2.3 Une méthode d’extraction de contre-modèles à base de réseaux de Petri à incon-
2.3.1 La méthode d’extraction de contre-modèles
Nous rappelons que les contre-modèles deBIsont des monoïdes de ressources ayant certaines
propriétés [66] que nous énumérons ci-dessous. Mais avant, concernant les modèles à base de
monoïdes de ressources, nous redonnons au lecteur la définition de monoïde de ressources et
d’interprétation afin de faciliter la lecture.
Définition 2.3.1 (Monoïde de ressources). Un monoïde de ressources est une structure R =
(R,•, e,v) telle que :
- (R,•, e)est un monoïde partiel
- v ⊆R×R est un préordre (une relation réflexive et transitive)
- Compatibilité :∀r
1, r
2, r
3∈R, sir
1vr
2etr
2•r
3↓alorsr
1•r
3↓ etr
1•r
3vr
2•r
3Nous rappelons que r
1•r
2↓ signifie ”r
1•r
2est défini” et que r
1•r
2↑ signifie ”r
1•r
2n’est
pas défini”.
Définition 2.3.2 (Interprétation). Une interprétation est une fonction J·K : Prop → P(R),
satisfaisant la propriété de monotonie suivante :∀p∈Prop,∀r, r
0∈R, si r vr
0et r∈JpKalors
r
0∈JpK.
La méthode des tableaux de BI construit, à partir d’une formule dont nous souhaitons
connaître si elle est valide ou non, un tableau, qui est un arbre dont les nœuds sont des
for-mules possédant unsigne (TouF) et unlabel. De plus, à chaque branche du tableau est associé
un graphe, dont les nœuds sont aussi des labels. Lorsqu’une formule n’est pas valide, il est
pos-sible, sous certaines conditions, d’extraire un contre-modèle à base de monoïdes de ressources
de cette formule. Tous les contre-modèles extraits par cette méthode des tableaux possèdent
certaines propriétés sur lesquelles nous nous appuyons pour transformer ces contre-modèles en
contre-modèles à base deβ-PN.
Parmi ces propriétés, la première est que les ressources du contre-modèle à base de monoïdes
de ressources extrait (les éléments deR) sont en réalité des labels, c’est-à-dire des mots construits
sur un alphabet γ
r= {c
1, c
2, ...} dont l’ordre des lettres n’a pas d’importance. Autrement dit,
la ressourcec
1c
4c
5et la ressourcec
5c
1c
4sont la même ressource. De plus, pour toute ressource,
tout sous-mot est aussi une ressource. Par exemple, si c
5c
1c
4c
3∈ R alors c
5c
3∈ R. Une autre
propriété est que la composition de deux ressources est définie comme étant la concaténation
de ces deux mots, à condition que le mot obtenu appartienne à R. Dans le cas contraire, la
composition n’est pas définie. Par exemple, si c
1c
2c
3∈R alorsc
1c
2•c
3↓ etc
1c
2•c
3=c
1c
2c
3.
Mais aussi, si c
1c
2•c
3↓ alors c
1c
2c
3∈R et c
1c
2•c
3=c
1c
2c
3. Par contre, sic
1c
2c
36∈ R, alors
c
1c
2•c
3↑. Par ailleurs, la ressource unitaireeest alors vue comme le mot vide. Pour finir, pour
toute branche finie à partir de laquelle un contre-modèle à base de monoïdes de ressources a été
extrait, l’ensemble R et la relationv sont finis.
Afin de ne pas insérer de transitions inutiles dans leβ-modèle que nous allons extraire, nous
introduisant une notion de BI-clôture : en considérant une relation v obtenue par la méthode
d’extraction de contre-modèles à base de monoïdes de ressources deBIet choisissons une relation
@, nous dirons alors que laBI-clôture de @est égale à v si et seulement si la clôture de@ par
les règles de la Figure 3 est égale àv.
x@y y@z
htrix@z
xy@xy
hdrix@x
ky@ky x@y
hcrikx@ky
x@y
hlrix@x
x@y
hrriy@y
Figure3 – Règles de BI-clôture
Nous définissons les deux fonctions ext
Petext
M, permettant à partir d’une ressource
d’ex-traire respectivement un ensemble de places et un marquage, ainsi :
ext
P(c
i1...c
in) ={c
i1, ..., c
i1}
ext
M(c
i1...c
in) ={{c
i1, ..., c
i1}}
et nous donnons à présent une fonction Ω permettant de transformer un contre-modèle extrait
par la méthode des tableaux de BI, en unβ-PN.
Définition 2.3.3 (Fonction Ω). Soit K = (R,J·K,
K), avec R= (R,•, e,v), un contre-modèle
d’une formuleφextrait par la méthode des tableaux deBI. Soit@⊆R×Rune relation quelconque
telle que saBI-clôture soit égale àv. La fonctionΩassocie àKle tripletΩ(K) = (P, i,P), avec
P = (P, T, pre, post,M
c(P), β), tel que :
- P =S
r∈Rext
P(r)
- T ={t
r1→r2|r
2@r
1}
- pre(t
r1→r2) =ext
M(r
1)
- post(t
r1→r2) =ext
M(r
2)
- M
c(P) =S
r∈Rext
M(r)
- β est un nouvel élément tel que β6∈M
c(P)
- Pour tout p∈Prop,i(p) ={β} ∪S
r∈JpK
ext
M(r)
Nous noterons que le choix d’une relation@ peut nous permettre de supprimer par exemple
la réflexivité et la transitivité de la relation v, permettant alors de ne pas avoir de transitions
réflexives et transitives inutiles dans les β-PN extraits. Nous illustrerons cela en détail à la fin
de cette section sur un exemple d’extraction de contre-modèle.
2.3. Une méthode d’extraction de contre-modèles à base de réseaux de Petri à inconsistance pourBI
Proposition 2.3.4. SoitK= (R,J·K,
K), avecR= (R,•, e,v), un contre-modèle d’une formule
φextrait par la méthode des tableaux de BI. Soit @⊆R×R une relation quelconque telle que
saBI-clôture soit égale àv. SoitΩ(K) = (P, i,P), oùP = (P, T, pre, post,M
c(P), β).P est un
β-PN.
Preuve. Tout d’abord, il est évident que l’ensemble des marquages consistants sont des
multi-ensembles construits surP (M
c(P) ⊆M(P)). Nous montrons que les propriétés (ML) et (ZM)
sont vérifiées :
- Propriété (ML) :
Soit M ∈ M
c(P) et soit N ∈ M(P) tel que N ≤ M. Par définition de Ω et par les
propriétés des contre-modèles à base de monoïdes de ressources extraits par la méthode
des tableaux de BI,M est de la forme M ={{c
i1, ..., c
i1}} etc
i1...c
in∈R. Considérons le
motr tel queext
M(r) =N. CommeN est un sous-marquage deM (N ≤M), alorsr est
un sous-mot de c
i1...c
in. Par les propriétés des contre-modèles, r ∈ R. En conséquence,
par définition deΩ,N ∈M
c(P).
- Propriété (ZM) :
Comme e∈Ret commeeest vu comme le mot vide, nous avons ext
M(e) ={{}}, et donc
{{}} ∈M
c(P), par définition de Ω.
Nous pouvons aussi remarquer quepreetpostsont bien deux fonctions T →M
c(P).
Proposition 2.3.5. SoitK= (R,J·K,
K), avecR= (R,•, e,v), un contre-modèle d’une formule
φextrait par la méthode des tableaux de BI. Soit @⊆R×R une relation quelconque telle que
sa BI-clôture soit égale à v. Soit Ω(K) = (P, i,P), où P = (P, T, pre, post,M
c(P), β). Si
M ∈M
c(P) etM →N alorsN ∈M
c(P).
Preuve. Soit M ∈ M
c(P) et N ∈ M(P). Supposons que M → N. Comme M → N et
M ∈ M
c(P) alors il existe t ∈ T et M
0∈ M
c(P) tels que M = pre(t) + M
0et N =
post(t) +M
0. M
0étant un marquage consistant, il est de la forme M
0= {{c
i01
, ..., c
i0n0
}}. De
plus, la transition t est de la forme t = t
cj1...cjm→ck1...ckl, par définition de Ω. Donc, toujours
par définition de Ω, nous avons alors c
k1...c
kl@ c
j1...c
jm, et donc c
k1...c
klv c
j1...c
jmpar
BI-clôture. Par ailleurs, comme M ∈ M
c(P) et comme M = pre(t) +M
0= {{c
j1, ..., c
jm}}+
{{c
i0 1, ..., c
i0 n0}} = {{c
j1, ..., c
jm, c
i0 1, ..., c
i0 n0}}, alors {{c
j1, ..., c
jm, c
i0 1, ..., c
i0 n0}} ∈ M
c(P). Donc nous
avonsc
j1...c
jmc
i0 1...c
i0 n0∈R et donc c
j1...c
jm•c
i0 1...c
i0 n0↓ etc
j1...c
jm•c
i0 1...c
i0 n0=c
j1...c
jmc
i0 1...c
i0 n0par les propriétés des contre-modèles à base de monoïdes de ressources extraits par la méthode
des tableaux de BI. Ainsi, par compatibilité, comme c
k1...c
klvc
j1...c
jmetc
j1...c
jm•c
i01
...c
i0n0
↓,
nous avons alorsc
k1...c
kl•c
i01
...c
i0n0
↓. Par conséquent,c
k1...c
klc
i01
...c
i0n0
∈R. Donc, par définition
de Ω, {{c
k1, ..., c
kl, c
i01
, ..., c
i0n0
}} ∈ M
c(P). Nous pouvons remarquer que N = post(t) +M
0=
{{c
k1, ..., c
kl}}+{{c
i0 1, ..., c
i0 n0}}={{c
k1, ..., c
kl, c
i0 1, ..., c
i0 n0}}. En conclusion, N ∈M
c(P).
Corollaire 2.3.6. SoitK = (R,J·K,
K), avec R= (R,•, e,v), un contre-modèle d’une formule
φ extrait par la méthode des tableaux de BI. Soit @ ⊆ R ×R une relation quelconque telle
que saBI-clôture soit égale à v. Soit Ω(K) = (P, i,P), où P = (P, T, pre, post,M
c(P), β). Si
M ∈M
c(P) etM N alorsN ∈M
c(P).
Preuve. Soit M ∈M
c(P) etN ∈M(P). Nous supposons queM N. Il y a alors deux cas :
- CasM =N :
Dans ce cas, nous avonsN ∈M
c(P).
- Cas où il existe une succession de transitionsM →M
1→...→M
n→N :
Proposition 2.3.7. SoitK= (R,J·K,
K), avecR= (R,•, e,v), un contre-modèle d’une formule
φ extrait par la méthode des tableaux de BI. Soit @ ⊆ R×R une relation quelconque telle
que sa BI-clôture soit égale à v. Soit Ω(K) = (P, i,P), où P = (P, T, pre, post,M
c(P), β).
{{c
i1, ..., c
in}}{{c
j1, ..., c
jm}} si et seulement sic
j1...c
jmvc
i1...c
in.
Preuve. Nous montrons l’implication dans les deux sens.
Nous supposons que{{c
i1, ..., c
in}}{{c
j1, ..., c
jm}}. Il y a alors deux cas :
- Cas où{{c
i1, ..., c
in}}={{c
j1, ..., c
jm}}:
Dans ce cas, les ressourcesc
i1...c
inetc
j1...c
jmsont égales (nous rappelons qu’une ressource
d’un contre-modèle extrait par la méthode des tableaux deBIest un mot dont l’ordre des
lettres n’a pas d’importance). Donc c
i1...c
in=c
j1...c
jm. Et alors, c
j1...c
jmvc
i1...c
in, par
réflexivité de la relation.
- Cas où il existe une succession de transitions {{c
i1, ..., c
in}} → M
1→ ... → M
n→
{{c
j1, ..., c
jm}}:
Nous prouvons par induction surn.
- Cas de base (n= 0) :
Dans ce cas, la transition est de la forme {{c
i1, ..., c
in}} → {{c
j1, ..., c
jm}}. Donc il existe
une transition t
x→y∈T, ainsi qu’un marquageM
0={{c
m1, ..., c
ml}} ∈M
c(P) tels que
{{c
i1, ..., c
in}}=pre(t
x→y) +M
0et{{c
j1, ..., c
jm}}=post(t
x→y) +M
0. Par définition de
Ω et par les propriétés des contre-modèles à base de monoïdes de ressources extraits,
nous avons y@x (d’oùyvxparBI-clôture),x•c
m1...c
ml↓,x•c
m1...c
ml=c
i1...c
in,
y•c
m1...c
ml↓ety•c
m1...c
ml=c
j1...c
jm. Par compatibilité,y•c
m1...c
mlvx•c
m1...c
ml,
d’où c
j1...c
jmvc
i1...c
in.
- Cas inductif :
Nous supposons que la propriété est vérifiée pour tout n 6 t (HI). Nous
démon-trons que la Proposition est vérifiée pour une succession de transitions de la forme
{{c
i1, ..., c
in}} →M
1→...→M
t+1→ {{c
j1, ..., c
jm}}.
Par le Corollaire 2.3.6, M
1∈M
c(P). Nous notonsM
1={{c
k1, ..., c
kl}}. Par (HI), nous
avons alors c
k1...c
klv c
i1...c
inet c
j1...c
jmv c
k1...c
kl. Donc c
j1...c
jmv c
i1...c
in, par
transitivité de la relation v.
Nous supposons à présent quec
j1...c
jmvc
i1...c
in. Nous rappelons que laBI-clôture de la relation
@ est égale à v. Nous démontrons alors que {{c
i1, ..., c
in}} {{c
j1, ..., c
jm}} par induction sur la
hauteur de l’arbre de dérivation de c
j1...c
jmvc
i1...c
inobtenu par les règles de BI-clôture de la
Figure 3.
- Cas de base (i= 0) :
Dans ce cas, nous avons c
j1...c
jm@ c
i1...c
in. Par définition de Ω, t
ci1...cin→cj1...cjm
∈ T.
Nous rappelons, par la Proposition 2.3.4 que P est unβ-PN et donc {{}} ∈M
c(P) par la
propriété (ZM). De plus, comme @ est définie sur R×R, alors c
j1...c
jm, c
i1...c
in∈R et
donc, par définition de Ω, {{c
i1, ..., c
in}},{{c
j1, ..., c
jm}} ∈ M
c(P). Comme {{c
i1, ..., c
in}} =
pre(t
ci1◦...◦cin→cj1◦...◦cjm) +{{}} et {{c
j1, ..., c
jm}} = post(t
ci1◦...◦cin→cj1◦...◦cjm) +{{}} alors
{{c
i1, ..., c
in}} → {{c
j1, ..., c
jm}}. Par conséquent,{{c
i1, ..., c
in}}{{c
j1, ..., c
jm}}.
- Cas inductifs
Nous supposons que la propriété est vérifiée pour toute paire c
j1...c
jmvc
i1...c
inpouvant
être obtenue par un arbre de dérivation de hauteurn(HI). Nous montrons pour les paires
pouvant être obtenues par un arbre de dérivation de hauteurn+ 1.
- Casht
ri :
2.3. Une méthode d’extraction de contre-modèles à base de réseaux de Petri à inconsistance pourBI
...
c
j1...c
jm@y
...
y@c
i1...c
in htric
j1...c
jm@c
i1...c
inIci, y étant une ressource, alors par la définition de Ω, ext
M(y) ∈ M
c(P). Par (HI),
nous avons alors ext
M(y) {{c
j1, ..., c
jm}} et {{c
i1, ..., c
in}} ext
M(y). Par clôture
transitive, nous avons alors {{c
i1, ..., c
in}}{{c
j1, ..., c
jm}}.
- Cas hd
ri :
L’arbre de dérivation est de la forme :
...
c
i1...c
iny@c
i1...c
iny
hdri
c
i1...c
in@c
i1...c
inNous pouvons remarquer quec
i1...c
inest un sous-mot dec
i1...c
iny. Donc, par la
pro-priété des contre-modèles à base de monoïdes de ressources extraits par la méthode
des tableaux de BI, c
i1...c
in∈ R. Ainsi, {{c
i1, ..., c
in}} ∈ M
c(P), par définition de Ω.
Nous pouvons alors conclure que {{c
i1, ..., c
in}}{{c
i1, ..., c
in}}par la clôture réflexive
de la relation.
- Cas hc
ri :
L’arbre de dérivation est de la forme :
...
ky@ky
...
x@y
hcrikx@ky
Dans ce cas, x,y et k sont de la forme x=c
x1...c
xa,y =c
y1...c
ybetk=c
k1...c
kc, et
nous avons alorskx=c
k1...c
kcc
x1...c
xa=c
k1...c
kc•c
x1...c
xaetky=c
k1...c
kcc
y1...c
yb=
c
k1...c
kc• c
y1...c
yb, par la propriété des contre-modèles à base de monoïdes de
res-sources extraits par la méthode des tableaux de BI. De plus, par Ω, {{c
x1, ..., c
xa}},
{{c
y1, ..., c
yb}}, {{c
k1, ..., c
kc}}, {{c
k1, ..., c
kc, c
x1, ..., c
xa}} et {{c
k1, ..., c
kc, c
y1, ..., c
yb}} sont
tous des marquages consistants. Par (HI), nous avons {{c
y1, ..., c
yb}} {{c
x1, ..., c
xa}}.
Par le Corollaire 2.1.4, {{c
k1, ..., c
kc}}+{{c
y1, ..., c
yb}} {{c
k1, ..., c
kc}}+{{c
x1, ..., c
xa}}.
En conclusion, nous avons {{c
k1, ..., c
kc, c
y1, ..., c
yb}}{{c
k1, ..., c
kc, c
x1, ..., c
xa}}.
- Les deux derniers cas sont similaires au cas hd
ri
Proposition 2.3.8. SoitK= (R,J·K,
K), avecR= (R,•, e,v), un contre-modèle d’une formule
φextrait par la méthode des tableaux de BI. Soit @⊆R×R une relation quelconque telle que
saBI-clôture soit égale àv. SoitΩ(K) = (P, i,P), oùP = (P, T, pre, post,M
c(P), β).iest une
β-interprétation.
Preuve. Nous vérifions que iest uneβ-interprétation au sens de la Définition 2.2.1. Nous
pou-vons remarquer dans un premier temps que la propriété d’inconsistance est vérifiée, par définition
de Ω : pour toute proposition p ∈ Prop, β ∈ i(p). Concernant la monotonie, considérons deux
marquagesM, N ∈M(P) tels queM ∈i(p) etN M. Il y a alors deux cas :
- CasN =β :
Dans ce cas,N ∈i(p), par définition de Ω.
- Cas oùN est un marquage consistant :
Par le Corollaire 2.3.6, M est aussi un marquage consistant. Nous pouvons alors les
noter N ={{c
i1, ..., c
in}}et M ={{c
j1, ..., c
jm}}. Par définition de Ω et par la Proposition
2.3.7, c
j1...c
jm∈ JpK et c
j1...c
jmv c
i1...c
in. Par la monotonie de J·K, nous avons alors
c
i1...c
in∈JpK. Finalement, par définition deΩ,{{c
i1, ..., c
in}} ∈i(p), d’oùN ∈i(p).
En conclusion,iest une β-interprétation.
Lemme 2.3.9. Soit K = (R,J·K,
K), avec R= (R,•, e,v), un contre-modèle d’une formule φ
extrait par la méthode des tableaux deBI. Soit @⊆R×R une relation quelconque telle que sa
BI-clôture soit égale à v. Soit Ω(K) = (P, i,P), où P = (P, T, pre, post,M
c(P), β).(P, i,P)
est un β-modèle.
Preuve. Par la Proposition 2.3.4 et la Proposition 2.3.8.
Lemme 2.3.10. Soit K = (R,J·K,
K), avec R = (R,•, e,v), un contre-modèle d’une formule
φ extrait par la méthode des tableaux de BI. Soit @ ⊆ R×R une relation quelconque telle
que sa BI-clôture soit égale à v. Soit Ω(K) = (P, i,P), où P = (P, T, pre, post,M
c(P), β). Les
propriétés suivantes sont vérifiées pour toute formuleϕet toute ressourcec
i1...c
in∈R :
(a) β Pϕ
(b) Si c
i1...c
in6
Kϕalors{{c
i1, ..., c
in}} 6P ϕ
(c) Si c
i1...c
in Kϕalors{{c
i1, ..., c
in}}Pϕ
Preuve. Par le Lemme 2.3.9,(P, i,P)est unβ-modèle. Par le Lemme 2.2.5, la propriété (a) est
vérifiée. Nous rappelons que comme c
i1...c
in∈R alors{{c
i1, ..., c
in}} ∈ M
c(P) (par définition de
Ω) et donc{{c
i1, ..., c
in}} 6=β. Nous prouvons les deux autres propriétés par induction structurelle
simultanée surϕ.
- Cas de base :
- Casc
i1...c
in6
Kp, avecp∈P rop:
Par définition, c
i1...c
in6∈JpK. De plus, comme {{c
i1, ..., c
in}} 6=β, alors par définition
de Ω,{{c
i1, ..., c
in}} 6∈i(p). Nous pouvons alors conclure que{{c
i1, ..., c
in}} 6Pp.
- Casc
i1...c
inKp, avecp∈P rop:
Par définition, c
i1...c
in∈ JpK. Donc, par définition de Ω, {{c
i1, ..., c
in}} ∈ i(p). Nous
pouvons alors conclure que {{c
i1, ..., c
in}}Pp.
- Casc
i1...c
in6
K> :
Ce cas ne peut pas se produire.
- Casc
i1...c
inK> :
Par la définition de la relation de forcing dans notre sémantique à base de β-PN, nous
avons {{c
i1, ..., c
in}}P>.
- Casc
i1...c
in6
K⊥ :
Supposons que{{c
i1, ..., c
in}}P⊥. Donc, par définition,{{c
i1, ..., c
in}}β. Or, par le
Corollaire 2.3.6, ceci est absurde puisque {{c
i1, ..., c
in}} ∈M
c(P) etβ est inconsistant.
Donc {{c
i1, ..., c
in}} 6P⊥.
- Casc
i1...c
inK⊥ :
Ce cas ne peut pas se produire.
- Casc
i1...c
in6
KI :
Par définition, e6vc
i1...c
in. Par la Proposition 2.3.7,{{c
i1, ..., c
in}} 6{{}}. Donc, nous
avons {{c
i1, ..., c
in}} 6PI.
- Casc
i1...c
inKI :
Par définition, e v c
i1...c
in. Par la Proposition 2.3.7, {{c
i1, ..., c
in}} {{}} et donc
{{c
i1, ..., c
in}}PI.
- Cas inductifs : nous supposons que les propriétés (b) et (c) sont vérifiées par les formules
A etB (HI).
- Casc
i1...c
in6
KA∧B :
Par définition, nous avonsc
i1...c
in6
KA ouc
i1...c
in6
KB. Donc, par (HI), nous avons
alors {{c
i1, ..., c
in}} 6P A ou {{c
i1, ..., c
in}} 6P B. En conséquence, {{c
i1, ..., c
in}} 6P
A∧B.
2.3. Une méthode d’extraction de contre-modèles à base de réseaux de Petri à inconsistance pourBI
- Cas c
i1...c
in KA∧B :
Par définition, nous avonsc
i1...c
in KA etc
i1...c
in KB. Donc, par (HI), nous avons
alors {{c
i1, ..., c
in}} P A et {{c
i1, ..., c
in}} P B. En conséquence, {{c
i1, ..., c
in}} P
A∧B.
- Cas c
i1...c
in6
KA∨B :
Ce cas est similaire au précédent.
- Cas c
i1...c
in KA∨B :
Ce cas est similaire au précédent.
- Cas c
i1...c
in6
KA→B :
Par définition, il existe une ressource c
j1...c
jm∈ R telle que c
i1...c
inv c
j1...c
jmet
c
j1...c
jm KA et c
j1...c
jm6
KB. Par définition de Ω, {{c
j1, ..., c
jm}} ∈ M
c(P). Par
la Proposition 2.3.7, {{c
j1, ..., c
jm}} {{c
i1, ..., c
in}}. Par (HI), {{c
j1, ..., c
jm}} P A et
{{c
j1, ..., c
jm}} 6PB. En conclusion {{c
i1, ..., c
in}} 6PA→B.
- Cas c
i1...c
in KA→B :
SoitM ∈M(P)tel que M {{c
i1, ..., c
in}}etM PA. Il y a alors deux cas :
- CasM =β :
Dans ce cas, par la propriété (a), M PB.
- CasM ∈M
c(P):
Le marquageM est alors de la formeM ={{c
j1, ..., c
jm}}. Par la Proposition 2.3.7,
nous avons alors c
i1...c
inv c
j1...c
jm. Si c
j1...c
jm6
KA, alors par (HI), M 6P A,
ce qui est absurde. Donc c
j1...c
jm KA. Comme c
i1...c
in KA → B, c
i1...c
inv
c
j1...c
jmetc
j1...c
jm KA, alorsc
j1...c
jm KB. Par (HI), nous avons alorsM PB.
Nous avons alors pour tout M ∈ M(P), si M {{c
i1, ..., c
in}} et M P A alors
M PB. En conclusion, {{c
i1, ..., c
in}}PA→B.
- Cas c
i1...c
in6
KA∗B :
Soit M
1et M
2deux marquages tels que{{c
i1, ..., c
in}} M
1+M
2. Par le Corollaire
2.3.6, M
1+M
2∈M
c(P). DoncM
1∈ M
c(P) et M
2∈M
c(P) (puisque β+M =β,
pour tout marquage M). Donc M
1et M
2sont deux marquages de la forme M
1=
{{c
j1, ..., c
jm}}etM
2={{c
k1, ..., c
kl}}. AlorsM
1+M
2={{c
j1, ..., c
jm, c
k1, ..., c
kl}}. Par
dé-finition deΩet par les propriétés des contre-modèles à base de monoïdes de ressources
extraits par la méthode des tableaux de BI, nous avons c
j1...c
jm∈ R, c
k1...c
kl∈ R
et c
j1...c
jmc
k1...c
kl∈ R, c
j1...c
jm•c
k1...c
kl↓ etc
j1...c
jm•c
k1...c
kl= c
j1...c
jmc
k1...c
kl.
De plus, par la Proposition 2.3.7, c
j1...c
jm•c
k1...c
klv c
i1...c
in. Comme c
i1...c
in6
KA ∗ B, alors c
j1...c
jm6
KA ou c
k1...c
kl6
KB. Donc par (HI), {{c
i1, ..., c
in}} 6P
A ou {{c
i1, ..., c
in}} 6P B. En résumé, pour tous marquages M
1et M
2tels que
{{c
i1, ..., c
in}} M
1+M
2, nous avons {{c
i1, ..., c
in}} 6P A ou {{c
i1, ..., c
in}} 6P B.
Nous pouvons donc conclure que{{c
i1, ..., c
in}} 6PA∗B.
- Cas c
i1...c
in KA∗B :
Par définition, il existe deux ressourcesc
j1...c
jm∈Retc
k1...c
kl∈Rtelles quec
j1...c
jm•
c
k1...c
kl↓ et c
j1...c
jm•c
k1...c
klvc
i1...c
inet c
j1...c
jm KA etc
k1...c
kl KB. Par les
propriétés des contre-modèles à base de monoïdes de ressources extraits par la méthode
des tableaux deBI, nous avons c
j1...c
jm•c
k1...c
kl=c
j1...c
jmc
k1...c
kl. Par (HI) et par
le Corollaire 2.3.6, {{c
i1, ..., c
in}} {{c
j1, ..., c
jm, c
k1, ..., c
kl}} et {{c
j1, ..., c
jm}} P A et
{{c
k1, ..., c
kl}}PB. Nous pouvons alors conclure que {{c
i1, ..., c
in}}PA∗B.
- Cas c
i1...c
in6
KA−∗B :
Par définition, il existe une ressource c
j1...c
jm∈ R telle que c
i1...c
in•c
j1...c
jm↓,
c
j1...c
jm KA et c
i1...c
in•c
j1...c
jm6
KB. Par les propriétés des contre-modèles à
base de monoïdes de ressources extraits par la méthode des tableaux de BI, nous
avons c
i1...c
in•c
j1...c
jm=c
i1...c
inc
j1...c
jm. De plus, par (HI), {{c
j1, ..., c
jm}} P A et
{{c
i1, ..., c
in, c
j1, ..., c
jm}} 6PB. Ainsi, nous avons{{c
j1, ..., c
jm}}PAet{{c
i1, ..., c
in}}+
{{c
j1, ..., c
jm}} 6P B. Nous pouvons alors conclure que{{c
i1, ..., c
in}} 6PA−∗B.
- Casc
i1...c
inKA−∗B :
Soit M ∈M(P) tel que M PA. Il y a deux cas :
- Cas M =β :
Dans ce cas, {{c
i1, ..., c
in}}+M =β et alors, par la propriété (a), {{c
i1, ..., c
in}}+
M PB.
- Cas M ∈M
c(P) :
Donc M est un marquage de la forme M = {{c
j1, ..., c
jm}}. Par définition de Ω,
c
j1...c
jm∈R. Il y a alors deux cas :
- Casc
i1...c
in•c
j1...c
jmoù est non défini :
Par définition deΩ,{{c
i1, ..., c
in, c
j1, ..., c
jm}} 6∈M
c(P). Donc{{c
i1, ..., c
in}}+M =
β. Alors, par la propriété (a), {{c
i1, ..., c
in}}+M P B.
- Casc
i1...c
in•c
j1...c
jmest défini :
Dans ce cas, par les propriétés des contre-modèles à base de monoïdes de
ressources extraits par la méthode des tableaux de BI, nous avons c
i1...c
in•
c
j1...c
jm= c
i1...c
inc
j1...c
jmet c
i1...c
inc
j1...c
jm∈ R. Si c
j1...c
jm6
KA, alors
par (HI), M 6P A, ce qui est absurde. Donc c
j1...c
jm KA. Ainsi, comme
c
i1...c
in KA−∗B, alorsc
i1...c
in•c
j1...c
jm KB. D’où c
i1...c
inc
j1...c
jm KB.
Donc, par (HI), {{c
i1, ..., c
in, c
j1, ..., c
jm}}
KB. Par conséquent {{c
i1, ..., c
in}}+
M
KB.
En résumé, si M P A alors {{c
i1, ..., c
in}}+M
KB. Nous pouvons alors conclure
que {{c
i1, ..., c
in}}PA−∗B.
Théorème 2.3.11. SoitK= (R,J·K,
K), avecR= (R,•, e,v), un contre-modèle d’une formule
φextrait par la méthode des tableaux deBI. Soit@⊆R×Rune relation quelconque telle que sa
BI-clôture soit égale à v. Soit Ω(K) = (P, i,P), où P = (P, T, pre, post,M
c(P), β).(P, i,P)
est un contre-modèle de φ.
Preuve. Comme K est un contre-modèle de φ, alors e 6
Kφ. Par le Lemma 2.3.9, (P, i,P)
est un β-modèle. De plus, par le Lemme 2.3.10, {{}} 6P φ. En conclusion, (P, i,P) est un
contre-modèle de la formuleφ.
2.3.2 Un exemple d’extraction de contre-modèles à base de réseaux de Petri
Dans le document
Logiques de Ressources Dynamiques : Modèles, Propriétés et Preuves
(Page 37-44)