• Aucun résultat trouvé

Chapitre 3 - Vers une réorganisation du système éducatif

2. Le système éducatif algérien

2.3. L’Education nationale

2.3.1. L’éducation préscolaire

« L'enseignement est obligatoire pour tous les enfants âgés de six à seize ans révolus ».53

Pratiquement inexistante en Algérie, l'éducation préscolaire est destinée aux enfants âgés de 5 ans54

. Cet enseignement préparatoire permet, d'un côté, d'offrir à tous les enfants qui n'ont pas encore atteint l'âge de la scolarité les mêmes chances d’un bon démarrage dans le monde des apprentissages scolaires et d'un autre, permet aux parents d'assurer progressivement le rôle de parent d’élève.

51 Cf. annexe n°1. Art. 2. 52 Ibidem. Article 3. 53 Ibidem. Art. 5.

54 (Cf. Annexe 6) : circulaire ministérielle n°2305.0.3.2. en date du 18 juin 2005. « Installation de

Nous assistons actuellement, avec l'avènement de la nouvelle réforme, à une généralisation progressive de cet enseignement. Si l'on considère l'un des objectifs fixés par cette réforme, en 2008/2009 tous les enfants âgés de cinq ans, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas encore atteint l'âge de la scolarité obligatoire, bénéficieront d'une éducation préscolaire55. Toutes les conclusions des recherches menées par les pédagogues et les spécialistes de la petite enfance s'accordent à dire que ce cursus préparatoire est indispensable à l'épanouissement de l'enfant et à sa préparation pour affronter sans difficulté le cycle primaire et les autres cycles de l'enseignement.

Examinons l'état des lieux actuel : l’éducation préscolaire est dispensée dans des écoles préparatoires, des écoles maternelles et des jardins d’enfants. Certaines classes maternelles fonctionnent au sein des écoles élémentaires. Cet enseignement est pris en charge par les communes, quelques entreprises publiques économiques et certains privés.

L'éducation préscolaire permet à l'enfant de vivre une transition douce entre la vie familiale et la vie scolaire. Cet enseignement initie l’enfant progressivement à la vie d’écolier. Chacune des activités engagées permet de viser plusieurs objectifs essentiels d’apprentissage : la socialisation, le langage, l’expression artistique, l’exploration de l’environnement, les mathématiques, les activités corporelles et, pour ce qui nous concerne, la familiarisation avec le code écrit.

La mission première de cet enseignement est d’aider chaque enfant à acquérir son autonomie, des attitudes et des compétences qui permettront de construire les apprentissages fondamentaux. Apprentissages qui seront exploités dès leur scolarisation en première année primaire.

Les recherches menées sur le préscolaire en Algérie (A. Bénamar : 2004)56 se définissent par un double objectif :

• La production de savoirs sur la petite enfance et sa prise en charge pédagogique.

• L'analyse et la transformation du système de pré scolarisation.

Il nous semble intéressant de développer cet aspect du système éducatif – à savoir la généralisation du préscolaire – abondamment pris en compte dans le cadre de la nouvelle réforme du système éducatif, dans la mesure où il apporte de profonds

55

Op. cit.

56 Article [en ligne] intitulé : « Le français au préscolaire en Algérie : entre contingence et

changements dans le profil d'entrée de l'apprenant de 3ème année primaire qui équivaut à la 1ère année d'apprentissage de la langue française.

L'éducation préscolaire marque aujourd'hui, pour un grand nombre d'enfants en Algérie, le début des apprentissages. En effet, pour des raisons diverses telles que l'histoire personnelle et familiale, le milieu socioculturel, les enfants présentent des profils linguistiques différents quand ils arrivent au préscolaire.

Les programmes d'éducation préscolaire sont généralement réalisés en arabe dans les différents types d'espaces de pré scolarisation mais ces dernières années ont vu une ouverture plurilingue dans les crèches privées et celles gérées par les entreprises publiques. Celles-ci optent pour l'apprentissage précoce du français : cette discipline est, pour certains éducateurs, un outil de communication orale, pour d'autres, une activité d'éveil.

Si le préscolaire est un espace éducatif qui permet à l'enfant de développer sa pratique de l'arabe, aujourd'hui, il lui assure aussi l'éveil au français. L'accent est mis sur le développement d'une compétence de communication orale dans cette langue qui apporte à l'enfant les premiers éléments de connaissance de la langue française : ils sont alors capables de saisir un message oral, de prendre la parole et de s'exprimer de façon intelligible.

Aujourd'hui les recherches menées dans ce domaine ont prouvé que les enfants (dans leur majorité) qui ont reçu une éducation préscolaire suivent sans difficulté et donnent de meilleurs résultats scolaires. Les activités éducatives réalisées par les enfants dans les crèches et les classes maternelles ont un effet bénéfique sur leurs performances scolaires et leur adaptation sociale et nous en verrons plus particulièrement les retombées dans l'apprentissage de la langue française.

Il est notoire, en effet, que les savoirs passent toujours par une imprégnation des objectifs d'apprentissage, et les enfants en contact précoce avec les langues étrangères ont plus de chance de les apprendre plus tard.

2.3.2. L’enseignement de base

Cet enseignement s’étale sur une durée de neuf (09) années et constitue une éducation de base commune à tous les élèves. Il recouvre deux entités clairement identifiées : l'enseignement primaire qui s'étale sur 5 années et l’enseignement moyen qui s'étend sur 4 années.

2.3.2.1. L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

Cet enseignement se déroule au sein de l'école primaire, établissement de base de tout le système éducatif national. Il comprend 5 années d'études (de la 1ère année à la 5ème année primaire). Le contrôle de l'enseignement primaire appartient à l'Etat aussi bien pour les écoles publiques que pour les écoles privées.

L'objectif général de l'enseignement primaire est d'assurer aux enfants algériens les besoins éducatifs fondamentaux, au minimum, et de permettre à chaque enfant d'acquérir les apprentissages de base.

Sa mission étant donc de développer toutes les capacités de l'enfant en lui apportant les éléments et les instruments fondamentaux du savoir : expression orale et écrite, lecture, calcul. Il permet également à l'enfant l'acquisition progressive de savoir méthodologique et le prépare ainsi à suivre dans de bonnes conditions la scolarité au sein du cycle de l'enseignement moyen.

Le curriculum de l'enseignement primaire est déterminé par le ministère de l'Education nationale et s'applique à toutes les écoles primaires aussi bien publiques que privées du pays. Au programme figurent les matières suivantes : l'arabe, le français, le calcul (en arabe), la géographie, l'éducation religieuse, le dessin et l'éducation physique et sportive. L'arabe est la langue d'enseignement.

L'enseignement du français est passé dans un premier temps de la 4èmeannée fondamentale (enfants scolarisés entre 09/10 ans) à la 2èmeannée primaire (enfants scolarisés entre 7/8 ans) et ce, juste avec le coup d'envoi de la nouvelle réforme du système éducatif qui correspond à la rentrée scolaire 2004/2005. Deux années plus tard (rentrée scolaire 2006/2007), l'introduction de l'enseignement de la langue française est reporté à la 3ème année primaire (enfants scolarisés entre 8/9 ans).

Ce report est précisé dans une circulaire ministérielle rédigée en langue arabe et datée du 15 juillet 2006 57 (Cf. annexe n°3). Cette circulaire a été envoyée aux différentes Directions de l'éducation du pays pour mise en application dès la rentrée scolaire 2007/2008. Elle comporte les précisions suivantes :

« L'enseignement de la langue française en Algérie n'interviendra qu'à partir de la troisième année du primaire à partir de la rentrée prochaine (2006/2007), en raison des résultats peu convaincants de l'ancienne réforme ».

En réalité l'application de cette décision n'a été effective qu'à la rentrée scolaire 2007/2008, dans la mesure où les élèves entrant en 3ème année primaire avaient déjà commencé leur apprentissage en 2ème année.

57

Pour comprendre les raisons de ce report, il nous faut reprendre les arguments développés dans la circulaire et qu’il nous a semblé intéressant de rapporter dans leur intégralité.

« L'enseignement de la langue étrangère 1 (le français pour le cas de l'Algérie) a été introduit en deuxième année de l'enseignement primaire dès le début de l'année 2004/2005 et ce, conformément aux Instructions officielles émanant du Conseil des ministres en date du 30 avril 2002). L'objectif étant de dispenser à l'enfant un apprentissage précoce de la langue française.

Cependant les premières évaluations de ce processus sur terrain s'avèrent décevantes58 dans la mesure où elles ont conduit à constater des disparités considérables de niveaux d'apprentissage et ce, d'une wilaya à une autre et plus particulièrement d'un établissement à un autre.

Les rapports des inspecteurs, des enseignants et des chercheurs lors de la journée d'étude qui s'est tenue le 29 mai 2006 à l'Institut National de Recherche en Education et qui était consacrée à l'évaluation de l'enseignement des langues étrangères dans le cursus scolaire de l'apprenant ont tous convergé vers l'idée qu'une seule année scolaire ne suffisait pas pour installer chez ce même apprenant les apprentissages fondamentaux relatifs à la langue d'enseignement, cette année est considérée comme support pédagogique permettant l'assimilation de la langue étrangère1.

A ce titre et compte tenu des résultats de l'évaluation et des recommandations de la journée d'étude, il a été décidé, et ce à l'unanimité, de reporter l'introduction de l'enseignement de la langue française à la troisième année et ce, à partir de l'année 2007/2008.

En conséquence, il en découle les dispositions suivantes :

1- la langue française n'est plus enseignée en deuxième année primaire à compter de l'année 2006/2007 ;

2- l'enseignement de la langue française est introduit en troisième année primaire à compter de l'année scolaire 2007/2008 ;

3- la distribution des manuels scolaires de deuxième année primaire est définitivement interrompue ;

4- l'horaire hebdomadaire imparti aux activités programmées en deuxième année primaire est réduit à 27 h. au lieu de 29 h.30 mn ;

5- le volume horaire hebdomadaire de l'éducation artistique est augmenté d'une demi-heure en deuxième année primaire ;

6- le volume horaire de l'éducation physique est diminué d'une demi-heure en première année primaire ;

7- le volume horaire hebdomadaire de l'éducation artistique est augmenté d'une demi-heure en première année primaire.

Il est clair que le report de l'introduction de la langue française de la deuxième année à la troisième année doit être suivi d'efforts concentrés sur les activités

58

langagières de la langue arabe. Ceci permet en outre de consolider les acquis langagiers de base considérés comme supports pédagogiques sur lesquels reposent les outils d'apprentissage de la langue1 notamment dans les aspects techniques et méthodologiques.

L'enseignement de la langue française en troisième année primaire pour l'année scolaire 2006/2007 est dispensé aux élèves scolarisés en deuxième année durant l'année 2005/2006 et se déroulera conformément aux programmes et aux moyens didactiques mis en place pour ce niveau d'enseignement ».

Si nous nous référons donc aux arguments présentés pour justifier ce report, nous ne pouvons que constater qu'ils révèlent les carences de la mise en œuvre de la réforme. D'une part une formation défaillante pour ce qui est de la mise à niveau, à l'échelle nationale, des enseignants chargés de l'application des nouvelles instructions relatives à l'apprentissage du français, d'autre part la non prise en compte de l'aspect pédagogique de cet apprentissage tel qu'il est souligné dans la circulaire. Serait-ce l'aveu déguisé d'un constat d'échec, ou plus précisément la reconnaissance que les moyens matériels mis en œuvre pour l'application de la réforme ne correspondaient pas aux ambitions affichées par les initiateurs de cette réforme ?

Toujours est-il que, selon des chiffres émanant du ministère de l'Education nationale, pour l'année scolaire 2006/2007, plus de 450.000 élèves ont entamé leur apprentissage du français.

Pour ce qui concerne le cursus scolaire dans le primaire, l'élève peut redoubler sa classe s'il n'a pas obtenu une moyenne générale de 10/20. A la fin de ce cursus, un examen est prévu pour l'accès en première année moyenne qui se poursuit dans un (CEM) collège d'enseignement moyen.

2.3.2.2. L’ENSEIGNEMENT MOYEN

Cet enseignement compte quatre années. A la fin de ce cursus, un examen est prévu pour l’accès en première année secondaire qui se poursuit soit dans un lycée d’enseignement général soit dans un lycée d’enseignement technique. Cet enseignement est sanctionné par le brevet d’enseignement moyen (BEM).

2.3.3. L’enseignement secondaire

Cet enseignement compte trois années et accueillent les élèves de l’enseignement moyen. Il se décline en deux troncs communs en première année. Ceux-ci se subdivisent en différentes filières à partir de la deuxième année secondaire :

• langues étrangères • mathématiques • économie / gestion • sciences expérimentales

• techniques mathématiques se déclinant en quatre options : génie mécanique, génie électrique, génie civil et génie des procédés.