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2-3-3-La cible matérielle : habitat, équipement et réseau

Le Porté A Connaissance (PAC), il revient à l’Etat de prendre l’initiative d’informer les collectivités locales des éléments d’appréciation sur les risques technologiques dont il a

Morts 30 Logements touchés 35000 Poissons mort en tonne 10

IV- 2-3-3-La cible matérielle : habitat, équipement et réseau

Avant de s’intéresser aux conséquences de l’accident de l’usine AZF du 21 septembre 2001, quelle était la composition de l’environnement matériel de l’usine ? (Figure n°29).

Notons que les quartiers nommés : Empalot, le Mirail, la Farouette, Bagatelle, Papus, Reynerie, la Fourguette ou encore Bellefontaine sont des quartiers populaires à forte démographie (80.000 habitants).

Source : Emmanuel. H, 2005

Figure n°29 : Carte du Sud Ouest toulousain

Cette figure présente, outre - pour se rendre compte de l’exposition des cibles au regard des effets - les zones à 1000 et 2000 mètres des effets de l’explosion du 21 septembre 2001, les principaux ERP (lieux d’enseignements et le stade) ainsi que des installations dédiées aux

services publics, commerciaux ou productifs. Il est à noter, que la liste proposée n’est pas exhaustive, que 26 établissements à vocation scolaire (de la maternelle à l’université, pour le moins) étaient présents dans la zone des 2500 mètres autour de l’usine AZF.

La cible matérielle immobilière, au regard des dégâts infligés par l’onde de choc aux

biens immobiliers, il s’agit sans contestation de la cible la plus touchée par la catastrophe - eu égard au fait que ces dégâts n’ont pas le caractère irréversible de la mort d’un individu. Près de 35.000 logements, dont 17.000 logements HLM ont été plus ou moins gravement endommagés, l’échelle des déprédations allant de la dévastation à la fêlure des vitres…

Le coût estimé de la remise en état des HLM est de cent millions d’euros. Il est à noter que concernant les HLM, il s’agit le plus souvent de barres ou de tours d’habitation et donc que ces bâtiments à hauteur importante ne bénéficient d’aucune protection physique (phénomènes d’abri) contre l’onde de choc. De là, ce type d’habitat est vulnérable à « longue distance » à cette surpression. Les principaux dégâts relatés sont : vitres brisées, cloisons effondrées, faux plafonds tombés, encadrement de fenêtres arrachés...

Le capital immobilier public, les bâtiments publics ont eux aussi fortement souffert de

l’onde de surpression. En effet, il est rapporté que près de 745 bâtiments publics ont subi des dégâts plus ou moins importants nécessitant une interruption de fonctionnement(23) dont 531 appartenant à la Ville de Toulouse, 46 appartenant au Conseil Général, 30 appartenant au Conseil Régional, 48 édifices confessionnels.

Parmi ces bâtiments publics, un grand nombre de bâtiments d’enseignement sont concernés (Figure n°29). Plus de cent collèges (département), lycées (région) et écoles (municipalité) ont été endommagés parfois même définitivement mis hors d’usage par le passage de l’onde de surpression. Certains de ces bâtiments publics peuvent présenter un intérêt historique ou architectural dont la valeur, pas uniquement financière, peut être considérable.

De plus, ces bâtiments publics assurent un service nécessitant continuité. Une interruption de ces services peut désorganiser l’efficacité de l’Etat et être un facteur d’aggravation des conséquences d’un accident, ils ont donc un intérêt stratégique. Les types de dégâts rencontrés pour ces édifices publics ont été de même nature que ceux rencontrés pour le bâti en général.

Le capital immobilier industriel et commercial, sans vouloir empiéter sur le volet

économique de la cible sociétale, il est à remarquer que le bâti à caractère industriel et commercial n’a pas non plus été épargné par l’accident de l’usine AZF. En effet, près de 5000 entreprises ont été sinistrées dont environ 300 commerçants et artisans. Les dégâts rencontrés ont été importants ont été du type : bardages métalliques arrachés et envolés, toits et cloisons effondrés, baies vitrées explosées... Là encore, la qualité de construction et les matériaux sont

mis en cause, mais pas uniquement.

L’architecture des bâtiments a un rôle important à jouer. En effet, plusieurs centres commerciaux se sont effondrés plus ou moins entièrement. Ces effondrements ont été la cause de 2 décès. Les bâtiments commerciaux ont souvent une architecture «minimaliste» composée de structures métalliques recouvertes par un bardage lui aussi métallique.

Il semblerait que ce type de structure « légère » à proximité d’un site industriel présentant des risques majeurs ne soit pas opportun. Par comparaison, les structures en béton (en « dur ») semblent, extérieurement du moins, avoir mieux résisté à l’onde de choc, l’hôpital MARCHANT construit en 1858 semble en être un bon exemple. Pour modérer cette comparaison, les bâtiments en « dur » ont subi des dommages internes importants, comme des arrachages et des projections de cloisons ou encore des mouvements de structure impressionnants comme le déplacement d’une trentaine de centimètres des murs du Stadium.

Ajoutons à cela que prés de 9000 véhicules ont été détruits ou endommagés. Les causes de ces sinistres sont souvent les chutes d’objets issus de la destruction, de l’effondrement des structures bâties voisines et aussi les projections de ferrailles et de gravats provenant du site industriel AZF lui-même. Si pour les particuliers, ce type de dégât réjouit l’aléa des accidents de la route, il n’en va pas de même pour les véhicules « professionnels ».

L’accident d’AZF a détruit une grande partie des bus de la société de transports en commun de l’agglomération, entraînant un mouvement de solidarité des sociétés d’autres villes comme Montpellier et même Paris. De même, la destruction de nombreux véhicules spécifiques à la DDE a certainement handicapé lourdement les interventions de ce service : réfection des routes, opérations de salage etc. La question soulevée ici est celle de « l’exposition » aux risques industriels de matériels à caractère stratégique, sans oublier, que ces matériels ont un coût non négligeable et que leur fabrication ne se fait pas en grande série d’où des délais de livraison qui peuvent, certainement, être longs.

La cible matérielle réseau : impacts directs et indirects, elle aussi été atteinte,

cependant, deux types d’impacts sont à retenir : les impacts directs physiques dus à l’onde de choc et les impacts indirects dus à une sur-exploitation des capacités de ces réseaux ou encore dus à la dépendance de ces réseaux à un autre réseau… L'aspect réseau de transport a plutôt été épargné au regard du reste des destructions :

Les transports publics :

-le métro qui passe non loin (2 km pour son point le plus proche) n'a connu que quelques heures de coupure, réouverture dès le soir même, deux stations ont été endommagées.

été détruit avec de nombreux bus. Toutefois, 80% du réseau était rétabli dès le lundi.

-le réseau ferré, a été concerné par l’explosion. la liaison inter-gare (Toulouse Matabiau St Cyprien/ Arènes) a vu son service interrompu plusieurs jours, cette ligne passait entre la rocade sud et le site AZF.

Le réseau routier possède deux composantes : les routes adjacentes à l’usine (fermées plusieurs jours) et la rocade voisine évoquée ci-dessus. La rocade, bien entendue vu sa proximité, a été impactée, principalement les véhicules y circulant.

Les témoins racontent que leurs véhicules ont été soulevés de terre par le souffle avant de s'abattre au sol et de recevoir une pluie de gravats et autres morceaux de ferraille. Une fois les voies dégagées, le trafic a pu reprendre. Toutefois la sortie directe vers AZF a été fermée quelques jours pour inspection et sécurisation.

La voirie n'a pas particulièrement souffert de l'explosion, son non fonctionnalité le jour de l'accident n'étant due qu'à sa saturation par les usagés résultants de la confusion compréhensible qui régnait ce jour là.

Les lignes aériennes (aéroport de Blagnac (5 millions de passagers par an) à 8 km de l’usine AZF) ont été fermées quelques heures, le temps d’infirmer l’hypothèse terroriste. En effet, ce 21septembre 2001, la psychose terroriste est bien présente quelques jours seulement après les événements du 11 septembre aux Etats Unis.

Les réseaux autres concernent les réseaux téléphoniques qui se sont montrés inutilisables. La vulnérabilité de ce réseau vient du fait que certaines installations, pour le téléphone filaire, ont été endommagées (elles étaient situées non loin de la source accidentelle) et que « l’explosion » de la demande (jusqu’à 30 fois plus de trafic) a saturé les lignes restantes.

Pour le téléphone mobile, la vulnérabilité a été différente. En fait, les antennes relais nécessaires au bon fonctionnement du service se sont retrouvées privées d’alimentation électrique et donc rendues inutilisables… Ces réseaux de télécommunication ont cependant repris un fonctionnement normal les jours suivants.

En termes de réseau énergétique, 3500 foyers (de la zone sud de Toulouse) se sont retrouvés privés d’électricité et de gaz. Si les réparations sur le réseau électrique ont été rapidement menées, l’électricité ayant été rétablie le lendemain, il n’en va pas de même pour le gaz. En effet, la vérification des conduites a demandé plus de temps, mais le réseau n’a, semble-t-il, pas souffert plus que cela de l’onde de choc.