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L A VAGUE « RENOVATION »

Dans le document TOME II TABLE DES MATIERES (Page 64-67)

Chapitre II - LES ESPACES URBAINS ( 1 )

5. ANALYSE DE LA VILLE DE ATH

5.6 L A VAGUE « RENOVATION »

La vague « rénovation », qui donné à Ath sa physionomie actuelle, a également emporté avec elle une série d'acteurs comme nous l’avons esquissé plus haut. Cette dynamique a pu se mettre en place et se développer grâce à la combinaison heureuse de plusieurs facteurs clé : une volonté politique claire, un projet global fort, l’exploitation de toutes les ressources financières disponibles et la mise en place de structures de gestion et de contrôle du projet urbain telles que la Cellule technique d’urbanisme (voir ci-dessous). Le tout s’appliquant sur un territoire clairement délimité et sans doute à la bonne échelle pour ce type de développement.

Certains habitants l’ont bien assimilé : « il y a une logique qui sous-tend absolument tout » 45. Les différentes étapes de rénovation urbaine, d'ordre public comme privé, ont fait l'objet d'une attention et d'une préparation particulières, comme l'atteste entre autres, la Cellule technique d'urbanisme.

43 Interview de M. G., le 28/02/01.

44 Interview de Mme K., le 06/04/01.

45 Interview de M. C., le 09/04/01.

La Cellule technique d'urbanisme

Presque parallèlement aux premières opérations de rénovation et sous l'impulsion, via subsides, de l'ancien ministre Liénard, s'est mise en place la Cellule technique d'urbanisme.

Cette cellule regroupait à l'époque un représentant de l'Administration provinciale, un architecte, un historien (archiviste de la Ville) et un ancien directeur d'école d'architecture.

Réunis pour étudier le type d'architecture à promouvoir dans les différentes opérations de rénovation, ceux-ci passaient en revue les projets avant qu'ils ne soient examinés par la CCAT 46, cette cellule se situant entre le pouvoir public qui rénove et la CCAT qui décide d'accepter ou non.

En outre, et pour reprendre l'expression de M. le secrétaire communal, la Cellule technique d'urbanisme « a fait monter en niveau » les architectes dans le sens où ceux-ci, après avoir reçu les remarques de la cellule, étaient préparés aux questions auxquelles ils auraient à répondre devant la CCAT (par exemple sur des données concernant la mobilité, les finances, l'environnement, la législation sur le logement, etc.).

5.6.1 Le long terme

Cette dynamique « rénovation » ne s'est pas faite en un jour. C'est un mouvement qui s'est échelonné sur le long terme. Une dizaine d'années auront été nécessaires pour rendre Ath telle qu'elle se présente aujourd'hui ; ce qui représente un délai relativement court pour un projet urbain de cette ampleur. Les édiles avaient prévu, planifié les différentes opérations de rénovation et du reste, celles-ci ne sont pas terminées. Le secrétaire communal faisant fonction en veut pour preuve les rues de Gand et d'Enghien qui devront prochainement être à l'agenda des travaux publics, de manière à faire le lien entre les autres quartiers déjà rénovés.

La tâche n’est donc pas terminée. Comment une ville pourrait-elle d’ailleurs se satisfaire de sa situation et rentrer dans un processus statique de simple maintenance en état de ce qui existe ?

Nous avons interviewé un architecte de Ath qui mettra en exergue la participation main dans la main, et toujours d'actualité, de différentes instances : « La société locale de logements sociaux investit beaucoup dans le rachat d'immeubles abandonnés par les particuliers ou vendus dans un état très critique de manière à réaffecter, réassainir ce qui peut l'être dans le tissu urbain. Sinon, s'ils n'agissent pas comme ça, de tels îlots seraient la proie de promoteurs qui ne voient qu'une chose, c'est d'abattre, de faire des blocs suivant une trame régulière en omettant tout à fait le tissu existant alors que Ath a la particularité d'avoir un tissu très organique qui n'a jamais subi de grandes modifications urbanistiques (…) » 47. Un aménagement réfléchi de l'urbain et de concert avec différents acteurs est bien au cœur des préoccupations des décideurs. En matière de logement social en tout cas, ce sont les petites unités dispersées en tissu urbain qui sont privilégiées.

5.6.2 Entretien et maintenance

Un des risques non négligeables d’opérations de rénovation lourde telles que celles rencontrées à Ath est de voir l’ « état de grâce » se dissiper aussi vite qu’il n’est apparu.

Après une période plus ou moins longue qui pourrait s’assimiler à de la contemplation, les investissements peuvent ne plus suivre et les espaces nouvellement conçus, faute d’entretien et de maintenance, se détériorer rapidement.

46 Commission consultative d’aménagement du Territoire.

47 Interview de M. N., le 05/04/01.

Il semble évident que les responsables politiques tentent de ne pas tomber dans ce piège.

Une partie des interviewés y est très attentive car les thèmes de l'entretien, la propreté, les réparations sont récurrents dans leur discours et visiblement, participent de leur satisfaction du cadre de vie. Mme W. s'exprime à ce sujet : « mon quartier est beau, la Ville l'entretient bien quand même ; les arbustes… le parc est bien entretenu » 48. Une de ses voisines reconnaîtra que lorsqu'un banc est défectueux, il est remplacé. Une autre habitante dira :

« toutes les maisons qu'ils ont rénovées, c'est une réussite. J'aime bien. C'est assez varié malgré tout, sans être trop moderne, c'est plutôt classique. Je ne suis pas Athoise mais je le deviens parce que j'aime cette combinaison entre la cité, l'urbanisme de ville et la verdure.

C'est des très gros efforts de la Ville. Partout. Et puis la propreté aussi, ils entretiennent énormément la Ville, ça a changé » 49. Pour finir, M. G. : « Le tour de l'église Saint-Julien , ça a été très bien aménagé aussi, ça n'a plus de comparaison, ils ont fait un genre de jardin japonais avec une fontaine mais il faut entretenir tout ça. Quelque fois, c'est un peu dégradé, on nettoie, ça va mieux » 50.

5.6.3 Conséquences de la vague « rénovation »

Les changements qu’a connus Ath se sont appliqués dans quasiment toutes les zones de la ville intra-muros, ce qui laisse penser que « personne n’a été oublié ». Une habitante remarquera que « cette transformation du cadre se voit dans tous les quartiers et c'est positif » 51. Aucun quartier n'est donc « épargné » par la vague rénovation-embellissement ou plutôt, chacun a eu droit à son petit lot de transformations, d’améliorations, aussi ténu soit-il. Les habitants se sentent dès lors concernés, impliqués par et dans le processus ce qui génère un sentiment de satisfaction assez complexe car jouant sur plusieurs facettes (fierté, participation, qualité objective, etc.).

Par ailleurs, cette implication des habitants se remarque au niveau de leur logement, la vague « rénovation » entreprise par le pouvoir public ayant exercé sur eux un effet « boule de neige » 52. Une sorte d'émulation s’est mise en place qui fait que les propriétaires privés se sont associés au processus. Les traces sont classiques et visibles : certains ont nettoyé leur façade, d'autres ont procédé au remplacement des châssis. A ce propos, Jean-Pierre Ducastelle, historien à la Ville, donne son avis : « Les privés suivent l'exemple. C'est le cas du Château Bourlu où on voit un privé rénover son bâti et les voisins le suivent pour avoir un ensemble plus cohérent. Il y a d'autres réalisations privées, rue du Noir Bœuf où on a une maison classée, rue Beugnies où des maisons, classées 17ème siècle, ont été rénovées par les propriétaires » (GODET,J-L., 1994).

Enfin, nous ignorons si l'effet « rénovation » a eu un impact sur le coût du foncier et de l’immobilier, n'ayant malheureusement pas pu obtenir de données suffisamment précises à ce sujet.

48 Interview de Mme W., le 20/03/01.

49 Interview de Mme D., le 04/04/01.

50 Interview de M. G., le 06/04/01.

51 Interview de Melle J., le 12/03/01.

52 Nous avions déjà noté cet effet d’entraînement lors des travaux de la subvention précédente dans le quartier de Sainte-Marguerite à Liège.

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