français. La progression s'organise suivant une démarche dont les séquences sont intitulées « dossiers de langue ».

57 Expression empruntée au document intitulé Programmes d'enseignement et directives

Le dossier58 de langue se définit par : • le thème,

• son contenu linguistique,

• un ensemble d'exercices destinés à faire acquérir ce contenu sur le plan de l'oral et de l'écrit.

Chaque dossier s'articule autour de trois phases ou étapes : • Une phase globale

• Une phase analytique • Une phase de synthèse

4.1.1. La phase globale

L'initiation au langage ne se fait plus par le biais de l'apprentissage de liste de mots à apprendre par cœur. Dès le premier contact avec la langue étrangère, l'élève est amené à entendre, à comprendre et à répéter des phrases entières que lui présente le maître.

• 11eerrmmoommeennt : Le point de départ est un dialogue en situation. Le dialogue est t

le principal support de l’unité didactique. L'élève entend globalement des phrases entières en tant que structures sonores c'est-à-dire sans les décomposer, avec leur rythme et leur intonation naturels.

• 22èèmmeemmoommeennt : L'élève comprend globalement la phrase en la prononçant en t

même temps qu'on en représente le sens, par un jeu de figurines59 mobiles. • 33èèmmeemmoommeennt : L'élève répète aussi naturellement que possible, d'abord avec t

le support visuel et en vérifiant la justesse de la diction : phonétique, rythme, intonation, etc.

4.1.2. La phase analytique

Les structures sonores que l'élève sait répéter globalement sont réemployées dans une batterie d'exercices puis démantelées de manière à faire varier autant que possible la situation (changement de verbe, de sujet, d'objet ou de circonstance). Dès

58 On appelle « dossier » l'ensemble des séances qui présentent les leçons exploitant une même situation, une même saynète portant sur le même thème.

59 En didactique des langues, une figurine est : « un dessin découpé dans de la cartoline floquée (c’est-à-dire parsemée au revers de pastilles pelucheuses facilitant l’adhérence sur le tableau de feutre) et représentant un personnage, un animal, un objet, un édifice ou un signe conventionnel ». J-P. Robert (2002 : 72).

lors, les phrases globales sont démontées en divers éléments que doit s'approprier l'élève pour un réemploi ultérieur.

4.1.3. La phase de synthèse

Cette phase tend vers l'expression libre. « La méthode débouche sur des exercices de réemploi personnel dans des situations nouvelles ».60

Les situations qui provoquent l'expression peuvent être représentées soit par le biais de figurines, gravures, photos, diapositives, etc., comme elles peuvent être simulées (mime61, jeu dramatique, etc.).

Rappelons que cette méthode est, pour une très large part, orientée vers l'initiation au français parlé élémentaire.

4.1.4. Initiation au français parlé

Il s'agit d'utiliser la langue du dialogue en évacuant délibérément tout style narratif ou descriptif propre à la langue écrite. « La motivation est obtenue à partir de situations courantes qui provoquent une conversation naturelle ».62 On lui fera, par exemple raconter une scène vécue, une histoire à partir d'une série de gravures (histoires sans paroles). Et comme on l'a vu, cela peut se faire à partir du mime ou du jeu pour construire un dialogue faisant appel aux structures acquises.

4.1.5. Initiation au français élémentaire

Toutes les tournures et mots présentés aux élèves sont d'emploi fréquent et récurrent dans la langue courante.

Signalons encore une fois que cette méthode favorise situations et dialogues par le biais de saynètes63.

Les thèmes proposés sont en relation avec le quotidien de l'enfant de 8/9 ans. C'est dans le guide du maître qu'il est précisé que « la méthode plonge ses racines dans la vie de l'enfant, et en particulier dans son affectivité ». Les thèmes retenus sont les suivants :

60

Directives pour l'enseignement du langage 3ème et 4ème années (1974 : 7).

61 Les mimes, scènes jouées par un ou plusieurs acteurs, mais non parlées, provoquent la participation de l'ensemble des élèves sous forme de commentaire.

62 Guide du maître(1974).

63 Les sketches, scènes jouées et parlées, ne mettent en jeu qu'un petit nombre d'élèves. Les saynètes peuvent être jouées par l'intermédiaire de marionnettes ou de silhouettes au tableau de feutre, procédé très précieux à cette étape de la leçon.

- A l'école - En classe - A table - Les jeux - Les animaux.

- Au marché - Les moyens de transport - La famille - Les vêtements. - Dans la rue - Les jours de fête - La cueillette des figues.

- Chez le médecin - A la gare - Au moulin.

Les auteurs du guide du maître affirment que les saynètes étudiées en classes sont étroitement liées aux besoins affectifs de l'enfant, à ses tendances, à ses intérêts profonds et qu’elles motivent l'expression, c'est-à-dire qu'elles invitent l'élève à parler.

4.1.6. Présentation de la méthode

Nous venons de voir les trois phases de la méthode. Phases également appelées « moments de classe 64» et visant chacune un objectif précis. Ce n'est qu'en pratiques de classe que ces moments apparaissent.

La méthode « MMaalliikk eett ZZiinnaa » repose sur 3 dossiers s'articulant autour de

séances détaillées. Chaque dossier se décline en trois moments – que le guide du maître présente sous forme de schémas présentés ci-après – qui se résument comme suit :

64 L’expression « moments de la classe » met l’accent sur le paramètre temporel. Elle renvoie à la leçon qui découpe l’acte pédagogique en une succession de phases qui ont chacune un objectif spécifique et dont le déroulement vise une appropriation maximale des éléments nouveaux à acquérir.

1er moment : Appropriation globale d'un dialogue par les élèves

2ème moment

On passe alors à l'analyse des ensembles sonores en vue de l'acquisition des structures et des mots par un montage d'automatismes de langage. Il est précisé que le dialogue de la saynète est appris par cœur par les élèves. Le maître a pour tâche d'opérer la dissociation des ensembles sonores pour rendre disponibles les mots et les structures. Des exercices de réemploi systématique sont prévus ensuite pour permettre à l'élève de fixer ces structures. « Tout se passe comme dans l'initiation du jeune enfant à la langue maternelle ».

Support visuel = ffiigguurriinneess

mobiles sur le flanellographe

Support auditif = ddiiaalloogguuee dit par le maître

S

Siittuuaattiioonn

qui motive l'expression

L’élève écoute et comprend

- avec support visuel et support auditif

- avec support visuel seul - sans support Il répète Il mime C Coonnttrrôôllee A Apppprroopprriiaattiioonngglloobbaalleedduuddiiaalloogguueeeennssiittuuaattiioonn P Prreemmiieerrmmoommeenntt Répétition Fixation Enrichissement Désarticulation en éléments

Réemploi avec variantes

(La situation change)

L'élève s'approprie les mots et les structures

Systématisation = Montage de réflexes D'automatismes verbaux

A

Annaallyysseeeettaapppprroopprriiaattiioonnddeesséélléémmeennttss D

Avec un peu de recul, on se rend compte que la valeur locutoire qui se réfère à la forme de l'énoncé « séquence de sens ayant une organisation syntaxique » est restée pendant longtemps la seule prise en compte dans les méthodes. En effet, lorsqu'on lit aujourd'hui des dialogues élaborés dans le cadre des méthodes dites SGAV, comme c'est le cas de la méthode « Malik et Zina », on s'aperçoit que les dialogues manquaient beaucoup de naturel – la communication est artificielle – et que « leurs paroles65 » ne sont, en fait, qu'un prétexte à placer des contenus grammaticaux.

3ème moment

L'on considère que les élèves sont maintenant suffisamment armés pour s'exprimer librement. Ils se ressourcent dans leurs acquis. Pour mettre en branle ce moment qui est celui de la pratique personnelle, le maître sollicite l'élève en lui proposant soit de décrire une série de gravures (histoire sans paroles), soit de raconter une scène vécue, soit partir du mime ou du jeu.

4.1.7. Limites de la méthode SGAV dans le système éducatif algérien

A l'analyse, cette méthode se révèle peu adaptée au contexte algérien.

En effet, la mise en œuvre de pareille méthode nécessite des moyens matériels importants et donc un investissement lourd pour le budget d'une institution déjà lourdement tributaire des effets de l'explosion démographique que connaît le pays à ce moment-là – notamment lorsqu'on pense aux effectifs pléthoriques des classes, au fonctionnement en système de double vacation des écoles et à la nécessité d'ouvrir à chaque rentrée scolaire de nouveaux établissements pour répondre à l'objectif prioritaire qui est la démocratisation de l'enseignement, c'est-à-dire : l'accès à l'école pour tous.

65

Dans le sens de contenu des dialogues.

Jeu dramatisé, dialogué (langue parlé) Description et narration VERS L'EXPRESSION