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L ES GRANDES TRANSFORMATIONS .1 La Grand'Place

Dans le document TOME II TABLE DES MATIERES (Page 60-64)

Chapitre II - LES ESPACES URBAINS ( 1 )

5. ANALYSE DE LA VILLE DE ATH

5.4 L ES GRANDES TRANSFORMATIONS .1 La Grand'Place

Objet d’une spectaculaire métamorphose, la Grand'Place a subi un lifting total. Cette opération a été soumise à une consultation populaire pour laquelle trois projets ont été présentés aux citoyens. Le niveau de la Grand'Place a été abaissé pour éviter que les voitures garées sur le parking (au centre de la place) ne soient prédominantes et bouchent l'horizon.

33 Interview de M. et Mme D., le 19/03/01.

34 Ibidem.

35 Interview de Mme D., le 04/04/01.

La consultation populaire

En 1995, le 8 octobre exactement, l'Administration communale lance une consultation populaire afin de récolter l'avis de la population sur l’avenir de la Grand'Place. Pour rappel, ce mode de scrutin n'est pas inscrit dans la Constitution. Fait sans précédent en Belgique, la consultation populaire pour la Grand'Place de Ath a donc été un événement extra-ordinaire, couvert par les médias. Tous les habitants de la commune, en âge de voter, ont pu se rendre derrière les isoloirs afin d'avaliser un des trois projets qui leur étaient soumis. Les échos venant de l'Administration se font enthousiastes : le referendum a récolté un franc succès.

A propos de ce que pensent les interviewés de la Grand'Place, les avis récoltés vont presque tous dans le même sens : le résultat est positif, la satisfaction est quasi unanime.

Les « bien » et les « beau » ponctuent les avis sur l’esthétique de l’espace. Mme C. : « ça a été bien rénové, c'est superbe la nuit » 36 et Mme D. d'abonder dans ce sens : « au centre-ville, ils ont aménagé la place, ils ont restauré la place. Le soir, c'est quelque chose de magnifique avec les éclairages qui mettent en évidence les maisons, c'est beau » 37.

Mais une fois dépassé le discours sur l’appréciation esthétique que chacun n’aura pas manqué de porter sur les aménagements effectués, les interviewés apportent des nuances sur des éléments absents/présents à la Grand'Place et les propos se veulent plus critiques d’une part, plus orientés sur le « fonctionnement » de la place d’autre part.

Ainsi, un habitant regrette l'absence de verdure : « elle aurait pu être un élément humanisant. La place est intéressante, y a une logique, une structure mais il manque ce petit plus de verdure et de variation par rapport aux saisons et qui fait qu'on se sent vivre mais ça n'a pas été suivi par les gens. On a préféré une logique de propreté inhumaine par rapport à quelque chose qui est peut-être plus difficile à gérer mais ça aurait été plus chouette (…) C'était un a priori, il fallait laisser de la place aux voitures. Le sens de circulation tel qu'il est maintenant me semble intéressant. Moi, j'y verrais bien un petit bout de piétonnier, un piétonnier épisodique. J'aime bien les espaces dégagés, ça permet une respiration, ça permet aux cafés d'étendre leurs terrasses, ça permet aussi d'y réaliser des spectacles de petite envergure sans déranger la circulation » 38. Il appréciera plus loin la présence de l'eau avec la fontaine et le puit couvert. De manière plus générale, une partie des interviewés fait souvent référence à la nature, aux changements des saisons visibles, repérables par des éléments comme les plantations (arbres, arbustes, fleurs), l'eau.

36 Interview de Mme K., le 06/04/01.

37 Interview de Mme D., le 04/04/01.

38 Interview de M. C., le 09/04/01.

Ensuite, certains interviewés regrettent que la Grand'Place continue à faire la part belle aux voitures avec les places de parking qui occupent le centre de la place. M. N. dira à ce propos : « c'est beaucoup plus agréable depuis qu'elle a été rénovée. Bien que là encore, elle a été rénovée dans un esprit de laisser un maximum de parkings. C'est une réussite qui a la qualité de la réalisation, des matériaux choisis, c'est fait dans des matériaux durables, ça a été réfléchi, l’éclairage est superbe, ça a certainement requalifié notre centre urbain » 39. Curieusement, on remarque que ces emplacements ne sont pas exclusivement remplis par des personnes venant de l’extérieur de la ville puisque la plupart des habitants interviewés – et qui, pour rappel, résident tous dans l’intra-muros – nous avoueront, avec une certaine gêne, utiliser leur voiture pour se rendre au centre alors que les distances sont tout à fait adaptées aux cheminements à pieds. L'autre minorité se déplace à pieds, les distances étant trop courtes et parce que « le trajet est agréable ». Mais on ne peut affirmer que la rénovation de la Grand'Place aie modifié les modes de déplacement des habitants.

Ce qui a évolué par contre, c’est le rythme des fréquentations, voire l’objet de celles-ci. Les raisons sont simples : multiplication et variété des activités offertes sur la Grand'Place accroissent son attractivité ; les terrasses des cafés se sont développées : les interviewés ont dorénavant envie d'aller boire un verre en extérieur, chose qu'ils ne faisaient pas avant la rénovation ; certains fréquentent également la Grand'Place pour ses activités populaires (au sens où elles ramènent du monde) : traditionnelles ducasses d'été et d'hiver, foire annuelle, festival de théâtre, concerts de musique en plein air et gratuits.

Suite à sa rénovation, la Grand'Place est devenue un lieu symbolique et « fort » illustrant ces caractères par les nombreuses animations qui s'y déroulent, par l’important public drainé et par le sentiment mêlé de convivialité et de fierté ressenti.

On peut également avancer l’hypothèse que le développement des activités sur la Grand'Place ait eu une influence sur la fréquentation des magasins attenants. Hypothèse qui reste toutefois à vérifier. Le lifting qu'a connu la Grand'Place a en tout cas relancé le mouvement de rénovation auprès des commerçants. Des signes extérieurs sont visibles au niveau des façades : châssis repeints ou neufs, parement nettoyé, etc.

Un léger bémol tout de même à ce tableau particulièrement édifiant : un interviewé fustigera contre le plan de circulation adopté pour la Grand'Place parce que celui initialement prévu dans le projet retenu a été modifié et que les répercussions dans sa rue sont spécialement sensibles. M. G. s'exprime en ces termes : « Le projet retenu n'a pas vu le jour. Donc on nous a fait miroiter un choix parce qu'on n'a pas appliqué le plan de circulation prévu dans le projet. Si, il a été appliqué six semaines. Alors là, c'était le paradis parce que le plan de circulation comme il était prévu, on avait plus de circulation dans la rue, très peu ou vraiment ceux qui devaient venir dans la rue. C'était chouette. Puis tout d'un coup, tout était changé.

On s'est posé la question "pourquoi on a changé?" et c'est suite à l'intervention de l'Association des commerçants qui a estimé pour la place Ernest Cambier qu'il n'y avait plus suffisamment de passage pour leurs commerces… et ce sont des commerçants qui n'habitent pas la place Ernest Cambier, eux, ils habitent au village. Donc, ce qui se passe, c'est que tous les gens qui viennent du faubourg de Mons, ils arrivent en ville, ils sont éjectés place Ernest Cambier, en-dehors de la ville et toute la circulation passe ici dans la rue. Donc, c'est une rue résidentielle et on est enquiquiné par la circulation » 40.

Cette réaction est caractéristique de l’effet Nimby. Le plan de circulation tant décrié – qui s’applique à toute la ville – serait certainement passé inaperçu aux yeux de cet habitant, dont l’exaspération est toutefois légitime, si sa rue avait été épargnée par le trafic.

39 Interview de M. N., le 05/04/01.

40 Interview de M. G., le 06/04/01.

5.4.2 Le Jardin des Arts et des Lettres

Tout comme la Grand'Place, le Jardin des Arts et des Lettres récoltent des suffrages positifs auprès des habitants rencontrés. Un plan d'eau y a été aménagé avec des bancs, des parterres de fleurs, des arbustes et arbres, des sculptures. L'endroit, situé au cœur d’un îlot, est entièrement réservé aux piétons et isolé de la circulation automobile. On y accède par un porche voûté donnant sur la rue de Pintamont.

Le Jardin jouxte les bâtiments de l'Administration communale et de la récente bibliothèque, il débouche sur une venelle, baptisée ruelle de la Culture. Cette venelle est ponctuée de bustes et sculptures faisant référence à des œuvres littéraires (exemple : le corbeau et le renard de La Fontaine).

Les interviewés émettent des avis très positifs sur ce jardin. Cet espace, qui est associé à la ruelle de la Culture (qui débouche sur le Jardin), plait aux habitants interrogés alors que ceux-ci ne le fréquentent pas souvent. En effet, rares sont ceux qui « investissent » les lieux pendant un certain laps de temps pour s'y asseoir, lire, regarder la fontaine. Le Jardin des Arts et des Lettres est plutôt un endroit de passage pour rejoindre la bibliothèque et les activités qui s'y déroulent, l'Administration communale ou encore pour faire un détour par un endroit bien aménagé, agréable, soigné. La ruelle de la Culture vient en appoint avec ses sculptures, un sentier pavé, des éclairages. Un habitant interrogé reconnaîtra ne pas utiliser souvent ce jardin et cette ruelle mais à l'occasion, il fait visiter l’endroit à des nouveaux venus : « je n'y vais pas régulièrement mais disons que c'est pas le chemin habituel. Il faut vraiment aller par là pour découvrir l'endroit mais c'est un endroit qu'on fait découvrir aux autres. Donc quand on a des amis qui viennent, qui ne connaissent pas, on leur fait découvrir tout ça, on aime bien parce qu'on trouve que c'est une réussite » 41.

On fait rarement visiter des lieux qui nous indifférent, que ce soit positivement ou négativement. Ici, c’est le sentiment de fierté, générateur lui aussi de satisfaction, qui joue pleinement son rôle. On peut apparenter ce processus à un mode d’appropriation particulier qui consisterait, non pas à utiliser un espace de façon « active » mais plutôt à se satisfaire du potentiel qu’il dégage. Nous avions déjà mis ce phénomène s’apparentant à de l’appropriation en évidence dans les études de cas précédentes et il est rassurant de le retrouver ici sous une forme légèrement différente.

5.4.3 Les espaces verts

Dans l'intra-muros de Ath, les deux grands espaces verts sont l'Esplanade et le Parc communal. Perpendiculaire au Parc communal, l'Esplanade accueille des élèves pour leur cours d'éducation physique mais elle est aussi le point de rencontre des parents qui, avec leurs enfants, viennent y jouer, s'asseoir, etc. L'Esplanade, comme le Parc, est également le point de rencontre des propriétaires d'animaux qui y promènent leur chien…

Récemment, l'Esplanade a été « amputée » de sa superficie. A l'une de ses extrémités se trouvent à présent une quarantaine d’emplacements de parking avec, à ciel ouvert, un périmètre protégeant d'anciennes fondations, résultat de fouilles archéologiques.

Quant au parc communal, il a subi un remodelage avec entre autres : allées redessinées, arbres et arbustes élagués. Les habitants interrogés alentours en sont très satisfaits et ont remarqué le changement. Melle G. donne son avis à ce propos : « oui, une chose essentielle, c'est un réaménagement du parc qui était en mauvais état quand nous sommes arrivés et qui est maintenant bien retracé, bien entretenu, propre, abattu quand il faut abattre des arbres » 42.

41 Interview de M. C., le 09/04/01.

42 Interview de Melle G., le 12/03/01.

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