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compétences : complémentarité et/ou nouveauté

Chapitre 4 - Historique des méthodes pratiquées en contexte algérien avant la réforme en contexte algérien avant la réforme

1. Héritage du système en vigueur à l’époque coloniale

1.3. Exemple de leçon de langage

Il s’agit d’un ouvrage intitulé : « L’enseignement du langage. Considérations générales. Théorie. Leçons préparées » ayant

pour auteur un directeur d’école dans le Sud algérien, M. Tinel. On y trouve le détail des leçons conçues à l’intention des élèves français musulmans, adaptées aux nécessités de l’enseignement collectif en Afrique du Nord.

C’est bien la méthode directe qui est développée tout au long de ces leçons où le maître met en œuvre des principes pédagogiques

50 Louis Machuel, 1896, in « Leçon de langage aux élèves indigènes qui fréquentent les écoles

françaises de nos colonies » cité par par Nishiyama Noriyuki, in « L’enseignement du français à la croisée des cultures politiques sous la IIIème république ». [Article en ligne].

particuliers « actifs » et « simples ». M. Tinel y insiste sur le fait que le langage doit être enseigné par la « méthode directe » ou « maternelle » prônée par Carré et que les « dialectes arabes et berbères doivent être proscrits » (1936 : 18). Pour lui, (1936 : 20) la traduction :

« provoque un travail de mémoire, double inutilement l’effort et peut empêcher de penser en français. »

Faire les actions, présenter les objets, les nommer, faire répéter collectivement les mots telles sont les tâches du maître qui n’a pas pour mission comme le précise très clairement Tinel dans son introduction (1936 : 9) :

« d’initier les jeunes français musulmans aux beautés de notre langue littéraire, aux richesses de notre langue scientifique, aux spécialités de notre langue industrielle ou commerciales, ni même aux exigences savantes de notre grammaire ».

En dehors de ces considérations qui reflètent exactement les mentalités de l’époque, ce qui à nos yeux constitue l’intérêt majeur de ce document, c’est que nous y avons retrouvé, presque mot pour mot, les exemples de leçons qui nous ont été décrites par des instituteurs qui ont par la suite accédé aux fonctions d’inspecteurs de l’enseignement primaire – aujourd’hui en retraite – leçons qu’ils ont données aux élèves des écoles primaires au lendemain de l’indépendance de l’Algérie.

Ainsi la première leçon de langage dans les cours préparatoires – première année, (1936 : 38-39) :

Leçon n°1 :

Le tableau

Mots : le tableau ; la craie ; j’écris ; écris ; sur ; avec. 1 : Le maître, après avoir obtenu le silence, s’approche du tableau, le touche de la main, et dit « le tableau ». Il interdit la répétition collective, prononce à nouveau le tableau, puis s’approchant d’un élève, il prend sa main droite qu’il dirige vers le tableau, et répète encore : « le tableau ». L’élève répète seul. Même mimique auprès d’une dizaine d’élèves. Ensuite le maître se contente de désigner l’enfant ; celui qui est nommé, doit, du doigt désigner la chose nommée. Le maître l’y incite, au besoin, en renouvelant le geste, et continue la correction attentive de la prononciation. […].

2 : le même procédé est employé pour la craie.

3 : le maître, tenant un morceau de craie, va au tableau et trace lentement une lettre. Il accompagne son geste du mot « j’écris ».

Nous pouvons, à partir du déroulement de cette leçon, dégager les principes de la méthode directe qui se résument à :

1- placer l’enfant en contact d’une chose ; la nommer ; la faire nommer. - exécuter, faire exécuter une action que cette chose permet ;

l’exprimer ; la faire exprimer.

2- faire rechercher et exprimer une ou plusieurs circonstances de cette action.

3- transposer logiquement dans le temps le moment de l’action.

Ces principes conditionnent le contenu de la leçon de langage qui comprend : - du vocabulaire (noms, verbes, adjectifs et autres mots),

- des constructions de phrases,

- de la conjugaison (présent, passé, futur…).

Il va sans dire que ces trois composantes de la leçon de langage ne sont pas trois moments de l’exercice mais qu’ils s’interpénètrent et que pas un seul instant il ne sera question de noms, de verbes, d’adjectifs ou de conjugaison.

Nous avons remarqué qu’il n’y avait pas à proprement parler de programme général pour l’enseignement du langage. La leçon de langage repose essentiellement

sur des actions à faire et sur la manipulation de matériel en s’exerçant à parler. Le langage est une conversation.

Les orientations pédagogiques contenues dans le mensuel : L’école

républicaine (octobre 1957 : 36) précisent

que :

« La clé du langage, ce n’est pas l’acquisition d’une liste de mots, ce n’est pas le vocabulaire, c’est l’entraînement à parler ; et on apprend à parler non seulement pendant les leçons de langage mais à l’occasion de tous les autres exercices : lecture, calcul, dessin, etc. ».

Pour ce qui concerne les thèmes, nous avons constaté que le choix est lié au milieu dans lequel évolue l’enfant. Les sujets font appel aussi bien à l’activité physique qu’à l’observation et en accord avec les besoins et les intérêts de l’enfant.

1. Thèmes liés aux besoins fondamentaux : se nourrir, se vêtir, s’abriter, se distraire.

2. Thèmes liés au milieu où vit l’enfant : la famille, l’école, les camarades, la maison, le jardin, les champs, le village, le quartier, la ville, les professions.

3. Thèmes liés aux activités de l’enfant : les jeux, les jouets, les exercices scolaires.

4. Thèmes liés à la nature : les plantes, les animaux, les saisons.

5. Thèmes liés à des émotions : les contes, les fêtes, les incidents et les accidents.

6. Thèmes liés aux voyages : la bicyclette, l’automobile, le train, le bateau, l’avion, les vacances.

7. Thèmes liés à la découverte du monde (à l’aide de l’image, de la projection fixe et du cinéma).